Chine, au fil de l'eau du grand fleuve Yang Tse

Forum Chine

En cette année où la pandémie fait oublier l’idée de voyage lointain, souvent impossible à réaliser ou alors trop risqué … le voyageur doit se satisfaire de « voyager » avec ses anciens souvenirs … C’était pour moi il y a un peu plus d’un an, un périple en Chine.

Le fleuve Yangtse et ses célèbres trois gorges … un vrai rêve de voyageur.
Voilà ce que je vous propose de découvrir à travers ce récit d’une balade fluviale singulièrement dépaysante au cœur de l’immense Chine.
Le long fleuve est majestueux surtout lorsque son cours traverse les fameuses gorges qui en ont fait sa renommée.

Quant au nom de Trois Gorges, il vous évoque probablement celui d’un barrage hydroélectrique unique au monde, il sera évidemment abordé mais à la fin de ce carnet de voyage.

Des impressions et des descriptions et beaucoup de photos pour illustrer ce compte rendu de périple fluvial.
Êtes-vous fin prêts à embarquer ? Alors, bienvenue à bord.

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Un voyage fluvial débute comme il se doit dans un port. Ici, ce sera Chongqing.
La ville est impressionnante et démesurée. Presque à perte de vue ce ne sont que gratte-ciel, tours et blocs d’immeubles où s’empilent des milliers d’appartements et où s’entassent des millions de Chinois. La vision est oppressante … en tout cas, c’est l’image que je garde en mémoire de Chongqing, la tentaculaire mégapole du centre de la Chine.

Pour vous impressionner un peu plus, on vous parle de cette ville comme la plus vaste de l’Empire du Milieu avec une population estimée à 32 millions d’habitants,la population de cette cité serait l’équivalent de la moitié de celle de la France !

Bon, en y regardant d’un peu plus près on s’aperçoit que ce chiffre effrayant correspond en fait au nombre d’habitants de la région puisque Chongqing est le nom de l’agglomération mais également celui du territoire (un peu plus grand que la superficie de la région française de la Nouvelle Aquitaine).
Donc, ironiquement j’aurai envie de préciser que la cité de Chongqing ne compte qu’une petite vingtaine de millions d’habitants !

Après avoir traversé cette étourdissante concentration de buildings et puis après avoir longé la « forêt » d’immeubles alignés tout le long des collines surplombant la rivière Jialing, nous voici au bord de l’autre cours d’eau de l’agglomération, bien plus célèbre, le fameux Yangtse. Le but de notre étape dans cette région.

En contrebas, le mythique fleuve paraît presque encombré avec un va-et-vient incessant entre navires de transport et bateaux de promenades sans oublier la présence à quai de plusieurs navires de croisières. Un port fluvial et un fleuve, à l’image de la ville, trépidants.

Nous voici donc prêts à embarquer. La pensée de quitter l’immense et si grouillante ville de Chongqing n’est pas pour nous déplaire … déjà on s’imagine navigant lentement dans un décor naturel de gorges hautement spectaculaires.

Pour l’instant, on le constate, le lit du Yangtse est particulièrement encaissé, il nous faut descendre par un long escalier fixé sur ces berges pour le moins pentues, puis emprunter un brinquebalant pont flottant, traverser un, puis encore un second bateau de croisière pour enfin atteindre notre navire. Ouf !

Quant à nos bagages, les porteurs locaux se les disputent. Un portage traditionnel avec un bâton sur l’épaule : un, puis deux bagages de chaque côté et voilà plus de 80 kg sur le dos … Aïe, aïe ! Un vrai travail de forçat, que ne faut-il endurer pour gagner sa vie ! Merci messieurs et respect.

La nuit est maintenant tombée sur la ville et sur l’imposant fleuve, place à un superbe festival de couleurs et de lumières. On en oublie la concentration de barres de buildings pour admirer le spectacle.

En fond de panorama des façades illuminées toutes constellées de lumières ; celles des appartements avec en prime juste sur la berge qui nous fait face un bâtiment de style palais asiatique, aux lignes dorées et étincelantes comme parées de guirlandes lumineuses.

Le ballet des navires anime le décor, les couleurs scintillent. Un moment vert puis jaune avec de virer au rose, splendide ! Ajoutez au tableau des reflets et la représentation devient féerique ! Cette version rose est du plus bel effet.

En se tournant du côté opposé, vers le cœur de la ville, quelques gratte-ciel nous toisent avec leurs originales architectures. Ils paraissent gigantesques, normal pour des gratte-ciel mais c’est plutôt leurs lignes incurvées qui surprennent, on pourrait voir là un effet de déformation due à l’angle de prise de vue … mais non, on ne rêve pas , ces immeubles ont bien ce surprenant aspect légèrement courbe.

Une dernière vision depuis le pont supérieur du bateau en direction du pont illuminé, on l’aperçoit en fond d’image … car il est temps de rentrer à l’intérieur, la brume nimbe le décor et de plus une bruine commence à nous mouiller.

La nouvelle va vite se répandre parmi les voyageurs. Quoi ? le bateau ne partira pas comme prévu ce soir ? Le commandant est seul maître à bord et il a pris cette décision. Le motif ? Des pluies abondantes ont gonflé le débit du Yangtse, les eaux sont hautes et les courants s’affolent en tout sens … Le long fleuve tranquille s’est transformé en quelques heures en un tumultueux cours d’eau. Les manœuvres pour quitter le port puis la navigation paraissent trop périlleuses pour envisager un départ imminent. Dont acte !

Et pendant ce temps, dans le salon à l’intérieur du navire … la croisière s’amuse ! Il fallait bien que je la place cette expression devenue culte, c’est fait !

Un moment de convivialité entre une partie de l’équipage, quelques officiers et les croisiéristes. Le Century Diamond est un bateau de croisière à taille presque humaine … rien à voir avec le gigantisme des paquebots des «cruises » à l’américaine avec leurs milliers de passagers à bord.
110 mètres de long et 130 cabines qui probablement n’était pas toutes occupées à cette date, cela donne à bord une ambiance bon enfant. Pour cet apéritif de présentation, l’ambiance est chaleureuse , les sourires sont de mise et l’on trinque avec entrain. L’occasion pour moi de converser avec un membre du staff de direction, et entre deux gorgées d’un vin chinois champagnisé de lui poser la question qui brûle les lèvres de nous tous : sait-on finalement jusqu’à quel moment est reporté le départ. Avec un large sourire comme savent faire les asiatiques, il nous rassure : « Tomorrow at dawn, for sure! ». Ça s’arrose, tiens ! Et hop un autre flûte de vin sera vite avalée.


Quelques bruits, une sensation de mouvement … je suis à peine éveillé, j’ouvre un œil puis les deux et réalise que nous quittons le port. Adieu Chongqing et bonjour la découverte d’une partie du fleuve Yangtse. Au programme, quatre jours de cabotage jusqu’au célèbre barrage des Trois Gorges soit 648 kilomètres de navigation au fil de l’eau.

Les lueurs de l’aube n’ont pas encore fait disparaître les ombres de la nuit mais à travers la fenêtre de la cabine j’observe le décor qui défile très lentement : passage sous un pont et croisement de plusieurs embarcations.

La photo prise est floue, un peu bougée par manque de luminosité. Finalement elle correspond parfaitement au souvenir que je garde des ces instants celui d’un paysage fluvial embrumé … comme mes yeux à demi réveillés.

Un peu plus tard, un peu plus loin … le jour est à présent levé mais ne triomphe pas complètement des brumes du petit matin, elles estompent encore l’horizon et les silhouettes des montagnes.

Finies les visions agressives de l’urbanisme galopant qui sévit dans les villes chinoises, ici, dans ce secteur du fleuve, il n’y a de place que pour une nature florissante, celle de la Chine profonde de l’intérieur du pays … de l’eau, des montagnes et une végétation verdoyante. Que cela fait du bien à voir ! voilà un panorama des plus apaisants, on apprécie et on contemple, sans retenue aucune.

Avec une vitesse de croisière de quelques 20 à 25 kilomètres/heure, on a tout le temps de profiter des paysages du célèbre Yangtse. Le troisième plus long fleuve du monde (après l’Amazone et le Nil), en effet il serpente sur 6300 kilomètres depuis les hauteurs des montagnes du Tibet jusqu’à la Mer de Chine où il se jette un peu nord de Shanghai.

Le cours du Yangtse le fait voyager à travers pas moins de onze régions chinoises, il se fait successivement torrent montagneux puis méandre après méandre se faufile entre des gorges escarpées et de larges vallées pour s’étendre enfin en un immense delta.

Quelques 700 affluents viennent rejoindre le lit principal et gonfler son débit, environ 30 000 m³ seconde !

Depuis le pont supérieur, le belvédère est idéal pour ne cesser d’observer les berges.

Là, c’est une ferme traditionnelle qui domine le fleuve et surtout une belle plantation de bananiers. Des arbres tropicaux aux larges palmes qui témoignent du climat local, c’est à dire chaud et plutôt humide.

Ici, c’est une simple embarcation qui attire mon regard. Mais où est le pêcheur ? A bien l’observer, on constate que c’est une balise, elle est surmontée d’un lampe pour son éclairage nocturne et elle sert donc à délimiter le chenal de navigation. Il y en a ainsi tout le long des rives du Yangtse, après en avoir ainsi longé plusieurs je ne les confond plus avec de simples barques de pêcheurs. Finalement cette forme imitant une embarcation est bien vue pour intégrer ces repères parmi cet environnement fluvial. Autre avantage, on peut facilement les déplacer selon la hauteur des eaux.

D’autres balises, blanches et rouges jalonnent régulièrement les rivages du fleuve comme on peut le voir sur ces deux photos.
Nous sommes en septembre et par endroits, déjà quelques feuillages jaunissent, apportant une belle touche automnale à ces rivages.

En de nombreux passages, les berges semblent confortées par des rochers dont les strates (à droite) présentent d’étonnantes courbes. L’impression de solidité, qualité reconnue de la roche, est ici atténuée par cet aspect de mouvement. Comme si la pierre était aussi molle qu’une pâte à modeler.
Au bas du long escalier, un pêcheur solitaire taquine les poissons, une image classique des bords de ce fleuve.

D’autres pêcheurs sont embarqués sur de simples barques comme celui-ci qui tire vaillamment son filet. Je ne suis pas sûr qu’il ait apprécié les petites vagues provoquées par le passage de notre navire. Pardon pour le dérangement.

Les rivières qui se jettent dans le grand Yangtse sont particulièrement nombreuses, je l’ai déjà évoqué précédemment. Ainsi, la continuité des rives se trouve-t-elle souvent entaillée, sauf lorsqu’un pont à été construit. C’est le cas en cet endroit où ce pont enjambe la rivière affluente. Tiens, voici un train qui apparaît, c’est parfait pour « animer » ma photo.

Vous vous en doutez, le grand et long Yangtse n’est pas seulement une fleuve utilisé pour les seuls bateaux de croisières. De même, les rivages ne sont pas seulement constitués de paysages de campagnes bucoliques destinées à dépayser les touristes.

Avant tout, le fleuve est une voie navigable principalement dédiée aux transports commerciaux. Lors d’une croisière sur son cours on ne s’étonnera pas de croiser en permanence une multitude de péniches, de cargos et de portes containers. Ils transitent chargés de marchandises et de matériaux, de port en port et de ville en ville.

Peu à peu, les rivages se font moins nature et la végétation cède la place à des entrepôts, des silos, des usines et maintenant à un port. Sur les quais d’imposantes grues oranges font comprendre que l’on retrouve une Chine industrielle et urbaine. D’ailleurs, à proximité se profilent de hauts immeubles bâtis à touche-touche !

Cette portion des bords du fleuve n’est pas vraiment des plus esthétiques … et si on rentrait à l’intérieur du bateau ? D’autant que comme sur toute croisière d’agrément, des animations sont au programme. Ce matin, il est prévu une démonstration de peinture. Une peinture originale de tradition chinoise : de la peinture sur verre …. mais en peignant l’intérieur de petits vases.
Un talentueux artiste nous fait une démonstration et nous explique la technique. Et me voilà pinceau et vase aux mains.

Les poils recourbés du pinceau sont sensés faciliter le travail … mais cela ne me paraît pas du tout évident. Il ne faut surtout pas trembler et à vrai dire cela me donne l’impression d’essayer de peindre avec la main gauche alors que je suis droitier ! Bon, la tentative ne m’a pas convaincu. On pouvez s’en douter, il faut de l’expérience et du travail pour réussir un début de décoration présentable aussi je préfère admirer le travail réalisé par l’artiste (photo vase de gauche).


Et pendant ce temps-là, à l’extérieur le soleil fait une timide apparition. Chouette!Car les brumes habituelles de ces régions font (parfois) un bel effet dans les montagnes, lorsque quelques bancs de brouillard jouent à cache-cache avec les sommets mais enfin, un bel ensoleillement est toujours valorisant pour la contemplation d’un paysage.

Cependant les rayons de ce soleil qui se disputent avec les nuages n’arrivent pas a donner une teinte bleutée aux eaux du Yangtse pourtant souvent appelé le fleuve bleu ! Fleuve bleu, Yang-tsé, Yangzi ou encore Yang tse- kiang sans citer son nom en caractères chinois … décidément ce long fleuve en a des appellations. Bon, je reste pour ce récit au classique nom de Yangtse …

Donc un fleuve pas vraiment «bleu » ces temps-ci. Non, avec les fortes pluies tombées en amont et ce puissant débit qui en résulte, le Yangtse prend un aspect plutôt teinte boue, disons alluvion, cela fait plus positif.

Sur ce tronçon, le cours d’eau s’élargit, se calme et se transforme même en un lumineux miroir d’eau.

Et dans ce beau miroir, au fond ocre, se mirent une balise et une échelle de mesure. Il y en a placées tout le long du parcours, ainsi on surveille le niveau de l’eau, c’est indispensable pour juger des possibilités de navigation et surtout pour informer la population en cas de dangereuses crues

Il me semble distinguer un viaduc … en s’approchant, je m’aperçois qu’il s’agit de deux ponts distincts, l’effet de superposition écrase la vue donnant cette impression de viaduc. Mais non, ce n’est donc pas un viaduc construit par les Romains !

Des ponts qui relient les berges latéralement et aussi des ponts suspendus qui enjambent le Yangtse, il n’en manque pas autour du Yangtse, à l’image de celui sous lequel nous croisons maintenant … et de nous tordre le cou pour l’observer et le prendre en photo.

Mon regard délaisse momentanément les rives du fleuve pour se focaliser sur les eaux du Yangtse. Entre les remous et le sillage de notre bateau, l’aspect de la surface de l’eau est sans cesse changeante. Par endroits ce sont des tourbillons que l’on observe et par moments on voit des vagues qui ondulent. Les eaux scintillent de mille reflets, elles donnent l’impression de danser …

Enthousiasmé par ces visions je m’égare un peu avec ces descriptions poétiques … car je me dois, pour être honnête, de vous décrire une certaine réalité, elle ne peut échapper à tout observateur navigant sur le Yangtse. Le fleuve charrie tout un tas de déchets et d’ordures, un triste fait. Le fort courant a peut-être accentué le phénomène mais cela n’explique pas tout. En plus des débris végétaux on remarque beaucoup de blocs de polystyrène et de plastique !

Il faut saluer le travail fastidieux de ces drôles de pêcheurs, épuisette à la main, qui depuis leur bateau poubelle, récoltent avec persévérance les ordures qui polluent le Yangtse, un labeur sans fin …

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Plus de 270 km parcourus au fil de l’eau depuis notre départ de Chongqing, le moment est venu d’une escale, ici, à Shibaozhai. Pas vraiment pour visiter cette ville dont les immeubles n’apparaissent pas vraiment pittoresques …
… mais surtout pour découvrir un joyau de l’architecture chinoise de cette région :
l’ancienne P****agode Shibaozhai édifiée tout en haut d’un éperon rocheux qui domine le fleuve de ses 220 mètres de hauteur. On l’aperçoit sur la gauche depuis le pont du bateau où tous les passagers sont rassemblés, impatients de mettre pied à terre.
Un imposant mur-digue conforte la base de ce qui semble être un îlot relié aux berges du fleuve par une simple passerelle. Voici quelques explications et un petit historique sur la configuration singulière de ce site.

Avec ces photos anciennes en noir et blanc, on a une idée de l’aspect des lieux … mais sous son aspect d’autrefois, c’est à dire avant la montée des eaux provoquée par la construction (2006/2009) du gigantesque barrage des Trois-Gorges.

Le monstrueux barrage hydro-électrique érigé en aval a considérablement modifié l’ensemble du bassin du Yangtse en créant une gigantesque retenue d’eau sur près de 600 kilomètres … La montée des eaux a ainsi englouti une partie des rivages du fleuve noyant terres, villages et partie basse des villes. Les habitants ont du abandonner leurs habitations et se loger dans de nouvelles constructions mais bâties, à l’abri des hautes eaux, c’est à dire sur les hauteurs des rives. Les barres d’immeubles de la ville de Shibaozhai en sont un exemple parmi bien d’autres cités ayant subi la même délocalisation.
Quant à cet éperon rocheux, sa base et quelques habitations anciennes ont disparu, submergé par les flots …
Pour sauvegarder l’historique pagode, une protection particulière a ainsi été construite, une imposante digue. Cependant lors des grandes crues, l’eau monte puis monte encore et l’escarpement rocheux de devenir une île, d’où la nécessité de cette passerelle suspendue, elle permet de le relier à la terre ferme en toutes circonstances.Comme on le constate sur cette vue, on est très attendus. Ce n’est pas que les chinois de la localité soient plus accueillants que la moyenne ou bien alors que nous soyons des hôtes de marque. Tout simplement, le visiteur est ici (et ailleurs) une bonne source de revenus : vente de souvenirs et transport en mobylette ou voiturette du port vers l’historique pagode.


Deux petites précisions, le chemin vers la pagode n’est finalement pas très éloigné (environ 20 minutes à pied) et même si ça grimpe un peu cela dégourdi les jambes.
Secundo, les chinois sont en général accueillants et courtois même si on se passe de leur service, je préfère le préciser afin qu’il n’y ait pas d’équivoque avec mon insinuation du début de paragraphe.
Un porche joliment décoré marque l’entrée du pont-passerelle sur lequel on s’avance à présent. Sous les pas des visiteurs, la structure oscille et se balance, pour un peu on a presque la même sensation que lorsque on emprunte un pont de lianes dans la jungle, sauf qu’ici la végétation est moins abondante et la vue plus dégagée.

Arrivé sur « l’îlot » rocheux, il nous faut parcourir un passage en surplomb de la digue pour parvenir face à la fameuse pagode.


Les murs extérieurs sont teintés de rouge et l’entrée est signalée par une décoration raffinée aux tonalités jaunes, ornée de dragons et de lions. 56 mètres de hauteur et 12 étages sont à gravir si l’on veut parvenir au dernier étage.
C’est parti pour la visite, on descend quelques marches avant d’en monter un très grand nombre.
Murs, charpente et escaliers sont en bois et ont été assemblés sans un clou, nous dit-on. L’escalier en échelle fleure bon l’authenticité : ça craque et ça grince de toute part, mais on souhaite surtout que cela tienne !
Les ouvertures, tout en rondeur, offrent de beaux points de vue sur les alentours mais c’est principalement les méandres du Yangtse qui captent notre regard. Faire une pause sur ce pallier permet donc de contempler le paysage mais également de souffler un peu au cours de cette « ascension ».

Un passage à l’air libre avant de poursuivre la visite car la légende l’évoque, plus on monte haut plus vos rêves et vos souhaits auront tendance à se réaliser, soit !
Encore trois étages pour gagner le sommet de la pagode, un vrai belvédère à la vue imprenable et vertigineuse mais où l’on se trouve un peu à l’étroit.A l’origine, cette pagode de Shibaozhai a été édifiée sur ce promontoire à l’époque de l’empereur Kangxi (1662-1722) de la dynastie Qing. A l’intérieur des salles sont mises en valeur plusieurs statues, il y a là, empereur et bouddhas entourés de tentures multicolores.
Fin de la visite et fin de l’après-midi. La luminosité du jour décline et la baie s’embrume.

Sur notre navire que l’on voit sagement amarré au quai flottant le commandant a déjà allumé les lumières.


Il temps de se diriger vers le petit port. Histoire d’emprunter le chemin le plus court, on longe des jardins potagers puis passons dans des rues d’habitations dont la plupart sembles désertées … au pays du barrage des Trois-Gorges, il règne dans cette sinistre rue une impression de vrai coupe-gorge !
On en sort vite pour retrouver l’animation des vendeurs de souvenirs, bien sûr, ils sont encore très présents.

Sur ces étals on y voit en nombre la plupart des souvenirs made in China : peluches et porte-clés à l’effigie des adorables pandas, des statuettes de bouddhas, des théières artisanales et des pièces de monnaie (anciennes?). ----------------------------------------Une nouvelle journée de voyage sur le Yangtse débute. Le hall principal du bateau est encore désert, pas étonnant, il n’est que 6h25.
Je suis plutôt du genre lève-tôt mais il y a tout de même une raison pour être sorti du lit si de bonne heure. Une séance de Tai chi est proposée dans le salon principal. Allons voir. Un petit café avalé, il est 6 h30, la séance débute.
Musique zen en fond sonore, douces paroles en chinois qui conviennent parfaitement à l’ambiance et enchaînement de lents mouvements puis d’étirements … Allez, je pose l’appareil et me voici tout entier concentré sur mes gestes et postures.
Un peu plus tard, un rayon de soleil perce la brume et se mire sur les eaux du Yangtse … nous arrivons en vue de la ville de Fengji****e.
Ici aussi, l’ancienne cité a été submergée lors de la construction du Barrage des Trois-Gorges. L’inexorable montée du niveau du fleuve à noyé une partie de la ville, certains bâtiments ont été reconstruits plus en hauteur et une partie de la population a été déplacée vers de nouvelles constructions … situées à une vingtaine de kilomètres ! Triste sort pour ces habitants des rives du Yangtse qui ont vu leur passé disparaître sous les flots de cette gigantesque retenue d’eau.
Nous longeons maintenant la nouvelle ville, « remontée » en surplomb d’une rive à l’aspect presque fortifiée. On se protège ainsi de l’ennemi, ici, il se nomme crue fluviale.
D’ailleurs, un peu plus loin une brigade d’ouvriers s’affaire dans des travaux de renforcement de ces hautes berges, un travail de barrage contre les conséquences du barrage (hydro-électrique).


Pendant ce temps, les manœuvres du commandant ont placé notre bâtiment (flottant) à quai, un simple ponton, flottant lui aussi.


Un système d’ascenseurs monumentaux, ce sont ces structures métalliques grises, permet de gravir la pente pour atteindre le front de fleuve ; seulement ce matin ils sont en panne ! Environ 160 marches à monter, une mise en jambe avant de faire un tour en ville.
Les trottoirs de cette avenue sont animés. Quelques personnes sont attablés en terrasses, le moment d’un copieux petit-déjeuner. Au menu, pour accompagner la coutumière tasse de thé, du riz blanc ou des nouilles, chinoises évidemment.

On peut y ajouter des fruits à ce premier repas de la journée, en tout cas c’est ce que propose, pour quelques yuans, ce marchant ambulant.
Des trottoirs animés et une rue mouvementée, les voitures et les scooters s’y croisent sans cesse.


La grande tour pagode nous attire, pour y parvenir nous prenons un passage pavé et protégé d’une muraille crénelée. Une voie défensive qui nous évoque la perspective de la célèbre Grande Muraille de Chine visitée quelques jours auparavant … mais là, c’est en modèle très réduit.La pagode blanche s’élève fièrement vers la voûte céleste comme un très contemporain gratte-ciel. Des fleurs jaunes la pare sur la droite.
Si de loin j’avais pu confondre ces arbres en fleurs avec des mimosas, de plus près on constate que leurs aspects est bien différent et puis il n’y a pas les agréables senteurs typiques de ces fleurs pour embaumer l’espace.
De cette terrasse, le point de vue est magnifique sur le port, le fleuve et un affluent d’autant que ce panorama est illuminé par un bienvenu rayon de soleil.


A proximité, au fond de cette place, ce bâtiment officiel fait partie du patrimoine des lieux: Il a été sauvé des eaux ! Construit à l’origine dans la zone submergée, il fut déplacé, pierre par pierre, avant que le « tsunami » provoqué par le barrage ne puisse l’engloutir.


Cet autre bâtiment aux allures de palais chinois trône en bonne place en surplomb du Yangtse. Une architecture traditionnelle décorée des incontournables dragons dorés.Les dragons, on ne les voit pas seulement en décoration sur les murs des palais … Pour preuve, il suffit de jeter un coup d’œil vers le port. N’est-il pas beau ce bateau orné à sa proue d’une énorme tête de dragon ? Les asiatiques sont maîtres en la matière de décorations clinquantes et parfois très kitsch ! Une histoire de culture sans doute, n’ironisons pas …


Une telle photo (ci-dessus) en plan plus rapproché stimule l’imagination et laisse évoquer une possible séquence suivante … n’avez-vous pas l’impression que la frêle embarcation qui arrive par la droite risque d’être happée par la gueule ouverte du dragon ? L’effet de superposition pourrait le faire croire.Mais que fait cet homme statufié avec la position de son bras et cet objet rectangulaire à la main ? Ma première impression : Il se prend en selfie sur fond de palais et de paysage fluvial. Serait-ce un précurseur ? Certainement pas, mais c’est sans doute à force de voir des gens se prendre en selfie que cette idée m’est venue.Le plus souvent en Chine et surtout dans les sites fréquentés les panneaux indicateurs sont inscrits en caractères chinois mais également en anglais. Celui-ci, c’est uniquement du chinois ! Euh ? Il part à quelle heure le bateau ?Ici, en ce qui concerne les horaires des ferries, il vaut mieux être accompagné par un connaisseur de l’écriture chinoise si l’on ne veut pas rater son bateau !


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Au fil du Yang Tse … dernière partie


Lentement notre navire quitte le port et progresse sur le majestueux Yangtse.
Au programme s’annonce un des sites parmi les plus spectaculaires de notre navigation, nous sommes aux portes des Gorges de Qutang, la première des trois célèbres gorges du fleuve Yangtse.
Place au spectacle et là c’est vraiment du grand spectacle. D’ailleurs les passagers ne s’y trompent pas, ils sont quasiment tous sur le pont, les yeux émerveillés par ce décor d’exception.

La balade sur le fleuve depuis Chongqing n’était qu’une introduction, les huit kilomètres de ce passage fluvial sont véritablement un must, en un mot, c’est grandiose !

Le cours d’eau si large en amont se fait ici plus étroit, le Yangtse a du affronter dans ce parcours un relief de montagnes. Vaillamment et au fil des temps, il a érodé la roche, entaillé les escarpements et façonné un tracé où il serpente entre d’impressionnantes parois. On les longe, lentement et admiratif.Des versants parfois dénudés, éboulés arborant des tonalités ocre et d’autres à l’aspect plus végétal avec une profusion d’arbustes accrochés au rocs.
Un détail attire l’attention, un bande plus claire au ras de l’eau semble former une sorte de soubassement. C’est une marque des différences du niveau des eaux que subi le cours du Yangtse, selon les saisons et les précipitations.

Par endroits, au bas des falaises apparaît des strates obliques à l’alignement très régulier ; le résultat des lents mouvements du terrain qui donne cet aspect particulièrement graphique.


Plus en hauteur, les parois rocheuses sont parfois creusées de cavités, en voici une qui m’évoque une forme de cœur … des grottes dont certaines abritent des ossements humains, des vestiges de sépultures d’une autre époque selon les archéologues.


Ce si pittoresque secteur du Yangtse n’en reste pas moins une voie navigable. Les bateaux, petits et gros, s’y croisent ; entre barque de pêcheurs et navires marchands sans oublier les bateaux de tourisme.

Au petit jeu des comparaisons dont je ne peux m’empêcher, ces paysages me font penser à d’anciens souvenirs de voyage dans les fjords norvégiens. Ces gorges ont un air du célèbre Geiranger fjord, mais sans les cascades !Arrivé à ce niveau du canyon, le panorama devient plus vaste, l’issue des gorges de Qutang approche. Au loin, les versants montagneux verdoyants bleuissent par l’effet de la brume et de l’éloignement.


L’austère beauté des parois rocheuses fait place à présent à des penchants bien moins abruptes et certains sont même cultivés.

Là, autour d’un phare en noir et blanc, des rangées d’arbres fruitiers strient verticalement quelques parcelles.


A proximité, les lignes sont horizontales. Elles délimitent plusieurs cultures en terrasses où des paysans sont en plein travail.Puis le paysage change d’aspect avec des berges du grand fleuve bleu qui se teintent de terres rouges parsemées d’herbes aux tonalités d’un vert lumineux.
Bercé par la lente progression du navire, on commençait à s’habituer à ces plaisants et très apaisants décors ruraux.

Mais au détour d’un méandre voilà que la Chine à l’urbanisation galopante refait surface, un port et une grande ville sont en vue sur la rive nord du fleuve. Quel drôle d’assortiment hétéroclite de constructions et de styles architecturaux !

Ainsi se présente la cité de Wushan, environ 620 000 habitants. Passons.

Il vaut mieux tourner le dos à l’agglomération et fixer son regard vers le côté opposé, la vision s’avère bien plus spectaculaire.

En effet, un immense pont rouge enjambe le Yangtse. Il fait office de porte d’entrée des Gorges de Wu, les secondes de la série des trois gorges. Et surtout il relie les deux versants et permet aux véhicules de rouler d’une rive à l’autre.

Sous cet angle le passage entre les deux flancs semble étroit, mais une fois passé sous le pont, le cours du fleuve s’élargit.

Sur une quarantaine de kilomètres les hauts versants du Yangtse défilent sous nos yeux à une vitesse de croisière ce qui dans ce cas signifie, lentement et c’est tant mieux.

D’admirables panoramas se dévoilent après chaque méandre du parcours. Les penchants sont couverts en grande partie de buissons et d’arbres. Disséminés sur les hauteurs quelques hameaux contrastent avec le vert de la végétation. Quant à la ligne de crêtes, par endroits, elle se perd dans un voile de brume, un vrai décor d’estampes chinoises.


Et dire que certains anciens, ceux qui ont connu ces gorges avant la construction du grand barrage trouvent que ce décor a perdu de sa beauté. Il serait devenu moins grandiose, la montée des eaux en diminuant la hauteur des versants le rendrait moins impressionnant, soit !

Mais lorsqu’on découvre pour une première fois ces canyons successifs du Yangtse, on ne peut qu’être séduit par la beauté et la grandeur de ces sites, croyez-moi. D’ailleurs ces photos en sont un témoignage. Et puis ce n’est pas terminé, la balade dans de nouvelles magnifiques gorges nous attend …


Les grandes Gorges Wu vues (jeu de mots facile !), notre navire fait escale à un sommaire ponton près de ce hameau. Quelques maisons accrochées au flancs de la montagne représentent ce qu’il reste du village d’origine. Enfin, on devrait plutôt dire ce qui a été reconstruit en hauteur après la submersion du village ancien. Là aussi, la montée des eaux après la construction du gigantesque barrage des Trois Gorges a pratiquement tout englouti. Le cours du Yangtse traverse principalement trois imposantes gorges, nous venons d’en parcourir deux mais c’est sans compter la présence dans le secteur de plusieurs gorges annexes, plus étroites et parfois encore plus profondes, elles sont situées sur des affluents du grand fleuve.Les Trois Petites Gorges à proximité de la ville de Wushan, sur la rivière Daning en sont un exemple. Quant à nous, ce sont les très encaissées gorges de la petite rivière Shenny que nous nous apprêtons à découvrir.

L’étroitesse du cours de la rivières nécessite que l’on change de moyen de navigation. Un pont flottant fait de barges oscillantes sous les pas nous mène vers des barques décorées à la chinoise, c’est dire que des tuiles laquées de jaune et les têtes de dragons parent l’auvent de l’embarcation.


Si le nom des précédentes gorges, Wu, signifiait en fait : « Gorge des sorcières », ici on appelle cet exigu canyon d’un nom plus avenant, le Goddess stream (ruisseau des fées) . Des appellations qui donnent un côté mystérieux à ces contrées auxquelles sont attribuées de nombreuses légendes. En tout cas, nous n’aurons pas l’occasion de voir une quelconque sorcière cachée dans la pénombre d’une grotte ni non plus une évanescente fée … mais que cette balade fluviale sur le Shenny fût belle !
En comparaison des autres gorges parcourues, ici on est dans une autre dimension : immense par la hauteur des parois rocheuses qui nous encadrent, étroite par la faible largeur du cours de la Shenny. Le parcours est agréablement sinueux, les eaux y sont d’une splendide clarté à la plaisante tonalité verte. A défaut de fées n’y aurait-il pas de sirènes dans de telles eaux si cristallines ?

Décidément au cours de cette croisière le spectacle va crescendo, de quoi nous ravir.

Alors, on en profite en contemplant à loisir ces panoramas verticaux où les arbustes profitent de chaque anfractuosités pour y prendre racine.


Quelques feuillages prennent des allures automnales, on sent poindre les tons bruns et jaunes qui nous rappellent que nous sommes à la mi-septembre. Chanceux visiteurs passant ici dans quelques semaines, en plein cœur de l’automne, ils auront le privilège de voir ces gorges en technicolor. Les falaises se pareront alors de multiples tonalités flamboyantes, celles d’un été indien made in China. -------------------------------------------------------------------------------------------Et la navigation sur le Yangtse de se poursuivre … parmi les paysages de la troisième gorge, celle de Xiling.

Son parcours chemine sur 80 kilomètres environ et va nous mener vers le terminus de notre balade fluviale, à proximité du titanesque barrage des Trois Gorges.

Le long travelling des paysages qui défilent sous nos yeux va s’achever avec le crépuscule. L’impression du moment m’évoque celle d’une fin de spectacle lorsque l’écran ou la scène disparaît derrière le rideau. Pour nous spectateurs embarqués, le rideau est un voile brumeux et sombre qui atténue progressivement les contrastes, avant qu’une nuit noire ne vienne simuler le clap de fin.

Je reste songeur et contemplatif encore un bon moment, accoudé au balcon de notre cabine et pourtant, dans le noir, je ne distingue plus que quelques rares lumières blafardes.Au petit matin, les gorges encaissées laissent la place à un bassin plus large. Une immense étendue d’eau qui se prend pour un paisible lac ou presque une mer intérieure.

Alors que nous approchons du port fluvial de Maoping, la brume, enfin que dis-je, la bruine puis la pluie se sont invitées pour « arroser » notre débarquement.


Comme barrant l’horizon, il est là. Je veux parler du mastodonte de béton, le fameux Barrage des Trois Gorges.

On le distingue au loin avec sa structure qui s’étale sur 2,3 kilomètres de large ; le grand angle s’impose donc pour le capturer en photo dans toute sa totalité, même de loin.

Même embrumé, on voit sur la gauche du barrage le couloir où sont situées les écluses, celles qui permettent aux navires de continuer la navigation vers le vaste delta du Yangtse puis vers la Mer de Chine.

Un passage qui est réservé aux navires commerciaux … On était prévenus, notre croisière se terminera en amont du barrage, nous n’emprunterons pas les écluses, c’est ainsi depuis 2016.

En effet, depuis cette date les navires de croisières ne sont plus les bienvenus dans les écluses. Le Yangste est avant tout une voie commerciale, priorité est donc donnée aux navires marchands. Comme le trafic des cargos et autres portes containers est assez dense les armateurs doivent réserver bien à l’avance leur droit de passage, l’attente est parfois longue … alors, concernant les bateaux de promenade, on comprend qu’il n’ont plus leur place dans les ascenseurs fluviaux du Yangtse !Ce barrage des Trois Gorges est non seulement le plus grand de Chine mais surtout du monde, doublé aussi de la plus grande centrale hydroélectrique mondiale. Un vrai défi technologique dont ne sont pas peu fières les autorités chinoises.

La construction de cet ouvrage aura nécessité pas moins de 17 années de travaux titanesques (1993-2009) depuis la réalisation des fondations jusqu’à l’installation des turbines, 36 au total dont la moitié sont en service alors que les autres sont alternativement en maintenance.

La production d’électricité est hors normes et j’avoue que les chiffres sont s’y élevés que finalement on a du mal a bien se rendre compte de la prouesse. Ici, on ne parle plus de kilowatts, non, on change d’échelle avec des tetrawatts, près de 100 par an soit 100 milliards de kws … bref, c’est à s’y perdre dans les chiffres et dans les conversions sans compter l’expression de cette puissance entre Kw heure ou en Kilowatts tout simplement … bon, j’avoue que je m’y perd un peu (enfin beaucoup !). Finalement, il vaut mieux présenter cette production de façon plus simple : cela correspondrait au double de la consommation d’électricité de Pékin ou bien à la production d’une quinzaine de réacteurs nucléaires, rien que ça !Mais la réalisation de ce gigantesque barrage a nécessité de dompter le grand fleuve Yangtse et cela n’a pas été sans de lourdes conséquences environnementales. Il y a bien eu des opposants … mais l’on sait qu’en Chine, le seul droit des contradicteurs est de se faire discrets et surtout de se taire.

Une telle construction avec son énorme retenue d’eau a eu pour première conséquence de faire monter en amont le niveau du Yangtse, et cela sur des centaines de kilomètres. Les berges ont donc été submergées ainsi que de nombreuses villes et villages, on parle de quelques 140 villes et de 1400 villages et hameaux ! Il a fallu « déplacer » bien plus d’un million de personnes, des habitants que l’on a relogé dans des constructions bâties plus en hauteur sur les versants ou bien dans des villes plus éloignées.

Des monuments du patrimoine régional ont eux aussi disparu à tout jamais sous les eaux.
Ajoutons à ce sombre tableau, la disparition de terres agricoles, l’érosion des talus et des rives, la disparitions de nombreuses espèces de poissons et même une modification du climat local, devenu paraît-il, plus humide.

Et ce n’est pas fini, évoquons aussi le coût astronomique des travaux estimés, paraît-il, à quelques 22,5 milliards de dollars et surtout le « coût » humain parmi les ouvriers : on parle de plusieurs centaines de blessés accidentellement et même selon certaines sources d’une centaine de morts …Certains opposants ont alerté également sur le risque lors d’éventuels tremblements de terre. Une rupture du barrage risquerait de se traduire par un terrifiant tsunami déferlant sur une partie de la ville d’Ychang (4 millions d’habitants) avec l’obligation d’une évacuation dans l’heure !
Les autorités chinoises ont bien entendu une vision bien plus positive de la construction de leur énorme barrage des Trois Gorges, elles énoncent des arguments qui peuvent être entendus :
D’abord le fait de produire une énergie électrique propre. On évite la pollution avec les rejets dans l’atmosphère des fumées toxiques de centrales hydroélectriques alimentées au charbon.
Puis, autre avantage, celui de pouvoir réguler le débit de ce puissant fleuve Yangtse qui lors des crues peut ravager les berges : des destructions et surtout des victimes par milliers, cela est déjà arrivé par le passé et pas seulement lors des crues centennales.

Enfin, le Yangtse ainsi maîtrisé est devenu plus aisément navigable, pour le transport fluvial commercial et pour celui des passagers.

A bien observer cette digue de béton qui surligne l’horizon, on remarque qu’une partie du barrage arbore une alternance de bandes verticales noires et grises. Pour un peu on pourrait croire un aspect décoratif, dans le style colonnes de Burren !Notre route vers l’aéroport et la suite du voyage nous fais côtoyer le grand barrage avec une vue furtive sur les gigantesques écluses. Encore une fois, le superlatif est de mise pour ce qui concerne ces imposants ascenseurs à bateaux. Ils sont les plus grands au monde et permettent ainsi le passage d’énormes bâtiments flottants ; et en bonus, ils sont particulièrement rapides pour passer d’un niveau à l’autre, la hauteur du barrage étant de 185 mètres.
Autant la navigation sur le grand Yangste se sera avérée propice à une lente contemplation, il nous faudra seulement 1h45 pour parcourir le trajet vers Shanghai, un survol de 940 kilomètres entre nuages et soleil jusqu’à la moderne mégalopole du sud-est de la Chine , mais là, c’est déjà le début d’un autre voyage …. Jean SM – A bord sur le Yangtse – Septembre 2019

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Bonjour,
Toutes mes félicitations pour votre magnifique reportage sur le Yang Tsé Kiang, qui m’a rappelé notre périple en Chine de 22 jours en Mai 2006, avec ma femme, qui incluait quelques jours de croisière sur ce fleuve.
A cette époque, les bateaux de croisière pouvaient emprunter les écluses, et le barrage était encore en cours de finition.
Je vous joins quelques photos pour étayer mon propos, ainsi que d’autre prises à la volée pendant la croisière.

Votre voyage date de quand? Vous avez une photo avec l’horaire des bateaux mais il y a eu d’importants changements suite à l’ouverture d’un nouveau troçon d’autoroute qui a rendu les déplacements entre les villages via le fleuve moins intéressants pour les locaux.
J’avais bien aimé Fengjie. Jamais vu autant de jeunes dames en talons hauts. C’est très à la mode dans cette petite ville.

Merci de nous faire rêver ! quel beau récit ! ça donne envie; je projette Pékin/Shanghai au printemps 2025 (l’année prochaine : Corée du sud) mais cette croisière me semble un incontournable. Quels beaux paysages ! :+1: :+1: :+1:

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