Voyager plus près de chez soi … le slogan est d’actualité en cette période de risques sanitaires pour les destinations plus lointaines.
Ainsi, j’ai (re)découvert récemment le charme des paysages des côtes et des îles de Charente-Maritime depuis La Rochelle jusqu’à Saint Georges de Didonne, le long des rivages de l’Atlantique puis de l’embouchure de l’estuaire de la Gironde.
En points forts de mon récit, les phares qui jalonnent le littoral y tiennent une bonne place mais ils ne sont pas les seuls …
Bonne balade, virtuelle certes mais particulièrement illustrée par de nombreuses photos.
La Rochelle
Le début de ce voyage en région se donne des airs d’escapade aux confins du monde, pourtant nous ne sommes qu’à La Rochelle. Là, au bout de la Pointe des Minimes, ce phare nous fais voyager, par la pensée, jusque très loin vers les Terres de Patagonie.
Ce “Phare du Bout du Monde”, c’est son nom, est la réplique exacte d’un phare construit en 1884 et situé à quelques 12780 kilomètres, au-delà des océans, sur une île de la Terre de Feu.
Cette construction octogonale faite de bois, en bord de la côte de Charente-Maritime est le résultat du projet d’un aventurier de la région, André Bronner, qui a eu l’initiative d’ériger ici ce phare bien insolite.
Inauguré et mis en lumière le 1 janvier 2000, son faisceau porte en mer jusqu’à 27 kilomètres. Mais on le constate en voyant ces bâches qui masquent une partie de sa structure, il est actuellement en travaux.
On peut s’essayer à jouer les gardiens de phare en passant 24h dans ce phare (du bout du monde !) et éprouver ainsi la sensation de l’isolement en pleine mer. Le vécu de cette expérience enchante paraît-il les amateurs selon l’association qui gère les réservations.
La brume de cette matinée grise l’horizon … comme lors des intempéries de Patagonie, cependant la mer est calme et basse. Cela me permet donc de marcher sur le plateau rocheux et d’aller au plus près … de ce bout du monde.
Seules rencontres en ces lieux, des oiseaux marins et deux pêcheurs à pied, ils allaient à la recherche de pétoncles m’ont-ils dit.
Le pittoresque port de La Rochelle est notre seconde étape dans la ville. De ce quai on devine derrière cette “forêt” de mats les silhouettes des célèbres T****ours de La Rochelle.
Elles sont emblématiques de cette ville portuaire au riche passé.
Une cité fortifiée à la fois importante place militaire et aussi port commercial florissant avec des échanges vers l’Europe du Nord et les Amériques.
Une ville un temps française (1137) puis anglaise (1152) selon les mariages successifs d’Aliénor d’Aquitaine.
Une agglomération assiégée de 1627 à 1628 en raison de la foi protestante de la majorité de ses habitants avant de capituler, affamée, devant le roi Louis XIII qui rétablit alors la religion catholique … et les impôts !
Voilà, en juste quelques mots un aperçu de l’histoire particulièrement mouvementée de la cité rochelaise.
Au Moyen-Âge, cette Tour de la Lanterne était un amer pour les marins avec sa flèche s’élevant à quelques 55 mètres de hauteur, on la voyait ainsi depuis le large. Pour la rendre encore plus visible la nuit, elle était dotée d’une lanterne, c’était donc un phare à l’époque médiévale.
Dès le XVIe siècle, elle sera utilisée comme prison. En la visitant on peut voir au second étage les imposantes portes des cellules avec leurs énormes verrous.
Sur les murs, quelques pionniers ont purgé leur peine en se transformant en artistes graveurs et graffeurs. Près de 600 graffitis ont été gravés sur ces parois de pierre, des noms, des poèmes et des navires …
Parvenu tout en haut, au 6ème niveau de la tour, à quelque 38 mètres de haut, une galerie extérieure permet de bénéficier d’un point de vue impressionnant. Le passage est très étroit et la vue devient vertigineuse.
Sur la gauche, la ville, le port et côté océan, le grand bleu.
La vue au loin de la grande marina avec ses milliers de bateaux sagement alignés confirme ce que l’on savait déjà : La Rochelle a toujours été orientée vers la mer et la navigation, autrefois (port militaire et commercial) et encore de nos jours (port commercial et de plaisance).
Au passage, on jette un coup d’œil à cette étroite tourelle située à proximité de la flèche sans oublier d’observer les gargouilles, de surprenantes créatures animales légendaires.
La Tour le Lanterne … une tour qui dans le passé aura servi de phare, de prison et de belvédère de guet et aujourd’hui d’un monument dont la visite vaut le détour, c’est à dire la montée.
On enchaîne les découvertes avec la Tour de la Chaîne.
Un nom simple qui fait référence à la grosse chaîne qui contrôlait autrefois l’entrée du port. Elle était manœuvrée depuis cette tour. Le capitaine de service ouvrait aux bateaux le passage vers le port … une fois les taxes portuaires acquittées.
Ensuite, cette tour fut utilisée pour stocker des barils de poudre mais cette poudrière partie en fumée en raison d’une explosion accidentelle ! Et la tour ronde de rester à ciel ouvert pendant trois siècles avant d’être restaurée en partie, sans son toit conique.
De nos jours, on peut la visiter et profiter du point de vue panoramique depuis son toit terrasse, par ailleurs ses salles sont utilisées comme lieu d’exposition.
Et de trois ! trois, le nombre des fameuses tours du port rochelais.
Les voici bien alignées, prises là sous un autre angle de vue. En point fort et en premier plan voici la plus haute, la Tour Saint-Nicolas. Elle domine l’ensemble du port de ses 42 mètres.
Sa construction a posé quelques problèmes aux bâtisseurs de l’époque (XIVe siècle). Des pieux de bois étaient utilisés comme fondations, seulement avec un sol des plus vaseux cela n’a pas vraiment suffit à stabiliser le lourd édifice … la tour a par la suite légèrement basculé ! On peut le constater depuis ce point de vue : la tour penche … mais bon, rien à voir avec la célèbre tour vraiment penchée de Pise.
Une terrasse sommitale située à 37 mètres de haut offre aux visiteurs une vue imprenable sur l’ensemble de la ville, de quoi donner une irrésistible envie d’y grimper …
En visitant un telle tour fortifiée, on s’attend à découvrir sur plusieurs niveaux de simples salles aux formes arrondies. Mais en arpentant les escaliers on a l’impression de pénétrer dans un vrai dédale de pièces aux fonctions très précises : salle de la vigie basse avec vue sur l’entrée du port, une petite chapelle, une salle plus équipée, c’était celle qu’occupait le capitaine, puis une salle pour les gardes et ensuite une salle de veille dotée de banquettes en pierre et d’une cheminée.
Nous voici à l’extérieur sur un chemin de ronde d’où entre deux créneaux on bénéficie d’une vue plongeante sur l’alignement des deux autres tours …
Et si dans le temps, la vue la plus scrutée par les gardes étaient celles vers le chenal et le large : des navires ennemis s’apprêtaient-ils à assaillir la ville ? De nos jours, les observateurs/visiteurs/contemplatifs/photographes s’orientent bien plus vers le panorama donnant sur le port.
Juste en contrebas, mon regard et mon objectif vont être captés par la vue de ce petit phare joliment entouré d’un bosquet. Le Phare du Gabut.
D’en bas, depuis les quais, le lieu est coquet avec cette ancienne maison des éclusiers.
Au bord du bassin à flot et au fond du vieux-port, il existe un autre phare, bien plus esthétique. Un phare à la tour octogonale encastrée dans la façade d’une maison mansardée.
Ce phare construit en 1852 sur quai Valin est souvent nommé le P****hare vert … même si le hasard de la prise photo montre un feux rouge, mais un feu au sol réglant seulement la circulation.
Ce phare dit d’alignement construit en 1852 a été surélevé ensuite pour éviter que son faisceau blanc fixe se confonde depuis le large avec les lumières de la ville. Quant à l’alignement de cette colonne blanche et verte, c’était avec la tour blanche et rouge du phare du Gabut.
Pour animer le sommet de sa tour, même en journée, une lampe blanche clignote par intermittence.
Pour donner encore plus de lumière à sa lanterne, je me plais à le cadrer avec la vue de ce rayonnant soleil, un contre-jour éblouissant !
Déambulant sur les quais, parmi le flot des passants quelques notes d’une musique particulièrement dépaysante attirent mon oreille. Cette joueuse de cithare chinoise me plonge immédiatement dans quelques uns de mes souvenirs de voyage lointain. Des notes aiguës qui m’évoquent un moment de flânerie dans le cœur historique de Shanghai ou celui d’un spectacle d’opéra chinois …
En arrière-plan on aperçoit encore une autre tour de La Rochelle : la Tour de la Grosse Horloge. Autrefois, elle constituait une porte entrée au sein de l’enceinte fortifiée qui protégeait le centre de la cité.
Quelques pas plus loin, voici le bâtiment de l’Hôtel de ville de La Rochelle. Une bâtisse historique à l’architecture hétéroclite alliant le style Renaissance et le Gothique flamboyant … ce qualificatif pourrait presque paraître un peu déplacé au vu du terrible incendie qui en juin 2010 a fait partir en fumée une grande partie de la charpente et des toitures.
Dans la cour intérieure du bâtiment une photo témoigne de ce drame.
Mais un tel patrimoine se devait d’être restauré à l’identique, on peut le constater, la réalisation est assurément très réussie.
Cet édifice possède une élégante Tour beffroi qui domine toute la bâtisse.
On ne saurait quitter la vieille ville sans pousser la balade jusqu’à la rue de L’Escale. Une des dernières rues de la cité encore pavée de gros galets arrondis venu d’au-delà des mers … en effet, ces blocs de pierre servaient de lest dans les cales des bateaux avant d’être foulé par plusieurs générations de rochelais.
Dans la rue de l’Escale on ne manquera pas d’observer les anciennes arcades et les façades des demeures du XVII et XVIIIe siècle … sans oublier les alignements colorés des emblématiques fleurs de la région, les jolies roses trémières toute en fleurs en ce mois de juin.
Rue de l’Escale … et on pense de suite dans une ville portuaire à un nom en rapport avec les “escales” des navires. Et bien, ce nom n’a vraiment rien à voir avec la navigation. Non, non, pas du tout ! Il rend en fait hommage à Jean de Lescale (sans apostrophe), c’était un conseiller du Roi et le président du Présidial de 1638 à 1663.