Féeriques Pyrénées sous la neige
Un beau relief montagneux abondamment enneigé, des arbres dont les branches ploient sous la poudreuse, un soleil radieux et des températures négatives qui figent le panorama … difficile d’imaginer de meilleures conditions pour valoriser le tableau. C’est parfait, place maintenant à la contemplation.
Mais que la montagne est belle en hiver ! à l’image de ce secteur du Val d’Azun situé à proximité de la petite ville d’Argelès-Gazost, au pied des Hautes-Pyrénées.
Je fréquente ces lieux depuis de nombreuses années, principalement en hiver et j’avoue n’avoir qu’assez rarement admirer ces paysages d’altitude avec de telles conditions, photogéniques à souhait.
Cela tombe bien, en ce jour de janvier, mon appareil photo est en ma compagnie, la séance photos peut ainsi débuter.
Avant de prendre un peu de hauteur, la route serpente dans la vallée avec pour perspective les versants du Grand Gabizos, son sommet culmine à quelques 2692 mètres. Un massif imposant et un fond de décor assurément somptueux.
Parvenu au village dont le nom s’avère particulièrement original, il s’agit de la bourgade d’Aucun … voilà qu’on bifurque vers la droite. La direction ? Le Col de Couraduque.
Et déjà un arrêt s’avère irrésistible pour immortaliser le panorama qui s’étire vers le vallon et les pentes boisées recouvertes de cette épaisse couche de neige.
Lacet après lacet, la route s’élève en cheminant sur ces versants. Ici et là, quelques anciennes bergeries parmi les estives ont trouvé une seconde vie, elles sont maintenant transformées en résidences secondaires. Certaines exposées plein sud bénéficient d’une vue imprenable et d’un bel ensoleillement dès les premières heures du jour, d’autres restent plus discrètes derrière les troncs de bouleaux ou de conifères … mais toutes en ce jour sont parées d’un superbe blanc manteau.
Magnifique ! Un vrai paysage de carte postale, au bon sens du terme.
A ce virage, je ne peux m’empêcher de photographier ces arbres aux branches étincelantes de glace et de neige, un aspect en dentelle qui se détache à merveille sur le fond de ciel au bleu azur.
Arrivé au Col de Couraduque à quelques 1366 mètres d’altitude, le panorama se dévoile et s’étend sur une large partie du Val d’Azun, un décor à contempler sans retenue.
C’est à ce col qu’est située la petite station de ski nordique d’Azun.
En hiver, ce sont environ 90 kilomètres de pistes de ski de fond tracées et damées qui sont ainsi offertes aux fondeurs, amateurs de skating ou de style classique. Des pistes qui sillonnent les chemins entre conifères, crêtes et versants jusqu’au Col du Soulor.
Me voilà skis aux pieds, ma balade de ski de fond (classique) peut débuter avec un souhait … celui de l’amateur de photos que je suis : profiter de ce bel enneigement et de ces conditions de luminosité exceptionnelles pour capturer la beauté de tous ces paysages.
Au détour d’une courbe la piste se poursuit en s’élevant sur un parcours presque rectiligne, mais que ça glisse et que ça monte !
Une pause est donc la bienvenue d’autant que sur la droite, à travers une trouée parmi les sapins apparaît le Pic de Bazès. Un pic dont la forme évoque d’ici plus un dôme, aux pentes presque symétriques.
A la rondeur du sommet est associée toute en harmonie une autre courbe mais en sens inverse, celle du col de Bazès, on l’aperçoit sur la gauche, au pied du dôme.
Seconde étape de ma balade photographique, voici la cabane de Marioulète (photo prise quelques jours avant les fortes chutes de neige). En fait, elle est bien plus souvent appelée la cabane jaune. Un abri pour les randonneurs, en saison estivale …. Car la porte de ce simple abri s’avère fermée à clé cet hiver !
Revenons à cette journée si enneigée avec cette vue du dôme sous un angle presque identique à la photo précédente, celle avec la cabane en point fort.
L’Espace Nordique du Val d’Azun est donc en hiver un site idéal pour les fondeurs mais également pour les randonneurs à raquettes. Celui-ci a eu la bonne idée de porter une tenue rouge, c’est parfait pour le contraste de couleurs de ma photo.
Parmi tous les paysages que bordent la piste de fond, mon regard (et mon objectif) est sans cesse attiré par des détails qui stimulent mon enthousiasme de chasseur d’images.
Comme ici avec ce rideau de branches copieusement enneigées traversés par quelques rayons de soleil. Clic ! clac !
Lumière et graphisme … ce que l’œil du photographe recherche pour ses cadrages.
Là, un bel effet de symétrie offert par la Nature, avec juste une touche d’asymétrie, histoire de renforcer l’aspect purement naturel.
Et ici encore un superbe graphisme avec les ombres des troncs qui s’étirent, rectilignes sur la blanche neige.
Des lignes horizontales couchées sur le sol puis des lignes verticales … Je me souviens de cet autre aspect de la forêt pris une précédente année, un parfait contraste en noir et blanc.
Une longue série de pas alternatifs dans les traces sur un faux plat montant et je parviens au Col de Bazès 1509 mètres. Un lieu seulement accessible en hiver à ski de fond ou en raquettes de randonnée (… et en été, en chaussures de marche ou en VTT).
De ce point de vue dominant le regard profite évidemment du large panorama.
En fond de décor se déploie une chaîne de sommets dont celui du Pic du Midi de Bigorre (2876 mètres).
En scrutant bien l’horizon et en zoomant on peut apercevoir l’antenne du fameux Observatoire. Bon, sur la photo je reconnais que cela n’est pas vraiment évident à voir …
En contrebas, parmi la forêt de sapins de la vallée et en contemplant le paysage on peut observer un autre détail en jouant au petit jeu devinette du style « Où est Charlie ? ». Voyez-vous la cabane jaune vue précédemment en parcourant la piste de fond ?
Le regard de l’amateur de photo se focalise sur d’autres aspects des environs comme ce contre-jour avec ces ombres qui s’allongent.
Magnifique aussi ce sapin plus qu’enneigé, il est complétement englacé voire congelé !
Là, sur ce versant, la vision de ces arbustes couverts de neige stimule mon imagination … j’ai l’impression de voir, à perte de vue, un champ de coton.
Le col passé, la piste serpente à flanc de montagnes et en se retournant on bénéficie d’une belle perspective avec en point fort à nouveau le pic de Bazès (1804 m).
L’occasion pour moi de me prendre en mode selfie/silhouette accompagné de l’ombre de mes skis.
Vous pouvez le constater, cette vue a été prise avant l’abondante chute de neige, les parois verticales de la montagne n’étaient alors pas totalement blanchies de neige !
Ensuite, la piste se poursuit par une longue portion en descente, particulièrement glissante et souvent verglacée car elle est à l’ombre pratiquement tout au long de la journée en cette saison.
Puis le panorama s’ouvre alors que l’on aborde les pistes de l’Espace Nordique, côté Soulor.
Et là, en toile de fond on retrouve le sommet du Grand Gabizos, l’imposant massif déjà vu et évoqué au tout début de ce récit.
Sur cette dernière photo, la couche de neige présente un relief original avec une drôle d’alternance de creux et de bosses, elle témoigne d’un début de fonte … Une photo prise après quelques jours de redoux, c’était peut-être un peu moins féerique qu’auparavant mais reconnaissons-le, toujours d’une remarque beauté.
Jean Saint-Martin - Val d’Azun - Janvier 2022
PS : Ce carnet est finalement un complément à mon récit Pyrénées en automne et en hiver où je n’avais pas vanté la beauté hivernale de ce secteur de Couraduque … à présent c’est fait !