Dites-moi que je rêve !.. Ce n’est pas possible de lire autant d’âneries (et le dernier message, c’est vraiment le pompon !).
Je fréquente les Padong (“Femmes girafes”) depuis 25 ans et peut même me féliciter d’avoir quelques amis dans leurs villages.
Alors, je vais faire court car il y a des pages complètes à écrire sur le sujet:
1/ Il ne faut pas confondre les Karen Sgaw et Karen Pow (qui vivent en Thaïlande de puis le 17e-18e siècle) et les Padongs, même si ces deux populations appartiennent à la branche linguistique Karenni.
2/ Les Padong sont environ 30 000 en Birmanie et moins de 500 en Thaïlande (répartis en 5 villages). Ils ont commencé à se réfugier en Thaïlande au début des années 1970 lorsque la junte militaire birmane se mit à leur livrer une guerre sans merci ainsi d’ailleurs, qu’à tous les Karen, Shan, etc. (massacres, viols, villages brûlés).
3/ Les Femmes Padong n’ont jamais été obligés de porter leur grand collier de cuivre. Elles sont libres (dans toutes les sociétés Karenni, la femme est d’ailleurs l’égale de l’homme !).
Par contre, il faut comprendre que dans le passé, la richesse d’une famille minoritaire était évaluée en fonction du bétail qu’elle possédait et des bijoux de ses membres féminins. Chez les Padong, le collier de cuivre et les bracelets d’argents (avant-bras et genoux) étaient des signes de prestige et de richesse. Il est parfaitement normal qu’une petite fille de 5 ans veuillent ressembler à sa maman et attende avec impatience le moment où elle aussi, pourra porter les mêmes attributs qu’elle (dont le collier). De nos jours, les jeunes filles Padong (encore peu nombreuses) ayant étudiées à l’université et possédant par exemple des comptes en banque, sont moins enclines à faire perdurer cette tradition. Dans les villages Padong, il n’est plus rare de rencontrer de jeunes adolescentes vêtues à l’européenne et sans collier.
4/ Les Padong sont des réfugiés politiques, aux yeux des Thaïlandais, qui comme je l’ai déjà dit, ne leur ont jamais imposé quoique ce soit. Par contre, la terre sur laquelle ils sont installés ne leur appartient pas. A part quelques potagers proches des villages, ils ne possèdent ni champs ni rizières, comme c’était le cas chez eux en Birmanie.
Leur uniques sources de revenus réside dans les entrées payantes des villages dont une partie est reversée à leur communauté et dans les produits artisanaux qu’ils revendent aux touristes.
On peut toujours s’insurger sur le fait que des Tours opérators aient profité du fait que les Padong intéressent au plus haut point de nombreux visiteurs (d’ailleurs, plus les touristes thaïlandais que les étrangers), mais sans cela, les Padong seraient probablement réduits à la mendicité ou auraient été reconduits derrière leur frontière “manu militari” et auraient probablement été massacrés par les militaires birmans. Bref, le système profite à tout le monde.
5/ Au sujet du zoo humain, rappelons-juste que le plus grand village Padong de Thaïlande, Ban Naï Soi, enregistre 1500 entrées payantes par an, soit un total de 4,1 entrée touristique par jour !
Conclusion : avant de raconter n’importe quoi, il pourrait être intéressant de prendre quelques renseignements. Les 500 Padongs n’ont pas choisi de de venir vivre en Thaïlande. Plusieurs de mes amis portent encore les impacts de balles tirées par les soldats birmans et ont perdu des membres de leur famille tués par les mines. Ils ont quittés la terre de leurs ancêtres mais comme le dit une de mes copines “au long cou”: “je suis triste mais au moins ici, je peux voir mes enfants se promener et jouer sans avoir à trembler pour eux !”
Le gouvernement Thaïlandais, comme il l’a déjà fait pour de nombreuses autres ethnies minoritaires (Royal Project, etc…), a su gérer cette situation délicate, d’une façon plutôt réussie. Les Padong ont été installés dans des villages proches de ceux d’autres ethnies (Karen ou Akha), non gardés, qui peuvent leur apporter leur aide (je l’ai vu lorsqu’en 2007, le village Padong de Wat ban Nana Pao a brulé !). Ils bénéficient de soins dans certains dispensaires thaïlandais et commence à pouvoir scolariser leurs enfants.
Et nous Français, qui sommes-nous pour donner des leçons ?!.. Je rappelle que dans les années 80, nous avons connus une situation similaire, lorsque le Surinam était en guerre. La différence est que lorsque les Surinamiens se réfugiaient en Guyane Française, chassés par les combats, nous les parquions dans des camps (St Laurent et St Jean), entourés de barbelés et gardés par des militaires !
Enfin, depuis un an et demi, la situation s’améliore en Birmanie (Myanmar). Les combats ont cessé. J’ai demandé à plusieurs amis Padong s’ils souhaitaient rentrer chez eux à moyen terme ?
Et bien, certains m’ont répondu oui, et d’autres, m’ont dit qu’ils préféraient demeurer en Thaïlande car leur situation était bien meilleur ici. Comme quoi !!!..