La Sainte-Victoire, icône de la Provence
Que voir, que faire à la montagne Sainte-Victoire et dans ses environs ?
C’est l’un des sommets emblématiques de la Provence, au même titre que le mont Ventoux. Incroyable massif calcaire, la montagne Sainte-Victoire, qui domine le pays d’Aix (dans les Bouches-du-Rhône), culmine à 1 011 m d’altitude au pic des Mouches et s’étend sur 18 km de longueur sur 5 km de largeur.
Abritant des espaces naturels riches d’une rare biodiversité, elle a été reconnue Grand Site de France en 2004. Le massif est parcouru de nombreux sentiers, pour le bonheur des randonneurs.
La Sainte-Victoire est aussi connue pour avoir été un motif d’inspiration – voire une véritable obsession – pour le peintre aixois Paul Cézanne (1839-1906), qui l’a représentée sur pas moins de 87 toiles. Partir sur les traces de l’artiste est un excellent prétexte pour découvrir la région, qui compte des paysages variés (forêts de chênes et de pins d’Alep, vignes et pâturages, garrigue...). Et n’oubliez pas de faire une halte dans l’un des villages typiquement provençaux de la région.
Préparez votre voyage avec nos partenairesLa Sainte-Victoire, paradis des randonneurs
Côté sud, la Sainte-Victoire impressionne : elle se dresse telle une muraille minérale et infranchissable, face aux vignobles et aux oliveraies (plusieurs voies d’escalade). Côté nord, elle décline en une verdoyante vallée d’où partent de nombreux sentiers de randonnée pédestre.
L’ascension de la montagne Sainte-Victoire est un grand classique pour les randonneurs friands de panoramas époustouflants. Il y a plusieurs chemins pour monter jusqu’au prieuré et à la Croix de Provence, plantée sur la pointe occidentale du massif.
Au départ du parking du Plan d’En Chois, on suit le sentier du Pas des Moines, et celui du Pas du Berger ou du Pas de l’Escalette. Ça grimpe bien et certains passages sont délicats, alors oubliez les baskets aux semelles lisses et équipez-vous de chaussures de randonnée.
Au prieuré, qui abrite un refuge, on peut faire une pause ou pique-niquer (il y a des toilettes, mais pas d’eau potable). Si l’édifice actuel date du XVIIe siècle, son histoire remonte au XIIIe siècle, où des écrits mentionnent l’existence de la petite chapelle (ou ermitage) de Sainte-Venture, qui était aussi un lieu de pèlerinage. Abandonné à la fin du XIXe siècle, le prieuré est restauré depuis 1955 par l’association Les Amis de la Sainte-Victoire (qui propose des visites guidées).
Plus haut, on atteint enfin la Croix de Provence, qui dresse sa monumentale silhouette (18,25 m de hauteur !) sur une crête à 948 m d’altitude. De là, la vue est à couper le souffle, lorsque le ciel est dégagé. On vous déconseille d’ailleurs fortement de tenter l’ascension par temps de pluie : les dalles de pierre s’avèrent particulièrement glissantes, patinées à force d’avoir été piétinées par les très nombreux marcheurs...
Pour sécuriser le parcours et protéger les espaces naturels, des travaux de réhabilitation viennent d’être lancés, impliquant la fermeture momentanée des sentiers Imoucha et des Pas de l’Escalette, du Berger et du Moine (d’octobre à fin décembre 2024 et 2025). Le prieuré et son refuge sont aussi fermés jusqu’au 5 décembre 2024 pour travaux.
L'ensemble des sentiers balisés est recensé sur le site Les Amis de la Sainte-Victoire
La tradition du pèlerinage à la Sainte-Victoire a été relancée en 1955 par l'association Les Amis de la Sainte-Victoire. Le dernier dimanche d’avril, lors du Roumavagi (Lou Roumavàgi), fidèles et touristes montent ainsi jusqu’au prieuré (env. 2 h de marche) et assistent à une messe en provençal, avant la bénédiction du terroir d’Aix. Puis, place à la fête traditionnelle, avec chants, danses et musiques provençaux. Également des animations (expos, contes...). Prochaine édition : dimanche 27 avril 2025.
Balade au cœur des vignes à Puyloubier
Pour avoir un autre point de vue sur la montagne Saint-Victoire, rendez-vous à Puyloubier. Installé à 350 m d’altitude, le petit village fleure bon la Provence, avec ses étroites ruelles pavées et sa charmante place de la République où une fontaine de pierre sommeille à l’ombre des platanes.
Le village est aussi – et surtout – connu pour son vignoble, qui est le plus grand du département (en appellation côtes-de-provence Sainte-Victoire).
Au départ de la cave coopérative, on fait une belle balade (facile, env. 3 h) sur le Sentier des Vignerons, un parcours jalonné de bornes d’information sur les différents cépages (grenache, carignan, syrah…) et sur le patrimoine. En cheminant au milieu des vignes, on admire la montagne Saint-Victoire, qui domine tout le paysage de sa haute et spectaculaire silhouette.
On peut aussi avoir la chance d’observer et d’entendre de nombreuses espèces d’oiseaux, dont le circaète Jean-le-Blanc, grand rapace chasseur de serpents.
Suite logique de la balade dans les vignes, la visite de la cave coopérative des vignerons du mont Sainte-Victoire, créée il y a un siècle, est l’occasion de rapporter quelques bouteilles estampillées de l’appellation côtes-de-provence Sainte-Victoire, en guise de souvenir. Plus insolite : à l’Institution des Invalides de la Légion étrangère, installée à Puyloubier, on peut aussi acheter les vins du domaine Capitaine Danjou, produits par les anciens légionnaires. Des cuvées aux noms éloquents : « Esprit de Corps » ou « Monsieur Légionnaire ».
Bibémus, sur les traces de Cézanne
Installées sur un plateau rocheux de 7 hectares, les carrières de Bibémus sont intéressantes à plus d’un titre. C’est ici que furent extraites les pierres blondes de nombre de monuments d’Aix-en-Provence (à 5 km à l’ouest), jusqu’au XVIIIe siècle.
Lorsque Paul Cézanne découvrit les lieux, les carrières étaient à l’abandon, et la nature avait regagné ses droits. On imagine l’effet que put avoir sur le peintre ce paysage si particulier, avec ces immenses blocs de roche ocre vif aux mille nuances, sertis dans le vert de la végétation, côtoyant le bleu azur du ciel… sans oublier la vue sur la Sainte-Victoire, que l’on apprécie encore mieux du belvédère.
Entre 1895 et 1904, le « Maître d’Aix » peignit ici 11 huiles et 16 aquarelles, dont certaines sont reproduites ici, in situ. Une belle manière de comprendre le travail de l’artiste. Au cours de la visite guidée, on découvre le cabanon dans lequel il entreposait son matériel et ses tableaux. L’art n’a pas déserté les lieux puisque David Campbell, un tailleur de pierre et sculpteur canadien, en a fait son atelier à ciel ouvert.
Les carrières de Bibémus ne sont pas en libre accès. Il faut réserver votre visite auprès de l’office de tourisme d’Aix-en-Provence, qui sélectionne des offres d’excursions proposées par ses partenaires (la ville est propriétaire du site grâce au legs de l’Américain Georges Bunker, qui a souhaité que ce lieu soit consacré à la mémoire de Paul Cézanne).
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À Aix-en-Provence, l’Atelier de Cézanne est fermé pour travaux jusqu’au printemps 2025. En attendant, on peut aller faire un tour au Terrain des Peintres (chemin de la Marguerite, à 10 min de l’atelier). Des reproductions de tableaux sont disposées sur le belvédère où Cézanne venait peindre régulièrement sa chère montagne Sainte-Victoire. On comprend bien pourquoi : le point de vue est superbe ! Et, pour les fans, direction le village du Tholonet, où se trouve la propriété du Château noir (privée), où Cézanne loua un deux-pièces à partir de 1887, et un moulin qu’il affectionnait.
Jouques, un village à découvrir
Au nord de la montagne Sainte-Victoire, ce joli village de l’arrière-pays aixois, bâti sur une colline calcaire, ravira les amateurs d’architecture. Jouques possède en effet un riche patrimoine et une histoire très liée à celle d’Aix-en-Provence.
Le village fut la résidence d’été des archevêques d’Aix, et de nombreux religieux et nobles y avaient leur résidence secondaire. La rue de la République n’est d’ailleurs pas sans rappeler le cours Mirabeau, avec ses fontaines, dont l’une est ornée d’un médaillon de Jean Chastel, célèbre sculpteur aixois.
Au gré des ruelles de Jouques, on découvre aussi de beaux hôtels particuliers Renaissance, remarquant ici une porte en noyer délicatement travaillée, des fenêtres à meneaux, un mascaron au-dessus d’une porte.
Parmi ses monuments phares, figure le château des d’Arbaud (XVIIIe siècle), qui n’a en fait jamais été construit. Seuls quelques éléments ont été édifiés, dont un portail donnant sur la rue Grande et un escalier monumental.
Le patrimoine religieux est également important. On peut notamment voir l’ancienne chapelle des Pénitents blancs (XVIIe siècle), devenue un musée rural et d’histoire locale, l’église Saint-Pierre (paroissiale depuis le XVe siècle), sans oublier l’église Notre-Dame de la Roque (XIIe siècle), qui domine le village.
Édifié au Moyen Âge, l’ancien château des archevêques, lui, a profondément été transformé au XVIIe siècle. Enfin, en redescendant, on découvre au pied de la colline le Grand Pré, grand poumon vert qui est la place principale du village.
Une idée de rando dans le massif du Concors (au sein du Grand Site Concors Sainte-Victoire) : au départ de Jouques, on avance entre plateau et vallons, falaises abruptes et sous-bois, découvrant en chemin la chapelle Notre-Dame de la Consolation, surplombant la Durance. Comptez 2 h 30 à 3 h pour parcourir les 9 km de la boucle.
Fiche pratique
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Office de tourisme d’Aix-en-Provence
Grand Site Concors Sainte-Victoire
Comment y aller et se déplacer ?
– Par la route : pour arriver à Aix-en-Provence, comptez 45 min de Marseille, 2 h 45 de Lyon (via A7) et au moins 7 h 30 au départ de Paris (via A6 et A7).
– En train : comptez environ 2 h 55 pour aller de Paris à la gare d’Aix-en-Provence TGV, située à 15 km du centre-ville (navettes toutes les 30 min).
– Sur place, vous pouvez vous déplacer en voiture, à vélo ou encore en bus. D’Aix-en-Provence, il est, par exemple, possible de prendre un bus jusqu’à Puyloubier (ligne n° 110) ou Jouques (ligne n° 120). Toute l’année, des navettes parcourent les versants sud (ligne n° 110) et nord (ligne n° 140) de la montagne Sainte-Victoire. Départ de la gare routière d’Aix.
Infos pratiques
– Maison Sainte-Victoire : route Cézanne D 17, 13100 Saint-Antonin-sur-Bayon. Un espace d’information où vous trouverez les cartes et topos rando, des expos temporaires de sensibilisation à l’environnement et une expo permanente sur la paléontologie.
– Carte IGN no 3244 au 1/25 000 ou la spéciale Montagne Sainte-Victoire au 1/17 500 (plus précise), disponibles à l’achat à l’office de tourisme d’Aix-en-Provence ou à la Maison Sainte-Victoire.
– L’accès au massif est réglementé de juin à septembre. Le niveau de danger « Feu de forêt » est défini au jour le jour. Infos au 0811-20-13-13 (0,06 €/min) ou sur www.bouches-du-rhone.gouv.fr. Amende de 135 € en cas de non respect des règles.
Bonnes adresses
– La Place : 10, avenue Pierre Jacquemet, Puyloubier. Dans ce restaurant qui se définit comme un bistrot responsable, les produits sont de saison, locaux, et bio quand c’est possible. La cuisine, fine et créative, met à l’honneur les saveurs méditerranéennes. Aux beaux jours, on déjeune sur la terrasse, autour de la fontaine et sous les platanes. Menus midi : entrée-plat ou plat-dessert à 22 € ; entrée-plat-dessert à 28 €. C’est vraiment très bon, et en plus, l’accueil est super sympa. Que demander de plus ?
– Le Mirabeau : 33, cours Mirabeau, Aix-en-Provence. Dans cette brasserie du cours Mirabeau (qui est le restaurant du bel hôtel Negrecoste), on goûte à une cuisine traditionnelle très réussie. Grande terrasse. Plats à partir de 22 €.
– La Fromagerie du Passage : 55, cours Mirabeau, Aix-en-Provence. On entre dans la fromagerie, et l’on découvre à l’étage le restaurant, puis un toit-terrasse au deuxième étage. Dans l’assiette, on déguste – logiquement – des spécialités fromagères, mais aussi des salades et des plats (tartare de bœuf, hamburger...). Ambiance sympa, tout comme l’accueil.
– Colde : 69, cours Mirabeau, Aix-en-Provence. Un resto doté d’une belle terrasse, qui propose notamment des salades (env. 19 €), des bowls, de l’avocado toast, et des plats à partir de 18 €. C’est bon et frais.
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Texte : Olivia Le Sidaner
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