Voyager plus près de chez soi … c’est tendance actuellement avec cette période en****core à risques sanitaires pour les destinations plus lointaines.
Ainsi, j’ai (re)découvert récemment le charme des paysages des côtes et des îles de Charente-Maritime depuis La Rochelle jusqu’à Saint Georges de Didonne.
Dans mon récit, les phares qui jalonnent le littoral tiennent une bonne place mais c’est aussi l’occasion d’évoquer d’autres aspects de ces côtes.
Dans une première partie *, j’évoquais principalement La Rochelle, les îles de Ré et d’Aix.
Dans ce second volet, place à l’île d’Oléron puis à la côte royannaise …
Île d’Oléron
Voici Oléron, la plus grande île des côtes de Charente-Maritime. Une île devenue quasiment une presqu’île … en effet, elle est reliée par un cordon ombilical depuis 1966, un pont d’un peu plus de 3 kilomètres permet d’enjamber le bras de mer et d’atteindre le rivage insulaire.
Une fois arrivé sur Oléron, je n’ai qu’une envie, rouler jusqu’à l’extrémité ouest de l’île. Pourquoi ? C’est en ce lieu que l’on trouve le principal phare du territoire : Chassiron, la lumière d’Oléron.
Une trentaine de kilomètres parcourus par la route principale qui traverse l’île et une petite heure après (il y avait un peu de circulation, limitation de vitesse et la lente traversée de quelques bourgs …), nous voilà au pied du phare.
Avec ses bandes noires, sa colonne se remarque, c’est fait exprès bien sûr ! et puis cela permet aux marins de le différencier du phare de l’île de Ré, l’île voisine.
C’est le printemps et une des premières vues sera champêtre avec au sol cette prairie en fleurs. « Tonte tardive » est indiquée, c’est la tendance actuelle pour préserver la biodiversité, de bonnes initiatives qu’apprécient tous les amoureux de la nature.
Bon, il y a bien sûr une allée bitumée pour accéder à ce phare édifié en 1836. On lève le regard vers la colonne haute de 46 mètres en pensant à la grimpette qui nous attend : 244 marches pour atteindre passerelle et lanterne, sans oublier la vue panoramique.
Un gardien au costume sombre, casquette vissée sur la tête et visage de cire, attend les visiteurs en haut de la tour. Cette silhouette évoquant le souvenir des anciens gardiens du phare ; Chassiron comme la plupart des phares de nos côtes est maintenant électrifié, le seul personnel présent se trouve à l’entrée, en bas : billetterie et boutique souvenirs.
La lanterne est le point fort du phare, avec les reflets du soleil elle éblouie même en pleine journée. La nuit son faisceau porte au large jusqu’ à 52 kilomètres, par temps clair.
A l’extérieur, depuis la passerelle, La vue panoramique sur 360° captive le regard qui machinalement balaie rapidement l’horizon … avant de l’observer plus en détail.
Le bleu de l’océan, au loin, tutoie celui du ciel … maintenant le coup d’œil se dirige vers la côte entre estran et landes.
On se demande souvent si la vue depuis le haut d’un phare (ou aussi depuis le rivage) est plus impressionnante à marée haute ou pendant la marée basse ? Les deux, j’ai envie de répondre ! En tout cas, ici, la marée basse avec ses eaux qui se sont retirées laisse apparaître un estran très étendu, strié de lignes et de courbes rocheuses des plus esthétiques. Certaines lignes sont en fait des constructions humaines faites d’amas de pierres constituant des écluses à poissons. Une technique de pêche ancestrale qui fait encore le bonheur de quelques adeptes. On en aperçoit quelques uns en pleine activité.
Comment fonctionnent-elles ces fameuses écluses à poissons d’antan ? A marée haute elle se remplissent d’eau de mer et de poissons qui ont la mauvaise idée d’y faire un tour. Car à marée basse, les malheureux se trouvent ainsi piégés par ces murets artificiels … et aux pêcheurs à pied de capturer à la main les prises : dorades, bars, mulets, maquereaux …
Une écluses à poissons est reconstituée dans le parc du phare afin de permettre aux visiteurs intéressés de mieux comprendre leur fonctionnement.
Un dernier détail au sujet de ces écluses. Elles permettent de capturer des poissons mais elles font office aussi de brise-lames et protègent donc le littoral des assauts des vagues lors des tempêtes d’équinoxe.
Du sommet du phare, on scrute l’horizon mais on jette également un regard vers la vertigineuse vue plongeante vers le pied du phare. Le jardin en « Rose des vents » vaut l’observation, ici une vue côté Sud comme l’indique ce « S ».
De l’autre côté siège une autre tour (plus petite) avec des antennes et quelques bâtiments, ils constituent une station radar datant de la Seconde guerre mondiale ; elle faisait à l’époque partie du fameux Mur de l’Atlantique.
Pas de doute, le vent doit souffler avec force à la mauvaise saison aux alentours du phare, cet arbre aux branches ébouriffées horizontalement en témoigne.
Un clin d’œil avec cette pancarte qui nous fait voyager par l’imagination … en cette période de (fin?) de pandémie, de telles indications font encore plus rêver qu’auparavant.
On quitte le noir et blanc du phare pour un lieu où la palette de teintes s’avère plus complète. Direction vers la plage de la Borie de Saint-Denis d’Oléron, c’est à peine à deux kilomètres plus loin.
Colorées, coquettes et bien décorées toutes ces cabanes sont alignées en front de plage … sur trois rangées elles font l’attraction et la décoration du lieu.
En ce matin du mois de Juin, il n’y a pas foule sur le sable et toutes ces pimpantes cabanes sont fermées. Les estivants ne sont pas arrivés en cette période printanière. L’observation et la prise de photos en seront facilités, je ne m’en plains pas.
Et voilà que je retrouve l’image de phares, peints de façon naïve sur plusieurs de ces cabanes de bois ; à l’honneur, bien sûr, c’est le phare de Chassiron qui joue la vedette.
A proximité de la plage, le long de la digue s’étire le port de plaisance, là aussi, les bateaux attendent leurs sorties estivales.
Autre plage de cette côte au nord de l’île, celle de La Brée-les-Bains et là, on peut faire d’autres rencontres : Jeanne, Marthe, Marie … non, ce ne sont pas de sympathiques oléronnaises mais les noms d’autres cabanes de plage. Des prénoms féminins mais seulement une présence humaine lors de mon passage, un homme dont je n’ai pas le prénom, il promenait tranquillement son chien. Et si ces cabanes paraissent moins pimpantes que celles de la plage de la Borie, c’est surtout parce qu’un nuage de brume est venu voiler le soleil lors de ma prise photo.
Séduit par ces charmantes cabanes, je les ai dessiné puis coloré … un souvenir artistique, sans prétention, et une vue en perspective sous un autre angle.
L’île d’Oléron, par sa superficie est la seconde plus grande île des côtes françaises après la Corse, aussi, elle ne se résume pas seulement à des rivages touristiques.
Sur Oléron, l’agriculture est une activité qui a toujours sa place, ainsi on chemine en se baladant parmi des champs de céréales et des parcelles de vignes.
Autre récolte oléronnaise, celle de l’or blanc de l’île : son sel. Ici du côté du hameau de Sauzelle, une partie du paysage est quadrillé par des marais salants.
L’occasion d’une petite halte à la rencontre d’un saunier qui va nous vanter sa « production de luxe, la fleur de sel » déclinée en grains fins ou moyens … pour nous ce sera un petit sachet de fleur de sel, grains fins.
Le monument le plus connu du secteur, il se trouve au large de l’île, on aperçoit sa silhouette massive depuis la belle plage des Saumonards. Je veux parler du célèbre Fort Boyard dont la renommée ne vient pas de son rôle défensif et décisif contre un quelconque assaut ennemi … mais de son utilisation depuis de nombreuses années pour une célèbre émission de jeux télévisés.
D’un fort à l’autre … passés la forêt de chênes verts et de pins puis la bourgade de Boyardville voici le Fort Royer.
Un fort qui n’en a que le nom car il s’agit là d’un village ostréicole. Une site devenu incontournable lors d’une visite de l’île.
Avec toutes ses cabanes aux couleurs chatoyantes, ses chenaux, pontons et terrasses pour de savoureuses dégustations d’huîtres locales, le lieu vaut que l’on s’y rende.
Ce village ostréicole est sorti de l’abandon grâce aux efforts des dynamiques membres d’une association qui depuis 25 ans ont décidé de faire revivre ce patrimoine. A grand renfort de démarches administratives, de travaux et de coups de pinceaux … le résultat est, on le constate, particulièrement réussi … même si la rançon du succès fait qu’en pleine saison estivale, les lieux sont parfois sur-fréquentés, d’où l’intérêt d’y flâner si possible hors saison.
Au centre de l’île, une ancienne tour domine les habitations de la petite ville de Saint-Pierre d’Oléron. Avec sa silhouette qui évoque celle d’un phare, une telle colonne ne pouvait évidemment que susciter mon intérêt et donc une halte.
A défaut d’être un phare, cette tour octogonale date du XII ème siècle. Il s’agit d’une « Lanterne des Morts » édifiée en ce lieu qui était autrefois le cimetière de la paroisse. Elle perpétuait le souvenir des défunts avec la flamme de son lanternon perché à plus de 20 mètres de hauteur.
Un peu plus loin, sur la côte, précisément à La Cotinière, un autre édifice rend hommage aux disparus en mer, marins et sauveteurs. Notre Dame des Flots vieille sur le port depuis la dune où elle a été bâtie.
A l’intérieur, la Chapelle des Marins rassemble des ex-votos sous forme de vitraux d’art, de bateaux et de croix disposés sur un Mur de la Mémoire.
La Cotinière, c’est Le port de pêche d’Oléron, un petit port qui est tout de même le 7 ème de France. On est fier ici de préciser que les pêcheurs locaux pratiquent une pêche artisanale : soles, bars de ligne, céteaux, langoustines, crevettes … que l’on retrouve sur les étals des poissonniers, sur les quais, au marché ainsi que sur les « bonnes tables » qui donnent sur le port.
Un port où les bateaux de pêche sont au repos en cet après-midi avant de regagner le large afin de remplir leur cales.
Tiens ! En voilà un qui accoste au quai en face des hangars.
Un port dont l’entrée est balisée par un petit phare au sommet rouge. Je ne pouvais, bien entendu, m’empêcher de le photographier.
Poursuite de la balade oléronnaise avec la visite d’un autre port. Le petit port des Salines. Il est situé au bord d’un canal dans l’intérieur des terres, près des marais-salants. Avec un tel nom, on pouvait s’en douter.
Voilà une image qui m’est familière … pas pour être venu fréquemment dans ce lieu mais parce que j’ai à mon domicile une affiche qui représente ces cabanes hautes en couleurs. La lumière est idéale en cet après-midi, il y a même quelques reflets qui dansent à la surface de l’eau, la scène est parfaitement photogénique. Clic, clac !
Il faut faire quelques pas sur les buttes de terre qui délimitent les bassins où le sel est « récolté » pour rencontrer un saunier en plein travail. Les gestes sont lents, très appliqués pour receuillir juste à la surface de l’eau, la fine croûte de sel, à savoir la fameuse fleur de sel. L’or blanc de l’île, résultat de la conjonction du soleil, du vent, de l’évaporation et aussi du savoir-faire des sauniers locaux.
Notre tour d’Oléron se termine au sud à la plage de Gatseau.
Une fois passé le centre de Thalasso, il n’y a plus rien … « rien » voulant dire ici qu’il n’y a plus aucune construction sur le front de plage mais là, on découvre finalement l’essentiel : une nature vierge. Des eaux claires, une anse de sable fin bordée d’une forêt de pins et de chênes verts, et pour horizon ? le continent et sa pinède littorale. Assurément, un lieu de charme que l’on quitte avec regrets.
Le pont viaduc est maintenant en perspective, au revoir Oléron …