Dordogne : comprendre les codes du monde rural pour bien s'intégrer

Forum Aquitaine - Bordelais, Landes

Bonjour à tous !

Ma compagne et moi allons nous installer en Dordogne d’ici la fin de l’année scolaire (elle est prof…). Pour faciliter notre intégration, nous souhaiterions comprendre les codes du monde rural: comment s’y organise le quotidien, comment nouer des relations saines avec les gens, développer notre vie sociale, etc.
Je connais personnellement le Périgord noir depuis mon enfance pour y venir depuis bientôt 45 ans en vacances ou dans la famille, et depuis mes 20 ans j’ai toujours eu envie de venir y vivre, mais j’ai conscience qu’il y a une différence entre venir en été se reposer et y vivre toute l’année.
Comment/où les gens se rencontrent ? Comment se nouent les relations ? Notamment en hiver où tout semble désert ?

Au plaisir de vous lire !

Bonjour,
c’est très bien de poser cette question. de plus, la vision que l’on a en tant que vacancier et en tant que résident permanent , n’est pas la même.
Je vais tenter d’apporter quelques éléments de réflexion, mais il n’y a pas de réponse unique.
En effet, les mentalités sont différentes d’un village à l’autre, il y a de réels particularismes villageois. Le patois aussi change d’un village à l’autre, il n’y a pas une “unité d’occitan”, par exemple.
Première constatation: l’habitat est extrêmement émietté, il y a un centre de bourg et beaucoup de lieux-dits, environ 40 à 50 par village. Donc, on ne rencontre pas les voisins aussi facilement qu’en habitat groupé. Toutefois, on les rencontre.
Par ex, dans mon village, dès qu’il y a un repas communautaire, un banquet, une fête , pour quelque raison que ce soit, une grande partie des habitants vient et c’est à ce moment-là qu’on se rencontre, qu’on se fait se nouvelles connaissances.
Et si on passe dire un bonjour impromptu, il y a toujours le café, l’apéro, convivial et abondant, accompagné de discussions, cela se pratique plus facilement qu’une invitation formelle à un repas.
Ensuite, le monde associatif existe. il est plus ou moins actif selon les villages, mais en s’inscrivant à une ou deux asso, on se fait aussi des copains.
Le rugby , la pétanque, sont particulièrement actifs, et si vous vous y intéressez, vous rencontrerez des gens en toute saison; pour la pétanque, des endroits couvertes existent souvent, donc, on la pratique même en hiver.
Les autres sports et autres activités sont en général bien représentés.
L’écueil à éviter, c’est de vouloir appliquer dans le monde rural des idées d’ailleurs, même si on les juge plus efficaces. Les gens ont horreur du changement, ils préfèrent souvent leur petit train-train “On a toujours fait comme ça”, donc, il vaut mieux ne pas les révolutionner et se plier aux usages locaux.
Comme il y a énormément de “pièces rapportées” de tous horizons et toutes nationalités, vous pouvez aussi vous faire un réseau en dehors des ruraux " de souche".
Les asso culturelles, théâtre, apprentissage de langues étrangères, peinture, dans mon coin, sont uniquement fréquentées par des néo-périgourdins venus d’ailleurs.
Ensuite, l’hiver n’est pas mort, non, non. A part janvier, où tout est fermé, sauf les marchés à la truffe. Mais c’est comme pour tout: il faut se déplacer. Un véhocule, voire deux, sont incontournables dans le monde rural.
Il y a des animations variées, mais dispersées dans les villages. On peut avoir une conférence dans un village, du théâtre dans un autre, un film encore ailleurs, une fête, un vide-grenier. Ils ne sont pas toujours indiqué dans les sites des offices du tourisme , quoi que… au fil du temps, vous repèrerez facilement les événements qui vous intéressent.
Voilà, c’est une première réponse, mais je le répète, les mentalités varient d’un village à l’autre, d’une vallée à l’autre, cela paraît parfois un peu étrange au début.
Si vous avez des questions précises, n’hésitez pas!

Merci beaucoup pour cette réponse très détaillée !

J’ai la chance aujourd’hui de faire partie de cette catégorie de gens qui peuvent télétravailler à souhait et je ne m’en prive pas puisque j’ai dû me rendre dans les locaux de mon entreprise moins d’une dizaine de fois en 2 ans. C’est la raison principale pour laquelle ce projet rêvé depuis si longtemps est enfin possible.
Comment les périgourdins “de souche” accueillent-ils ces néo-ruraux post-covid ?

Cordialement

Il n’y a pas de réponse standard à votre question.
L’accueil se fait surtout selon l’attitude du néo-aquitain. Est-il prêt à s’intégrer?
Comme partout, le genre “donneur de leçons” ne passe pas.
Selon les villages, les ayatollahs anti-chasse non plus. ce sujet est délicat.
D’une façon plus générale, tout dépend de l’attitude, de la tolérance du nouveau venu.
Exemple: si les gens du cru avaient l’habitude de passer sur un chemin privé, que de tout temps on passait pas là, le fait de voir ce chemin barré et interdit par le nouveau propriétaire au motif que c’est SA propriété privée, et que la coutume, il ne veut pas en entendre parler, est très mal vécu.
Une chose toutefois récurrente: la TERRE ici, on s’y accroche , c’est atavique. Par exemple, acheter un bout de forêt si on n’est pas natif du coin, c’est très difficile.
Par endroits également, les jeunes peuvent en vouloir aux nouveaux venus qui achètent des maisons , alors qu’eux-mêmes ne peuvent pas le faire, car ces achats ont fait monter les prix et que le Périgordin “de souche” n’est pas forcément très fortuné.
Si vous êtes ouvert, tolérant, respectueux des habitudes de vie locales, que vous vous intéressez à la vie du village, sans chercher à imposer votre point de vue, ça devrait bien se passer.
C’est vrai de toutes façons dans toutes les régions, je pense, ce n’est pas spécifique à a Dordogne.

Je comprends bien le problème de l’accès à la propriété étant girondin moi-même et ayant subi l’arrivée des parisiens à Bordeaux et dans sa région… On arrive avec un plus grand pouvoir d’achat et on fait monter les prix, c’est vrai, et souvent au détriment des locaux.
Ma compagne et moi sommes dans la quarantaine. S’installer en dordogne est un projet de vie où nous n’envisageons pas de n’être que des consommateurs, mais dans lequel nous comptons aussi apporter un brin de vie, d’idées et d’expériences supplémentaires à cette belle région.
J’ai aussi déjà expérimenté dans une ancienne vie l’accueil de ruraux pas toujours bienveillants envers ceux qui “arrivent par les champs”, ceux qui ne sont pas du coin. C’est parfois marqué au fer rouge sur nos fronts et ça nous ferme définitivement certaines possibilités: vous évoquez l’achat d’une parcelle boisée. Sur ce point particulier, j’espère que ce n’est pas irrémédiable ?
Enfin, autre point qui va beaucoup intéresser ma compagne, c’est le climat “scolaire”. Elle travaille actuellement en REP en banlieue parisienne dans des villes, des collèges et des classes difficiles. Elle attend énormément de cette mutation. Elle espère trouver en milieu rural des mentalités plus apaisées, tant chez les élèves, leurs parents que dans le corps enseignant. Qu’en est-il ? Auriez-vous des informations sur ces sujets ?

Cordialement

Pour une parcelle de forêt, je le redis, ce sera difficile. tout dépendra de la mentalité du lieu choisi.
Pour le travail, j’étais moi-même enseignante dans une banlieue difficile du Nord. Quand je suis arrivée en Dordogne il y a une dizaine d’années et que je racontais ce que j’avais vécu, c’était difficile à croire pour les amis enseignants du coin. 10 ans plus tard, ils me disent que certains comportements dont je leur avais parlé commencent à se manifester même ici.
Toutefois, avec 35 habitants au km², les conditions de vie sont différentes de celles des grosses agglomérations, mis à part autour de Bergerac et Périgueux, les 2 seules villes moyennes du département.
La problématique sera différente, plutôt un désintérêt pour les études, l’envie de continuer dans des filières familiales.
Ceci dit, si vous êtes Girondin, l’assimilation devrait être plus facile…

Le mieux serait de séjourner pendant quelques jours en location saisonnière, toutes saisons.

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