Terra Salina, les routes du sel en Franche-Comté et en Suisse
Partir sur les traces du sel, voilà un programme original ! Terra Salina est une nouvelle offre touristique qui fait découvrir des lieux consacrés à la production et l’utilisation du sel en Franche-Comté et en Suisse. L’occasion de parcourir, à pied, à vélo ou en auto, les routes par lesquelles l’« or blanc » circulait dans le passé. Autant d’idées de séjour et de découverte des plaines de Franche-Comté aux pieds des Alpes, via le massif jurassien.
Préparez votre voyage avec nos partenairesPetite histoire de l'or blanc
Complément nutritif important et conservateur d’aliments, le sel a été un produit précieux jusqu’au début du 19e siècle, époque durant laquelle son exploitation est devenue industrielle en Europe, ce qui a fait s’effondrer sa valeur marchande.
Pendant très longtemps, sa production, son commerce et sa consommation ont été contrôlés et taxés par les autorités – en France, l’impôt sur le sel fut la gabelle. Cette source de profit a fait l’objet d’une grande sollicitude de la part des contrebandiers et des bandits.
Ceux-ci assaillaient régulièrement les convois par lesquels le sel était acheminé, ou s’attaquaient aux dépôts où il était conservé. Les pilleurs de trains et les braqueurs de banque modernes n’ont rien inventé !
Depuis toujours, on extrait le sel de l’eau de mer, de mines (sel gemme) ou de sous-sols où il se trouve sous forme de saumure (eau très salée). Dans ces deux derniers cas, son origine remonte aux temps où la mer s’avançait très loin dans les terres.
Rien d’étonnant donc à ce que la Franche-Comté et la Suisse aient pu être des producteurs de sel ! C’est notamment ce que se propose de vous faire découvrir Terra Salina.
Vous avez dit Terra Salina ?
Le projet Terra Salina est né de la collaboration entre des sites salins et des institutions du tourisme franc-comtois et suisses, dont la Saline royale d’Arc-et-Senans et l’agence de développement du Nord Vaudois, avec l’aide du Fonds européen de développement régional.
Suivant les routes prises par le commerce du sel, ses parcours invitent à visiter entre autres trois sites de production : la Saline royale d’Arc-et-Senans, la Grande Saline de Salins-les-Bains et les Mines de Bex.
Les établissements thermaux utilisant de l’eau salée à Yverdon-les-Bains, Salins-les-Bains ou Lons-le-Saunier font aussi partie des haltes importantes.
À cela s’ajoutent des invitations à découvrir les produits et les pratiques artisanales des terroirs traversés, ainsi qu’à visiter divers lieux situés sur ou autour des routes labélisées Terra Salina : La Chaux-de-Fonds, la vieille ville de Berne, les sites palafittiques préhistoriques au bord du lac de Neuchâtel, les vignobles de Lavaux, les fortifications Vauban et la citadelle de Besançon…
Les parcours du sel
Tous les parcours sont à suivre en auto ou à pied, le long de routes ou de chemins de randonnées. Certains, en plaine ou vallée, sont accessibles aux cyclistes non sportifs.
Une partie de cet itinéraire de chemins de randonnée balisés qui va de Dole à Saint-Claude (300 km) forme une route à part, essentiellement dans le département du Jura.
Parcours (126 km) : Dole, Arc-et-Senans, Salins-les-Bains, Lons-le-Saunier.
– La Via Salina touristique
C’est la première partie de l’itinéraire que prenaient les convois de sel allant en Suisse. Elle suit une bonne partie de la vallée de la Loue, le pays du peintre Gustave Courbet dont un beau musée montre des œuvres à Ornans.
Parcours (70 km) : Arc-et-Senans, Salins-les-Bains, Ornans.
– La Via Francigena
« La route qui vient de France » fut au Moyen Âge un axe de communication important entre le nord de l’Europe et l’Italie, notamment pour les pèlerins allant à Rome. La portion incluse dans Terra Salina fait suite à la Via Salina touristique.
Parcours (41 km) : Ornans, Pontarlier.
– De Pontarlier à Yverdon-les-Bains
Ce parcours, qui prolonge le morceau de la Via Francigena indiqué ci-dessus, vous fait traverser la frontière franco-suisse à travers des paysages montagneux et boisés typiques du massif jurassien.
De Pontarlier, étape française de la Route de l’absinthe, vous rejoignez Sainte-Croix, capitale mondiale de l’artisanat des boîtes à musique, puis Yverdon-les-Bains, via les voies à ornières aménagées de Vuitebœuf pour le transport de marchandises, en particulier le sel (à faire à pied).
Parcours (40 km) : Pontarlier, Sainte-Croix, Yverdon-les-Bains.
– La Via Salina
Elle symbolise la route commerciale terrestre du sel en Suisse, d’Yverdon-les-Bains jusqu’à Berne, en longeant un bon moment le lac de Neuchâtel.
Parcours (100 km) : Yverdon-les-Bains, Gletterens, Chevroux, Murten, Laupen, Berne.
– Des thermes aux mines
Tel est le nom du circuit qui vous mène aux mines de sel de Bex en longeant le lac Léman. Il vous fait passer entre autres par Orbe, où l’on visite les vestiges de villa romaine de la cité d’Urba.
Parcours (140 km) : Yverdon-les-Bains, Orbe, Romainmôtier, Lausanne, Lavaux, Bex.
Les grands sites salins
Ils sont les stars de Terra Salina et donc immanquables !
– La Grande Saline de Salins-les-Bains (photo)
À Salins-les-Bains, on a extrait du sel des sous-sols à partir du 8e siècle. L’activité a cessé en 1962, mais les installations ont été préservées en témoignage. Vous visitez une galerie où fonctionne encore une machine qui pompe de la saumure.
Celle-ci était traitée dans une manufacture, qui se visite également, où ce liquide très chargé en sel était asséché dans des conditions de travail éprouvantes, afin d’en extraire l’« or blanc ».
Pour cela, il fallait du bois. Or, au 18e siècle, les environs de la ville ne pouvaient plus fournir ce matériau. En conséquence, il fut décidé d’ouvrir un nouveau site à courte distance.
– La Saline Royale d’Arc-et-Senans
C’est à Arc-et-Senans que l’évaporation de l’eau de la saumure a été réalisée à partir de 1779 dans une manufacture alors ultramoderne. Cette saumure puisée à Salins-les-Bains était acheminée par un système de canalisation en bois nommé saumoduc.
Les bâtiments, conçus par Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806), forment un chef-d’œuvre de l’architecture de son temps. Abritant à la fois des activités industrielles et administratives, ainsi que des logements, ils sont dix à être disposés en arc de cercle face à la maison du directeur.
Ce majestueux ensemble a été opérationnel jusqu’en 1895, mais il n’est jamais vraiment parvenu à être rentable car concurrencé par d’autres sites de production.
Après moult vicissitudes, la Saline royale a été plusieurs fois restaurée au 20e siècle. Elle abrite aujourd’hui un musée, des espaces d’expo, un restaurant, un hôtel et accueille des événements culturels, notamment un festival des Jardins.
– Le Sentier des gabelous
Il suit grosso modo le tracé du saumoduc sur 21 km. Son nom évoque les hommes chargés de le surveiller.
– Les Mines de Bex
Elles ont été ouvertes voilà près de 400 ans. On y extrait du sel par injection d’eau dans la roche. L’eau salée obtenue est ensuite asséchée afin de récupérer le sel. La production est toujours effective, même si elle est à présent modeste. Sa majeure partie est employée pour déneiger les routes en hiver.
Ce dernier site minier encore en activité en Suisse se visite. Il faut pour cela prendre un petit train qui s’enfonce sous la montagne (réservation recommandée). Dans des galeries aménagées, on vous dit tout ce qu’il faut savoir. Au terme de cette balade souterraine, avant de reprendre le train, vous passez par un bar restaurant (repas pour les groupes, sur réservation) !
– Les villes thermales.
À Salins-les-Bains et Yverdon-les-Bains, ainsi qu’à Lons-le-Saunier, des soins de remise en forme et médicaux à l’eau salée sont proposés dans des établissements thermaux, parmi d’autres prestations. Le fait de flotter sans difficulté dans de l’eau très chargée en sel, par exemple, permet de soulager des douleurs et/ou de se relaxer.
Pour en savoir plus
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Des séjours organisés sont proposés par divers opérateurs.
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A signaler aussi Le sentier du sel qui suit le parcours d'un ancien saumoduc (conduit d'eau salée) reliant la première mine de sel de Suisse à la saline
Texte : Michel Doussot
Mise en ligne :