Canon EOS 450 D qui a au moins 12-13 ans : faut il acheter un nouvel appareil ?

Forum Photo

Bonjour,

Nous partons cette été en famille pour le voyage de nos rêves. Nous faisons un roadtrip de 3 semaines dans l’ouest américain.
Ma question est toute simple. Nous avons un appareil photo canon EOS 450 D qui a au moins 12-13 ans. Faut il le changer pour avoir de belles photos ou seras t il décevant sur le rendu de nos photos?
Y a t il une réelle différence avec les nouveaux réflex?
Merci d’avance de votre réponse
Sophie

Sache en premier lieu que ce qui fait avant tout la qualité de la photo, c’est l’objectif, davantage que le boîtier. Il est donc important de savoir quel(s) objectif(s) tu as. Ensuite, même si en plus de 10 ans les objectifs ont fait certains progrès (notamment au niveau des traitements de surface), l’optique demeure une matière largement analogique, et pas numérique, ce qui explique que ces progrès ne sont pas spectaculaires: d’anciens objectifs de grande qualité restent encore aujourd’hui meilleurs que les culs de bouteille fournis en kit avec les boîtiers “modernes”.

Après cette question de l’objectif, vient la “science de l’utlisateur”, ainsi que le niveau de qualité perçu et exigé. L’utlisateur est-il rompu aux techniques de prises de vues, sait-il utiliser la profondeur de champ, utilise-t-il son appareil autrement qu’en mode tout automatique? Par exemple, utilise-t-il la correction d’exposition, ou ce machin-là est-il du chinois? Corrélativement, quels genres de photos prend-il? Des instantanés de famille, madame et les gosses devant le Grand Canyon, ou des images bien composées, bien exposées, qu’on a attendu deux heures pour faire parce que la lumière n’était pas bonne plus tôt, quitte à arriver plus tard à l’hôtel?

Selon ce qu’on sait faire en photo, et selon ce qu’on attend comme types de photos, un boîtier ancien et son objectif de base suffiront parfaitement, car l’essentiel de la valeur ressentie de la photo sera émotionnel et sentimental… ou pas!

Enfin, les boîtiers eux-mêmes ont énormément évolué en 10-12 ans, notamment en termes de dynamique acceptée par les capteurs. Là encore, si on a appris à bien se mettre dos au soleil pour faire une photo de famille devant un monument connu, utiliser un boîtier dernier cri (qu’au surplus on n’aura pas pris le temps d’apprendre à maîtriser) ne sera pas forcément nécessaire, “le vieux” ira sûrement très bien.

Docn, tu l’auras compris, pour te répondre plus précisément, il faudrait en savoir plus:

. sur le ou les objectifs utilisés,
. sur le niveau de l’utilisateur en photo,
. sur le niveau de qualité attendu et le type de photos qu’on envisage de faire.

Merci beaucoup pour ta réponse très précise mais qui me pose beaucoup de question.
les objectifs sont encore plus vieux que l’appareil.
On a prospecté et voir si une bonne opportunité s’offre à nous.
Merci de ton aide

Ah ouais, vu, compris. Enfin, façon de parler.

Bonjour Sophie,

Je suis complètement d’accord avec Blue: on peut faire de très bonnes photos avec un appareil ancien.

Il faudrait déjà déterminer ce que tu reproches à ton appareil actuel. Sinon, comment savoir ce qu’il faudrait changer, et pour acheter quoi? Tu parles de rendu. Est-ce que tu trouves les couleurs trop fades, trop criantes? Dans ce cas, as-tu déjà utilisé un logiciel de retouche? Ton Canon propose le format RAW, qui donne énormément de latitude. Il y a aussi plein de petits logiciels gratuits qui traitent le JPEG, simples d’emploi, et peuvent faire beaucoup.

Autre point: L’organisation de ton voyage. Sur la plupart des sites de l’Ouest américain, il est facile de faire de belles photos, si on est sur place à l’aube et en fin de journée. À midi en revanche, il faut être bien plus créative! Les processeurs ont fait de gros progrès, ils embarquent même de l’intelligence artificielle. Mais même le dernier cri ne va pas te dire à quel endroit te poster, et comment composer ton image…

Dernier élément important en voyage: le poids! Perso, en voyage, je suis passé au fil des ans de 3 kilos à 500 grammes. Avec un seul objectif, qui couvre 99% de mes besoins. D’où l’importance de bien le choisir!

Pour résumer, sauf si tu as des besoins spécifiques, ne te précipite pas sur la première “bonne” affaire. Tu peux aussi de contenter de changer d’objectif.

Bon voyage.

Si tu poses la question cela veut dire que tu n’as pas progressé dans ta pratique et donc inutile d’acheter du nouveau matériel.

Ce n’est pas lui qui fait et construit des images, mais le photographe et lui seul.

La seule raison de changer de matos dans ce cas, c’est en effet un boitier avec un zoom de qualité, le tout très léger et pour +/- 500€. Je pense par exemple au modèle 3 du Sony RX 100 mais il y en a d’autres bien-sûr. Il pèse 295 grammes!

Soulignons quand même que cette affirmation, que l’on retrouve souvent colportée sur le web et ailleurs, est largement fausse et trompeuse, comme toutes ces proclamations péremptoires et sans nuances. Elle est snob et sonen bien, mais elle est fausse.

Certes, c’est en principe le photgraphe qui doit “voir” sa future photo dans sa tête avant de la faire. Toutefois, pour un bon nombre de cas, sa capacité matérielle et technique à la réaliser dépendra AUSSI des capacités de son matériel. Si le matériel n’est pas bon, pas capable de faire la photo ainsi “vue”, eh bien le résultat sera inexistant, ou très mauvais, et fort éloigné de la “vision” en question.

Quelques exemples?

  1. Je suis dans une ruelle de Quito écrasée de chaleur. Il y a une ravissante maison bleue, fraîchement repeinte, qui prend magnifiquement les rayons du soleil, alors que, en face, une vieille femme se tient agenouillée dans l’ombre et répare un bonnet de laine aux vives couleurs. Mon oeil voit très bien tout cela, le bleu éclatant de la façade, la rue blanche et poussiéreuse, les couleurs du bonnet de laine et les traits de la vieille femme dont le regard rit dans l’ombre. Pourtant, l’écart entre les hautes et les basses lumières (la “dynamique”) est tel que, si je n’ai pas un appareil haut de gamme avec un capteur très performant, ma photo sera forcément surexposée ou sous-exposée. Jee ne parviendrai jamais à obtenir un rendu fidèle à ce que j’ai vu. Et même avec un excellent capteur, je devrai savoir travailler en RAW, et savoir ce que signifie, par exemple, exposer à droite et protéger les hautes lumières. La “vision” de ce que devrait être la phooto ne suffit pas, loin s’en faut: ce n’est pas parce que Rembrandt “voyait” à l’avance son tableau fini qu’il n’y avait pas un sacré boulot avant d’y arriver!

  2. J’ai sous les yeux une magnifique fleur d’hibiscus d’un rouge profond, avec un étrange petit insecte en train de la butiner, tel que je n’en ai jamais vu. Je veux m’approcher très près et faire une photo montrant tous les détails de l’insecte, mais si je n’ai pas à ma disposition un véritable objectif conçu pour la macrophotographie, ou des bagues-allonge, jamais je ne parviendrai à faire cette photo. Le soi-disant “mode macro” de mon appareil, si jamais il en possède un, pourra m’aider un peu, mais le résultat, là encore, ne sera pas à la hauteur de ce que j’avais vu, et certainement très éloigné des superbes photos d’insectes que je vois tous les jour sur le web…

  3. Je suis au skate park avec mon fils et je veux photographier les magnifiques figures et cabrioles ultra-rapides qu’il réalise si bien. Le problème, c’est que ça bouge tout le temps! L’auto-focus n’a pas le temps de faire le point, et quand il y arrive, j’appuie sur le bouton mais sur la photo, mon fils est déjà à moitié sorti du cadre et la photo est ratée. Seul un boîtier haut de gamme avec un auto-focus très rapide et performant, ainsi qu’un mode rafale à 10 ou 12 images/seconde me permettraient de réaliser les photos que je “vois” dans ma tête mais que mon appareil ne sait pas faire.

On pourrait multiplier les exemples à l’envi. Disposer d’un matériel performant (et donc coûteux) est une obligation si l’on veut réaliser des photos sortant un peu du commun. D’ailleurs, avez-vous remarqué que tous les grands photographes ont toujours travallé avec du matériel haut de gamme, que ce soit les Leica de Cartier-Bresson ou de Depardon, ou même les Rolleiflex du populaire Robert Doisneau…? Il doit y avoir une raison… :o)))

Pour faire des photos, il faut être deux: un appareil et une personne. Sinon, on en serait encore tous au sténopé. Savoir lequel des deux est le plus important n’a pas beaucoup d’intérêt: c’est comme dans un couple, chacun a besoin de l’autre.

Par ailleurs, on ne peut pas réussir tous les types de photos, dans toutes les conditions, avec n’importe quel appareil.

Ensuite, si on veut progresser en photo - comme dans n’importe quelle activité - il faut forcément investir, à la fois dans un appareil qui convienne à ses besoins, mais aussi - et surtout - en temps. Si on n’est pas prêt à cela, si on veut juste rapporter des souvenirs de voyage, alors autant se contenter de son portable ou de sa tablette.

Je crois que si on veut progresser en photo:

  1. pour le choix de l’appareil: il faut savoir quels types de photo on veut faire, si on est prêt à passer du temps en post-production(*) et comment on souhaite exploiter/partager ses images. Sans cela, il est impossible de recommander un appareil en particulier. Je connais plusieurs personnes qui ont suivi ce genre de conseil, et qui ont été très déçues.
  2. apprendre à maîtriser son appareil. Il faut déjà comprendre comment ça marche. Le manuel du mien dépasse les 200 pages. Celui de mon premier reflex en faisait 20… au format portefeuille.
  3. apprendre à voir, à cadrer, à composer, à comprendre la couleur. Là aussi, il faudra travailler: lire des livres, regarder les photos des autres, éventuellement faire des stages.
  4. Emporter son appareil partout et souvent, pas seulement un mois sur douze. Photographier les lieux qui vous sont familiers,… bref: pratiquer!

(*) Jean-Christophe Béchet, photographe pro, donne ce conseil: consacrer 50% du temps à concevoir ses images, 10% à la prise de vue, et 40% en post-production. En regardant la semaine dernière une sélection de clichés sur ce site, j’en ai trouvé plus de la moitié dont le cadrage et/ou l’exposition aurait été grandement améliorée par ce moyen. Et quelques unes pour lesquelles l’appareil a été un peu dépassé, ou bien le photographe n’a pas utilisé le meilleur réglage possible.

Ha ha ha! L’ami JC, comme souvent, a tendance à en rajouter un peu pour faire passer le message… Je ne peux pas croire que ses prises de vue soient si mauvaises qu’il a besoin de 40% du budget-temps pour la post-prod afin de tenter de les récupérer…! ;o)))

Plus sérieusement, les cas qui justifient un telle durée devant l’ordinateur existent certainement, et j’en connais régulièrement, mais ils sont très loin de constituer la majorité, et il serait donc abusif d’en faire une règle de principe à l’usage des débutants.

Ce qui me semble devoir requérir le plus de temps, c’est bien la prise de vue, au cours de laquelle la plupart des “photographes” se plantent simplement devant leur sujet, à l’endroit précis où il se sont par hasard trouvés quand l’idée de la photo leur est venue, et font “clic” avant de reprendre leur chemin sans autre arrière-pensée (et souvent sans aucune pensée tout court). Sans avoir l’idée de à bouger, de plier les genoux, de tourner autour de leur sujet, sans penser à comment sera la lumière dans 10 minutes ou dans une heure, etc.

C’est très vrai! C’est à la fois comique et un peu triste. J’aime bien aussi les gens qui se succèdent obstinément au même point, sans prendre l’initiative de se décaler ne serait ce que de quelques mètres… je continue à penser que s’ils passaient plus de temps au pré-cadrage, pour reprendre les termes de Béchet, alors ils optimiseraient le temps passé derrière le viseur.
Je ne sais plus aussi quel photographe a dit que ce qui compte pour les gens c’est de mettre dans la boîte, comme si c’était une case à cocher de leur “to do list”, et hop ensuite on passe à autre chose. Et on oublie.
Une autre histoire de Béchet que j’aime bien: il se trouvait en Islande, il y a aussi un groupe de touristes. Apparaît un arc-en-ciel. Une dame exulte: elle dispose justement sur son appareil, d’un mode spécial, juste pour ça! Problème: elle n’arrive pas à le retrouver dans les menus. Béchet essaie de lui expliquer que l’appareil ne sait pas ce qu’est un arc-en-ciel, et qu’en l’occurrence elle peut utiliser quasiment n’importe quels paramètres, rien n’y fait. Résultat: quand elle est prête à déclencher, l’arc-en-ciel s’est évaporé…

C’est une anecdote vraiment amusante, presque trop belle pour être vraie… quoique.

L’impatience de “faire la photo” est commune à tout être humain… Peut-être la crainte de “lâcher la proie pour l’ombre”? La peur que, si l’on attend, la photo ne soit plus là du tout?

Je ne suis pas immunisé contre cet instinct primal :o) mais j’ai trouvé une méthode pour le domestiquer: je fais la photo puisqu’il faut la faire, mais une fois qu’elle est faite, je prends mon temps et je fais tout ce que j’aurais dû faire si j’avais été moins primaire… pardon, moins primal… et en définitive, neuf fois sur dix la version que je retiendrai en post-prod sera bien sûr l’une de celles faites “après”, et pas la photo-réflexe.

Salut,
Moi non plus, je ne suis pas vacciné contre cette impulsion de shooter d’abord, et réfléchir après.
Le plus souvent, j’arrive à me contrôler, en explorant d’abord les lieux avant de sortir l’appareil. Mes photos en sont elles meilleures pour autant? Pas toujours. Moralité, il faut faire la carte postale, et il faut aussi faire les autres.
Hier soir j’ai emmené mon appareil pour la première fois sur un chemin que j’avais déjà parcouru des dizaines de fois, donc je savais déjà ce que je voulais photographier. Mais bien évidemment, quand on voyage ce n’est pas vraiment possible.
Un autre conseil pour les photographes qui veulent s’améliorer: partez seul(e) de temps en temps. Laissez vos compagnons de voyage et les gosses s’amuser de leur côté (merci pour eux, c’est très pénible de se balader avec un photographe) et prenez votre temps. De plus cela va vous obliger à sortir le soir, la nuit, à l’aurore… Cela stimule le cerveau.
Je reviens sur la post-production: je pense quand même que cela vaut le coup de s’y intéresser, même pour les débutant(e)s. Perso je cadre presque toujours un peu plus large par exemple, donc cela m’est utile au moins pour corriger ça. Je préfère Ansel Adams à Cartier-Bresson. D’ailleurs, débutant et Cartier-Bresson, ça me paraît plus qu’improbable…

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