Bonjour,
Nous sommes un couple de retraités de 63 et 58 ans et voyageons en individuel. Cette partie de notre carnet de voyage est consacrée à la découverte de Java en mai 2023.
Un taxi vient nous chercher à notre homestay à Pemuteran à Bali et nous conduit au port de Gilimanuk où un ferry doit nous conduire à Java. Arrivés à la gare une employée nous informe qu’il faut acheter ailleurs ses billets. Catherine repart à pied pour acheter ces billets dans un petit kiosque situé à quelques centaines de mètres. Nous compostons nos billets et nous parcourons des couloirs et des escaliers avant de monter par la rampe des véhicules et de grimper deux étages et nous asseoir.
Nous regardons le spectacle des nombreux ferries qui traversent le détroit large de 5 kilomètres. On nous avait prévenu que Java était différent de Bali. Sur le ferry la majorité des femmes sont voilées car Java est une île où l’islam est fortement implantée. Le ferry part à 10h20. Le temps est nuageux et on n’aperçoit pas les volcans de Java. Le ferry attend à quelques centaines de mètres du port de Ketapang à Java qu’une place se libère comme plusieurs autres ferries. Un bouchon de ferries en quelque sorte. Une première pour nous. La côte apparaît bordée de bâtiments portuaires, entreprises, dépôt pétrolier, port civil et militaire… Plus loin la forêt recouvre les pentes d’un volcan perdu dans les nuages. Notre attente se prolonge. Les ferries semblent plus ou moins en bon état, certains largement décatis. Nous débarquons à 10h35, conséquence du décalage horaire entre les deux îles. Nous allons à la sortie attendre le véhicule envoyé par l’agence qui doit organiser notre visite des volcans. A 11h00 ne voyant aucun véhicule nous commençons à nous inquiéter. Des employés présents nous aident en téléphonant à l’agence. Une trentaine de minutes plus tard une voiture arrive et nous conduit à notre hôtel. Le conducteur nous dit qu’il y a eu confusion avec l’horaire prévu de notre arrivée à cause du décalage horaire. Nous faisons avec lui un dernier point sur les conditions prévues de notre voyage de 3 jours. Demain nous quitterons l’hôtel à 2h15 du matin pour visiter le volcan Ijen. C’est un magnifique hôtel dans un grand jardin avec piscine et vue sur le détroit. Nous en profitons pour nous reposer avant les deux journées chargées qui nous attendent.
C’est le départ de l’hôtel à 2h15 pour le Volcan Ijen. Une voiture avec chauffeur et guide vient nous chercher. Le guide s’appelle Arif et le chauffeur Ali. A cette heure il n’y a pas beaucoup de circulation et peu de monde dans les rues, sauf au marché qui est déjà animé. Le chauffeur conduit prudemment, très prudemment. A sa décharge, la route est étroite, sinueuse et en mauvais état. Après une heure et demi de trajet nous arrivons au pied de l’Ijen qui s’élève à 2300 mètres. Il y a déjà beaucoup de monde. L’accès au volcan est ouvert à partir de 4h00. Le gouvernement indonésien a interdit depuis plusieurs mois la montée de nuit au volcan et surtout la descente dans le cratère pour y admirer les flammes bleues dues aux gaz s’échappant du lac volcanique pour des raisons de sécurité. Nous avions été prévenus lors de notre réservation auprès de l’agence. Nous avons le temps de manger quelques fruits avant de démarrer. Le guide nous informe que la montée dure entre 1h30 et 2h00 et que la pente est souvent raide. C’est un chemin en terre bien praticable. Au début c’est la cohue et certains démarrent en trombe. En bas des chauffeurs proposent de tirer les touristes sur d’étranges engins, des carioles, un siège, deux roues, une barre et des freins. Nous aurons tout au long de notre parcours une pensée pour ces forçats. La montée se fait dans le noir avec chacun sa lampe de poche. Très vite de plus en plus de touristes s’arrêtent sur le côté à bout de souffle. Nous poursuivons à notre rythme. Nous nous arrêtons à plusieurs reprises au cours de la montée pour admirer le paysage, les différents volcans et au loin les côtes de Java et Bali éclairées. Le jour apparaît peu à peu. Il y a de plus en plus de touristes qui s’arrêtent. Les premiers carioles accueillent leurs clients. Nous voyons ces chauffeurs pousser et tirer avec difficulté leurs engins. Petit à petit une odeur de soufre apparaît, sans pour autant nous incommoder. Peu avant le sommet notre guide nous donne des masques à gaz et les consignes de sécurité.
Enfin après près de deux heures de montée nous atteignons le bord du cratère. En bas, à 300 mètres, nous voyons un lac bleu turquoise d’où s’échappent des volutes de fumée plus ou moins denses. Sur son côté des roches jaunes, du souffre, émettent aussi de la fumée. Heureusement pour nous le vent ne souffle pas dans notre direction. Ce spectacle est irréel et fascinant. Nous ne pouvons pas descendre dans le cratère pour y voir les célèbres flammes bleues. Elles se produisent de nuit et sont le résultat de la combustion du gaz sulfureux. Nous apercevons près du soufre des mineurs. Ils extraient le soufre en le cassant à coup de marteau, le mettent dans deux paniers tenus par un balancier et les remontent au sommet du cratère. Notre guide est un ancien mineur. Il nous décrit leurs conditions de travail. Ils portent souvent 50 kilos de soufre dans leurs paniers et font trois fois le trajet par jour. Avant ce portage manuel se prolongeait jusqu’en bas. Maintenant le soufre est mis en sac et descendu dans les carioles. Ils travaillent surtout la nuit et le matin pour éviter les grosses chaleurs. Il nous indique qu’il y a de moins en moins de mineurs, une centaine maintenant, et que leur salaire bien qu’en augmentation n’est pas élevé. Nous en voyons passer devant nous, portant leurs paniers avec difficulté. Didier essaie de soulever un balancier avec ses paniers pleins, mais n’arrive pas à le décoller du sol. Les sommets entourant l’Ijen sont maintenant éclairés par le soleil. Le panorama est magnifique et nous nous arrêtons un instant pour le contempler. Les nuages s’élèvent plus nombreux du lac et nous mettons un moment nos masques à gaz. Puis c’est la descente moins fatigante. Nous croisons des touristes qui continuent d’arriver et une forte femme dans une cariole tirée par 2 personnes et poussée par une troisième. Nous nous accordons quelques pauses pour admirer le paysage. Nous discutons avec le guide qui est un passionné de football. Arrivés en bas nous mangeons le petit déjeuner préparé par l’hôtel.
Puis c’est le départ vers notre hôtel situé à près de 6 heures de route à côté du Mont Bromo. La route est d’abord sinueuse et en mauvais état. De chaque côté des champs de caféiers s’étendent à perte de vue. Nous voyons de nombreuses femmes cueillir les grains qui sont ensuite mis dans des sacs sur le bord de la route. D’autres cultures sont aussi visibles. Des forêts denses sont également présentes. Mais c’est surtout la présence massive de mosquées toujours de couleurs chatoyantes qui nous frappent, d’autant plus que leurs présences sont annoncées avec force sono par les paroles des muezzins ou des chants, avec parfois de véritables murs d’enceintes devant les mosquées. Une autre caractéristique de ce trajet est la présence du voile chez la quasi-totalité des femmes et même des enfants. Lorsque nous arrivons dans la plaine, les cultures changent avec des rizières partout. Nous avons d’un côté la mer et de l’autre la montagne. Rien de nouveaux pour les femmes et les mosquées. La circulation est infernale avec la présence en plus des deux roues et des voitures, de bus et surtout de camions lourdement chargés et lents. Il roule bien au milieu de la route et chacun les double comme bon lui semble, sur la droite ou sur la gauche.
Nous arrivons à notre prochain arrêt la chute d’eau de Madakaripura. Nous devons nous habiller en conséquence, tongues, bermudas et k-ways. Deux motos nous prennent en charge et nous voilà partis pour un trajet d’une dizaine de minutes. Nous ne sommes pas très rassurés car les conducteurs sont des jeunes impétueux un peu trop rapides à notre goût. A la chute d’eau un guide nous accueille et nous affuble de casques. Une première pour une visite de cascade. Nous nous enfonçons sur deux kilomètres dans une gorge encaissée entre deux flancs de montagnes recouverts d’une végétation luxuriante. Le long du chemin des tuyaux amènent de l’eau fraîche vers la plaine. Le bruit du torrent est incessant. Nous arrivons à la cascade qui fait près de 200 mètres de haut en plusieurs chutes. Nous descendons au plus près dans le torrent et sommes bien trempés. Nous sommes sous une cascade au fond de cette gorge avec ces pentes recouvertes d’une végétation abondante et nous au milieu casqués nous faisant arroser ! On ne s’attendait vraiment pas à ça en venant ici. Apparemment les casques protègent autant des des chutes de pierres que des chutes d’eau. Nous retournons à notre véhicule sans problème.
Puis nous arrivons sans encombre à notre homestay. Le temps s’est gâté. Les nuages sont omniprésents et il pleut, ce qui ne manque pas de nous inquiéter pour notre sortie de demain. Nous terminons cette journée difficile par un repas local et nous nous couchons tôt en prévision d’une journée bien chargée.
Notre dernière journée avec notre agence débute à 2h30 du matin en direction du Mont Bromo. Une jeep nous attend et nous emmène avec notre guide. Le trajet dure plus d’une heure. Progressivement d’autres jeeps nous rejoignent et forment un long cordon de phares sur les routes étroites et sinueuses. La jeep progresse de plus en plus haut et traverse des nuages. Nous commençons à être inquiets. Mais finalement le temps se dégage et nous parvenons à entrevoir les premières silhouettes de volcans. Puis dans un brouillard dense la jeep roule sur un désert de sable avec d’autres jeeps. Nous ne sommes pas très rassurés. Finalement la jeep nous dépose le long d’une route où stationnent déjà de très nombreuses autres jeeps. Notre guide nous amène à un petit restaurant où nous prenons des forces avec du café et des bananes frites. Nous sommes assis sur des petits tabourets autour d’un brasero car il fait froid. Nous nous dirigeons ensuite vers un lieu appelé King Kong View, on ne sait pourquoi. Nous ne sommes pas seuls et des centaines de touristes sont aussi présents. Notre guide nous trouve un emplacement où nous avons une vue magnifique sur la chaîne des volcans qui sont encore dans la pénombre car le lever du soleil est prévu dans une heure. Nous entrevoyons que la zone située en-dessous de nous est remplie de nuages. Ceux-ci progressent comme les doigts d’une main dans les vallées situées en contrebas. En face de nous la silhouette massive d’un volcan émerge. De temps en temps une fumée s’en échappe. Le guide nous précise que c’est le Mont Batok. Devant, des fumerolles s’élèvent en permanence d’un autre volcan, le Mont Bromo. Plus loin on entrevoit une chaîne de volcans avec au milieu le Semeru, le plus haut sommet de Java. Peu à peu le jour apparaît et nous voyons avec plus de précision les différents volcans. Heureusement les nuages ont la bonne idée de rester dans les vallées. Le soleil commence à apparaître à l’horizon et éclaire toute la zone. Le soleil, les volcans, les fumées des volcans, les nuages dans les vallées forment un spectacle éblouissant. Nous n’arrêtons pas de prendre des photos et de faire des vidéos. Le paysage évolue constamment avec les nuages qui progressent ou reculent et le soleil qui monte petit à petit dans le ciel.
Notre guide nous indique qu’il est temps de quitter ce spectacle pour retourner à la jeep qui doit nous amener au Bromo. Nous faisons le chemin inverse en compagnie d’autres jeeps. C’est à nouveau la course sur la mer de sable pour arriver à un lieu où des échoppes sont installées. De très nombreuses jeeps sont garées. Des chevaux attendent des clients. La visibilité est faible. Nous voilà partis à pied en direction du Mont Bromo sur une mer de sable et de cendre, une espèce de transhumance de touristes et de chevaux. La visibilité est toujours aussi mauvaise. Nous traversons une sorte de lit de rivière asséché. Notre guide nous précise qu’elle correspond à une ancienne coulée de lave. Plus loin nous passons entre deux murs de cendres déposées au fil des éruptions. Les nuages s’effilochent et en arrivant au pied du cratère du Bromo le ciel tout bleu apparaît. Il nous faut maintenant monter 250 marches pour atteindre le bord du cratère. Nous n’avons pas trop de problèmes pour les gravir, ce qui n’est pas le cas pour tout le monde. En haut le spectacle du cratère est époustouflant, fascinant. Un grondement permanent se fait entendre du fond du cratère d’où s’échappent des fumerolles. Nous sommes envoûtés par le spectacle que nous offre la nature. En nous retournant nous avons une vue magnifique sur les autres volcans et sur la mer de nuages qui recouvre la mer de sable. Nous nous attardons au sommet pour profiter au maximum de cette vue. Il y a foule et tout le monde veut prendre les mêmes photos au même endroit. Toute la région est baignée par le soleil. Mais le temps est changeant. A notre descente des escaliers les nuages envahissent les sommets. Nous retournons à notre jeep et les nuages ont disparu et les volcans sont à nouveau visibles. Notre jeep se fraie un chemin parmi les centaines de jeeps présentes.
Le retour à notre homestay est plus calme. Nous avons le temps d’observer les paysages. Des cultures en terrasses s’étagent pratiquement jusqu’en haut des pentes des montagnes. On y voit des cultures de légumes, choux, oignons, pommes de terre, tomates, salade… Après un petit-déjeuner notre voiture prend la direction de Surabaya. En cours de route on peut apercevoir les volcans que nous avons pu admirer ce matin. La ville de Surabaya est la deuxième plus grande ville d’Indonésie. De nombreux gratte-ciels sont visibles jusque dans le centre-ville. Nous arrivons cinq heures avant le départ de notre train. Nous quittons notre guide et notre chauffeur qui nous ont bien aidé à réaliser ce voyage enchanteur. Nous commençons par valider nos billets achetés sur internet. Il nous faut l’aide de jeunes pour y parvenir. Dans quelques heures nous prendrons la direction du centre de Java.
A suivre