Lyon, TGV en provenance de Bruxelles direct Marseille pour prendre nos quartier à l’hôtel Ibis 65€ la chambre double.
Marseille Alger bateau Jean Nicoli compagnie Corsica Linéa 150€/personne, possibilité couchette. Autre compagnie possible Algérie Ferries. Avant, embarquement sous la Cathédrale Major, trop facile à pied depuis le vieux port. Maintenant, embarquement 5km plus loin Terminal International 3 Cap Janet par le bus 35 arrêt Terminal Maghreb depuis la Major. Bateaux une fois par semaine les mardi, embarquement 7h30, départ 10h. Arrivée Alger la blanche après 24h de traversée. Plus romantique que l’avion. Il y a un peu de houle. Ça tangue un peu. Tout le monde danse. Autre possibilité avec Corsica Linéa Marseille Bejaïa (Kabylie).
Plaisir d’arriver à Alger par la mer. Tranquille à pied à l’hôtel Terminus 16€/4000 dinars chambre grand lit avec balcon sur le théâtre, le café Tantonville et le square Port Saïd et les changeurs au black. Au change officiel 1€=140 dinars. Au marché noir 1€=250 dinars. Presque le double. Apporter du cash. Une coupe de cheveux 300 dinars/1,40€. Amener vos cheveux.
Alger Touggourt train les mercredi samedi lundi départ 18h30 de la gare Agha pour 2500 DA (10€) première classe (1900 deuxième classe). Compartiment quatre couchettes avec draps et couvertures. Ça tangue un peu, tout le monde danse. Arrivée Touggourt 7h30 pour le café.
Touggourt hôtel Oasis, hôtel d’état, hôtel Pouillon (Fernand Pouillon architecte français qui a pas mal construit en Algérie) 6200DA, avec petit déjeuner et piscine en forme de haricot. Le seul hôtel valable à Touggourt. Spacieux et propre.
Touggourt Ouargla 159km en minibus 350DA depuis la gare routière SNTV à 3km du centre. Départ 7h30 arrivée 9h30 pour une correspondance In Salah à midi 1300DA. Arrivée prévue 23h.
Départ prévu midi, départ effectif 13h30. C’est parti pour 800km. 15h, on quitte la double voie au niveau de Ghardaïa pour s’engager plein sud dans le reg sur la N1. Bus confortable. Plus d’arbre. Pas encore vu de chameau. 17h, le sable, les premières dunes. 18h, les ombres s’allongent, les ocres prennent des teintes de feu, les horizons s’enfuient toujours plus loin et se mélangent au soleil qui tombe. Ça bringuebale, ça vire et ça tangue. Il faut faire confiance au conducteur. Tout le monde danse. Notre bus mange le goudron et avale le Sahara.
El Goléa arrêt casse-croûte brochettes couscous. Première nouvelle de Charles, pas le grand Charles (1,96m) général de Gaulle, celui de la France depuis Dunkerque jusqu’à Tamanrasset, le petit Charles (1,63m) vicomte de Foucauld, le frère universel mort en 1916 à Tamanrasset et canonisé en 2022. Sa tombe est là, à El Goléa. Ensuite c’est quand même pas mal de tronçons sans goudron, piste défoncée ou tôle ondulée, ou alors un asphalte très dégradé avec des nids de poule comme des autruches. Arrivée 2h du matin In Salah hôtel Badjouda 6200DA (26€) la nuit + petit-déjeuner. Sommaire mais correct.
Des nouvelles de Foucauld, ce vieux Charles, qui marchait à pied. Il est passé ici en 1904. Il a fait ici son roumi au marché aux esclaves plein d’enfants volés au Sahel et au Soudan. C’est ici qu’il a rendu sa liberté à plusieurs qui sont aussitôt partis faire leur vie, à part le petit catéchumène Paul M’barek qui l’accompagnera un temps.
Hasard des rencontres. In Salah on trouve Abdel, petit fils de Paul Brunet, officier lieutenant sous les ordres de Laperrine officier général commandant des unités sahariennes et ami de Charles de Foucauld. Ils étaient tous les deux camarades de promotion à St Cyr et ont toute leur vie croisé leurs chemins. C’est grâce à Laperrine que Foucauld ira à Tamanrasset en accord avec l’Amenokal Moussa Agg Amastan. L’oasis In Salah prise par les français en 1899, Foucauld passe par là en 1904. Il part à Tamanrasset en 1906 jusqu’à sa mort en 1916. C’est Laperrine qui fait identifier et rapatrier le corps de Foucauld. Laperrine meurt en 1920 lors de la première reconnaissance aérienne du Tanezrouft. C’est le grand père d’Abdel qui identifie le corps de Laperrine au sud de Tamanrasset à Anesbarka à la frontière du Niger. Les deux compères occuperont longtemps la même tombe à El Goléa. Photos d’époque à l’appui on voit aussi sur l’album de famille l’officier Paul Brunet, le grand-père d’Abdel, à côté des autochenilles de l’expédition Citroën Touggourt Tombouctou qui est passée à In Salah en 1922. Heureuse rencontre autour d’un couscous avec Abdel et son neveu Mohamed qui nous trouve un bus pour Tamanrasset demain 1300DA, 700km. In Salah possibilité hébergement hôtel Tidikelt 11000DA négociable à 9000. In Salah j’ai trouvé un cordonnier pour coudre une rustine à mon sac fatigué.
Départ 9h. Bonne route généralement goudronnée. Du reg et de l’erg tant qu’on en veut. Du sable, des rochers, des cathédrales de roc et de sable écroulées. 12h, Arak 250km, arrêt casse-croûte, première oasis, premier chameau bête étrange. 16h, In Amguel 140km de Tamanrasset même pas arrêt pipi buvette. Premier piton de l’Ahaggar. 18h Tamanrasset hôtel Caravansérail 5000DA/20€ avec Mouloud.
Tamanrasset il y a 100 ans il y avait 100 habitants. Aujourd’hui peut-être 300 000, pas de recensement récent. Beaucoup d’algériens sont descendus pendant les années 1990, les années noires. Il y avait quarante deux habitants, vingt feux, quand Charles de Foucauld est arrivé en 1906. Tamanrasset, il y a les harratins, les anciens esclaves noirs affranchis, la caste Inaden des forgerons fabricants de bijoux. Il y a les migrants soudanais, nigériens, maliens qui arrivent du sud et qui rêvent du nord. Il y a les touaregs mangeurs d’ombres avec leur taguelmoust, et leurs poèmes incroyablement profonds et déchirants plein de vers foudroyants.
Tamanrasset c’est Foucauld le preux, ce vieux Charles, le marabout blanc. Il n’y a aucun monument remarquable à Tamanrasset sinon sa Frégate, son ermitage moitié chapelle moitié sacristie de terre rubigineuse où il faisait l’apôtre en travaillant son dictionnaire français touareg. Il n’y a aucun monument remarquable sinon le bordj, fortin aveugle surmonté de créneaux, citadelle construite par ses soins avec les autochtones pour se protéger des hordes de pillards, des rezzous. C’est là qu’en 1916 Charles de Foucauld est abattu d’une balle dans la tête par le gamin El Madani et une bande de sénousites alors qu’il attendait l’estafette.
A Tamanraset des rencontres formidables, Taher et Jean-Marie les petits frères de Jésus disciples de Foucauld qui sont là depuis quarante et soixante ans. Il y a quatre disciples de Foucaud dans le coin, deux sont ici et deux à l’Assechrem où on ira demain, un peu comme des prêtres ouvriers, proches de la population, qui parlent l’arabe et le tamazight. Et il y a plus étonnant encore. Il y a le prêtre Michel Monterrat du diocèse Belley Ars originaire de Feillans à vingt-cinq kilomètres de Romenay. Il connait le frère cousin de papa, Guy Ferrand. Il connaît le père Galion, les sœurs de l’abbaye de St Rambert. Il était aumônier à la prison de Bourg en Bresse. Ici il s’occupe surtout des migrants chrétiens clandestins.
Assekrem veut dire le bout du monde, la fin du voyage. C’est là, à 2723m, que Foucauld a fait sa retraite. L’Assekrem et sa vue imprenable comme la ligne bleue des Vosges, le couché du soleil qui embrase le Tahat et l’Ilaman, les deux plus haut sommets de l’Algérie, et vous donnerait une foi de charbonnier