Ces films qui font voyager
Les paradis perdus
On prend la route et puis voilà que le paradis que l’on escomptait trouver n’est pas tout à fait à la mesure des rêves que l’on faisait... Raconter cela n’empêche pas les cinéastes de nous offrir des images belles à couper le souffle. L’effet de contraste n’en est que plus frappant.
Les récits de voyageurs européens ont créé de toute pièce des paradis exotiques que certains ont mis à mal dès les premiers temps du cinéma, tels que Friedrich Wilhelm Murnau avec Tabou, sorte de conte qui narre les amours contrariées de jeunes Polynésiens à Bora-Bora. Et pourtant, les paysages et les personnages que ce drame donne à voir ont enthousiasmé d’innombrables spectateurs.
En route pour le Nouveau Monde
Il y a des terres fascinantes que l’on sait dangereuses. C’est le cas de l’Amazonie où se déroule Aguirre, la colère de Dieu, film au cours duquel on suit la folle équipée d’un conquistador du 16e siècle à la recherche de l’Eldorado. On en connaît que ce délire illustré par Werner Herzog a excité au plus haut point.
Le même situe également en Amazonie, cette fois au début du 20e siècle, l’histoire de Fitzcarraldo, qui rêve de construire une salle d’opéra dans la jungle où il se rend en bateau, lequel doit être transporté par-dessus une colline au cours de son périple : scène culte s’il en est.
Au 17e siècle, débarquent des colons anglais sur la côte Est de l'Amérique du Nord. Le Nouveau Monde qu’ils découvrent et que nous montre Terrence Malick est aussi verdoyant que dangereux. La quête idéaliste d’une entente avec les Indiens tourne court.
Partir pour concrétiser ses théories, c’est ce que font les anarchistes italiens qui, à la fin 19e siècle, fondent La Cecilia, une colonie qu’ils établissent au Brésil. Ça ne marchera pas non plus.
Utopies
La volonté de créer des contre-sociétés est aussi battue en brèche dans La Plage, avec Leonardo di Caprio. Ce film nous emmène au sein d’une communauté installée sur une île paradisiaque thaïlandaise, à l’écart du monde. Las, Koh Phi Phi Lee a beau être un site sublime, l’envers du décor s’avère infernal…
S’isoler dans le désert est-il une solution ? Un couple de jeunes Américains que la société répressive et consumériste des années 1960 rebute, transforment un temps en paradis libertaire et hédoniste le site de Zabriskie Point dans la Vallée de la Mort en Californie. Le rêve, filmé par Michelangelo Antonioni, sera de courte durée.
Les films à voir
- Tabou (Tabu), Friedrich Wilhelm Murnau, 1931.
- Zabriskie Point, Michelangelo Antonioni, 1969.
- Aguirre, la colère de Dieu (Aguirre, der Zorn Gottes), Werner Herzog, 1972.
- La Cecilia, Jean-Louis Comolli, 1976.
- Fitzcarraldo, Werner Herzog, 1982.
- La Plage (The Beach), Danny Boyle, 2000.
- Le Nouveau Monde (The New World), Terrence Malick, 2005.
Texte : Michel Doussot