Argentine : dans les rues de Buenos Aires

Argentine : dans les rues de Buenos Aires
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« Les Mexicains descendent des Aztèques, les Péruviens des Incas et les Argentins… du bateau. » (Dicton populaire argentin)

Rares sont les villes qui font autant fantasmer que Buenos Aires

Cité légendaire du tango, port cosmopolite où se sont succédé des générations d’immigrants, ville des antipodes à cheval entre Vieux Continent et Nouveau Monde, capitale meurtrie par les crises qui ne cesse de renaître toujours plus belle, plus énergique, plus envoûtante…

L’évocation de Buenos Aires éveille un maelström d’images dans l’esprit du voyageur, mais aussi les fantômes d’un passé glorieux, Jorge Luis Borges et Luis Gardel en tête.

Aujourd’hui, en y débarquant, on découvre une ville dynamique, qui s’étale sur près de 200 km, et contrastée, où la richesse de certains quartiers (Recoleta et Palermo) ne fait pas oublier les laissés-pour-compte du rêve argentin. Et surtout, dans ses bars et restos, on se régale de sa vie nocturne, parmi les plus électriques du continent sud-américain.

Portrait, quartier par quartier, d’une métropole fascinante, où les nuits sont encore plus belles que les jours.

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La vie à Buenos Aires, de jour comme de nuit

La vie à Buenos Aires, de jour comme de nuit
Eric Milet

Quand on arrive à Buenos Aires par temps clair, on sent tout de suite la présence du fleuve et de l’estuaire. Une sorte de mer chocolat sur laquelle glissent des porte-conteneurs. Buenos Aires est bien un port.

Puis, de loin en loin, se dessine la trame d’une ville-pampa, plate comme une galette, qui se noie vers les confins, à la limite de la vision humaine. C’est dans cette ville d’immigrés, la plus italienne de toutes les capitales d’Amérique latine, qu’est né le tango.

Le tango. Bien plus qu’une danse, un concept, une manière d’être, la sempiternelle réminiscence d’un peuple déraciné en proie à ses fantasmes. Presque une philosophie. Depuis le début des années 1990, Buenos Aires en a fait un véritable business.

Aujourd’hui, on mange tango, on dort tango, on rêve tango. Les touristes du monde entier viennent tutoyer le mythe le temps d’une milonga, l’espace d’un abrazo. Va pour le côté nuit.

Mais Buenos Aires vit aussi le jour, avec ses boulevards encombrés, ses rues pétillantes de boutiques, ses places et ses parcs. Une ville quasi haussmannienne, entrée en fanfare dans le concert des grandes capitales, quand bien même la crise financière ralentit sa croissance. Maladie chronique d’un peso qui peine à faire son trou face au dollar.

Car Buenos Aires, c’est un peu Paris, un peu Rome, un peu New York, aussi… Mais version latino. Et l’on se plaît à trouver quelques similitudes : Greenwich-village s’appelle Palermo, East Village San Telmo et Brooklyn Recoleta

La Boca, retour aux sources du tango

La Boca, retour aux sources du tango
Eric Milet

Véritable carte postale de Buenos Aires, La Boca a fait de la couleur son identité. C’est au fond des conventillos de ce quartier pauvre qu’est né le tango, à la fin du 19e s., alors que l’Argentine accueillait les émigrants en masse.

À l’époque, on y dansait avec les « filles de mauvaise vie » exclusivement dans les bordels, quand on ne le dansait pas simplement entre hommes, faute de femmes.

Il fallut attendre le début du 20e s. pour que le tango soit accepté par la classe ouvrière, puis par la bourgeoisie, après que ce dernier eut enflammé les salons européens dans les années 1920. Interdit par l’Église en 1929 et prohibé pendant la dictature entre 1955 et 1976, il connaît aujourd’hui une seconde vie.

La Boca surfe allégrement sur cette manne. À la Boca, « le populaire » attire les touristes des quatre coins du monde. Sorte de Montmartre coloré aux accents de bandonéon, Caminito déploie ses grandes maisons bardées de tôles de couleurs vives pour la plus grande joie des photographes.

Allez-y le matin sur les coups de 10 h, quand la masse des visiteurs n’a pas encore investi les lieux et que les marchands du temple installent leur fourbi. Il plane encore sur le pavé luisant des ruelles comme des accents de nostalgie. L’effet tango, sans doute…

Palermo, le côté bobo de B. A.

Palermo, le côté bobo de B. A.
Eric Milet

Palermo est un quartier qui a le vent en poupe. Juste ce qu’il faut de branché, juste ce qu’il faut de bohême. Copieusement graffées, ses vieilles maisons lui confèrent l’allure d’un décor de série B.

C’est le quartier des garages éventrés, qui ramènent leurs relents d’huile de vidange jusque sur le pavé, avec, le long des murs, une ou deux voitures en souffrance. Le quartier des créateurs, aussi, avec une multitude de petites échoppes, d’ateliers et de galeries d’art où les vernissages s’éternisent jusqu’au bout de la nuit en été.

À chaque angle de rue, un café-wifi, un resto ou un bar ; quelques terrasses à l’ombre des jacarandas, où l’on vient siffler un cortado sur les coups de 11 h, quand le soleil se jette du haut des murs pour inonder les trottoirs de lumière crue. Palermo est un village dans la ville, une petite tranche de Sicile en Amérique du Sud.

Il y a en fait trois Palermo : « Palermo Viejo », surnommé Soho, avec des bars et boutiques de créateurs qui rappellent New York ;  « Palermo Chico », plutôt résidentiel et… chic ; et « Palermo Hollywood », où l’on trouve bars et restos qui drainent le tout Buenos Aires branché.

Palermo, c’est aussi le quartier de Buenos Aires qui concentre le plus de salles de bal. Le Salón Canning fait partie de celles-là. Son parquet à chevrons accueille une milonga tous les soirs à partir de 23 h.

Place à la nuit portègne. Celle qui enflamme les âmes à la dérive jusqu’au petit matin. Le Salón Canning fait partie de ces salles empreintes de nostalgie, où les filles, usées d’avoir trop dansé, ressortent à l’aube les joues plus roses que la rhodochrosite, la pierre fétiche des Argentins.

Puerto Madero, au bord du Rio de la Plata

Puerto Madero, au bord du Rio de la Plata
Eric Milet

Du côté du Yacht Club de Puerto Madero, les quelques voiliers au ponton sur fond de gratte-ciel confèrent à Buenos Aires des allures de Sydney. Même ciel bleu, même soleil austral.

À l’heure de la pause-déjeuner, les cols blancs du coin viennent pique-niquer à l’ombre de leurs tours de verre, puis font la sieste au pied d’un arbre avant de repartir au boulot. Peu de capitales offrent ce luxe.

Jadis territoire de rapine, Puerto Madero, entièrement réhabilité ces dernières années, est devenu la promenade fétiche des Porteños. On y vient en famille capter un peu de brise marine, le temps d’un cornet de glace. Fini l’époque où les vraquiers charriaient des tonnes de vivres en provenance d’Europe… Désormais les clippers sont à quai et servent de musée, quant aux docks, ils égrainent aujourd’hui une série de restos chics.

En poussant au-delà des tours de verre qui marquent la limite est du quartier, on atteint la promenade qui longe la réserve écologique du Río de la Plata. À un quart d’heure de marche du Centro, on n’entend plus les bruits de la ville. Seul le caquètement des échassiers cherchant pitance parmi les joncs rivalise avec les cris des marchands de soda.

 Ici, la nature semble avoir repris ses droits. Le dimanche, les chiringuitos qui bordent la lagune ne désemplissent pas. Et quand il fait chaud sur cette Croisette improvisée, on tombe volontiers la chemise pour offrir son corps aux morsures du soleil…

San Telmo, jusqu’au bout du tango

San Telmo, jusqu’au bout du tango
Eric Milet

San Telmo est peut-être le quartier le plus authentiquement porteño, avec ses antiquaires et bars à bières, ses milongas informelles et ses vieilles maisons toutes taguées. Devenu, à l’instar de la Boca, éminemment touristique, il n’en demeure pas moins l’un des plus touchants.

Côté tango, c’est à San Telmo que vous trouverez les milongas les plus alternatives, sans protocole ni chichi. Car, à San Telmo, on a le tango joyeux : on danse sur du contreplaqué, et même entre filles, c’est tout dire !

De jour, la plaza Dorrego en est le point névralgique. C’est ici que se termine la calle Defensa, qui accueille chaque dimanche depuis 25 ans la grande braderie aux antiquaires. Véritable paradis des chineurs, Defensa, c’est le « monde dans une seule rue ». Un monde bien vivant, où les virtuoses de la débrouille réalisent des œuvres d’art avec trois fois rien, où les véritables antiquités côtoient sans vergogne des imitations importées de Chine.

Mais c’est la nuit, quand les bars à tango font pleurer leurs bandonéons dans l’ambiance vacillante des photophores que San Telmo révèle son âme. Et, pour peu qu’un couple de danseurs illumine la piste du jeu de leurs étreintes endiablées, c’est à vous filer la chair de poule tellement c’est beau !

Recoleta et Centro, sur un rythme argentin

Recoleta et Centro, sur un rythme argentin
Eric Milet

Les Récollets (ordre des Franciscains) y fondèrent un couvent au début du 18e s., d’où le nom du quartier. Mais il fallut attendre la fin du 19e s. pour que la bourgeoise portègne s’y installe suite à l’épidémie de malaria qui sévissait à San Telmo.

Recoleta est aujourd’hui le quartier bourgeois par excellence, avec ses rangées d’immeubles cossus, dont certains font penser aux hôtels particuliers parisiens, ses rues piétonnes jalonnées de restos chics et de boutiques de mode. On s’y plaît à faire du lèche-vitrines. C’est aussi le quartier du musée des Beaux-Arts (gratuit) et du célèbre cimetière de la Recoleta, véritable œuvre d’art à ciel ouvert.

Ici le ciel est plus bleu, les troncs d’arbre plus noirs et le vert des feuillages plus vert encore. Dans les parcs, quelques couples enamourés, un promeneur de chiens… Seul sur un banc, un golden-boy s’offre au soleil bras en croix, cheveux gominés et cravate en biais. Le mythe du bel Argentin n’est pas très loin…

Côté tango, c’est dans le Centro, – qui regroupe la plupart des administrations, des banques et des commerces – , que l’on trouve les milongas les plus touristiques : El Beso, une milonga « spécial célibataires » qui perpétue la tradition de la mirada et du cabeceo (l’invitation à danser, d’un simple regard suivi d’un coup de tête à peine perceptible). Tout un art ! Ou encore les matinées de la Confiteria Ideal, un café typique (et superbe !) de la Belle Époque, toujours très apprécié.

Après (ou avant) la danse, on peut aller, de rue en rue, prendre le pouls de la belle métropole latino-américaine. En passant par la plaza de Mayo dominée par son obélisque, cœur battant de Buenos Aires, où, 30 ans après la chute de la junte militaire, les mères des disparus défilent chaque jeudi pour réclamer la condamnation des responsables des atrocités de la dictature…

Fiche pratique

Fiche pratique
Eric Milet

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Comment y aller ?

Vols directs quotidiens Paris-Buenos Aires avec Air France.

La formule la plus économique est presque toujours celle qui consiste à transiter par Madrid, plaque tournante pour les vols à destination de l’Amérique latine avec Iberia, Lan ou Air Europa.

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Où dormir ?

À Buenos Aires, la solution la plus avantageuse (surtout pour un séjour prolongé) est de louer un appartement dans un quartier sympa comme Palermo, San Telmo ou Recoleta. Voici une adresse tenue par un couple dynamique : www.monappartementabuenosaires.com

Sinon, pour les petits budgets, une auberge de jeunesse bien placée : www.chelagarto.com

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Où manger ?

Ce ne sont pas les bonnes adresses qui manquent à Buenos Aires car, rappelons-le, les communautés d’origines italienne et française y sont largement présentes dans le domaine des métiers de bouche.

Deux adresses typiquement locales cependant :

Pedro Telmo, Bolivar 962 (à San Telmo). Pizzas, viandes, empanadas et pâtes.

Parilla Peña, Rodríguez Peña 682 (dans le Centro). Spécialités de grillades (parillas) et de pâtes.

Dans un genre plus chic, La Cabrera (J.A. Cabrera 5099 et 5127) l’un des resto les plus courus de Buenos Aires (quartier de Palermo)

Où sortir ? Prendre un verre ?

Palermo Viejo (notamment autour de la plaza Cortazar) et Palermo Hollywood sont l’épicentre de la nuit branchée porteña. Quelques adresses : Unico (Honduras 5602), Carnal (Niceto Vega, 5511), Cronico (Borges, 1646)

Pas mal de bars à la mode (assez chers) le long des docks de Puerto Maduro.

Des centaines de bars dans le Centro, où l’on trouve aussi les institutions classiques comme le café Tortoni (av. de Mayo, 829), le Gato Negro (Corrientes, 1669) ou la Confiteria Ideal (Sulpacha, 384).

Milongas et bars sympas aussi à San Telmo

Visiter Buenos Aires en 2 CV Citröen ?

Pour ceux qui souhaitent visiter Buenos Aires en "deudeuche" décapotée : www.buenosaires-vintage.com.ar

Où voir un spectacle de tango ?

Dans tous les bars-tango de San Telmo pour l’ambiance. Mais les spectacles les plus aboutis sont ceux programmés au Centro Cultural Borges.

Rens : Centro Cultural Borges, Viamonte 525

Où apprendre à danser le tango ?

Un bon contact pour celles et ceux qui souhaitent s’initier ou se perfectionner, voire carrément consacrer leurs vacances au tango : Sophie Guillouche se chargera de tout organiser pour vous dans la capitale argentine : www.tangovacances.com Sophie Guillouche. Port : 15-629-06-770

Sinon, les petits budgets se rabattront sur les clases qui précèdent les milongas, mais mieux vaut avoir quelques notions dans la langue de Cervantès, à tout le moins dans celle de Shakespeare. Sinon, des écoles de danse comme DNI proposent des formules en cours privés ou en cours collectifs à des tarifs très abordables : www.dni-tango.com

Où danser le tango ?

Première chose à faire avant de débarquer à Buenos Aires : télécharger l’appli Hoy Milonga pour iPhone ou Android. Très pratique, cette appli fait l’inventaire de tous les cours et milongas au jour le jour en les positionnant sur la carte de Buenos Aires. Un outil indispensable.

Ensuite tout dépend de votre style. Les « académiques » sachant danser ou s’imaginant savoir danser se tourneront vers les milongas « touristiques », type les matinées Unitango à la Confiteria Ideal, la milonga Parakultural, la Viruta (surtout pour ses afters) ou encore La Catédral (très touristico-branchouille mais néanmoins sympa).

Les routards(es) opteront pour des milongas plus « roots », plus alternatives, jeunes et décontractées comme la Sin Gomina Milonga (super cool avec un bon orchestre en live tous les vendredis), ou encore La Independencia (Av La Independencia 572 – tél. : 493-17-977, typique de la milonga de quartier) sans oublier la très en vogue Bicicleta (jeune et d’un très bon niveau de danse).

Celles et ceux qui veulent danser en plein air se rendront été comme hiver à la Glorieta à partir de 19 h 30 tlj sf mar, jeu (Belgrano, dans le parc situé entre Sucre et Echeverría), où l’on danse dans un kiosque.

Pour plus de renseignements sur le tango, lire notre article Où danser le tango à Buenos Aires ?

Écoutez Road Trip Argentine, le podcast du Routard :

Texte : Eric Milet

Mise en ligne :

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