(suite du carnet 6)
Ca roule bien au Mexique, de longues lignes droites interminables…Aux entrées et sorties de villages, nous nous familiarisons avec les tops hauts comme des trottoirs, peaufinant la technique de les prendre en biais quasiment à l’arrêt afin d’amortir les secousses. La plupart du temps ils sont indiqués mais il peut arriver que non…C’est là que ça devient folklo. Notre voiture de location n’a plus d’amortisseurs, elle a du en voir de toutes les couleurs…Il paraîtrait que le Mexicain achète son permis de conduire à l’âge de quinze ans et roulez bolide pour toute la vie…La ligne blanche (jaune chez eux) n’est qu’une formalité qu’ils se font un plaisir de transgresser…Ca double n’importe quand, à droite comme à gauche…Et il semble avoir peu d’accidents. En tout cas, aucune agressivité au volant, aucun coup de klaxon, chacun s’accommode de son voisin quoiqu’il fasse. Belle leçon de civisme !
Nous en croiserons un cependant, d’accident. Nous serons arrêtés, emprisonnés d’une longue file de voiture en attendant les secours. Cela s’est produit une trentaine de mètres devant nous mais nous ne voyons rien. Comme il nous faut arrêter le moteur nous ne pouvons plus bénéficier de la clim. Le soleil tapant sur la carrosserie nous fait sortir de l’habitacle mais dehors, c’est pire. La température extérieure à 43° surchauffée par l’asphalte fait que je suis au bord du malaise. Je me réfugie sur le bas-côté à l’ombre d’un maigre arbuste. Je pense aux gens accidentés qui doivent attendre les secours en plein soleil.
Enfin la police arrive toutes sirènes hurlantes mais pas l’ombre d’une ambulance. La file du côté adverse est libérée. Bientôt ce sera notre tour.
Nous pourrions démarrer maintenant mais les occupants des voitures devant ne sont plus là. Ils sont allés se rincer l’œil de l’accident.
Nous décidons de doubler cette rangée de véhicules esseulés et dépassons des voitures renversées et dans un état abominable. Je détourne précipitamment les yeux pour ne pas voir le corps étendu raide sur la chaussée. Je ne sais pas s’il est mort mais j’ai pitié de lui, à rester en plein soleil sans soin depuis une demi-heure que l’accident s’est produit…
Pénétrant la villa Arqueoligica d’Uxmal, j’ai l’impression d’être dans un film d’épouvante où après avoir fait des kilomètres, on tourne en rond et atterrit toujours au point de départ.
C’est comme si on était revenu à Chichen car l’hôtel est la réplique du premier.
Le même gars à l’accueil (où son frère jumeau -cela nous amuse de constater combien les mexicains se ressemblent, on a l’impression qu’on a toujours le même serveur, le même vendeur, le même guide, le même qui nous suivrait partout durant tout le voyage…-).
Le même cocktail de bienvenue…
Remarquez c’est point dépaysant…C’est comme rester deux jours dans le même hôtel. La chambre est quasiment la même, la piscine identique. On reprend possession des lieux comme si on était pas parti…Sauf que cette fois, il n’y a pas un chat dans l’hôtel….A nous la piscine, les transats…
Nous avons besoin d’une après midi de farniente. Nous nous installons sur les transats avec de la lecture, le bar nous sert des rafraîchissements…Hum ! ça fait du bien après toute cette route. On ne me fera pas déloger de sitôt.
Le soir, nous nous rendons au son et lumière du site.
J’engage Gilbert à mettre du répulsif et vêtements longs. On n’a pas eu un moustique jusqu’à présent mais c’est la nuit qu’ils sortent, c’est bien connu. « Tu viendras pas te plaindre si t’es tout cloqué ».
Le site est à 2 mn à pied. Nous nous engageons dans l’allée, constatant autour de moi, épaules dénudées, shorts et nu-pieds, je regrette déjà mon accoutrement de cosmonaute.
Autour des bancs installés en gradins, la chaleur est suffocante. Il fait nuit noire et pas un souffle d’air. Je suis de mauvais poil car mon écouteur laser marche mal, hache les mots des traductions en français. G me tend le sien qui se met à bégayer aussi. Je m’aperçois que c’est dû à l’emplacement et change de place.
Je m’ennuie, je trouve ce son et lumière décevant au possible. De temps en temps, je jette un coup d’œil à G mais son expression impassible ne me livre pas son ressenti. Peu de musique, ou en sourdine en accompagnement des longues tirades clamées par de mauvais comédiens.
Une lumière à droite, une à gauche, une au milieu et on recommence…Les têtes vont de l’une à l’autre, comme à Rolland Garros ; au final, tout est illuminé. Ouah ! C’est fini, on s’en va.
Même pas vu la trompe d’un moustique.
Au repas du soir, toujours très bon dans ces établissements Club Med, nous faisons honneur aux plats locaux, toujours curieux d’en apprendre plus.
(suite au prochain épisode).