Le Vaucluse à vélo
Découvrir le Vaucluse à vélo… Rien de plus simple, tant l’offre est riche. Des itinéraires faciles, suivant le Rhône ou les rivières (Durance, Calavon) qui traversent le département, ou, plus musclés, pour découvrir les massifs montagneux (Luberon, petit et grand, Dentelles de Montmirail, monts du Vaucluse). Voire, pour les plus aguerris, une ascension du « Géant de Provence », autrement dit le Ventoux. Sans parler de toutes les boucles, petites et grandes, qui sillonnent de petits terroirs...
L’itinéraire que nous avons testé, long d’environ 160 km et limité à l’ouest du département, s’est fait sans pression aucune : pas de recherche de performance sportive, plutôt celle d’un équilibre entre effort et réconfort, ce dernier procuré par de nombreuses étapes, correspondant à autant de visites... revigorantes !
Préparez votre voyage avec nos partenaires- Le Vaucluse à vélo : état des lieux
- Le Vaucluse à vélo, 1er jour : Avignon, la Barthelasse et Villeneuve-lez-Avignon
- Le Vaucluse à vélo, 2e jour : jusqu’à Châteauneuf-du-Pape et Orange (45 km)
- Le Vaucluse à vélo, 3e jour : Sérignan-du-Comtat, les Dentelles de Montmirail et Mazan (50 km)
- Le Vaucluse à vélo, 4e jour : Venasque, Saint-Didier et Pernes-les-Fontaines (20 km)
- Fiche pratique
Le Vaucluse à vélo : état des lieux
Deux grands itinéraires cyclables traversent le Vaucluse :
– la ViaRhôna (EV17) : d’Avignon à la Palud, le dernier village avant la Drôme, 61 km de « voie propre » avec de petites sections partagées. La ViaRhôna relie la Méditerranée au lac Léman (815 km).
– la Méditerranée à vélo (EV8) : elle relie Le Perthus à Menton (850 km). Sur une soixantaine de kilomètres, le Vaucluse est traversé d’ouest en est (Beaucaire-Cavaillon, Cavaillon-Apt, et Apt-Manosque, cette dernière étape débordant sur les Alpes de Haute-Provence).
Il existe aussi deux véloroutes propres au Vaucluse :
– la Via Venaissia (V861) : véloroute du Comtat Venaissin qui reprend le tracé d’une ancienne voie ferrée. Une fois complétée, elle reliera la ViaRhôna à la véloroute du Calavon, soit Piolenc-Robion : en 2023, la voie verte est en continu d’Orange à Velleron, via Carpentras (31,8 km) et en voie partagée de Piolenc à Orange et de Velleron à Robion.
– la véloroute du Calavon (EV8) : 47 km de voie verte, également sur une ancienne voie ferrée, entre Cavaillon et Saint-Martin-de-Castillon. On suit cette curieuse rivière, le Calavon, descendue du Grand Luberon, qui change de nom à Lumières, pour devenir le Coulon.
Et c’est sans compter une foultitude de boucles balisées (un numéro départemental leur est attribué), qui ne sont pas des « voies propres » mais empruntent pour l’essentiel de petites routes à la circulation automobile limitée.
– Tour des côtes du Rhône (120 à 210 km) qui se subdivise en une petite dizaine de petits circuits locaux, au cœur des paysages viticoles et des villages perchés de l’AOC côtes-du-rhône.
– Tour du Comtat Venaissin (115 km) avec là aussi des circuits à ne plus savoir les compter, la plupart de 20 à 35 km environ.
– Autour du Luberon (V863) : 240 km. Détails sur veloloisirprovence.com
– Gardons pour la fin le Tour du mont Ventoux : 120 km, très vallonné (bon, le vélo à assistance électrique permet de faire des miracles). Et un rappel pour ceux qui voudront se frotter au Ventoux : il culmine à 1 909 m...
Au total, plus de 800 km sans compter les petites boucles balisées. De quoi se tailler de beaux mollets bien musclés.
Et c’est sans parler des parcours VTT, dont la Grande Traversée du Vaucluse, sur 400 km répartis en 8 étapes du Ventoux au Luberon. Là encore, d’innombrables « petits » circuits de 35 à 120 km...
Pour les itinéraires qui ne sont pas en boucle, il faut parfois composer avec le train pour revenir à son point de départ. Les TER acceptent gratuitement les vélos. Les trois lignes suivantes sont utiles : Avignon (centre)-Orange, Avignon (centre)-Carpentras et Avignon (centre)-Cavaillon.
De très nombreux professionnels du tourisme ont rejoint le label national « Accueil Vélo » : la liste complète des 450 prestataires dans le département (offices du tourisme, commerces, hébergements…) spécialisés dans l’accueil des cyclistes est disponible sur le site Provence à vélo.
Pour les vélos à assistance électrique, de nombreuses stations de charges sont à disposition.
Le Vaucluse à vélo, 1er jour : Avignon, la Barthelasse et Villeneuve-lez-Avignon
Très logiquement, tout commence à Avignon. Si la vénérable cité des Papes ne se prête guère à une visite intra muros à deux-roues (peu d’itinéraires dédiés), faire le tour des remparts se révèle très agréable (4,3 km) : un tour de chauffe en quelque sorte.
Mais surtout, Avignon dispose d’un terrain de jeu bien plus intéressant, juste de l’autre côté du pont Daladier qui enjambe un bras du Rhône : la Barthelasse. Cette grande île fluviale (la plus grande d’Europe) offre déjà une magnifique vue sur le Palais des papes et les remparts.
Puis une boucle de 14 km sur la Barthelasse permet de s’imprégner de l’atmosphère du lieu : routes extra-plates, arbres fruitiers à perte de vue, parfait pour continuer la mise en jambes
À compléter par une courte infidélité au Vaucluse, dans le Gard (mais on est toujours dans le Grand Avignon), pour visiter Villeneuve-lez-Avignon. Culturellement parlant, on n’est pas dépaysé : bien souvent, les cardinaux en poste au Palais des papes résidaient de l’autre côté du fleuve et s’y faisaient construire de somptueuses demeures.
La Chartreuse des papes est le site le plus visité, mais on conseille la visite de l’abbaye Saint-André, située dans le fort du même nom, qui domine le Rhône et offre une superbe vue sur Avignon.
Les remparts d’Avignon datent de la période des papes (XIVe siècle). Ils ont remplacé des fortifications du siècle précédent dont il ne reste qu’un unique fragment. Il se trouve à 300 m de la porte Saint-Charles, sur la rue du même nom, à l’angle de la rue Vernet.
Le Vaucluse à vélo, 2e jour : jusqu’à Châteauneuf-du-Pape et Orange (45 km)
Une fois Villeneuve-lez-Avignon quittée, par la véloroute des Chartreux, toujours côté Gard, on traverse le Rhône à hauteur du barrage de Caramude : on est maintenant sur l’île de la Motte (partie nord de la Barthelasse) où l’on rejoint la ViaRhôna.
Mise en circulation en octobre 2023, une passerelle « himalayenne » fait le lien avec la pointe de l’île de l’Oiselay (commune de Sorgues) : longue de 200 m, large de 3 m, c’est une magnifique réalisation qui complète la ViaRhôna. Peu après, très beau passage vert, bucolique et reposant, au bras des Armeniers, bien connu des pêcheurs qui viennent taquiner le brochet.
On quitte ensuite la ViaRhôna pour se rapprocher du château de l’Hers avant de bifurquer vers l’est et rejoindre la capitale des vins de la vallée du Rhône, Châteauneuf-du-Pape. Ça grimpe un peu, encore davantage pour monter jusqu’aux ruines du château. Ancienne ville pontificale, Châteauneuf-du-Pape reste une référence incontournable pour les amateurs de vins.
On reprend vers le nord, puis l’ouest pour retrouver notre ViaRhôna direction Caderousse, un village entièrement entouré de curieuses « murailles », en réalité une impressionnante digue du XIXe siècle.
De Caderousse, Orange n’est qu’à quelques coups de pédales. Impossible de ne pas y visiter le théâtre antique, bien sûr, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Son mur de scène, quasiment intact, est une merveille.
Dans la niche centrale du mur de scène du théâtre antique, une statue de 3,50 m est supposée représenter l’empereur Auguste, au pouvoir quand l’édifice fut construit. Mais on pense que la tête de cette statue était remplaçable : quand un nouvel empereur succédait au précédent, il suffisait de sculpter sa tête pour une « mise à jour » réalisée à peu de frais !
Le Vaucluse à vélo, 3e jour : Sérignan-du-Comtat, les Dentelles de Montmirail et Mazan (50 km)
D’Orange, départ pour Piolenc, à nouveau sur la ViaRhôna, d’où l’on tourne le dos au fleuve pour filer vers l’est, direction Sérignan-du-Comtat et l’Harmas, la maison où le grand naturaliste Jean-Henri Fabre (1823-1915) s’était établi. Propriété du Muséum national d’histoire naturelle, elle se visite ainsi que le jardin botanique et le centre pédagogique associé (le Naturoptère).
Puis on se retrouve sur la via Venaissia, ancienne voie ferrée devenue voie verte, qui traverse l’ancien Comtat Venaissin et conduit à Camaret-sur-Aigues avant de descendre, en ligne droite, sur Jonquières et Sarrians.
On quitte la via Venaissia pour s’orienter en direction du nord. Au milieu des oliviers et des vignes à perte de vue, les petites routes zigzaguent jusqu’à Beaumes-de-Venise, au pied des Dentelles de Montmirail, une toute petite chaîne de montagnes qui culmine à 722 m d’altitude. Beaumes est connue pour son muscat, le « nectar des Papes », attesté dès 1348.
Les premières montées avant Lafare, et surtout vers La-Roque-Alric, permettent de tester son état de forme. Ne pas manquer de grimper jusqu’à l’église du village qui s’appuie sur le rocher dominant le village pour une vue sur les Dentelles.
Puis on file vers Le Barroux, village perché surmonté de son immanquable château. La route passe ensuite par Caromb puis continue jusqu’à Mazan, où le château, encore un, de la famille de Sade, devenu un hôtel quatre étoiles, accueille les cyclistes.
Les châtelains qui se sont succédé dans le château du Barroux au fil des neuf siècles de son histoire n’ont jamais imaginé qu’on y installerait une distillerie de whisky bio au petit épeautre. Elle se visite ; le whisky, lui, est en prévente en ligne, car pour la vente en boutique, il faut attendre 2025 !
Le Vaucluse à vélo, 4e jour : Venasque, Saint-Didier et Pernes-les-Fontaines (20 km)
On quitte Mazan par de petites routes se faufilant entre les vignes pour bientôt apercevoir un nouveau village perché : c’est Venasque, un des plus beaux villages de France.
On se trouve ici au cœur du terroir vauclusien de la cerise. Le village est à la hauteur des attentes, avec sa « grand-rue » bordée d’hôtels particuliers du XVIe siècle qui conduit à une belle fontaine, le centre névralgique du village ancien.
La D247 mène ensuite au village perché (un de plus !) du Beaucet avant de redescendre dans la plaine, à Saint-Didier où le château de Thézan (un de plus !), récemment restauré, est ouvert à la visite : c’est un magnifique exemple de château provençal Renaissance.
Dernière étape : Pernes-les-Fontaines, première capitale du Comtat Venaissin. La ville aux 41 fontaines publiques a gardé un splendide centre ancien. Ce n’est pas la seule raison d’y venir : une vingtaine d’artisans, de la chapelière aux verriers, s’y sont installés et apportent une touche originale à la petite cité.
À l’origine, le Comtat Venaissin est un territoire d’environ 800 km² appartenant aux comtes de Toulouse : faute de descendance, ils le cèdent au roi de France qui le cède à son tour au pape Grégoire X, en 1274. Avignon devient terre pontificale quelques années plus tard. Le Comtat, qui a pour capitale Carpentras à partir de 1320, sera le grenier à blé de la papauté. Comme Avignon, le Comtat fut incorporé à la France en 1791.
Fiche pratique
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Le site dédié au cyclisme de Vaucluse Provence Attractivité
Pour ceux qui préfèrent les séjours à vélo organisés, on recommande la petite équipe, très pro, de Christophe Piérard : www.ride-and-more.com
Comment aller dans le Vaucluse ?
– Par la route : autoroute A7 (Lyon-Marseille) – sortie Avignon, et autoroute A9 (en venant de Montpellier) – sortie Remoulins, puis N100 jusqu’à Avignon.
– En train : gare TGV d’Avignon.
Bonnes adresses
– Hôtel de l’Atelier : 5, rue de la Foire, à Villeneuve-lez-Avignon. Tél. : 04-90-25-01-84. Au cœur du vieux Villeneuve, cette bâtisse du XVIe siècle est un ancien atelier de soie qui a conservé une douceur de vivre très provençale. 22 chambres, toutes différentes et meublées à l’ancienne. Patio fleuri pour le petit déj, terrasse sur les toits (avec transats). Doubles à partir de 75 €.
– Chambres d’hôtes Justin de Provence : chemin du Mercadier, quartier des Crémades, à Orange. Tél. : 04-90-69-57-94. Cinq chambres immenses, de la romantique à la suite avec lit à baldaquin et baignoire sur pattes, en passant par la chambre Art déco. Parc de 7 ha, superbe piscine intérieure, hammam et jacuzzi, en accès libre. Double 180-220 €, petit déj inclus.
– Château de Mazan : 8 pl. Napoléon, Mazan. Tél. : 04-90-69-62-61. Dans le centre du village, ce château fut construit en 1720 pour le père du marquis de Sade. L’ancien et le moderne se marient à merveille dans cette demeure prestigieuse, où élégance et décontraction font bon ménage. Excellent restaurant. Double à partir de 200 €, petit déj inclus.
– Bistrot du Moulin : 74, rue de la République, à Villeneuve-lez-Avignon. Tél. : 04-90-25-45-59. À deux pas de la Chartreuse, un espace chic aménagé dans l’ancienne grange du moulin à huile avec terrasse et jardin. Plats impeccables, bien travaillés, avec une touche d’originalité appréciable. Très belle carte des vins également. Plats 19-28 €.
– Aurasice : pl. de Langes, à Orange. Tél. : 04-90-11-40-40. Restaurant bistronomique, bien dans l’air du temps, qui joue avec brio la carte des produits locaux. Agréable terrasse à l’ombre des micocouliers ou salle aux tons clairs pour déguster des plats finement préparés. Menu du jour en sem env 20 €, sinon menus 33-37 €.
– Distillerie Manguin : 784, chemin des poiriers, île de la Barthelasse, à Avignon. Tél. : 04-90-82-62-29. Avant l’œnotourisme, un peu de spiritotourisme ! Chez Manguin, dont la poire était le fer de lance, on s’est lancé dans la distillerie de l’olive. Cela donne de belles surprises comme l’Oli’Gin, un gin au profil aromatique très surprenant, dû à la quintessence de l’olive ou encore l’Oli’Vodka. Également des liqueurs et du pastis.
– Cellier des Princes : 758 route d’Orange, à Courthezon. La plus importante coopérative de la vallée du Rhône ne se situe pas à Châteauneuf-du-Pape mais dans le village voisin de Courthézon. Leurs vignobles (enfin ceux des quelque… 116 propriétaires vignerons membres de la coopé) s’étendent un peu partout autour de vous quand vous fendez l’air sur votre vélo. Visite des chais (gratuite et sans résa). Pour les cyclistes, parcours de 16 km à travers le vignoble, avec carte des parcours fournie.
– Brasserie Amēno : ZA Jonquier et Morelles, allée de Lavoisier, à Camaret-sur-Aygues. Tél. : 06-38-43-24-70. Cette petite brasserie propose une gamme de 9 bières de terroir (dont 4 saisonnières), toutes plutôt légères. Le houblon est cultivé sur place, l’unité de brasserie est derrière le comptoir : dans le genre circuit court, difficile de faire mieux ! Et avant de repartir, on peut aussi faire... une petite partie de pétanque.
– Le Mas du Gouredon : Lionel Chazelle, 1613 route de Beaumes-de-Venise, à Caromb. Caromb est connu (entre autres) pour sa figue noire. Dans la petite exploitation de Lionel Chazelle, tout est cultivé en biodynamie (label Déméter). Huile d’olive (excellente), confitures (délicieuses), jus, en plus des fruits et légumes proposés dans le cadre d’une Amap.
– Nougat Sylvain : 4, pl. Neuve, à Saint-Didier. Tél. : 04-90-66-09-57. Le paradis des becs sucrés… et les meilleurs nougats de la région. Il suffit de faire deux pas dans la boutique pour comprendre qu’on n’en repartira pas les mains vides.
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Remerciements chaleureux à Mathilde Gainnet (Vaucluse Provence Attractivité) pour son aide précieuse.
Texte : Alain Pallier
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