Cagliari, sous le charme de la capitale sarde

Flânerie à la découverte du vieux Cagliari

Enfilez vos baskets et préparez-vous à grimper ! S’il y a bien un endroit où il faut se promener à pied de ruelle en ruelle, c’est au Castello (la citadelle). Serti de remparts encore visibles, ce quartier dominant la ville forme le cœur historique et authentique de Cagliari. Il est à lui seul l’une des raisons de s’attarder dans cette belle cité sarde.

Démarrez votre ascension depuis le Bastione San Remy, un monument massif du XIX^e siècle construit sur des restes de remparts devenu LE symbole de la ville. On emprunte le majestueux escalier double, on passe sous l’arc monumental (dit aussi « de triomphe »), puis on s’attarde longuement au sommet, sur la vaste terrasse Umberto I, afin d’admirer la vue panoramique sur la ville, le port, la baie et la Méditerranée. Tout près, en remontant la via del Fossario, une petite terrasse installée face à la piazzetta Maria Lai et ses jolis lauriers-roses offre un point de vue exceptionnel sur Cagliari.

Engagez-vous ensuite dans les ruelles étroites typiques de Cagliari avec leur rigole centrale faite de galets et leurs lampadaires suspendus en fer forgé. Vous croiserez des osterie, des boutiques d’artisanat (la céramique a la cote !), des galeries et autres commerces installés au rez-de-chaussée des immeubles colorés.

Arrivé sur la piazza Palazzo se dresse la lumineuse cathédrale Santa Maria, lieu de culte principal de la ville. Construit sur un plan en croix latine au XIII^e siècle, cet édifice n’a eu de cesse d’être restructuré ce qui lui vaut aujourd’hui ses différents styles, notamment roman et baroque. On pousse les portes pour découvrir la richesse intérieure où le marbre rouge domine. L’ambon de Guglielmo et la crypte méritent que l’on s’y attarde. Sur cette même place, ne partez pas avant d’avoir jeté un coup d’œil au Palazzo di Città à la façade rosée, qui fut durant six siècles l’hôtel de ville.

Dernière étape incontournable du quartier, la Torre dell’Elefante ! Avec sa jumelle moins élégante de San Pancrazio, elles furent des ouvrages militaires de qualité conçues par l'architecte sarde Giovanni Capula comme tours de défense et d’observation. L’originalité, avoir l’une de leur façade entièrement ouverte.

Avec ses 30 m de haut, la tour de l’Eléphant est indissociable du paysage de Cagliari. Sur sa façade extérieure se trouve une statuette d’un éléphant en marbre blanc (d’où son nom). Parviendrez-vous à la trouver ? Notez que depuis sa rénovation, il est possible de monter les 119 marches de la tour pour profiter de la vue grandiose depuis son sommet.

Cagliari archéologique

Cagliari fait voyager dans le temps ! Ruines et vestiges, encore visibles, témoignent aujourd’hui encore des présences romaine et punique sur l’île.

Depuis la via Fra Nicola da Gesturi et la via Sant'Ignazio da Laconi, on ne se lasse pas d’admirer le magnifique Anfiteatro romano, sans aucun doute le site archéologique majeur de la ville dont les parties creusées à même la roche (à l’instar des gradins) sont encore bien conservées. Datant du II^e siècle apr. J.-C., il a été le plus important édifice public de Sardaigne à l’époque romaine avec une capacité de près de 10 000 spectateurs.

Continuez sur les traces de l’époque romaine en visitant la Grotta della Vipera, un édifice funéraire volumineux du II^e siècle apr. J.-C., qui tire son nom des deux serpents sculptés sur le fronton du tombeau. Le romain Lucio Cassio Filippo le fit édifier en l’honneur de son épouse, Attilia Pomptilla. Sur le pronaos, il est possible de lire une gravure sur la belle histoire d’amour de ce couple exilé de Rome en Sardaigne.

Rendez-vous ensuite au quartier de Stampace (20 min de marche) pour découvrir les ruines de la Villa de Tigellio. Il ne s’agissait pas d’une simple villa, mais d’un quartier résidentiel romain du I^er siècle av. J.-C. (habité jusqu’au VI^e apr. J.-C.) composé de trois domus et un bâtiment thermal. On s’y promène en distinguant encore les structures, de belles colonnes, de la mosaïque au sol et des décorations murales. Dernier arrêt dans le quartier de la Marina pour une petite excursion souterraine à l’Area Archeologica di Sant'Eulalia. Cette zone archéologique sur 900 m²^, qui révèle une partie de la ville antique de Cagliari, a été découverte en 1990 sous l’église du même nom. Elle abrite les restes d’un temple, d’une colonnade, mais aussi une route pavée de plus de 4 m de large.

On plonge également dans la civilisation carthaginoise avec la Necropoli di Tuvixeddu souvent oubliée, bien qu’elle soit la nécropole punique la plus importante de la Méditerranée. En sarde, tuvixeddu signifie « la colline aux petits trous », ce qui fait sens avec les centaines de tombes puniques, et au fil du temps romaines, creusées dans la roche entre les IV^e et III^e av. J.-C. On apprécie de pouvoir se balader au plus près de ce morceau d’antiquité.

Marina : passeggiata sur le front de mer

Ancien quartier de pêcheurs accolé au front de mer, longtemps controversé, la Marina a aujourd’hui le vent en poupe. Il est l’un des lieux favoris de la ville pour effectuer le rituel de la passeggiata, cet art ancestral de la promenade à l’italienne en fin de journée.

On se presse (pas trop vite tout de même!) en famille ou entre amis sur le port pour respirer la brise marine, mais, surtout, le long de la célèbre via Roma qui semble s’étirer à perte de vue. On se promène sous les hautes arcades, surmontées de palais colorés (palazzata) de la fin du XIX^e siècle et de style Liberty, qui abritent de nombreux cafés typiques, terrasses et boutiques.

Sur le tronçon ouest, le Palazzo Civico (hôtel de ville), l’emblème de cette artère, domine la piazza Matteotti. Tout en pierre calcaire blanche, sa façade de style gothique-catalan aux innombrables fenêtres en impose avec ses sept arcades, ses deux tourelles de 38 m de haut et les quatre obélisques à chaque angle. On n’est pas sans remarquer les sculptures, notamment les têtes de Maure aux yeux bandés et le grand aigle de bronze.

On poursuit sa flânerie en remontant les ruelles perpendiculaires au port. Restaurants, tavernes, épiceries… se succèdent au bas des immeubles. Avant et pendant la cena, l’ambiance y est effervescente ! On prend un moment pour discuter sous les arbres de la piazza S. Sepolcro ou de la piazzetta Savoia, avant de rejoindre la chiesa di Sant'Eulalia et sa jolie esplanade. Au cœur de la Marina, il s’agit de la plus ancienne église du quartier, ce que ne laisse pas supposer sa façade actuelle datant du XX^e siècle.

Aperitivo, ristorante, mercato …. Cagliari gourmande

La Sardaigne est une terre de gourmandises et de plaisirs conviviaux. La ville de Cagliari ne déroge pas à la règle. Pour l’apprécier à sa juste mesure, mieux vaut être bon vivant !

Dès le cappuccino du petit matin, les cafés, les terrasses, les restaurants, les glaciers de la ville s’animent jusqu’au dîner en passant par l’immanquable aperitivo, le primo piatto ou la pizzetta sur le pouce du midi, et bien sûr, l’onctueuse gelato de l’après-midi. L’animation se concentre tout autour de la très mouvementée piazza Yenne, où trône la statue de Carlo Felice, le long du Corso Vittorio Emanuele II, au pied et sur les remparts à la Scalette di Santa Chiara et via Santa Croce, mais aussi piazza Carlo Alberto et sous les arcades de la Marina (et on en passe).

On profite de ces spots pour savourer les spécialités sardes. À la carte, quelques incontournables reviennent régulièrement : affettati misti di terra e formaggi (dégustation de charcuteries et fromages sardes souvent accompagnés de pane carasau), culurgiones (ces gros raviolis à la pomme de terre), spaghetti con vongole e bottarga, frègula (petites billes de pâte appréciées aux fruits de mer), seada al miele… Ne soyez pas surpris de vous voir aussi proposer des huîtres (ostriche) puisqu’on en fait l’élevage en Sardaigne, tout comme les moules.

Notez qu’en fin d’après-midi, la plupart des restaurateurs sortent leur ardoise spéciale aperitivo, une formule généralement composée de deux Spritz et d’une collation.

Et sinon, où faire ses courses ? Bien qu’il ne soit pas situé dans l’endroit le plus attrayant de la ville, le très populaire mercato San Benedetto est une étape obligatoire ! On est ici dans le marché de Cagliari, surtout considéré comme le plus grand marché couvert d’Italie et l’un des plus grands d’Europe. Dans ce paradis de la gastronomie sarde sur deux niveaux, faites vos courses tôt le matin pour dénicher des produits frais en abondance parmi les meilleurs de Sardaigne.

Salsicia sarda, prosciutto crudo Sardo, caciocavallo, dolcesardo… les spécialités recouvrent les étals du sol au plafond. Le poisson est la grande star du rez-de-chaussée, il vous faudra monter à l’étage pour les autres produits. Surtout, ne partez pas sans avoir fait quelques dégustations au passage !

Cagliari les pieds dans l’eau

Qui dit Sardaigne, dit plage ! Sable fin, eau limpide, parasol, activités nautiques… Cagliari offre une combinaison parfaite pour des vacances à la plage réussies.

Depuis la Marina, il est possible de rejoindre la spiaggia del Poetto, plage principale de la ville, en seulement une trentaine de minutes grâce à plusieurs lignes de bus (oubliez la voiture, les parkings sont rapidement bondés). Située dans le golfo degli Angeli et adossée aux saline di Quartu, cette plage de sable blanc en arc de cercle longue de 8 km, dont on a du mal à délimiter le début et la fin, est tout simplement immanquable !

Grâce à une promenade aménagée, il est aussi possible de se balader à pied, à vélo, en patin, le long du rivage, dans un cadre idyllique. De jour comme de nuit, la plage est également fréquentée pour ses nombreux établissements balnéaires (bars, restaurants) tournés vers la mer.

Pour une plage plus intime et familiale dans un cadre naturel, on passe de l’autre côté de la Sella del diavolo (promontoire rocheux où, d’après une légende locale, les anges auraient désarçonné le diable) afin de se rendre à la spiaggia di Calamosca. Plus à l’écart de la ville, l’ambiance est tout autre sur cette plage plus calme aux allures de crique, cerclée de rochers. On enfile son masque et son tuba pour partir explorer les fonds marins ici propices au snorkeling.