Reprenons les choses dans l’ordre.
L’accord de paix concerne environ 7000 guerilleros de la FARC, plus environ 11.000 miliciens (en 44 en France on les appelait collabos). Sur un population de presque 50 millions d’habitants.
Ce qui est prévu, c’est que les 7000 guerilleros rendent les armes au cours de ces prochains 6 mois. Dans une interview récente, le général de l’armée Colombienne a estimé le stock à une arme par soldat. Soit. Je trouve étonnant qu’une force armée ne possède pas plus d’armes que de combattants. Mais ce sont les estimations livrées par les autorités Colombiennes.
L’Etat estime également qu’environ 20% des guerilleros entreront en dissidence. Soit 1400 hommes environ. C’est un chiffre basé sur des expériences similaires dans d’autres pays, et sur ce qu’à connu la Colombie lors du démantellement des forces paramilitaires dans les années 90. Ca, ca me parait réaliste.
Ce qui est probable, c’est que les FARC possèdent des caches d’armes qu’ils ne divulgueront pas. En effet, les FARC redoutent que le gouvernement ne tienne pas ses promesses, et qu’une fois les armes rendues, l’ouverture de la chasse aux canards soit décrétée par l’Etat. Ou que du moins l’Etat laisse les forces issues du paramilitarisme (les dissidents des forces dissoutes il y a 25 ans) faire un massacre.
Le plan est que pendant 18 mois, les guerilleros vivent dans des zones protégées par un double rideau de défense: Un premier cercle composé de soldats de l’ONU, et un deuxième cercle composés de soldats de l’armée Colombienne, triés sur le volet. Ces zones permettront de mettre en oeuvre des programmes de réinsertion sociale, et les dirigeants des FARC eux-même prévoient la mise en place de fermes et autres coopératives collectives (genre kolkhoses soviétiques). Ces zones permettront également de protéger les FARC repentis de velleités de massacre, grace au double rideau de protection.
Voilà. En gros, la production de drogue va continuer. Les ex-paramilitaires (aujourd’hui appelés Bacrim, bandes criminelles) vont continuer le business, et les FARC les plus mouillés dans le traffic vont entrer en dissidence. La grande criminalité va donc perdurer, il y aura probablement quelques réajustements des zones d’influence qui vont générer de l’insécurité autour des lieux de production.
Par contre, ce qui va diminuer de manière importante, au delà du conflit armé, ce sont les pressions exercées par les FARC sur la population et les infrastructures publiques: Dynamitages d’oléoducs, impôt révolutionaire extorqué aux commerçants, attaques de postes de police, enlèvements, attaques de bus…
Donc dans un sens, la sécurité globale du pays devrait s’améliorer.
Concernant les armes, le problème n’est pas les armes, de toutes façons, si les délinquants veulent des armes, ils peuvent s’en procurer avec ou sans les stocks des FARC.
Je pense qu’en effet en 2017, les premiers effets de la fin du conflit vont commencer à se faire sentir. Dans les campagnes principalement, là où les FARC rackettaient la population.
Ce qu’il faut avoir à l’esprit également, c’est que les forces employées par l’Etat Colombien pour combattre les FARC vont pouvoir être réaffectées à d’autres luttes, en particulier la lutte contre la grande délinquance et le narcotraffic. Mettre les mêmes moyens en oeuvre sur une population réduite de 80%, ca devrait produire des effets.
Les Colombiens sont très protecteurs vis à vis des étrangers, car ils ont à coeur que ce touriste vive une expérience positive. Ils veulent tellement bien faire qu’ils en deviennent étouffants et produisent l’effet inverse de celui escompté.
Par ailleurs, il y a une partie significative de la population qui voit les accords de paix comme un chèque en blanc donné aux FARC, que le pays va vivre le chaos, qu’ils vont devenir communistes (et ça, s’il y a bien une chose que les Américains ont enseigné aux Colombiens, c’est la haine du communisme). La plupart du temps, ce sont les populations qui n’ONT PAS été directement en contact avec les FARC qui relaient ces messages. Etrangement, les familles directement affectées par le conflit, elles, sont majoritairement en faveur des acords de paix.
En résumé, ne te fais pas trop de bile, remercie ton amie et sa famille pour leur sollicitude, parce que c’est évident que ca part de bons sentiments, et puis impose une partie de ton séjour en solo. Comme tu l’as dit, ce n’est qu’une relation amicale, alors tu n’as pas la corde au cou non plus
Par contre, pour faire des rencontres de qualité, rien ne vaut l’opportunité de sortir avec un groupe d’amis Colombiens. Donc ne part pas du principe qu’être avec ton amie va réduire tes chances d’“explorer l’âme colombienne”. Au contraire. Les Colombiens sont très chaleureux, mais en même temps très méfiants. C’est dû à leur histoire récente, et même à la situation sociale présente. Faire partie d’un groupe, c’est que le groupe te fait confiance. Donc la première barrière est déjà tombée, et ensuite, laisse le charme français agir
Je ne dis pas que seul, tu ne peux faire aucune touche. Mais disons que les filles qui laissent leur méfiance de coté parce que tu es étranger, elles ont déjà une mentalité un peu à part.
L’autre avantage du groupe, c’est que tu as un niveau social à peu près homogène, et donc des centres d’intérêts à priori assez proches. Ca aide pour socialiser. En allant piocher dans un bar ou une discothèque, ben tu n’est plus dans le bassin à truites, tu es en haute mer avec le tout venant, du très bon au très mauvais. OK, en me relisant, le bassin à truites sonne un peu bizzare, mais tu vois l’idée.
Dernier point, la perception qu’on a de la Colombie depuis la France est OBSOLETE. En gros on en est restés à Pablo Escobar, le cartel de Medellin, et Betancourt. Betancourt a été enlevée il y a 15 ans, et Pablo Escobar est mort il y a plus de 20 ans. Tout cela est du passé. La situation c’est améliorée de façon spectaculaire, et si la Colombie possède toujours un niveau d’insécurité bien plus important que l’Europe, il faut se rendre compte que le taux de meurtres a été divisé par DIX en 20 ans, pour arriver, pour des villes comme Bogota à Medellin à des taux de meurtres inférieurs à ceux de villes américaines comme La Nouvelle Orleans ou Boston.