10 jours au Sultanat d'Oman

Forum Oman

Et nous voici aux pays de l’or noir, plus précisément en Oman!

Quelques jours à Dubai nous ont permis de découvrir la ville de tous les superlatifs et de déconstruire une volée d’idées préconçues sur la région (une région bien souvent réduite à ses resorts et ses 4x4) et de tomber sous le charme d’Abu Dhabi, son Louvre et sa grande mosquée. Dans l’enceinte de celle ci, lorsque les dernières lueurs du soleil caressent son marbre blanc, à l’écoute de l’appel de la prière, le temps semble suspendre son cours.

Juste le temps de réveillonner dans le désert sous les étoiles et nous voilà en Oman. Moins gâté que les Émirats mais plus chanceux que son voisin yéménite, nous en découvrons sa côte.

Sur est un village de pêcheurs situé à l’extrémité Est du pays. De la plage, on pourrait presque apercevoir la république islamique d’Iran en face, de l’autre côté du golfe d’Oman. La mer bleu ciel est bordée par les montagnes ocres du Hajar oriental. Entre les deux, la route, avec de temps en temps des chèvres aux poils longs égarées semblant faire du stop.

Le pétrole a jailli du sous-sol depuis deux générations déjà, changeant à jamais le cours de la vie de la péninsule arabique et de ses habitants (pécheurs côtiers, récolteurs de perles et bédouins, tribus nomades du désert) mais on continue ici d’y fabriquer des dhows, (boutres : embarcation traditionnelle en bois). Le phare, les tours de guests et les chantiers navales sont là pour en témoigner, fort de plusieurs siècles d’échanges avec ses voisins.

Il est tôt ce vendredi matin, jour de prière, et déjà la température monte dans les rues désertes de Sur. Pour la fraîcheur, vous avez deux options : la mer ou les wadi. Ces dernières, « des vallées nappées de cours d’eau limpides où s’épanouissent palmiers dattiers, bananiers et manguiers », des gorges où au fond serpentent des lits de rivières, ont l’avantage de fournir ombre et piscine naturelle.


Au fond du Wadi Shab, on traverse le cours d’eau en bateau, marche à travers des plantations en terrasse, on longe les systèmes d’irrigation (Aflaj) et on remonte la rivière à l’ombre des falaises. Au fond, un passage par une cavité immergée vous amènera à une grotte offrant vasque profonde, fraîcheur et sérénité.

On quitte la côte pour une autre forme de fraîcheur, celle des montagnes. Nizwa est l’ancienne capitale d’Oman, du temps ou celui-ci possédait des comptoirs jusqu’au Mozambique. Entourée de montagnes et cernée d’une palmeraie, cette oasis reste la capitale intellectuelle du sultanat.

Son souk est paisible, parfumé aux effluves d’encens cultivé dans le sud du pays, rappelant l’odeur de l’église de Sévrier et de tous les villages de France. Pas de racolage, juste des palabres et des small talk. « How do you like my country? » est la question qui revient le plus souvent avec l’invitation pour le sacro-saint café.

Du haut de son fort où résonne des chants guerriers, on peut deviner des villages nichés à flanc de montagne. Misfat est l’un d’entre eux. Dans ce village, où seuls le chant du coq et l’appel du muezzin ne viennent troubler la tranquillité, on est logé dans une guest house aux murs en terre cuite.

Dernière étape de ce voyage : le djebel shams (montagne du soleil), point culminant du pays avec Wadi Ghul, le Grand Canyon d’Arabie. Un gouffre de 1000 mètres, vertige assuré! Après avoir passé la journée sur un balcon en parcourant le flanc, le soleil se couche derrière les montagnes, les odeurs d’un festin nous parviennent. Another day in Omani territory has gone by.




[Bonus track] Sur route du nord. Au bout de celle ci, se trouve la péninsule de Musandam, enclave omanaise séparée du reste du sultanat.

Au poste frontière, sont nécessaires : une taxe de sortie des Émirats, un nouveau visa omanais, un contrat d’assurance auto omanais pour le véhicule loué à Dubai et une « No Objection Letter » de la part du loueur. Une volée de coups de tampons délivrée par des fonctionnaires à la barbe taillée au cordeau (taxe sortie UAE : 30, 5 day insurance en Oman : 16 OMR, Nouveau visa à 5 OMR) et une heure plus tard, vous entrez pour votre plus grand bonheur à nouveau en Oman !

A fleur d’eau et à flanc de falaise, une route spectaculaire vous conduit à l’extrémité septentrionale de la péninsule. Khasab, chef lieu de province (on peut même dire seule ville de la province) est le trait d’union entre le golfe persique (à gauche sur la carte) et le golfe d’Oman (à droite). En face à quelques encablures, l’Iran.

Nous sommes ici au Détroit d’Ormuz, et comme ces cousins Gibraltar, Bosphore, Malacca, Suez et autre Panama, c’est un endroit stratégique cristallisant bon nombre d’enjeux commerciaux et géopolitiques. Un trou de souris où transite un tiers du pétrole mondial. La piraterie, tradition en place depuis plus de deux siècles, et la filouterie sont monnaie commune : les contrebandiers partent d’ici sur leurs vedettes pour acheminer des marchandises en Iran, soumis aux sanctions économiques internationales.

Du fait de la proximité avec l’ancien royaume de Perse (l’actuel Iran, Afghanistan et Pakistan), la culture omanaise se mélange ici avec la culture persienne. Au souk, sous les néons du restaurant pakistanais, 4 Pashtounes jouent aux dominos en buvant leur thé et en fumant une pipe dégageant une épaisse fumée.

Au levée du jour, une boutre à double pont quitte le port, les montagnes derrière elle. Elle nous emmène dans les Fjords avoisinants, les Kwahrs, des bras de mer traçant des sillons entre les falaises de calcaire. Les quelques habitants vivant ici s’appellent les Kumz et parlent le kumzari, un dialecte persan à peine compréhensible pour les arabophones!

Des dauphins accompagnent le sillage de notre bateau, les montagnes environnantes dont le Djebel Harim (mont des femmes) complètent le tableau de cette fin de voyage.

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