D’abord, il y a ce splendide décor montagneux, entre sommets et vallée. Et parmi cet écrin naturel, disséminés au creux du val ou accrochés aux versants, quelques villages témoignent de la vie des habitants de cette accueillante vallée.
Ce récit est une balade illustrée au cœur des Hautes-Pyrénées, de hameau en village, à la découverte de quelques aspects de cette belle région de Luz-Saint-Sauveur.
Chèze et sa tour
Une fois passées les gorges étroites et sinueuses encadrant la route qui monte vers la vallée de Luz, Chèze apparaît sur les hauteurs, sur la gauche. Comme une sentinelle, voici le premier village montagnard de la vallée.
Construit à 760 mètres d’altitude sur un éperon rocheux, il se présente avec l’aspect typique de ces petits villages pyrénéens.
Quelques habitations en pierres recouvertes d’ardoises autour d’une église romane (remaniée au 17e siècle). Puis un torrent qui dévale les rochers et qui débouche sur un lavoir-fontaine, enfin pour être précis, ils sont au nombre de deux. Bien pratique avant l’époque des lave-linges.
Un pittoresque village mais quelque peu désert en cet après-midi ensoleillée de janvier, on imagine les Chésois … chez eux. En fait, ils ne sont pas très nombreux, 49 résidents ont été recensés ici en 2021.
Le village perché est surmonté par une tour, elle attire et intrigue immanquablement le regard du visiteur curieux. Une vraie vigie à l’entrée de la vallée. Mais est-ce une tour de guet ou … un phare ?
Bon, dans ces contrées d’altitude, il n’y a bien sûr pas de port ni de mer même si je me souviens avoir eu l’impression de voir lors d’un matin brumeux une mer … mais de nuages !
En se rapprochant de cette tour on comprend quelle était autrefois sa fonction. L’alignement régulier de perchoirs et de petites ouvertures témoigne de la taille de ses utilisateurs : il s’agissait de pigeons amateurs de voyages.
Bien rénové récemment l’édifice porte une inscription gravée au-dessus de sa porte d’entrée, on peut y lire sa date de sa construction, c’était en l’année 1776. Le pigeonnier de Chèze constitue donc le fleuron du patrimoine de ce village-hameau.
Viscos et ses carrières
Emjambons la vallée pour gagner le versant opposé et le bourg de Viscos. Plus réellement empruntons la petite route sinueuse pour s’élever vers cet autre commune dominant la vallée … et dominée par son Pic d’altitude, il a naturellement donné son nom à ce village. Le sommet de cette pyramide minérale du Viscos pointe à 2141 mètres.
Sur ces pentes orientées vers l’Est, les ombres assombrissent le paysage dès le début de l’après-midi. Je me souviens de cette visite à Viscos, (33 habitants en 2021) par un jour glacial d’hiver.
Un saupoudrage de neige et de givre tout autour de l’église, des températures négatives et une cascade englacée où un mince filet d’eau parvenait tout de même à couler.
Ajoutez-y la sensation d’un vent mordant … voilà un aperçu de l’atmosphère du moment. Avec ces ombres, tout était gris. Un gris ardoise.
A proximité des habitations, les falaises constituées d’un empilement de plaque d’ardoises ont longtemps été exploitées, un bon filon et un bon débouché utilisé pour la couverture des toitures dans toute cette région des Pyrénées.
Saligos et ses saveurs
A l’image des routes sinueuses de montagne mon parcours est fait de zigzagues, me voilà maintenant à nouveau sur l’autre versant de la vallée, précisément à Saligos.
Ce village doit son nom à la saligue, un mot du patois local qui désigne la végétation qui pousse dans les zones marécageuses des bords des gaves (torrents pyrénéens). Mais ce n’est pas de cette saveur végétale dont je veux parler à propos de ce village.
A Saligos, évoquons plutôt un aliment plus noble et pourtant si courant, le pain.
Au cœur du village est installée une boulangerie traditionnelle. Elle a pris place dans le bâtiment de l’ancienne école communale. Une grande cheminée s’élève au-dessus du toit, elle fume ce matin. Une fournée de pains bio achève sa cuisson.
Poussons la porte … à l’intérieur le décor (ou son absence) vous plonge dans le passé. On pourrait s’imaginer dans une boutique des années d’après guerre. Les deux sympathiques artisans vous accueillent entre pétrin et étals de pains, de biscuits et de viennoiseries.
Question choix, assurément on ne n’en manque pas … la palette de pains traditions ou spéciaux est large : pain rustique, campagne, céréales … pains au levain, de seigle ou encore au sésame …
Bref, difficile de tout goûter !
Je repartirai avec sous le bras deux pains, seigle et sésame. Une mie dense, une croûte épaisse et craquante et une saveur qui fleure bon les traditions d’antan.
Nos boulangers locaux s’attachent à la qualité de leur production : farines bio, levain, eau de source pure des montagnes … temps de fermentation et de cuisson maîtrisés, le gage d’un pain de qualité.
Un détail pour les amateurs qui voudraient goûter à ces produits de la « Boulangerie du Pays Toy » de Saligos. Le fournil est ouvert seulement les mardis et vendredis, les autres jours la vente est effectuée sur les marchés régionaux et dans des boutiques « bio » .
Saligos avec en fond son écrin de montagnes parées de neige en hiver, mon œil de photographe amateur l’apprécie particulièrement sous cet angle : pris depuis les berges du gave à deux pas de la route qui mène à Luz St Sauveur c’est un vrai décor de carte postale, au bon sens du terme, c’est à dire, idéalement composé, à admirer sans retenue.
Vizos et son panorama
Un autre point de vue qui a tout pour me plaire, celui dont on bénéficie depuis le village de Vizos.
A chacun de mes séjours dans la région je me manque pas de m’y rendre, toujours séduit par le panorama qu’offre les lieux de ce petit village de seulement quelques maisons blotties autour de son église (XIIe siècle) dédiée à St Michel.
Photogénique à souhait avec ce clocher qui se détache sur un arrière-plan constitué par les pentes et les crêtes du massif de l’Ardiden.
Cet hiver 2024 au faible enneigement en janvier, l’aspect était sans doute un peu moins esthétique que ce même lieu sous la neige, pris l’an passé.
J’avoue un faible pour la vue capturée après une chute de neige … le blanc manteau sous le soleil va si bien à ce tableau typiquement pyrénéen !
Vizos en hiver, avec ou sans neige, deux aspects et une comparaison entre deux années …
Vizos ne compte qu’à peine 40 habitants, aussi la raison a voulu que la minuscule commune fusionne en 2017 avec sa voisine, Saligos. (si proche … à vol d’oiseau)
Bon, l’ensemble des deux villages ainsi réuni sur le plan administratif ne constitue pas pour autant une grande commune, seulement une centaine de résidents y ont été recensé en 2021 !
Comme de nombreux hameaux des versants de ces montagnes, la route d’accès à Vizos se termine par une place de retournement. La fin du bitume ne signifie pas que le chemin s’arrête là, à seulement 818 d’altitude.
On peut continuer la balade, mais à pied, en randonnant vers les hauteurs ou encore vers le village de Saligos, centre de cette commune.
Le sentier traverse une estive, longe une bergerie. Puis se faufile entre deux trois bergeries (rénovées en habitations) avant de descendre un raidillon, attention les pierres glisses ! Voilà, après une demi-heure environ de balade, on arrive à Saligos, centre bourg.
Sassis et ses gaves
Au creux de la vallée et au bord des gaves, le village de Sassis est un lieu de confluence.
C’est dans cette commune en effet que les eaux du gave en provenance du célèbre Cirque de Gavarnie se mêlent à celles du Bastan, un gave, un torrent donc qui dévale les montagnes en passant par la vallée de Barèges.
La promenade le long du Bastan, bien aménagée, peut mener les marcheurs en quelques minutes jusque à Luz. Une passerelle fait office de pont suspendu pour passer d’une rive à l’autre.
En cet hiver plutôt sec, les eaux de ces torrents serpentent paisiblement entre les galets et les rochers. Un lit de cours d’eau qui peut paraître très large pour un si faible débit mais si nécessaire lors des crues. Il permet ainsi de canaliser des flots puissants et tumultueux.
Comme dans tous ces villages, à Sassis, au centre du village trône une église catholique. Architecture romane du XIII ème siècle, un clocher et des cloches ponctuant les heures et les offices. Des cloches balancées par un mécanisme traditionnel dont des éléments sont encore en bois.
Adossé au mur d’enceinte de l’église et de son cimetière, on remarque une petite fontaine … qui a perdu de sa superbe. Une sculpture en bronze d’un bel aigle s’abreuvant la rendait unique, mais il y a quelques années, l’aigle a pris un drôle d’envol ! Envol ? Non, mais plutôt « vol » … crapuleux, bien sûr
Sazos et son clocher
On quitte le fond de la vallée, direction les hauteurs. Une première étape à 830 mètres au bord du belvédère proposant une jolie panoramique vue sur l’ensemble de Sazos.
Un bref crochet vers la place au centre de cette bourgade de 144 habitants.
Comme j’en ai pris l’habitude dans ce récit de village en village, en vedette, voici une photo de l’église locale.
Une église romane (origine XIIe siècle, remaniée et rénovée …).
Le clocher-mur mérite le coup d’œil et une photo avec un cadrage serré, histoire de mettre en valeur les cloches, il y en a 3, et aussi cette statue.
Cet édifice est dédié à St Julien, protecteur des pèlerins et des voyageurs et également des aubergistes.
Un dernier petit détail à propos de Sazos. Juste en face de l’église on trouve l’incontournable fontaine du village, ici, elle est ornée par une simple sculpture de tête de bélier. Un bélier pétrifié qui est bien en place, ce n’est pas comme l’aigle de bronze de celle de Sassis, l’œuvre n’a pas intéressé les voleurs et c’est tant mieux !
Grust et sa route vers les pistes
Le tronçon de la D12 qui passe par le village de Grust est sans doute le plus fréquenté du secteur … aux heures heures de pointe. C’est à dire lors des week-ends et des vacances d’hiver : dans la matinée pour la montée et en seconde partie d’après-midi pour la descente.
En effet, cette route et ces lacets d’altitude mènent aux pistes de ski de « La » station locale, celles de Luz Ardiden.
Mais avant la glisse et le fun, parlons du village, avec une première vue pour une mise en situation. Elle a été prise au crépuscule depuis la vallée . On aperçoit les lumières de Grust, ce sont les plus élevées du versant, sur la droite.
Ensuite voici l’église du village, enfin les deux !
Une cinquantaine d’habitants à l’année (et bien plus lors des vacances hiver/été!) et deux lieux de culte … l’église Saint-Martin.Tiens ! voici un nom qui m’est familier !
Et une chapelle, Ste Anne, toute en bois. Une jolie frise orne la toiture, quant au clocher, il est réduit à l’essentiel, une petite cloche et une simple croix.
Après … le long ruban de bitume serpente sur les pentes du massif de l’Ardiden.
Grust est bien le dernier village avant la station de sport d’hiver. Seules quelques bergeries d’estives, rénovées en résidence pour vacanciers, bordent la route.
Il y a un temps pour la visite des villages de montagne et il y en a un autre pour la glisse sur les pistes de ski … Luz Ardiden , une station d’altitude (1710 → 2500 mètres) créée en 1966 avec 60 kilomètres de pistes de ski.
Même si l’on ne par plus ici de village traditionnel, je ne résiste pas à illustrer le récit par ces photos :
la station et le bas des pistes et une autre des sommets environnants photographiés depuis la Belle Bleue … une longue piste qui permet de dévaler sur 5 km la montagne et de bénéficier ainsi de panoramas d’exception !
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