Mexico, 9 janvier 2023
Après un très long voyage d’une douzaine heures pour franchir sept fuseaux horaires (mais ne nous plaignons pas car à l’époque de Cortès, c’étaient trois mois de navigation depuis Séville), nous survolons un immense océan urbain brouillé par un épaisse chape de pollution atmosphérique. Avec ses 23 millions d’habitants, Mexico est l’une des plus grandes métropoles du monde. Dès la sortie de l’aéroport, situé en pleine agglomération au cœur d’un quartier populaire, nous sommes littéralement assaillis par cette pollution pesante. Un chauffeur nous attend pour nous conduire à notre hôtel situé dans le centre historique. Embouteillages monstres, rues barrées, multiples détours avant d’arriver une heure et demie plus tard à destination, à la nuit tombée. En cause : la venue attendue du Président des États-Unis. Nous avons de la chance, car un jour plus tard et notre vol était annulé !
Il y a longtemps que je voulais revoir ce grand pays d’Amérique latine où j’avais fait un bref séjour sur la côte pacifique il y a plus d’un demi-siècle. Évidemment c’est un autre pays aujourd’hui.
Pour ce voyage, nous avons ignoré la péninsule du Yucatan qui semble être le tropisme majeur pour la plupart des voyageurs au Mexique. Ce Mexique-là, de pacotille et hyper-touristique, est une sorte d’annexe de l’Amérique du Nord. Le VRAI Mexique, est ailleurs, sur les plateaux centraux au nord et au sud de Mexico. Donc ni plage, ni cenote, ni pyramide maya pour ce périple, mais des villes coloniales, des balades en montagne et des sites archéologiques toltèques, zapotèques, mixtèques.
Nous avons parcouru onze États selon l’itinéraire suivant :
- Mexico et Teotihuacán
- Tepotzotlán, Tula, Bernal
- La Sierra Gorda
- Santiago de Querétaro
- San Miguel de Allende et environs
- Guanajuato
- Morelia
- Toluca
- Taxco & le site archéologique de Xochicalco
- Puebla & environs (Cacaxtla, Cholula)
- La vallée de Tehuacán-Cuicatlán
- Oaxaca et environs + PN de Tehuacán-Cuical
- Retour à Mexico en avion.
N’ayant ni envie de conduire sur les routes mexicaines (bien que le réseau soit très correct), ni de visiter les gares routières, ce voyage sera « encadré » (nous devenons vieux ). Et je dois dire que nous avions avec Paco un guide exceptionnel, doublé d’un chauffeur très prudent, qui a su nous transmettre l’histoire et la culture de son pays grâce à ses explications expertes et sa bonne humeur. Il a su trouver des itinéraires bis pour éviter les routes peu sûres, en particulier dans le Michoacán et le Guerrero, des États classés en rouge sur la carte du MEAE. Il a su également nous dénicher des lieux d’un grand intérêt qui ne figurent sur aucun guide touristique.
Un festival de couleurs
Si ce pays n’est plus le même depuis mon premier voyage au Mexique, en revanche j’ai retrouvé un pays coloré, joyeux, exubérant où la musique était omniprésente, même si aujourd’hui les mariachis du Jalisco se produisent essentiellement pour les touristes devant les restaurants.
Les couleurs sont partout. Dans les costumes traditionnels, dans l’artisanat, sur les étals des marché, sur les murs des maisons, dans les églises, sans parler du muralisme, ce courant artistique mexicain inspiré des fresques préhispaniques.
Les Mexicains sont un peuple exubérant. Le Mexique est perpétuellement en fête, que ce soit pour une célébration religieuse, les quinze ans d’une jeune fille, l’anniversaire d’un héros de l’indépendance, etc. La plus connue est la fête des morts début novembre. Au cours de notre bref séjour, il n’y eut pas un seul week-end sans une fête, notamment à San Miguel de Allende, Oaxaca et Guanajuato.
Nos coups de cœur (il y en a beaucoup !)
À Mexico et environs :
Le magnifique Musée national d’Anthropologie une introduction incontournable aux civilisations anciennes de Mésoamérique et le Castillo de Chapultepec, à proximité.
Le site préhispanique de Teotihuacán
Dans l’État de Querétaro
Les Missions franciscaines de la Sierra Gorda (en revanche la ville de Querétaro ne nous a pas particulièrement éblouis)
Dans l’État de Guanajuato
La ville coloniale de Guanajuato, classée UNESCO
Les superbes fresques du 18e siècle du Sanctuario d’Atotonilco, classé UNESCO
Le Ranchito Cascabel, inspiré de l’architecture de Guaudi, situé tout près d’Atotolnico (visites guidées sur réservation)
Dans l’État de Mexico
À Tepotzotlán : l’église de San Francisco Javier avec ses retables baroques dégoulinant d’or et le Museo Nacional del Virreinato
À Toluca, la capitale de cet État : El Cosmo Vitral, un étonnant jardin botanique orné de vitraux.
Dans les États de Guerrero et de Morelos
La ville de Taxco (à trois heures de route au sud-ouest de Mexico)
Le site de Xochicalco (UNESCO), dans l’État de Morelos
Dans l’État de Puebla
La ville coloniale de Puebla (UNESCO) avec ses incroyables édifices religieux, ses belles façades décorées d’azulejos et les superbes collections préhispanique du musée Amparo.
Les églises indiennes de près de Cholula (Santa Maria Tonontzintla et San Francisco Acatepaec.
Le jardin botanique de la réserve de biosphère de la vallée de Tehuacán-Cuicatlán avec ses cactus candélabres (UNESCO)
Dans l’État d’Oaxaca
La cité zapotèque du Monte Alban (UNESCO), à compléter par le trésor de la tombe 7, conservé dans une salle de l’ancien couvent Santo Domingo à Oaxaca.
Les cascades pétrifiées de Hierve El Agua.L
Nous avons moins aimé
Le Zócalo à Mexico, immense place centrale encadrée par la cathédrale, le Sagrario, le Palacio Nacional et le Municipio, une place sans véritable charme, qui ne tient pas la comparaison avec la Plaza de Armas de Lima, à Arequipa ou à Cuzco au Pérou. À noter qu’on ne peut plus voir les fresques de Diego Rivera au Palacio Nacional, AMLO ayant décidé d’en faire sa résidence, elles sont désormais fermées au public. Cela dit la place reste un endroit très animé ce qui en fait malgré tout son intérêt : nous avons vu par exemple des gens faire la queue pour se faire purifier par des chamans emplumés et à moitié nus.
Le quartier de Coyoacán à Mexico, sale et en partie dégradé.
La ville coloniale d’Oaxaca très belle, mais hyper-touristique.
La ville coloniale pourtant classée UNESCO de San Miguel de Allende, une sorte de gringo-ciudad, une enclave états-unienne à fuir !
Les plus
Un très riche patrimoine historique et culturel.
Le Mexique s’enorgueillit de 35 sites inscrits sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO, ce qui le classe au septième rang mondial. Nous en avons vu plus du tiers : centres historiques de Mexico et des villes coloniales, sites archéologiques préhispaniques avec les fameuses pyramides, Missions franciscaines de la Sierra Gorda, vallée de Tehuacán-Cuicatlán, etc. Toutefois je trouve ce classement parfois injustifié. L’exemple le plus frappant est Oaxaca, une ville coloniale qui passe pour une des plus belles du Mexique, mais que nous avons trouvée sale, avec de nombreux bâtiments passablement délabrés, même sur le Zócalo, la place centrale. Nous avons moyennement aimé cette ville trop touristique.
Les Mexicains.
Ils sont chaleureux, accueillants, bienveillants, courtois, même au volant (on a des leçons à recevoir !). Ne pas dire buenos dias, buenas tardes ou buen provecho au restaurant, même à des inconnus, serait incongru. Paco distribuait des ¡ gracias ! à longueur de journée. Les Mexicains donnent une tout autre image que celle que renvoie la violence des cartels.
Pas de tourisme de masse, contrairement au Yucatan
Par exemple le superbe site archéologique classé UNESCO de Xochicalco fut quasi désert lors de notre visite,j de quoi faire blêmir de jalousie les visiteurs de Chichén Itzá. Cependant, le week-end il y avait du monde dans certaines villes touristiques comme Guanajuato, mais il s’agissait essentiellement de citadins mexicains. Une exception: Oaxaca qui est très touristique.
Les moins
Un épais voile de pollution atmosphérique dans les villes.
Dès la sortie de l’aéroport, on est littéralement assailli par cette pollution tenace, qui a généré une toux persistante dans nos organismes vieillissants.
Des paysages souvent moches, à l’exception de quelques paysages de montagne, et encore, rien de renversant. Ils sont brouillés par une brume de chaleur associée à la pollution. Beaucoup d’urbanisation plus ou moins anarchique.
Une pauvreté insupportable et omniprésente et des contrastes sociaux choquants. À Oaxaca, tous les dix ou quinze mètres on est sollicité (sans harcèlement) par des Indiennes venant des villages des montagnes alentours pour acheter des textiles ou autre objets artisanaux. Des centaines de retraités états-uniens dans des ghettos de luxe à San Miguel de Allende et des « retraités » mexicains sans pension, obligés de chanter ou de gratter une pauvre guitare dans la rue pour survivre. Un mariage chic à la sortie d’une église et le regard implorant d’une fillette tentant de vendre des bonbons pour glaner quelque pesos. Une jeunesse dorée se pavanant à côté de leurs Lamborghini, McLaren et Ferrari et une multitude de chômeurs sans ressource.
Vous pouvez en voir plus sur Mexico ici:
https://www.myatlas.com/H%C3%A9rodote/mexico
L’emblème du Mexique: l’aigle royal sur le figuier de barbarie dévorant un oiseau (au lieu d’un serpent) au-dessus du lac Texcoco
Un retable de l’église San Francisco Javier de Tepotzotlán, au paroxysme du baroque churrigueresque `
Portail polychrome de la mission San Miguel de Conca (Sierra Gorda)
El Cosmo Vitral, Toluca
Xochicalco
Guanajuato
Taxco
Vallée de Tehuacán-Cuicatlán
La fête à Oaxaca
Université de Mexico
Arbre de vie (musée d’art populaire, Mexico)
La pyramide du Soleil, Teotohuacán
L’Homme-Aigle toltèque. Une des fresques remarquablement préservées, découvertes en 1975 à Cacaxtla (Tlaxcala)
Nous avons préparé ce voyage avec l’aide logistique d’une agence francophone basée à Cancun. Nous nous félicitons d’avoir voyagé avec Mexique Découverte dont nous avons apprécié la réactivité sans pareil. Merci à Brigitte !