Bonjour à tous,
Je suis désolé de la tournure que prend cette discussion et surtout que l’on me mette à toues les sauces.
il est dommage, dans une discussion dédiée au camping car de devoir raconter sa vie, mais j’en suis responsable autant que les autres.
Je vais donc rappeler ici ce que Louis à souligné car, nous avons bavardés de ma situation lorsqu’il est venu visiter mon CC.
Je n’ai jamais dit que tout s’est fait tout seul, et, même si ma petite entreprise est en Suisse, les difficultés administratives sont au moins aussi nombreuses qu’en France, mais c’est vrai que le code du travail est plus simple.
Ceci dit, Yves à raison, un boulanger ne fait pas même métier qu’un informaticien et, s’il est vrai qu’en tant que “patron” d’une SSII (Société de Service en Ingénierie Informatique), je peux gérer ma société depuis n’importe quel endroit du monde, pour autant que je dispose d’un ordinateur et d’une connexion Internet, un boulanger ne pourra pas faire son pain depuis une plage de la Martinique ou un traineau sur la banquise.
Mais, car il y a un mais et c’est là que je suis d’accord avec Pierrot, rien ne tombe tout cru dans les assiettes, J’ai créé ma première SSII en 1980, à l’époque je n’était pas connu dans le milieu à part mes quelques collègues, il donc fallu que je fasse mes preuves, que je courre derrière les clients, que j’arrive à convaincre mes prospects que mes services seraient meilleurs marché tout en étant de bonne qualité par rapport à ma concurrence etc etc…
Comme je vous l’ai dit il y plusieurs messages, j’ai connu, comme tout créateur d’entreprise, les journées de 20 heures, premier arrivé au bureau, dernier parti, les nuits sans sommeil, les WE au bureau au lieu d’être avec la famille, les vacances réduites à quelques jours par ci par là, les espoirs quand je répondais à une offre, les déceptions quand mon offre n’était pas retenue, les collaborateurs qui attendaient leurs salaires alors que ma trésorerie ne permettait pas la moindre sortie, donc, les négociations avec les banques, les mises en danger de mon (maigre à l’époque) patrimoine personnel pour pouvoir dégager de quoi faire les salaires, les abattements quand il me semblait que je ne m’en sortirais pas, les trahisons des collaborateurs qui quittaient l’entreprise au moment le plus délicat pour rejoindre la concurrence, les nombreux mois sans salaire …
Mais j’ai connu aussi la joie de voir revenir une de mes offres acceptée, de voir revenir sur mon bureau un contrat signé, de pouvoir donner ma confiance à un collaborateur et lui laisser quelques responsabilités pour prendre (enfin) une petite semaine de vacances de temps en temps, la joie de voir un jour sur mon bureau le relevé du compte de l’entreprise avec le solde écrit en noir… (et plus en rouge) etc…
et puis un jour, j’ai pu enfin dormir toute une nuit sans problème, cette nuit là, je m’en souviens encore, c’était au moins 15 ans après la création, j’avais une excellente équipe, de nombreux clients satisfaits des services de mes collaborateurs, ces clients revenaient eux-mêmes solliciter mon entreprise au fur et à mesure de leurs besoins, j’ai pu enfin me faire un salaire correct.
alors, je me suis organisé; tout chef d’entreprise doit entretenir son outil de travail, dans mon métier, et sans que ce soit péjoratif, mon outil de travail se trouve être constitué d’hommes (et de femmes bien sûr) et donc, de leurs compétences, mon avantage si j’ose dire, c’est que j’ai pratiqué le métier en tant qu’employé et que je le connais, donc j’ai pu m’entourer des meilleurs (selon mes critères), ils reçoivent de bons salaires, ils ne sont pas exploités, ils me font confiance, ils ont la mienne, nous sommes en quelque sorte une grande famille, c’est bizarre à dire, mais je suis très “clanique”, mes collaborateurs et moi sommes donc un “clan”, c’est un peu comme les trois mousquetaires, “tous pour un, un pour tous” en interne, nous pouvons tout nous dire et nous ne nous gênons pas, mais aux yeux de l’extérieur, il ne doit pas y avoir la moindre faille et il n’y en a pas (je suis d’ailleurs comme cela en famille et en amitié) il n’y a pas de différence de salaire entre les hommes et les femmes etc…
bref, je ne suis pas meilleur qu’un autre, mais, à 45 ans, mon outil de travail était en place et, comme au cours des années qui avaient précédées, j’avais fait au moins le double, voir le triple d’heures que la normale, j’ai décidé de changer de vie, il faut alors déléguer mais je n’ai pas disparu des radars, c’est la raison pour laquelle je vais tous les mois passer environ 10 jours en haute Savoie avec mon CC, je rencontre mes collaborateurs et mes clients, (qui, et c’est vrai, ont toujours besoin à un moment ou à un autre de voir “le patron”, je joue donc ce rôle avec plaisir), mon comptable et les administrations (ce qui ne veut pas dire que le reste du temps je suis absent, j’ai expliqué que je peux continuer à gérer depuis n’importe ou) mais je m’organise pour avoir du temps libre pour faire mes sports… Voilà, vous savez tout ou presque !!!
J’en aurai fini quand j’aurai précisé que l’argent n’a jamais été mon moteur et que jamais mon salaire n’a été le plus élevé de l’entreprise, il y a toujours eu des collaborateurs bien mieux payés que moi, aujourd’hui, je travaille avec des gens qui sont dans ma société depuis plus de 20 ans et qui ne demandent qu’à continuer comme cela, tu comprends Yves, pourquoi c’est invendable ? le modèle économique que j’ai mis en place ne peut pas satisfaire d’éventuels acheteurs, sauf à avoir la même philosophie que moi… “vachement rare !!!” comme disait Coluche !!!
Louis, je te remercie pour le “chapeau l’artiste” , mais il n’y a aucune gloire à faire ce que j’ai fait, j’ai tout simplement décidé un jour que j’avais atteint le but que je m’étais fixé, voilà tout.
j’espère avoir éclairé un peu les lanternes…
Bonne soirée à tous
Philippe