Le Sri Lanka, que nous avons visité en février 2017 s’est révélé être une grosse déception.
Nous avons l’habitude de voyager seuls, et cette fois-ci nous avions choisi un circuit en groupe, mais nos considérations s’appliquent en général.
Ce qui nous a fortement déplu c’est le côté attrape-touristes. On constate que les routes au Sri Lanka sont toutes neuves, le parc automobile est très récent avec beaucoup de voitures de bon standing (des prius, ou en tout cas, bien au-dessus des Logan). Le prix des hôtels est excessif quand on considère la propreté (couvre-lits sales, salle-de-bains dégueulasses), la qualité de la déco et des finitions, le niveau de service offerts. On se demande où va l’argent que les touristes dépensent en quantité dans l’île. D’autant qu’en plus du prix du circuit, il faut donner des pourboires à tours de bras à tous les adolescents qui portent les bagages dans les hôtels, au chauffeur de la jeep de tel safari prévu dans le circuit, au type qui surveille les chaussures à l’entrée des temples bouddhistes (qui s’attendrait à se faire piquer des chaussures à l’entrée d’un site religieux ?!!?) etc, etc.
Il y a aussi une tendance du peuple Sri Lankais à prendre les touristes pour des vaches à lait, voire pour des pigeons. C’est là où la comedia del arte entre en action : si vous avez le malheur de croiser le regard de quelqu’un, même un enfant, il va vous raconter une histoire misérable pour vous demander le l’argent en jouant sur la corde sensible. Or le Sri Lanka n’est pas spécialement pauvre, quand on compare les habitations et le niveau de vie de la population, à d’autres pays que nous avons visités. Pareillement, ne vous attendez pas à voir de vraies cueilleuses de thé, ce sont des femmes qui viennent pour se faire prendre en photo par les touristes et empocher ainsi en une demie heure le salaire qu’une cueilleuse se fait en une semaine de travail. Même topo pour les pêcheurs sur échasses de Weligama qui ne pêchent plus comme ça depuis des décénies mais viennent ramasser les sous-sous des touristes en échange d’une photo, car c’est bien plus lucratif que de pêcher du menu fretin. L’orphelinat des éléphants qui n’est pas du tout un orphelinat mais un terrain jouxtant la réserve d’animaux “sauvages” où est quotidiennement attiré tout le troupeau pour le bonheur des touristes (ah oui, et si vous voulez donner du lait en poudre ou bien des dons d’argent, en plus du ticket d’entrée, vous serez les bienvenus). Encore une fois, le mot orphelinat n’est là que pour faire vibrer la corde sensible. D’ailleurs on croise plusieurs “orphelinats d’éléphants” sur l’île ainsi que des dizaines de “centres de protection” des tortues.
Le clou de l’absurde : notre circuit prévoyait une visite d’une école. Bien sûr, avant l’arrivée à l’école est commodément planifié un stop à la papèterie où la vendeuse vous recommande les stylos, cahiers et tout le toutim à acheter. Eh oui, c’est évident, c’est ça qu’on veut inculquer aux enfants ceylanais : le touriste est “riche”, vous vous êtes “pauvres”. C’est normal que le touriste fasse l’aumône en amenant des cahiers et stylos à profusion (bien au-delà du nécessaire). Le touriste se soucie de votre éducation et de vos études : d’ailleurs que peut-on bien faire au Sri Lanka avec des études ? La réponse: pas grand chose, il vaut mieux être doué de ses mains ou bien avoir étudié le théâtre pour perpétuer la tradition de la comedia del arte. Et, pour rappel, la richesse matérielle n’est pas un idéal de vie dans toutes les sociétés, et surtout pas chez les bouddhistes. Vous ne trouvez pas que c’est un peu pervertir les Ceylanais qui ont une très belle île et un climat fabuleux, que de leur inculquer que la richesse matérielle c’est le must dans ce monde ? Et qu’on peut facilement la soutirer des gogos de touristes ?
Absurde pourquoi ? Parce qu’en arrivant à l’école on s’aperçoit que les enfants sont en maternelle et donc au stade du dessin et du coloriage et qu’ils n’ont donc que faire des stylos et cahiers à lignes et à carreaux que la vendeuse de la papèterie a soigneusement conseillés… Enfin, c’est pas grave, je suppose que toutes ces fournitures scolaires sont de toute façon immédiatement revendues à la papèterie qui les revendra au prochain car de touristes… Beau business !
Enfin, grâce à tous les touristes qui ont joué le jeu pendant des années, on se retrouve maintenant avec des relations avec la population locale complètement faussées, perverties et absolument inauthentiques au possible.
Je voudrais aussi retirer une idée fausse qui est que c’est comme ça partout à l’étranger : NON ! j’ai visité des pays plus pauvres où il n’y a pas de mendicité à tous les coins de rue. Les gens ont d’autres idéaux de vie que les nôtres, ils vivent leur vie, travaillent, cultivent leur terre et nous participons au développement de leur pays par notre consommation sur place, et non pas par les pourboires ou l’aumône. C’est à leur gouvernement de faire en sorte que la richesse soit bien distribuée, pas aux touristes qui se comportent alors comme des colons.
Rien à voir avec Bali qui est bien moins peuplée, et beaucoup plus authentique, dans mon souvenir (en 2008).