3ème semaine : la côte béninoise
Arrivée à Grand-Popo, nous posons nos sacs au Lion’s Bar (vivement recommandé !). Ambiance rasta-roots géniale ! Qui n’a pas rêvé de refaire le monde sur une plage au coucher du soleil, en sirotant noix de coco fraîche ou rhum arrangé ? Les premières heures du dimanche nous trouvent encore sous les étoiles sur la plage, bercés par le bruit des vagues.
Il en faut peu pour être heureux
Ce sera pourtant un lever aux aurores le dimanche matin, pour rejoindre Avlo et le bout du monde : Là où le fleuve rejoint la mer, il ne reste rien que le sable et quelques déchets rejetés par les flots.
De la bouche du Roy, nous rentrons à pied, 15km le long des plages, espérant apercevoir une tortue un peu précoce, ou un dauphin à l’horizon. Nous nous contenterons de noix de coco et de la remontée collective des filets de pêche.
Sur cette dernière, il convient de noter que les pêches semblent de plus en plus faibles, avec des quantités invraisemblablement petites. Pourtant, dans le même temps, les mailles minuscules des filets permettent la capture de poissons de quelques centimètres seulement, interdisant toute régénération des stocks… Assiste-t-on ainsi à la fin de l’activité de subsidence de centaines de personnes ? Combien de temps pourront-ilsencoretenir avec des stocks de plus en plus faibles qu’ils malmènent tant.
70 personnes, pour finalement remonter quelques dizaines de kilos, est-ce encore vraiment viable…
A ce titre, les gouvernements auraient un rôle important à jouer, en terme de sensibilisation, de réglementation et de contrôle, pour imposer des normes strictes et permettre, peut-être, une recomposition des bancs de poissons, et donc la survie de tous. L’écologie est peut-être une préoccupation de riche, mais aujourd’hui, la destruction de l’environnement menace chacun
De Grand-Popo, nous remontons vers Possotomé, en taxi brousse puis en moto pour les 20 derniers kilomètres. Nous posons nos sacs au gîte d’EcoBénin, puis partons faire le tour du village. Nous passons la fin de journée sur les avancées dans le lac : un verre au coucher de soleil Chez Théo, ponton et terrasse sur pilotis, romantique à souhait, puis repas Chez Préfet, drôle de cabane sur pilotis un peu plus rustique, mais avec un cachet fascinant digne d’un décor de film
Au matin, c’est Denis, pêcheur au lac et guide assermenté par EcoBénin, qui nous emmène découvrir légendes du lac, culture locale et pêche traditionnelle. Une excursion en pirogue fascinante sur une eau calme, mais d’où nous ne remontons que des filets vides (on est en période de crue, et l’eau douce aurait tendance à chasser les poissons vers les eaux plus saumâtres de l’embouchure du lac).
Apprentissage du lancer de l’épervier avec Denis, lac Ahémé
De nouveau, nous reprenons la route dans l’après-midi, cette fois pour rejoindre Ouidah. Nous sommes agréablement surpris par le calme de la ville, qui contraste avec toutes les autres : dès qu’on quitte la grand-route pour flâner dans ses ruelles, Ouidah a un rythme paisible, avec ses ruelles ensablées et ses airs d’autrefois, rappelés par une architecture d’époques disparues. Si la visite du temple des pythons nous laissera un peu sceptique (vous êtes bienvenus, mais l’entrée coûte tant, plus tout ça pour les photos, et vous pouvez également payer pour faire un souhait au pied de l’arbre sacré, ainsi que pour avoir un python autour du coup… et n’oubliez pas le guide en sortant ), j’aurais quand même eu la stupéfaction de voir ma douce avec un énorme python autour du coup sans même un mouvement de recul (sans payer, et sans photos ;)… Si cette visite nous aura donc un peu déçu, la fin d’après-midi à rire avec des enfants sur la place du fort portugais, à flâner sur le parvis de la cathédrale et à grignoter dans les ruelles nous aura bien consolé. Au coucher du soleil, la terrasse de notre hôtel nous permis de profiter tranquillement de la fin de soirée en profitant des musiques qui montent de la rue (et qui ne s’arrêteront pas de toute la nuit )
Au matin, nous remontons à pied la route des esclaves jusqu’à la mer, et à la porte du non-retour. Nous poursuivons jusqu’à la porte du retour, petit musée posté un peu plus loin pour accueillir le retour de la diaspora. Certaines salles peuvent y apporter un peu de l’émotion et de la mémoire qu’il manque à la route elle-même
Au retour, quelques coups de jumelles en traversant les marais permettent l’observation de quelques espèces sympas notamment parmi les petits hérons et martin-chasseur. Après la visite du fort portugais, nous reprenons encore une fois la route, pour rentrer enfin à Cotonou à la nuit tombée.
Apparemment, tout le monde a l’air d’accord sur le fait que le site est bon pour la pêche
Le mercredi, nous faisons de là l’aller-retour à Porto-Novo sur la journée. Nous savions pourquoi nous y allions, et nous n’avons pas été déçus : le centre Songhaï est un fantastique modèle d’agriculture intégrée et adaptée aux atouts du territoire. Véritable fourmilière à idée et à projet, le centre pourrait être l’une des clés de l’Afrique de demain… Y’a plus qu’à, bonne chance les amis !
Cotonou de nouveau, que je n’ai pas encore pris le temps de découvrir. Pendant que Clémence récupère un peu du rythme de ces derniers jours, je vais me perdre dans le marché, et surtout y rencontrer les fabricants de grigris. Les échanges sont cordiaux, eux heureux de découvrir les noms officiels des innombrables espèces sauvages qui tapissent leurs étals, moi curieux de comprendre l’ampleur du phénomène, son impact… Heureux du temps passé là, et malgré tout un peu perturbé par la quantité d’espèces et d’individus décimés par ces pratiques… (je tiens un court rapport en anglais à la disposition de ceux qui s’y intéressent un peu).
Croco, panthère, tortue de mer ou antilope, babouin ou chien domestique, tout y passe…
De même, un peu plus tard sur le port, nous découvrirons de nombreux requins destinés à la découpe… Dure réalité que le massacre de la biodiversité
Heureusement, Cotonou recèle aussi bien des merveilles que nous prenons plaisir à découvrir, ses petits maquis, ses plages infinies, ses tailleurs, ses marchés
Escale à Ganvié le mercredi, où nous retrouvons une amie routarde de passage avec qui nous avions déjà passé du temps en brousse dans le Nord. Ensemble, nous nous laissons porter entre les maisons sur pilotis, guider par les rues et entre les pirogues du marché… Une sympathique visite dans la Venise du Bénin (le romantique et les touristes en moins).
Jour de marché dans les “rues” de Ganvié…
Pour mon dernier week-end dans le pays, nous faisons le choix d’un retour à Possotomé, pour laquelle nous avions vraiment eu un coup de foudre. L’après-midi, c’est Benoit (un autre guide EcoBénin) qui nous emmène à la recherche des singes Mona dans l’une des forêts sacrées du lac. Magnifique rencontre de brousse avec ces petits singes, pas trop inquiets de notre présence.
Un dernier repas somptueux de gambas grillées sur les terrasses si agréables de Chez Théo pour notre dernière belle soirée. Le lendemain matin, nous empruntons un canoé pour un dernier tour sur le lac avant de rentrer
Voilà, ainsi s’achève la 3ème et dernière partie de notre voyage, avec une dernière escapade sur le lac Ahémé
Nos coups de cœur :
Les auberges : le Lion’s Bar à Grand-Popo pour son ambiance, le gîte de Possotomé pour son calme et son accueil, l’auberge du Retour de la diaspora à Ouidah pour son calme, sa tranquillité et son très bon petit resto.
La terrasse de Chez Théo (Possotomé), probablement LE truc le plus romantique du pays, bien agréable (sans tomber dans le gaga)
Les explos avec EcoBénin au départ de Possotomé : Au fil de l’eau, forêt sacrée des singes Mona
En fait, Possotomé, the place to visit !
Le centre Songhaï, à Porto-Novo, et son modèle agricole hallucinant
Le marché Dantokpa, la rencontre avec ses vendeurs, l’ambiance générale du plus grand marché d’Afrique de l’Ouest
Nos déceptions :
La pêche incontrôlée : même les plus petits poissons y passent, pour ne rien dire des requins, dauphins et tortues de mer
Le massacre incontrôlé de la biodiversité
Le pillage des ressources naturelles de toute l’Afrique de l’Ouest, étallé en grand sur un marché…