Mexique (Yucatan) : cités Mayas, nature sauvage et villes coloniales

Forum Mexique

Bonjour,

Voici un compte-rendu du road-trip que nous avons réalisé dans le Yucatan en famille (en couple et avec nos deux fils de 18 et 16 ans) pendant 3 semaines en juillet 2023.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, je dois préciser que je n’étais pas très chaud pour cette destination, qui tenait à coeur à ma femme. Le Yucatan a la réputation d’être très touristique, avec des prix fréquemment adaptés aux touristes occidentaux, notamment les voisins américains.

Bref, plutôt un repoussoir a priori pour moi mais au final, nous avons croisé beaucoup moins de monde que nous ne le pensions, et nous avons même été assez souvent seuls, ou presque, dans de nombreux sites natures.

A l’heure du bilan, nous avons adoré cette destination, contre toute attente en ce qui me concerne, d’où l’envie de partager notre expérience dans ce carnet (que je publierai en plusieurs fois car il s’annonce assez long…)

1e étape : Isla Holbox et les requins-baleines

Holbox (qui se prononce « Holboche ») est une île superbe où l’on peut se détendre dans un cadre enchanteur.

Notre but principal en allant à Holbox est de plonger avec des requins-baleines. C’est donc la première chose que nous expliquons à notre hôtel, Los Arcos Holbox, dès notre arrivée. Il nous organise une excursion avec l’un des nombreux tours-opérateurs de l’île : Glendy Tours Holbox. Le départ a lieu le lendemain, tôt le matin.

Le programme de cette sortie est le suivant (c’est le même pour tous les tour-opérateurs, qui sont une trentaine !) : environ deux heures de bateau rapide, puis snorkeling avec les requins-baleines, puis nouveau trajet en bateau pour rejoindre la côte à Cabo Catoche pour le repas, puis encore du bateau pour aller faire du snorkeling sur un site assez poissonneux, après quoi l’on rentre. Au total, la sortie peut prendre huit heures, voire plus.

Outre mes deux fils et moi, il n’y a que deux autres clients à bord, un couple de français. Notre bateau est l’un des tout premiers à partir mais au bout de dix minutes, le pilote reçoit un appel radio. Nous faisons demi-tour sans la moindre explication, pour retourner sur le ponton du départ.

Là, une jeune femme qui se prend carrément pour une diva nous attend. Elle est mexicaine et monte à bord en nous snobant tous les cinq, mais en aguichant le pilote et le guide, lesquels du coup n’ont pas les yeux dans leur poche. Nous ne comprenons pas comment cette diva a pu convaincre notre tour-opérateur de faire faire demi-tour au bateau pour venir la chercher alors qu’elle n’avait pas réservé et que nous étions déjà loin. Nous repartons avec 20 minutes de retard.

Le trajet de deux heures passe étonnamment vite, et pour cause : nous croisons des dauphins à six reprises ! Ils se déplacent en sautant hors de l’eau. Un vrai bonheur. Nous nous arrêtons lorsqu’ils sont près du bateau.

L’objectif grand-angle de ma GoPro les rapetisse un peu mais ça me permet quand même de ramener un souvenir.

Quelques exocets (les poissons dits « volants ») planent également à un ou deux mètres du bateau pendant que nous naviguons à pleine vitesse. Le faux-départ est oublié, la journée commence vraiment bien dans cette nature marine somptueuse…

Arrivés sur la zone où sont censés se trouver les grands squales, le guide nous explique qu’il faut maintenant scruter la mer jusqu’à ce que nous en apercevions un. Cela peut durer 5 minutes comme trois-quarts d’heure, nous dit-il, et si on n’a pas de chance, on n’en verra même aucun !

Une heure et demie plus tard, toujours rien ! Le capitaine met alors le cap sur une zone que nous apercevons au loin, où se trouvent déjà une bonne vingtaine de bateaux.

Il y a là en effet un requin-baleine juvénile (qui doit bien mesurer ses huit mètres quand même) et tous ces bateaux font la queue pour s’en approcher lentement à tour de rôle, afin de ne pas effrayer l’animal. Chacun passe une trentaine de secondes à quelques mètres de lui, moteur au ralenti, puis laisse la place au suivant, et ainsi de suite.

On aperçoit l'aileron dorsal et la queue du requin

On a le droit de s’approcher ainsi à trois reprises, mais on n’a pas celui de plonger. C’est normal, une telle foule de plongeurs pour un seul animal lui provoquerait un gros coup de stress et ici, les requins sont protégés par la réglementation : la plongée avec les requins-baleines est strictement encadrée. Il y a d’ailleurs en permanence un bateau de garde-côtes avec nous, qui surveille les agissements de chacun.

Nous sommes partagés entre la chance de pouvoir observer un si bel animal, même depuis la surface, et la gêne que nous ressentons vis-à-vis de cette situation grotesque. Tous ces bateaux à la queue-leu-leu pour apercevoir vaguement ce requin pendant quelques secondes, soyons honnêtes : c’est ridicule. Bref, la situation est désagréable, et sans doute plus encore pour le requin que pour nous, finalement. Même s’il est vrai qu’il continue à avaler ses kilos de plancton comme si de rien n’était…

Quand c’est notre tour d’approcher, je plonge ma GoPro dans l’eau du bout du bras et je cadre au pif, en espérant que j’aurai une image correcte du squale.

L’autre client français fait de même.

Au troisième et dernier passage, la sixième cliente du bord, celle pour qui nous avons dû rebrousser chemin dix minutes après le départ, s’adresse discrètement au guide et au capitaine après avoir enfilé ses palmes (alors que, je le rappelle, personne n’a le droit de plonger). Elle veut qu’ils demandent aux garde-côtes de lui donner l’autorisation de plonger avec le requin, à elle toute seule ! Elle parle à voix basse pour que nous ne comprenions pas ce qu’elle leur propose en échange.

Les deux sbires s’exécutent et crient la demande aux officiels, devant tous les autres bateaux et sans aucune honte. Face à tant de témoins, les garde-côtes sont bien obligés de refuser. La diva ne lâche rien et demande aux deux sbires d’insister, ce qu’ils font mais le refus s’avère ferme et définitif.

Sur les bateaux les plus proches du nôtre, les occupants ont tous entendu et sont sidérés. Ils se moquent ostensiblement de cette bimbo qui n’a décidément pas froid aux yeux. Cachée derrière ses lunettes de soleil de star, elle les gratifie en retour d’un sourire dédaigneux. Pitoyable.

La rencontre avec le requin se termine, et nous repartons en mettant le cap sur Cabo Catoche, un site sur l’île d’Holbox où nous allons manger.

Nous sommes un peu déçus de ne pas avoir eu la chance de croiser le banc habituel de requins-baleines (ils sont régulièrement plusieurs dizaines à nager ensemble !) mais c’est la loi de la nature, nous le savons bien.

Et en chemin, le coup de chance improbable se produit : un bateau qui nous précède est en train de mettre ses plongeurs à l’eau avec un couple de requins-baleines, adultes ceux-là. Nous les rejoignons et, pendant que nous mettons masque et tuba, le guide nous briefe. Il nous indique que mes fils et moi ferons partie de la première palanquée, puis le couple de français et la diva de la deuxième.

Mais Miss Monde, vraisemblablement mécontente de cet ordre de passage, se plaint discrètement au guide, lequel inverse finalement l’ordre de passage. Cela ne nous pose pas de problème particulier puisqu’on ne peut passer qu’une petite minute dans l’eau : nous ne sommes pas à une minute près.

Ils se mettent donc tous les trois à l’eau puis un instant plus tard, ils en terminent avec leur plongée. Mes 2 fils et moi, assis sur le rebord du bateau, masque sur le museau et tuba en bouche, sommes fin prêts à piquer enfin une tête. Mais le capitaine, au lieu de continuer à suivre le requin, n’a plus d’yeux que pour Miss Silicone ! Il en arrive même à lâcher la barre un court instant pour l’aider à se hisser à bord.

L’un des deux requins est déjà parti depuis quelques minutes, et le deuxième file un peu plus loin. D’autres bateaux arrivent et le capitaine repart faire la queue à 100 mètres du squale. Très vite, toujours plus de bateaux arrivent. Il y a finalement beaucoup trop de monde, le requin s’en va et il n’est plus possible de plonger.

Je suis bien sûr un peu déçu de ne pas avoir pu réaliser ce vieux rêve qui est le mien de plonger un jour avec un requin-baleine, même brièvement. Mais je suis surtout écoeuré pour mes deux fistons, qui se faisaient une joie de vivre ça. Je dis au guide ma façon de penser et je lui demande un dédommagement, non pas pour ne pas avoir pu plonger avec ce gros poisson car on n’est jamais assuré d’en voir un, la nature n’étant pas à notre disposition, mais pour nous avoir clairement zappés au moment où c’était notre tour de plonger. Il me promet un remboursement.

A la fin de la journée, arrivés à terre, il nous débarque tous et au moment où il s’apprête à partir, je lui rappelle qu’il doit me rembourser. Il accepte à nouveau, remonte tranquillement à bord et s’en va plein gaz comme si de rien n’était, avec le capitaine, comme deux grands lâches. Je n’arrive pas à y croire.

Bien sûr, de retour à notre hôtel (qui nous a réservé ce tour -opérateur : Glendy Tours), j’explique la situation et redemande mon remboursement. Le réceptionniste convoque le gérant, qui arrive avec le guide. Notre fuyard ne fait plus le fier. Intérieurement, je bous mais je prends sur moi pour garder mon calme pendant la discussion qui s’ensuit.

D’emblée, je mets un point d’honneur à regarder le pseudo-guide dans les yeux, tout en lui reprochant de s’être enfui comme un lâche. Je fais mon possible pour m’exprimer calmement, j’articule bien, je le fixe en permanence et je répète à plusieurs reprises que c’est un lâche, devant le gérant qui ne dit pas un mot. Le guide, de toute évidence, a reçu au préalable la consigne de son patron de la fermer car il ne bronche pas de tout l’entretien, lequel dure une bonne vingtaine de minutes.

Bref, je vous passe les détails mais au final, le gérant ne nous proposera que de nous offrir une autre excursion, le lendemain, en contrepartie de ce « désagrément ». Il s’agit uniquement de nager avec les poissons, pas de retourner voir les requins. Il admet donc leurs torts, mais comme nous devons partir justement le lendemain tôt le matin et assumer nos autres réservations pour la suite du voyage, nous ne pouvons pas accepter. Et lui, il refuse de nous rembourser.

Sur Tripadvisor, ce Glendy Tours est évalué très moyennement (sur une échelle de 1 à 5, il a la note de 3), mais il arrive surtout en 29e position seulement sur 36 tour-opérateurs nautiques qui sont notés par les clients. Je suis un peu remonté contre l’hôtel, qui a réservé pour nous un tel amateur.

Si vous voulez plonger avec les requins-baleines à Holbox, vous le ferez peut-être avec Glendy Tours. Et ça se passera peut-être bien, c’est en tout cas ce que je vous souhaite. Mais au vu du prix que coûte une telle excursion (3.000 pesos par personne, soit 160 euros environ !), je me permets quand même de vous suggérer de chercher rapidement sur le web, avant de partir, quels sont les prestataires les mieux notés : vous aurez forcément plus de chances que ça se passe bien avec ceux qui sont le mieux notés, plutôt qu’avec ceux qui sont aussi mal classés que Glendy Tours.

En revanche, si vous êtes une belle jeune femme, alors vous pouvez les choisir sans crainte : vous serez mieux reçue que les autres…

Pour en terminer avec cette excursion, je dois évoquer l’aspect respect de la nature, que mettent en avant tous les tours-opérateurs qui organisent cette activité. Ils nous expliquent qu’ils respectent les requins : on ne peut plonger simultanément que par deux ou trois maximum, et pendant quelques minutes seulement pour ne pas perturber ces géants des mers…

Nous y avons cru avant le départ, mais ce n’est pas ce que nous avons vu. Quand les requins sont introuvables sauf un, tout le monde se rue dessus et seule la présence permanente des garde-côtes empêche les tours-opérateurs de mettre leurs clients à l’eau.

Car pour le deuxième requin que nous avons vu, quand les plongeurs de notre bateau sont sortis de l’eau et que nous sommes partis faire la queue alors que c’était notre tour de plonger, d’autres bateaux sont arrivés assez rapidement et ont commencé à se ruer sur le pauvre requin qui, du coup, a fini par mettre les voiles.

En d’autres termes, il est clair que ces entreprises ne respectent les requins que lorsqu’elles sont contrôlées.

Et pour le snorkeling à proximité de Cabo Catoche, ils attirent les poissons quotidiennement en les nourrissant, ce qui est normalement une pratique à proscrire. Car ensuite, ces poissons ne savent plus s’alimenter naturellement et deviennent dépendants de Glendy Tours et de ses concurrents.

Un petit mot quand même sur le reste de l’excursion. Cabo Catoche (le site où nous avons pris le repas, sur l’île d’Holbox) est le point le plus septentrional de tout le Yucatan. L’endroit est paradisiaque.

Sur le chemin du retour, nous passerons une demi-heure à faire du snorkeling sur un site qui ne s’avère finalement poissonneux que parce que les tours-opérateurs ont la mauvaise idée de nourrir les poissons. Mais cette pratique non respectueuse de la nature est normalement à proscrire.

En plus, le gilet de sauvetage, comme dans de nombreux endroits au Yucatan d’ailleurs, est obligatoire !!

Étant plongeurs, nous n’avons pas trouvé ce site très intéressant mais objectivement, il devrait ravir tous ceux qui n’ont pas trop l’habitude de mettre la tête sous l’eau dans de beaux sites de plongée.

Nous avons détesté nous sentir prisonniers de ce gilet qui nous bloquait à la surface et pour ma part, ce que j’ai préféré finalement, c’est de pouvoir nager à côté d’un pélican assez peu farouche, qui palmait juste à côté de moi dans une eau verte.

En conclusion, notre rêve de plonger avec des requins-baleines est tombé à l’eau, contrairement à nous qui sommes restés à bord ! Mais ce n’est pas grave finalement car il nous reste 18 à jours à profiter du Mexique, et ce ne sont pas ces types et leur dulcinée plastifiée qui vont nous gâcher le plaisir.

La suite de notre périple dans le Yucatan va s’avérer en effet grandiose et notamment, à défaut d’avoir pu plonger avec des requins-baleines, nous allons plonger dans quelques jours, nous ne le savons pas encore, avec un crocodile sauvage…

La bioluminescence

Tout à l’ouest de l’île (à 15 mn de la petite ville d’Holbox en voiturette de golf) se trouve un site de bioluminescence réputé : dans l’eau, le plancton est lumineux en pleine nuit.

Les photos que j’avais vues vues sur le web montraient une eau très lumineuse d’un bleu métallique impressionnant, en pleine nuit. C’était magnifique.

Si vous avez vu les mêmes images, alors ne vous y trompez pas : le plancton brille un peu mais beaucoup moins que sur ces photos, et il émet une lumière non pas bleue mais plutôt grisâtre.

Bref, c’est magique pour les enfants, intéressant pour les plus curieux, mais globalement plutôt décevant (décidément…).

Mais peut-être cette teinte bleutée et très lumineuse varie-t-elle en fonction de la saison, ou des conditions de l’eau…

Les plages

L’île d’Holbox est pourvue de grandes et magnifiques plages de sable blanc.

Dans la ville d’Holbox, elles sont colonisées par les hôtels mais dès qu’on s’éloigne un peu, on trouve des endroits paradisiaques : sable blanc donc, mer tantôt verte et tantôt turquoise, cocotiers…

Street-art

De nombreux murs sont joliment graffés à Holbox. En voici un aperçu.

2e étape : Rio Lagartos et Las Coloradas

Après avoir quitté l’île d’Holbox en bateau pour rejoindre le continent, nous nous rendons à Rio Lagartos, toujours dans le nord du Yucatan.

Cette petite ville calme vit notamment du tourisme mais paradoxalement, nous n’avons vu que très peu de visiteurs.

Le bon plan consiste à visiter la réserve de Ria Lagartos au petit matin, c’est pourquoi il est souhaitable d’arriver sur place la veille.

Si c’est le cas, on peut profiter de la fin d’après-midi (le jour de l’arrivée sur place) pour visiter les deux cénotes de Peten Mac et Chikila, qui sont situés à la sortie de la ville.

Le lendemain matin, on visite donc la réserve de biosphère en bateau et l’après-midi, on peut se rendre à Las Coloradas.

Le cénote Peten Mac

On accède au cénote Peten Mac par un agréable chemin qui serpente à travers la végétation.

Après quelques minutes de marche, ce sentier débouche sur un petit cénote très sauvage, cerné par un ponton et situé dans la jungle.

Dans ce cénote vivent deux crocodiles sauvages qui, lors de notre venue, ne se montrent pas tout de suite. Tout en guettant les gros reptiles, nous discutons avec deux guides locaux. C’est leur jour de repos et ils terminent leur partie de pêche. Ils n’ont pas attrapé le moindre poisson mais ils savourent quelques bières en pleine nature : il suffit parfois de pas grand-chose pour être heureux…

Nous leur expliquons que nous aurions bien aimé pouvoir observer ces deux crocodiles. Immédiatement, l’un d’eux attrape sa canne à pêche, avec le bout de laquelle il tapote sans discontinuer la surface de l’eau.

Le résultat ne se fait pas attendre : en quelques secondes, un premier crocodile approche assez rapidement, un peu comme un petit chien à l’appel de son maître, suivi de près par le second. La scène est incroyable.

Ils nous expliquent alors que les rares visiteurs qui viennent jusqu’ici offrent parfois aux deux habitants du cénote un peu de nourriture (le nourrissage des animaux sauvages est évidemment une pratique à proscrire, dans l’intérêt des animaux…). C’est pourquoi ils ont ainsi accouru à l’appel du guide, espérant obtenir un petit quelque chose à se mettre sous la quenotte. Les deux reptiles resteront de longues minutes à quelques mètres de nous, flottant paisiblement à la surface.

Le guide nous explique que les jours précédents, la femelle a construit son nid à proximité du ponton. Il faut donc éviter d’approcher cette zone en présence de la future maman car, si ce crocodile d’eau douce n’est pas agressif envers les humains, il peut le devenir ponctuellement s’il croit qu’on va s’en prendre à son nid ou à ses oeufs.

Pendant que nous discutons avec ces deux guides sympas qui nous racontent des histoires passionnantes sur la nature locale, l’un des deux sauriens plonge tranquillement, la gueule grande ouverte.

Il disparaît alors mais son congénère reste en surface à quatre ou cinq mètres à peine du ponton, ce qui me permet de le photographier de près.

Inutile de préciser que, contrairement à la plupart des cénotes ouverts au public dans le Yucatan, on ne peut pas se baigner dans celui de Peten Mac ! Toutefois, cet endroit où nous n’avons croisé strictement aucun touriste pendant les quarante minutes passées sur place, est un régal pour les amoureux de la nature.

Nous quittons le cénote Peten Mac pour celui de Chikila, situé à quelques centaines de mètres de là.

Le cénote Chikila

Avant de venir visiter ces deux cénotes voisins (Chikila et Peten Mac), on nous a bien expliqué qu’on ne pouvait se baigner que dans celui de Chikila, à cause des deux crocodiles qui habitent celui de Peten Mac.

C’est ainsi qu’à peine arrivés à Chikila, nos deux fils se mettent en maillot et s’apprêtent à se jeter à l’eau pour se rafraîchir enfin, car l’atmosphère est suffocante avec une température extérieure et un taux d’humidité très élevés.

Et au moment de plonger, Victor, notre fils aîné, prononce cette phrase surréaliste : « on est bien d’accord, cet espèce de crocodile au fond, c’est un faux ? »

Nous ne sommes en effet pas méfiants car de jeunes enfants viennent tout juste de se baigner là, des dames lavent leur linge les pieds dans l’eau, et les locaux nous ont bien assuré avant de venir que les crocodiles ne pénétraient pas dans ce cénote, et qu’on pouvait donc s’y baigner sans crainte.

Mais la bestiole se met clairement à bouger au fond de l’eau : le faux crocodile est un vrai !

Nous sommes abasourdis. Nous en informons immédiatement les dames, qui n’ont pas l’air plus étonnées que ça et continuent à laver leur linge comme si de rien n’était.

Les gamins qui viennent de sortir de l’eau reviennent admirer la bête, en n’y trempant toutefois pas le moindre orteil cette fois !

Renseignements pris, il s’avère que ce cénote communique avec la mer voisine par un réseau de galeries immergées (comme la plupart des cénotes d’ailleurs) et que même si c’est rare, il arrive parfois qu’un crocodile vienne se glisser ici !

Celui-ci n’est pas bien gros et les locaux nous assurent que les quelques crocodiles qui arrivent dans ce cénote n’ont jamais attaqué aucun baigneur. Mais nous ressentons quand même une grosse frayeur rétrospective, en imaginant ce qui aurait pu arriver si nos fils avaient plongé juste à côté de lui.

Une fois la stupeur passée, nous rigolons tous les quatre ensemble de ce qui constituera, bien malgré nous, une belle anecdote de voyage…

Ria Lagartos, réserve de biosphère

La principale attraction de Rio Lagartos est sa réserve de biosphère , ainsi classée par l’Unesco. Elle s’appelle d’ailleurs Ria Lagartos, qui signifie l’estuaire des lézards (comprenez l’estuaire des crocodiles !), à ne pas confondre avec la ville de Rio Lagartos (située juste en face), la rivière des lézards .

La réserve se visite en bateau, idéalement au petit matin, car c’est le moment où les animaux se réveillent tout juste : encore à moitié endormis, ils sont plus faciles à observer.

En quelques minutes, on rejoint la mangrove située sur la rive d’en face, puis on navigue en serpentant dans les canaux.

Ria Lagartos est une zone d’une importance capitale pour la conservation de nombreuses espèces menacées. Certains animaux considérés en danger critique d’extinction, comme les tortues marines par exemple, se trouvent ainsi protégés.

Au niveau ambiance, la quiétude et le calme qui règnent dans la réserve correspondent parfaitement à un site aussi nature que celui-là.

Cet espace protégé permet d’observer de nombreux oiseaux un peu partout. Il fait d’ailleurs office de halte pour un certain nombre d’oiseaux migrateurs.

Parmi tous les volatiles qui vivent dans le coin, nous avons la chance d’apercevoir un balbuzard pêcheur. C’est un beau rapace de plus de 1m50 d’envergure, qui se nourrit quasi-exclusivement de poissons.

La pression de ses serres est si forte que parfois, lorsque le poisson qu’il a saisi s’avère trop lourd, il peut lui arriver de ne pas réussir à les desserrer à tel point… qu’il finit par se noyer !

Notre guide José nous explique qu’il y a quelques années, une partie de la mangrove n’a pas survécu au passage d’El Niño (ou plus précisément de la propagation de ses conséquences à l’échelle mondiale, El Niño étant localisé dans l’Océan Pacifique), ce phénomène climatique qui provoque une hausse importante de la température de l’eau.

La zone concernée n’est pas bien grande, mais c’est dans cet endroit apparemment sans vie que nous apercevons un crocodile.

Il a beau exhiber devant nous son impressionnante dentition, il n’attaque en principe jamais les humains puisqu’il se nourrit exclusivement de poissons, d’oiseaux et de petits mammifères.

Notez que si vous voulez optimiser vos chances d’apercevoir un crocodile, il faut partir de Rio Lagartos le plus tôt possible, c’est-à-dire vers 7h00-7h30 dernier délai. Car dès qu’il commence à faire chaud, ces gros reptiles ont tendance à aller se cacher dans la mangrove.

La visite en bateau se poursuit par une balade dans un marais salant dont l’eau arbore des couleurs étonnantes.

Puis on arrive sur le territoire des flamands roses. Là, il y a deux solutions : soit le guide respecte la réglementation, qui interdit d’approcher de trop près ces gracieux volatiles afin de ne pas les effrayer, soit il la transgresse allègrement afin de satisfaire ses clients, en espérant obtenir à la fin un pourboire.

Notre guide José, très pro, restera consciencieusement à l’écart. D’où les photos un peu lointaines qui illustrent cet article.

José nous explique qu’il y a quelques années, les flamands étaient beaucoup plus nombreux qu’aujourd’hui par ici. Les bateaux les approchaient de très près et souvent à grande vitesse, pour les contraindre à s’envoler devant l’objectif des touristes. Ces derniers étaient forcément ravis de leurs photos, réalisées au détriment des flamands effrayés.

Et bien sûr, ce qui devait arriver arriva : les flamands sont partis vivre ailleurs, loin des humains pour avoir la paix. Ils sont donc aujourd’hui beaucoup moins nombreux qu’avant, dans cette partie de la réserve accessible aux touristes même si, au final, on en aperçoit quand même quelques dizaines.

A noter qu’au cours de ces tours en bateau, on peut faire, si on le souhaite, une halte au milieu de l’estuaire pour s’enduire le corps de boue, puis se rincer dans l’eau une demi-heure plus tard. Nous ne l’avons pas fait mais c’est, paraît-il, du meilleur effet pour la peau…

C’est sur l’observation des flamands roses que le tour prend fin.

Las Coloradas

Las Coloradas est situé à 25 minutes en voiture à l’est de Rio Lagartos.

A l’origine, le site actuel de Las Coloradas était un lieu où les Mayas produisaient du sel. Cette activité perdure aujourd’hui encore : l’eau de mer est stockée dans de grands bassins, puis s’évapore peu à peu sous le soleil torride de la région pendant que son sel se cristallise.

Cette eau est également chargée en algues, en plancton et en petites crevettes roses : ce sont elles qui transmettent cette couleur unique à l’eau (ainsi qu’aux flamands roses qui les mangent, d’ailleurs). Visuellement, ce paysage est assez spectaculaire.

Il y a quelques années, ce site était à peu près vierge de touristes. On pouvait même se baigner dans ces eaux roses pour faire des photos incroyables. Mais depuis que le drone d’un touriste s’est écrasé dans l’un de ces bassins, le polluant pour un bon moment, la baignade est interdite.

Lors de notre visite (juillet 2023), l’entrée était payante mais surtout, il était obligatoire d’être accompagné par un guide : on ne peut désormais plus se balader librement par ici.

Et ce n’est rien à côté de ce qui se trame : les autorités sont en train d’investir massivement sur ce site en construisant des infrastructures touristiques de grande envergure, tout autour de l’usine de production de sel. Le but affiché est clair : il s’agit de réaliser des recettes touristiques records…

Une fois que ces travaux seront terminés et que la capacité touristique sera décuplée, la question sera donc de savoir si le jeu en vaudra la chandelle : à notre avis, non.

En effet, la couleur de ces bassins, dont on fait le tour en une demi-heure, est étonnante et photogénique, c’est indéniable, mais pas au point de justifier les prix et le manque d’authenticité qui iront immanquablement avec…

Bon, je vais en rester là pour aujourd’hui, je publierai la suite très vite.

Ces articles sont extraits de notre blog derrière l’horizon…

3 « J'aime »

Magnifique carnet de voyage, un vrai coup de coeur. Merci

J’avais déjà vu des photos de dizaines de bateaux en train de traquer de pauvres baleines ou requins baleine , c’est vraiment terrible , pauvres bêtes !

Vous dîtes que les flamants roses sont moins nombreux à cause des bateaux pour touristes : je pense qu’un jour il y aura le même problème avec les requins baleines et ce jour-là , finie la poule aux œufs d’or !

1 « J'aime »

Bonjour,

Magnifique carnet, je le mets précieusement de côté pour notre voyage prévu en février, merci pour l’aperçu !

Martin

Merci Crissand pour ce commentaire qui me fait très plaisir :blush: Je publie la suite dès que possible…

@crkz_ty en effet, nous avons été assez souvent surpris de constater le décalage qu’il y a entre une nature magnifique dans le Yucatan, qui attire tant de touristes, et le fait que les locaux, y compris les professionnels comme de nombreux guides, ne la respectent pas vraiment : feeding/nourrissage des animaux (poissons, crocodiles…), traque des requins-baleines (alors qu’on nous vend bien l’expérience comme étant ultra-respectueuse des animaux), nous avons également vu un bateau à quelques mètres seulement des flamands, ce qui est interdit là-bas… A terme en effet, les conséquences pourraient encore s’avérer négatives sur la faune locale, ce qui pourrait se retourner contre ceux qui vivent du tourisme…

1 « J'aime »

Bonjour Martin et merci pour ce message. Je suis à disposition en cas de questions pour la préparation de ton voyage dans cette belle région…

1 « J'aime »

Le problème c’est qu’il y a une forte demande touristique , les touristes veulent absolument voir les requins baleines et les flamants roses et ne pensent pas aux conséquences environnementales.

C’est d’autant plus étonnant que la majorité des touristes sont Américains ou Européens , des pays où quasiment tous les jours on nous parle de protection de l’environnement et de biodiversité…

Mais au final tout le monde sera perdant : les professionnels du tourisme qui vont perdre leur gagne pain et les touristes qui ne verront plus d’animaux ( vous dites que ça a déjà commencé avec les flamants roses ) .

1 « J'aime »

Avant de poursuivre ce carnet, je voudrais juste donner une ou deux infos pratiques sur Rio Lagartos.

Tout d’abord, l’hébergement. Dans cette petite ville de 2.000 habitants, les hôtels sont concentrés le long du malecon : on n’a donc que l’embarras du choix. Si l’on a un peu de temps, on peut aller d’un hôtel à l’autre pour comparer les prix et faire jouer la concurrence.

Nous avons dormi à la Posada El Perico Marinero. Le prix était élevé (123 euros la nuit pour 4), c’était, et de loin, l’hébergement le plus cher de tout notre périple de 3 semaines mais pour cette étape-là, je voulais une piscine pour nos fils. Et c’est justement l’un des deux seuls hôtels de toute la ville avec piscine, ce qui n’est pas du luxe vu la chaleur accablante qui règne là-bas.

L’hôtel est légèrement excentré, ce qui en fait un lieu d’hébergement calme, et il suffit de 5 minutes de marche pour rejoindre le minuscule centre-ville.

L’hôtel comprend un restaurant sur place et un autre, très bon, dans le centre-ville (à 5 mn à pied), pour lequel les réceptionnistes de l’hôtel donnent des bons de réductions : le Perico Marinero . On y mange très bien, la situation sur le malecon est parfaite, les prix sont corrects et le personnel est accueillant.

Et enfin, le guide. Pour en trouver un, il n’y a rien de plus simple ! On peut demander un guide à la réception des hôtels, c’est ce que nous avons fait à la Posada El Perico Marinero. On peut aussi se balader en ville, où l’on devient vite la cible des différents guides qui proposent leurs services. Toutefois, lorsqu’on refuse, ils ne sont pas insistants.

Attention : il y a les guides officiels, et les autres ! En général, ces derniers sont des pêcheurs qui emmènent les touristes sur leur bateau, car cette activité est bien plus rentable pour eux que la pêche. Mais ils n’ont reçu aucune formation pour ce métier de guide et ne donnent donc pas forcément des informations fiables.

Notre guide, Jose Ramos Gamboa, est un guide officiel que connaissaient tous ceux qui nous ont proposé leurs services sur le malecon, et tous nous ont dit que c’était un excellent guide, alors que c’était pourtant leur concurrent ! Après coup, c’est également l’impression que nous avons eue. C’est sans doute pourquoi plusieurs hôtels travaillent avec lui…

Le prix : 1.800 pesos (95 euros environ) le tour de 2 heures pour 4 personnes. Plutôt que de négocier le prix comme la plupart des gens, nous avons préféré négocier la durée et Jose a accepté de nous faire faire un tour de 3 heures au lieu de 2 pour le même tarif.

Si ça vous intéresse, n’hésitez pas à le joindre par téléphone ou via WhatsApp : (999) 910 57 83 – Par mail : contacto@riolagartosdiscovery.com (précisez son nom : Jose Ramos Gamboa) – Le site de son employeur : Rio Lagartos Discovery (différents types de tours sont organisés, y compris de nuit).

Voilà pour Rio Lagartos.

3e étape : Valladolid et ses environs

Nous quittons Las Coloradas pour Valladolid, direction plein sud. En route, nous nous arrêtons au cénote Kikil pour piquer une tête. En bref, un cénote, c’est un gouffre rempli d’eau (et c’est bien un cénote, et non pas une ! :grinning:). Ces spécificités géologiques sont généralement situées en pleine nature et le plus souvent, la baignade y est délicieuse.

Kikil est fréquenté par un oiseau coloré présent en grand nombre, le motmot à sourcils bleus . Ces jolies boules de plumes multicolores passent leur temps à virevolter au-dessus de la tête des baigneurs pour regagner leurs nids, qu’ils ont construits sur les parois du cénote.

On accède au cénote Kikil par un court chemin qui traverse une jolie végétation.

C’est un cénote assez joli, sauvage et peu fréquenté. Les quelques personnes présentes quand nous sommes arrivés ne sont pas restées longtemps et nous nous sommes vite retrouvés là tout seuls. Un régal.

Il y aurait près de 10.000 cénotes dans toute la péninsule du Yucatan. Leurs eaux rafraîchissantes sont si attrayantes qu’on a tendance à se baigner dans l’un d’entre eux (ou plusieurs) à peu près tous les jours.

Je ne vais donc pas détailler chacune de nos baignades dans ces sites naturels souvent exceptionnels car ça ne passionnera à juste titre pas grand-monde :smile:, j’en décrirai juste quelques-uns au fil de ce carnet. Toutefois, pour ceux que cela pourrait intéresser, j’ai écrit un article spécialement dédié à ces merveilles de la nature : la magie des cénotes.

Le cénote Kikil constitue une halte parfaite et rafraîchissante entre Rio Lagartos et Valladolid.

Nous avons choisi cette ville coloniale, bien évidemment pour la visiter un peu, mais aussi pour pouvoir rayonner dans la région. Elle est en effet idéalement placée pour ça : sites archéologiques mayas et cénotes, notamment, sont situés tout autour. Il y a donc de quoi faire.

Des quatre villes coloniales que nous avons visitées, c’est Valladolid qui nous a le moins emballés. Attention, elle est jolie quand même et en plus, c’est une ville à taille humaine (50.000 habitants), contrairement à Mérida par exemple.

D’où l’avantage, selon nous, de faire le tour du Yucatan dans le sens contraire des aiguilles d’une montre : on commence par Valladolid et on finit par la superbe Campeche. Cela étant dit, chacun ses goûts bien sûr…

La ville est organisée tout autour de la place centrale et de son parc. C’est là que flânent aussi bien les habitants en famille que les touristes.

Il y a également de nombreux petits kiosques de souvenirs et de street-food qui ne désemplissent pas. C’est un lieu très agréable pour se balader.

La place est dominée par l’église San Servacio, la plus grande de la ville.

L’artère qui longe la place est bordée d’arcades typiques.

Nous avons séjourné à l’hôtel San Clemente pour sa situation idéale : en plein centre-ville ! Il suffit de traverser la rue pour se retrouver aux pieds de l’église San Servacio, face à la place centrale.

Sa situation est donc exceptionnelle (la meilleure de tous les hôtels dans lesquels nous avons dormi dans les villes coloniales du Yucatan) et la terrasse pour le petit-déjeuner face à la piscine est très agréable.

Prix : 68 euros par nuit la chambre pour 4 (en plein mois de juillet, donc).

Nous avons donc rayonné autour de la ville et parmi tous les cénotes du coin, j’en citerai deux que nous avons beaucoup aimé et dans lesquels nous nous sommes retrouvés entièrement seuls la plupart du temps.

Le cénote X’ux Ha :

Et le cénote Chihuan :

Il s’agit de deux cénotes-grottes.

Sans transition, après la nature, passons aux vieilles pierres.

C’est entre Valladolid et Mérida que se situe le site sans doute le plus emblématique de tout le Yucatan : Chichen Itza.

Il s’agit d’une ancienne et vaste cité maya qui compta jusqu’à 50.000 habitants. Aujourd’hui, sa structure la plus connue, mondialement réputée, est la pyramide de Kukulcan, le Dieu serpent à plumes en l’honneur duquel elle fut érigée.

Sa conception adresse quelques clins d’oeil aux scientifiques puisque ses quatre façades sont orientées face aux quatre points cardinaux, et que chacun de ses quatre escaliers (un par façade) compte environ 90 marches pour un nombre total de… 365 ! Soit autant de marches sur la pyramide que de jours dans l’année…

Il y aurait tellement de choses à dire sur cette pyramide… Mais bon, les guides touristiques feront ça bien mieux que moi.

De nombreux autres vestiges compètent le site :

Le temple des guerriers :

Les “mille colonnes”, en voici quelques-unes :

Le terrain du jeu de balle et son fameux anneau :

Les joueurs devaient faire circuler une sorte de balle en caoutchouc puis l’envoyer à travers l’anneau ci-dessus, situé à quelques mètres de hauteur. La légende (comme certains sites internet) affirme que le perdant était sacrifié à l’issue du jeu. Mais en l’absence de la moindre preuve en ce sens, la majorité des chercheurs considère aujourd’hui que ce jeu constituait plutôt un rite de fertilité agricole sans sacrifice. Le site officiel de Chichen Itza ne fait d’ailleurs aucune mention de tels sacrifices dans sa page consacrée à ce jeu, consultable ici.

En revanche, les Tzompantli ne prêtent, eux, à aucune confusion : il s’agit de pans de murs sculptés, représentant des crânes humains empalés sur des piquets ! Cette violente pratique maya, elle, a bien existé. L’un de ces tzompantli se trouve à proximité de la pyramide de Kukulcan.

A noter que les iguanes sont présents partout à Chichen Itza. Y compris sur les crânes du tzompantli…

Enfin, terminons avec l’élément qui a permis aux Mayas de fonder leurs cités : l’eau ! Car toutes les villes mayas étaient bâties à proximité d’un ou plusieurs cénotes, ces gouffres qui constituaient la seule source d’eau de la région.

Voilà pour aujourd’hui. Merci à ceux/celles qui ont lu jusque-là :grinning:

A suivre…

1 « J'aime »

Ouais, le tourisme en nature…

Est-ce la faute des guides ou celle des très nombreux clients ?

On voit le même phénomène avec les tours bruyants et dérangeants pour dauphins en de multiples endroits ou pour baleines au Québec. Ça se nomme ‘‘exploitation de la ressource’’. Même qu`à Holbox, on pêche aussi le même requin, comme en fait foi cette photo :

PS: vous avez oublié de parler de cette autre ressource : les moustiques!!! Eux ne sont pas encore en voie d’extinction…

2 « J'aime »

Merci Pepereski pour ce témoignage.

Tu as sans doute raison pour les requins-baleines : les clients sont peut-être aussi responsables que les guides et les tours-opérateurs.

Toutefois, ces derniers vendent quand même extrêmement bien leurs tours en insistant justement sur l’aspect respect des animaux, discours bien rôdé, photos et vidéos à l’appui. Difficile alors de ne pas les croire. Ce n’est qu’une fois sur place que nous nous sommes rendus compte que la réalité était autre. C’est pourquoi j’ai tenu à témoigner de cette expérience dans ce carnet.

Concernant les moustiques, nous n’en avons pas trop souffert à Holbox, sauf lors de la sortie nocturne pour la bioluminescence : là on a pris cher. C’est tout mais en effet, il vaut mieux prévoir des vêtements longs et de l’anti-moustique.

Pas de moustiques ??? Étrange car lorsque je suis passé là il y a disons 10 ans, quoique en février, il était impossible de rester sur la plage, le jour, à l’extérieur du village. Des ‘‘brûlots’’ comme on dit au Québec… Peut-être une une zone à risques délimitée… Ou de la saison d’hiver…

Bon courage pour votre projet de blog bien détaillé. Pour une comparaison, allez voir le mien, plus humble, à Le Yucatan – Mes trucs pour voyager tranquille… (wordpress.com)

Bonne question ! L’offre répond à une demande touristique forte …

Le Mexique n’a pas une très bonne réputation pour l’observation des cétacés , ce n’est pas la première fois que je vois un témoignage de touristes " choqués "par la traque des cétacés.

1 « J'aime »

Pour des raisons qu’il serait un peu trop long à expliquer ici, nous avons dû annuler une nuit à Valladolid et la remplacer par une nuit à Tulum (pour revenir ensuite à Valladolid et reprendre le cours de notre itinéraire). Le but ? Pouvoir plonger dans des cénotes.

En effet, ça fait une bonne quinzaine d’années que j’ai dans un coin de ma tête ce type de plongées apparemment uniques au monde, dont les photos que je vois régulièrement sur le web font rêver le plongeur que je suis.

Nous avons donc effectué deux plongées avec Scuba Tulum, un club qui nous a fait vivre une journée magnifique et mémorable grâce à ces deux plongées exceptionnelles, et le mot n’est vraiment pas trop fort.

Nous nous sommes rendus tout d’abord au cénote Ponderosa. Visuellement, ce magnifique cénote porte bien son surnom de Jardin d’Eden ! Situé au beau milieu d’une végétation luxuriante, son eau attrayante passe à peu près par tous les tons de verts et de bleus.

L’inconvénient, c’est qu’il est assez fréquenté : baigneurs, snorkelers et plongeurs, tout le monde vient se régaler dans ce superbe cénote. Mais on peut quand même y passer une demi-journée voire la journée entière tellement il est joli, agréable et parfaitement aménagé.

Après la mise à l’eau dans le bassin principal (celui de la photo ci-dessus), on pénètre dans un réseau de galeries et de grottes sous-marines. Claustrophobes s’abstenir.

Au bout du tunnel se trouve le clou du spectacle : des jeux de lumière subaquatiques impressionnants. En levant la tête, on aperçoit la jolie mangrove de l’autre côté de la surface. Elle est située dans un deuxième cénote, inaccessible à pied celui-là.

Les rayons du soleil se frayent un chemin à travers cette végétation tropicale puis transpercent la surface de l’eau jusqu’au fond du cénote. On dirait un décor de cinéma mais non, c’est juste la nature.

De retour dans le bassin du départ, une jolie petite tortue d’eau douce viendra nager tranquillement parmi nous. Une plongée cinq étoiles…

La deuxième plongée de la journée aura lieu à Casa Cenote. C’est une sorte de petit lagon aux eaux d’un vert irréel et enchanteur. Il est cerné par une mangrove luxuriante.

Sa particularité, c’est qu’un crocodile sauvage y a élu domicile il y a plusieurs années. Pourtant, il y a tous les jours des gens qui s’y baignent ! Et régulièrement, le reptile vient même nager parmi eux, de la manière la plus pacifique qui soit. Cela fait des années que ça dure, et il n’a jamais attaqué personne.

A ce stade du récit, il faut faire tomber un mythe : les crocodiles ne sont pas forcément tous des mangeurs d’hommes, loin de là. Cela dépend des espèces et de leur répartition géographique, les crocodiles d’eau douce étant généralement peu voire pas agressifs, à la différence des crocodiles marins.

Le crocodile de Casa Cenote est un crocodile de Morelet. Il s’agit d’une espèce de crocodiles d’eau douce qui ne s’approchent guère des humains, même s’il faut bien évidemment toujours rester prudent : si on le menace ou si on l’approche d’un peu trop près, il peut devenir agressif pour se défendre.

Son menu alimentaire est essentiellement composé de poissons, de mammifères et d’oiseaux. Pas d’humains.

Le crocodile de Morelet ne dépasse guère les trois mètres à l’âge adulte. Celui de Casa Cenote, encore jeune, en mesure environ deux actuellement.

Ce crocodile de Casa Cenote est donc connu des locaux depuis des années, à tel point qu’ils lui ont donné un prénom, Pancho, et même un surnom affectueux : Panchito ! La bête est devenue la star des lieux et, si les baigneurs ne se bousculent pas forcément au portillon, il y en a quand même tous les jours quelques-uns qui nagent ici. Certains viennent même de loin pour le voir de près ! C’est donc notre cas.

La plongée commence dans ce qui est bien souvent le territoire des crocodiles : la mangrove.

Longer cette jolie végétation la tête sous l’eau en guettant un crocodile est une expérience unique. La mangrove vue du dessous est superbe, ses multiples dégradés de verts se reflètent à la surface en scintillant au soleil, et je regrette tellement de ne pas avoir un appareil photo qui puisse restituer fidèlement ces magnifiques images. Heureusement, elles restent gravées dans ma mémoire…

Après avoir longé la mangrove pendant quelques minutes à très faible profondeur (un à trois mètres), nous passons carrément… en-dessous ! C’est ainsi que nous nous retrouvons à palmer dans un réseau inattendu de tunnels et de galeries, qui traversent même une ou deux petites grottes sous-marines.

Ce genre de plongées de type spéléo présentent un certain nombre de particularités :

  • Il y fait évidemment très sombre (ce qui n’arrange décidément pas la qualité de mes photos !).

  • Surtout, dans ces tunnels sous-marins entièrement immergés, il est impossible de remonter à la surface pour respirer à l’air libre puisque… il n’y a pas de surface ! Il faut d’ailleurs signer une décharge (stipulant qu’on a bien été informé/e) avant la plongée.

  • Il est obligatoire de plonger au fil d’Ariane, que déroule mètre après mètre notre guide, la plongeuse expérimentée Isella.

  • Le/la guide, justement, doit obligatoirement avoir une habilitation spécifique aux plongées spéléo, en plus des diplômes habituels de prof de plongée.

  • Enfin, ce cénote communique avec la mer par les galeries sous-marines. Un peu d’eau de mer salée pénètre ainsi dans le cénote, mais elle ne se mélange pas à l’eau douce. Cette séparation entre l’eau salée et l’eau douce s’appelle halocline. L’eau salée étant naturellement plus dense que l’eau douce, elle stagne au fond où, étonnamment, on arrive quand même à la distinguer visuellement de l’eau douce. Car elle ressemble à une sorte de grande nappe d’huile. Dès qu’on nage dedans, tout devient trouble, un peu comme quand on ouvre les yeux sous l’eau sans masque. Ce manque de visibilité n’est pas ce qu’il y a de plus rassurant quand on guette un crocodile sauvage, mais cette expérience déstabilisante vaut le détour.

Voilà pour le décor de cette plongée surréaliste…

Le long de ce réseau de galeries sous-marines, quelques trouées dans la mangrove au-dessus de nos têtes laissent passer les rayons du soleil, ce qui est visuellement du plus bel effet.

Et oui, un photographe pro avec de l’excellent matos photo de plongée est venu nous tirer le portrait là-dessous, d’où la bien meilleure qualité des images ci-dessus.

Quand nous sortons du tunnel, nous savons que c’est plus précisément ici que commence le territoire de Panchito. Car pendant son briefing précédant la plongée, Isella nous a bien expliqué que notre grand saurien dentu vivait essentiellement dans cette partie-là du cénote, dès la sortie des galeries.

Et en effet, à peine extirpés des tunnels, elle nous fait immédiatement de grands signes, pointant du doigt la surface de l’eau. Dans un premier temps, nous n’apercevons aucun crocodile à l’horizon. Face à notre passivité, Isella joint ses deux coudes pour former un grand V avec ses deux avant-bras puis claque ses deux mains, mimant une mâchoire qui se referme brusquement !

Le doute n’est plus permis, Panchito est quelque part par là.

Et en effet, nous finissons par apercevoir sa patte palmée juste sous la surface de l’eau, délicatement posée sur la mangrove, au milieu des rayons du soleil. Le reste de la bête est donc au-dessus de la surface, non visible pour nous à cet instant précis.

A part quelques bouts de racines, tout est noir autour de cette patte et l’eau est chargée en particules, mais l’instant est fascinant à vivre.

Isella nous fait signe que nous allons remonter à la surface, pour le voir de plus près et en entier. Du coup, l’adrénaline aussi monte un peu mais pas tant que ça, car nous nous sentons tous les trois d’une étonnante sérénité.

Nous nous demandons dans quelle posture nous allons le trouver de l’autre côté de la surface : sera-t-il en train de nous observer ? ou sur la défensive ? ou la gueule ouverte ? Et bien en fait, une fois à la surface, il s’avère… qu’il pique un somme !

Il est à quatre ou cinq mètres de nous, tranquillement affalé sur la mangrove à l’ombre de la végétation, où il somnole. Du moins en a-t-il l’air, car nous voyons bien qu’il nous observe quand même du coin de son oeil entrouvert. Mais il n’est évidemment pas plus agressif qu’il ne l’a jamais été avec personne et il se repose paisiblement, vraisemblablement habitué aux visiteurs tels que nous.

Impossible de prendre une photo correcte de lui, à cause de l’objectif ultra-grand angle de ma GoPro qui éloigne et rapetisse Panchito. En plus, il est caché dans l’ombre de la mangrove et ce fort contraste, entre les basses lumières de l’ombre de la végétation et les hautes lumières des feuillages en plein soleil, ne facilite pas non plus la prise de vues.

Mais tant pis, le moment est intense quand même pour mes deux fils et moi. A tour de rôle, ils me demandent de leur tirer le portrait devant la bête.

Nous savourons à fond ces deux petites minutes passées avec ce compagnon singulier, qui n’aura au final pas bougé une écaille !

Mais il faut déjà repartir. Nous remettons la tête sous l’eau en espérant qu’il fasse de même, car il paraît que l’observation d’un crocodile qui se dandine dans l’eau vaut son pesant d’or.

Mais non : Panchito préfère continuer tranquillement sa sieste, malgré les poissons sous la surface qui viennent le narguer sans relâche jusque devant ses quenottes. Mais peut-être est-il justement sur la digestion de son dernier repas…

Avant de venir au Mexique, j’avais lu beaucoup d’infos diverses et variées sur le web, à propos de Panchito. Donc avant et après cette plongée, j’interroge Isella pour essayer de faire le tri entre toutes ces infos, car certaines m’intriguent. Par exemple, j’avais lu que Panchito mesurait un mètre et ne grandissait plus, ou encore que le cénote était fermé et donc inaccessible aux autres crocodiles, etc.

Un sourire au coin des lèvres, Isella dément diplomatiquement ces fake news. Elle nous explique que ce crocodile est régulièrement suivi par les autorités, qui l’ont d’ailleurs mesuré et pesé encore récemment. Il a grandi un peu et pris du poids depuis les mesures précédentes, ce qui est normal. Selon les spécialistes, il est encore à l’âge « adolescent » et du haut de ses deux mètres, il ne présente actuellement aucun danger pour l’homme.

Elle nous explique également que, comme à peu près tous les cénotes, celui-ci communique bel et bien avec la mer par un réseau de galeries sous-marines. Et contrairement à ce que j’ai lu sur le web, il arrive, même si c’est rare, que d’autres crocodiles y pénètrent.

Mais ce grand reptile est par nature un animal territorial : il défend notamment son nid, ou encore les zones dans lesquelles il se nourrit, etc. C’est pourquoi les congénères de Panchito qui arrivent parfois jusqu’ici ne restent jamais bien longtemps sur son territoire…

Pour terminer et sans transition, je dois préciser que le site est globalement assez poissonneux dans l’ensemble, ce qui rend cette pongée atypique encore plus belle.

Je ne retire que deux regrets, sans grande importance finalement, de cette rencontre de Panchito : ne pas l’avoir vu nager, et ne pas avoir pu le prendre correctement en photo.

Bien sûr, nous aurions aimé le voir nager autour de nous mais d’un autre côté, nous aurions aussi pu ne pas l’apercevoir du tout.

En effet, il arrive que Panchito soit sorti du cénote quand des visiteurs viennent l’observer, ou encore qu’il soit trop bien caché dans la mangrove pour qu’on puisse déceler sa présence. Ces visiteurs-là repartent donc bredouilles, c’est pourquoi nous savourons la chance que nous avons eue de pouvoir le voir et l’approcher : nous ne sommes pas près d’oublier ce moment.

Il est important d’insister sur un point : le crocodile est un animal que beaucoup de gens considèrent comme effrayant. A juste titre sans doute au vu de sa dentition et de la puissance phénoménale de sa mâchoire. Mais tous les crocodiles ne sont pas des mangeurs d’humains, et certains d’entre eux, c’est le cas du crocodile de Morelet, espèce à laquelle appartient Panchito, ne sont pas agressifs envers les humains.

A titre de comparaison, le crocodile de Morelet adulte mesure 3 mètres et pèse 200 kilos. Les deux espèces de crocodiles les plus dangereuses du monde (le crocodile du Nil, en Afrique, et le crocodile marin, en Asie du sud-est et en Australie, mesurent, eux, 6 mètres et pèsent jusqu’à… une tonne !

Au final, la rencontre de Panchito fut un grand moment pour nous. Cette plongée unique s’avère être l’une des plus mémorables de toutes celles que nous avons jamais faites, grâce à Panchito le croco bien sûr, mais aussi pour les galeries sous-marines et pour la beauté de la mangrove, si belle à observer depuis le dessous…

Enfin, pour ceux que ça intéresse, je recommande vivement Scuba Tulum, qui nous a magnifiquement accueillis et guidés, notamment grâce à Isella, notre guide de plongée, et sa collègue à terre, Gwadalupe. N’hésitez pas à les contacter, que ce soit pour plonger avec Panchito ou ailleurs…

1 « J'aime »

Merci pour ce carnet de voyage, ça donne envie ! Petite question sur la météo, comment s’est déroulé votre voyage ce sur point là ?

Merci d’avance et encore une fois, merci pour ce carnet !

De rien Quentin, c’est avec grand plaisir que j’écris ce carnet : j’organise mes voyages grâce à toutes les infos que d’autres voyageurs partagent sur le web, ça me fait donc particulièrement plaisir de rendre la pareille chaque fois que je rentre :grinning:

Pour répondre à ta question, nous avons eu un temps extrêmement chaud et humide. Ce qui est classique apparemment pour un mois de juillet dans le Yucatan, où la saison sèche s’étend de novembre-décembre environ à avril, et la saison humide de mai à octobre-novembre si j’ai bien compris. Sachant que là-bas, il fait chaud tout le temps !

En juillet, on ruisselle tous les jours à cause de cette humidité très élevée, qui peut s’avérer gênante pour certaines personnes.

J’ajoute qu’à Holbox, par endroits notamment au bord, l’eau était à peu près chaude : pas tiède mais limite chaude, donc pas rafraîchissante du tout. Ça allait mieux dès qu’il y avait un peu plus de profondeur.

A l’inverse, se baigner dans les canaux Mayas de la réserve de Sian Ka’an (compte-rendu à venir…), où l’eau était à température idéale, fut l’un des moments les plus délicieux de tout notre séjour…

Quelques infos pratiques pour ceux qui seraient intéressé/e/s par des plongées à Tulum, avec ou sans Panchito…

1/ Tout d’abord concernant le cénote de Panchito, attention, il existe deux cénotes portant le nom de Casa Cenote, à quelques kilomètres de distance l’un de l’autre !

Celui dont nous parlons dans cet article s’appelle également Cenote Manatee (ou Manati). C’est bien là que vit Panchito.

Il ne faut pas le confondre avec l’autre Casa Cenote, plus souvent appelé Cenote Xpuha, situé à une vingtaine de kilomètres plus au nord.

Enfin, on peut aller à la rencontre de Panchito simplement à la nage et non pas forcément en plongée. Il y a un plan du cénote affiché à l’entrée.

Sur le plan ci-dessus, la mise à l’eau est située en bas à gauche (main entrance), et Panchito vit le plus souvent dans la zone située en haut à droite (entre Crack Passage et Cavern limit).

Autrement, pour plus de précisions, il suffit de demander aux locaux présents sur place.

2/ Pour ceux que cela intéresse, je remets le lien du club avec lequel nous avons plongé : Scuba TulumAdresse : calle sagitario Ote. 8, Tulum, QR 77780 – Téléphone : 01.984.115.2336 – Mail : scubatulum@gmail.com

C’est un club comme on les aime : accueil simple et amical, conditions de sécurité respectées mais sans la prise de tête qui va parfois avec, présence de quelques clients mais pas trop comme dans certains clubs où c’est l’usine.

Les deux interlocutrices que nous avons eues, Gwadalupe et Isella, ont toujours su rester simples et ouvertes. Elles ont répondu patiemment à nos nombreuses questions et nous ont appris une foule de choses passionnantes, sur les crocodiles mais aussi sur la nature du Yucatan, les habitants, leur mode de vie etc.

Comme toutes les plongées au Mexique, le prix n’est pas donné mais il est conforme à ceux pratiqués dans les différents clubs de plongée de Tulum : 2 plongées pour 150 euros par personne (mais quelles plongées !). Dans tous les cénotes, il faut y ajouter les frais d’entrée : pour Casa Cénote, c’est 200 pesos par personne (environ 10-11 euros).

En conclusion, nous gardons un magnifique souvenir de l’expérience de plongée vécue avec ce club.

A noter que, outre les plongées dans les différents cénotes de la région, Scuba Tulum organise aussi des plongées dans l’océan voisin.

Bien sûr, il existe également la possibilité de s’adresser aux nombreux autres clubs de plongée de Tulum, qui se rendent tous régulièrement sur ce spot.

Bon, à ce stade du récit, je me rends compte que j’ai complètement zappé de continuer à numéroter les étapes ! Du coup, tant pis, je vais devoir continuer sans ces numéros…

La partie du voyage qui vient comprend surtout des villes coloniales : Izamal, Mérida et la jolie Campeche. Il y aura également quelques vieilles pierres, celles de la cité Maya d’Uxmal. Les sites natures reviendront ensuite…

Après notre escapade à Tulum pour les plongées, nous regagnons Valladolid pour y passer notre dernière journée, puis nous prenons la direction de Mérida. Sur la route, nous faisons un petit détour pour découvrir la “ville jaune” : Izamal.

Il s’agit d’une petite ville (15.000 habitants) dont les ruelles sont très peu animées, et carrément désertes lors de notre venue.

Les colons espagnols construisirent Izamal sur les vestiges d’une cité maya, dont ils utilisèrent les pierres pour construire la principale attraction de la ville : le couvent Saint-Antoine de Padoue. Juché sur une petite colline, il domine la ville.

Il paraît qu’il existe plusieurs pyramides mayas à Izamal, dont l’entrée est gratuite, mais nous ne les avons pas visitées.

Après le calme reposant d’Izamal, nous allons découvrir l’agitation de Mérida. Avec son million d’habitants, elle est généralement considérée comme la “capitale” du Yucatan.

Comme Valladolid, Mérida jouit d’une situation géographique idéale, ce qui permet d’en faire un excellent point de chute pour rayonner dans les alentours.

En plus de la découverte de la ville, on peut ainsi aller visiter les cités maya de Chichen Itza (à 124 km) et Uxmal (à 78 km), ainsi que les nombreux cénotes du coin.

Comme dans tant de villes coloniales mexicaines, la place centrale est le coeur de la cité. Les familles et les touristes s’y retrouvent pour se balader, flâner, manger un morceau… C’est bien sûr un lieu incontournable.

Autour d’elle sont articulés divers bâtiments importants qu’il faut visiter : la cathédrale San Ildefonso, le palais du gouverneur, le palais municipal, la casa Montejo :

La cathédrale San Ildefonso :

Le palais du gouverneur :

Il abrite de grandes peintures murales retraçant l’histoire tragique des mayas. Elles sont signées du peintre mexicain Fernando Castro Pacheco .

Ci-dessus : la salle d’exposition des oeuvres de Fernando Castro Pacheco

Photo ci-dessus : le supplice de Jacinto Can Ek (14/12/1761)

Le palais municipal :

Construit en 1735 sans sa tour (elle fut ajoutée en 1928) face à la place centrale, ce bâtiment aujourd’hui paisible servit à une époque de prison.

Ne manquez pas d’aller l’admirer à la tombée de la nuit, lorsque sa tour et ses arcades s’illuminent : c’est à ce moment-là qu’il est le plus beau.

La Casa Montejo :

Francisco de Montejo, conquérant du Yucatan, fît construire cette maison lorsqu’il fonda la ville de Mérida, en 1542.

Elle témoigne de ce à quoi ressemblait une maison entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe. Elle abrite également un musée.

Enfin, classique mais efficace : si vous aimez les couleurs et les senteurs des marchés latinos, alors vous n’aurez que l’embarras du choix à Mérida.

Le marché San Benito et le marché Santa Ana, notamment, sont situés à quelques minutes de marche de la place centrale.

Nous quittons Mérida, jolie ville chargée d’histoire, pour Uxmal.

La cité maya d’Uxmal

Pendant longtemps, la région d’Uxmal (qui se prononce « Ouchmal ») compta très peu d’habitants pour une raison simple : les cénotes étaient beaucoup plus rares dans cette partie du Yucatan qu’ailleurs, et cette pénurie d’eau rendait la région difficilement habitable.

Le bâtiment principal de ce merveilleux site est la pyramide du Devin. On l’appelle aussi pyramide de la Diseuse de bonne aventure, ou encore pyramide du Magicien ! Et la magie, c’est justement ce qui opère quand on admire ce superbe édifice haut de 40 mètres, avec bien moins de touristes qu’à Chichen Itza.

Elle a une forme originale et inhabituelle puisque sa base est ovale, plutôt que carrée ou rectangulaire comme pour la majorité des pyramides mayas. La cité est considérée comme l’un des plus beaux exemples de l’architecture Puuc.

Parmi les autres édifices majeurs du site, le quadrilatère des nonnes est long de 81 mètres et large de 54. Les spécialistes n’ont pas encore tranché entre les différentes hypothèses de ce à quoi il était dédié.

Un peu plus loin, le palais du gouverneur est considéré comme un chef-d’oeuvre architectural, caractérisé notamment par un grand raffinement. Sa centaine de mètres de long est décorée par près de 20.000 petits éléments sculptés (personnages, masques etc.)

En contrebas du palais est érigée la grande pyramide à neuf degrés, richement décorée, et dont trois des quatre façades restent enfouies dans la végétation.

Et comme toujours sur les sites archéologiques mayas, on trouve un peu partout des iguanes qui se réchauffent sur les vieilles pierres chargées d’histoire…

Voilà pour aujourd’hui…

J’ai oublié de préciser qu’à cette époque de l’année (juillet), les orages sont courants. Nous avons donc eu globalement du beau temps tous les jours, mais entrecoupés parfois d’orages, généralement courts, parfois un peu plus longs, mais avec le soleil qui finissait toujours par revenir ensuite. Et pendant ces orages, la température restait systématiquement élevée.

Campeche

Nous quittons Uxmal pour la jolie ville coloniale de Campeche, classée au patrimoine mondial de l’Unesco.

Contrairement aux autres villes coloniales situées à l’intérieur de la péninsule, Campeche a les pieds dans l’eau : elle borde le golfe du Mexique.

Il y a bien un malecon dans la ville, mais pas de plages. Quant à celles des environs, elles ne sont pas recommandées car elles sont polluées par les raffineries de la région : l’état de Campeche est le principal producteur de pétrole du pays.

Campeche est la seule ville fortifiée de tout le Mexique, même si les murs d’enceinte ont presque tous disparu avec le temps.

La cathédrale de l’Immaculée Conception n’est pas immense et pourtant, sa construction dura… 220 ans !

Elle est située en plein coeur de la ville, bordant la place de l’Indépendance.

Si l’intérieur de la cathédrale n’a rien d’exceptionnel, le petit patio situé à ses pieds est, lui, assez agréable.

Comme dans de nombreuses villes mexicaines, la place centrale ou zocalo, nommée place de l’Indépendance à Campeche, est un peu le coeur de la ville, même si c’est moins flagrant à Campeche qu’à Mérida ou Valladolid par exemple.

Au coeur de la place et au milieu de la verdure, un kiosque et des petits commerces : street-food, artisanat, etc.

De chaque côté, elle est bordée de jolies arcades : jaunes d’un côté de la place, rouges de l’autre.

Ce qui fait surtout le charme de Campeche, ce sont ses innombrables façades de maisons colorées.

La ville a beaucoup de charme et bénéficie en plus d’un gros avantage : elle n’est pas encore trop touristique, car elle est relativement éloignée du circuit que font la plupart des voyageurs au Yucatan.

Si l’on trouve des façades colorées dans les autres villes coloniales du Yucatan, ce n’est rien comparé au centre-ville de Campeche.

Nous avons eu un coup de coeur pour Campeche : si nous devions n’en conseiller qu’une, ce serait celle-là…

L’étape suivante sera l’une des plus mémorables de notre voyage…

Dormir dans la jungle et visiter la cité maya de Calakmul

Bon, je précise tout de suite que lorsque je parle de dormir dans la jungle, je n’évoque pas une expédition à la Mike Horn ! Il s’agit simplement de passer une nuit sous une tente dans un petit campement isolé, à la lisière de la jungle de Calakmul. C’est bien mieux qu’un petit hôtel et pour les voyageurs de base comme nous, cela suffit amplement à vivre une expérience dépaysante et inoubliable.

L’emplacement de ce campement est un peu moins éloigné de la cité Maya (52 km) que les autres hébergements de la région (60 km). Cela permet d’arriver au site archéologique relativement tôt le lendemain matin, et de s’y retrouver à peu près seuls !

Pour commencer, il faut savoir que ce site précolombien est situé au milieu de la zone la plus isolée de tout le Yucatan. La carte ci-dessous montre bien à quel point les réseaux routiers et les villes fourmillent dans toute la moitié nord du Yucatan.

Carte ci-dessus : en violet, Calakmul…

A l’inverse, la moitié sud est en grande partie restée vierge de toute activité humaine. C’est l’empire de la jungle, et c’est là que se situe Calakmul.

C’est cet isolement qui explique pourquoi cette superbe cité Maya est si peu visitée. Pourtant, ses deux grandes pyramides qui dominent la jungle laissent un souvenir impérissable à tous ceux qui sont montés à leur sommet…

Et pour couronner le tout, l’Unesco a classé une partie de la zone réserve de biosphère.

Pour se rendre à Calakmul, il faut passer par le petit village de Conhuas, situé sur la route 186. A sept kilomètres au sud est situé le Campamento Yaax’ Che, où nous avons dormi.

Dès notre arrivée, nous vivons une expérience rare paraît-il, mais qui nous met immédiatement dans l’ambiance de la jungle. Après avoir marché à peine une vingtaine de mètres, juste après les panneaux de bienvenue de la photo ci-dessus, nous nous trouvons nez-à-nez avec… un serpent corail au venin mortel ! Le décor est planté.

Ce petit reptile est aussi joli que dangereux puisque parmi tous les serpents, son venin est l’un des plus puissants. Il ne faut donc pas se fier à sa modeste taille d’une cinquantaine de centimètres seulement.

Bref, nous comprenons vite qu’il va nous falloir bien regarder où nous mettons les pieds, notamment quand la nuit sera tombée et que nous marcherons ici à la lumière de nos frontales…

Nous quittons notre ami sans pattes et une vingtaine de mètres plus loin, ce sont deux singes-araignées qui nous accueillent. Ils jouent dans les arbres au-dessus de nos têtes.

En une poignée de minutes à peine, notre premier contact avec les habitants de cette jungle dans laquelle nous allons dormir va donc au-delà de nos espérances.

Le troisième animal qui nous signale sa présence n’est ni aussi sympa que les singes, ni aussi dangereux que le serpent : ce sont les moustiques ! Il n’y en a pas des hordes, mais suffisamment pour que nous nous tartinions rapidement d’anti-moustique.

Parmi les autres habitants de la jungle, signalons la néphile. Mais c’est quoi cette bête, me demanderez-vous ? C’est une jolie araignée d’une dizaine de centimètres de long, gracile et colorée, qui tisse la plus grande toile du monde arachnide.

Mais surtout, cette grande toile est extrêmement solide et collante puisque même des oiseaux comme les colibris s’y font piéger. Si solide d’ailleurs qu’elle est étudiée dans le but d’améliorer la fabrication… des gilets pare-balles !

Bien d’autres animaux peuplent la jungle. Quelques gros félins notamment vivent dans le coin comme les deux stars des lieux, le jaguar et le puma, mais ils sont peu nombreux dans une vaste zone et par conséquent, il est rare de pouvoir les observer. Nous n’en verrons pas.

Mais revenons-en au campement : il est composé de neuf tentes seulement. Elles sont suffisamment espacées et toutes abritées par un toit en tôle, afin de parer aux fortes pluies saisonnières.

Lors de notre venue, il n’y a pas foule : seules deux tentes en plus de la nôtre sont occupées, ce qui conforte notre sensation d’isolement.

Le confort est modeste bien sûr mais ça, nous le savions avant d’arriver. Dans les tentes, il y a juste les matelas.

Dans un tel cadre, le campement est forcément très respectueux de la nature : toilettes sèches, tri sélectif, récupérateurs d’eau, tout est fait pour préserver l’environnement, lequel est exceptionnel par ici.

Il n’y a évidemment ni eau courante, ni électricité dans le coin. Dans chaque douche a donc été préparé un seau rempli d’eau pour que les visiteurs puissent se laver. Mais il faut bien dire que la couleur de cette eau nous dissuade vite de prendre la douche dont nous avons pourtant rêvé toute la journée.

C’est un peu dommage, tellement le taux d’humidité élevé nous fait transpirer, mais à la roots comme à la roots : nous ne nous attendions pas non plus à un quatre étoiles, et nous savourons malgré tout la chance que nous allons avoir de passer la nuit dans un tel site.

Une fois installés, nous prenons en sens inverse le petit chemin par lequel nous sommes arrivés. A un petit kilomètre du campement est situé le restaurant Oxte’ Tun , très roots lui aussi : un toit en tôle, quelques piliers en bois et aucun mur. Sa simplicité se fond parfaitement dans la jungle qui l’entoure et comme le campement, c’est exactement le genre d’endroit que nous sommes venus chercher ici.

Le premier contact avec eux n’est pas très chaleureux. Du coup, nous sommes un peu déçus mais en voyant Laeticia s’activer derrière ses fourneaux, nous ne pouvons nous empêcher de la bombarder de questions sur la gastronomie mexicaine. Ça les déride et ils deviennent vite plus souriants et sympas.

Pour la petite histoire, Laeticia maîtrise parfaitement la cuisine mexicaine car avec le peu d’ingrédients dont elle dispose ici, elle arrive à nous régaler. Donc si vous passez par là, n’hésitez pas à faire une petite halte dans ce délicieux petit restaurant de bord de route : Oxte’ Tun.

Le soleil se couche tôt ici et du coup, nous aussi !

L’intérêt de dormir dans la jungle est double pour nous. D’un point de vue purement pratique, nous ne sommes pas trop loin de la cité Maya et nous pourrons donc y arriver dès l’ouverture demain matin, histoire de ne pas croiser trop de touristes.

Mais pour les voyageurs avides de découvertes, l’intérêt consiste avant tout à dormir dans un cadre inhabituel, au son des cris des animaux de la jungle.

Finalement, on n’entend pas tant d’animaux que ça la nuit, mais ils font suffisamment de bruit pour que lorsqu’ils se manifestent, on ne puisse pas les rater !

Tout d’abord, la musique de fond est assurée par les cigales, qui ne s’arrêtent jamais. C’est une berceuse très efficace.

Ensuite, on entend de temps en temps des singes, qui communiquent entre eux par des sortes de grondements brefs et sourds. Ils se répondent alors qu’ils sont éloignés les uns des autres, du coup, ces cris assez puissants semblent surgir de tous les côtés de la tente.

De temps en temps, on entend aussi des cris non identifiés.

Et enfin, juste avant le lever du jour, on est réveillé par différents chants d’oiseaux, en général assez mélodieux.

Passer une nuit dans un endroit aussi nature et aussi isolé a un côté enchanteur, notamment quand on est habitué aux bruits et aux odeurs de la ville…

La réserve de biosphère de Calakmul

Il fait jour, nous partons pour la cité Maya de Calakmul, classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Elle est située à 52 kilomètres du campement. Mais comme la route se transforme vite en piste avec une limitation à 30 km/h, il faut rouler lentement (on n’est pas là pour écraser nos amis les animaux). Ce qui prend du coup 1h50 environ pour atteindre le site.

Cette piste traverse la jungle, dont une vaste partie a elle aussi été classée par l’Unesco, mais en tant que réserve de biosphère. Comme quoi une merveille de l’Unesco peut en cacher une autre…

En chemin, nous croisons à plusieurs reprises des dindons ocellés.

Il s’agit de grands oiseaux (près d’un mètre de long) au très joli plumage multicolore. La tête est bleue et comporte une multitude d’excroissances rondes et rouges, un peu comme des verrues mais en plus joli (ou en moins moche) !

Notez bien : le dindon ocellé n’aime pas être photographié ! En tous cas, celui que j’immortalise par la fenêtre de la voiture fait mine de nous attaquer à plusieurs reprises en courant vers nous subitement, puis il s’éloigne lentement pendant une poignée de secondes, puis il fonce à nouveau vers nous, et ainsi de suite.

Et quand je décide enfin de partir pour le laisser tranquille car après tout, c’est sa jungle à lui, pas la nôtre, il court fièrement après notre voiture, l’air satisfait et le sourire au coin du bec. Le dindon a gagné, je m’avoue vaincu.

Parmi les autres animaux qui peuplent la réserve, pas forcément tous faciles à observer, citons pêle-mêle le jaguar et le puma, le singe-araignée et le singe-hurleur, le tapir…

Il y a également 350 espèces d’oiseaux, notamment des toucans et plusieurs espèces d’aigles, de vautours et de perroquets ; 70 espèces de reptiles ; près de 400 espèces de papillons…

Et avec ses 1500 espèces végétales, la flore n’est pas en reste.

Bref, amoureux de la nature, la réserve de biosphère de Calakmul est faite pour vous…

Nous nous sommes levés tôt ce matin et ça paye car lorsque nous arrivons au site Maya, il n’y a que trois voitures garées sur place ! C’est incroyable mais nous allons donc avoir un site Maya, et pas le moindre, quasiment rien que pour nous.

Calakmul est une cité Maya qui connut son apogée vers 650. Très puissante à l’époque, elle compta jusqu’à 50.000 habitants.

Aujourd’hui, outre son histoire bien sûr, ce qui rend cette cité magique pour les profanes dont nous faisons partie, c’est que la jungle a repris possession des lieux au fil des siècles. Ce qui donne un peu des airs d’Indiana Jones à cette cité perdue.

Seule une vingtaine des 6.000 structures qui sont éparpillées dans la jungle ont été nettoyées et sont accessibles, malgré les arbres qui ont colonisé ces vieilles pierres.

Le cadre naturel de ce site historique est donc impressionnant.

L’un des principaux intérêts pour le visiteur qui arpente Calakmul, c’est que contrairement aux sites mayas plus connus et beaucoup plus fréquentés tels que Chichen Itza ou Uxmal, il peut monter en haut des pyramides ici.

Et comme toujours sur les pyramides précolombiennes, la montée est abrupte.

La première pyramide sur l’itinéraire est la structure I. Elle mesure 50 mètres de haut et fait face au principal joyau du site : la deuxième pyramide ou structure II.

Alors que nous escaladons la première pyramide, nous entendons au loin des cris d’animaux non identifiables dont le niveau sonore est incroyablement élevé.

Nous nous demandons ce que ça peut bien être et pensons à un félin, mais ce n’est qu’en arrivant à la deuxième pyramide que nous comprenons : ces cris proviennent d’un groupe de singes hurleurs. A l’évidence, ils n’ont pas été affublés d’un tel nom pour rien !

Pour bien comprendre à quel point le hurlement de cet animal impressionne celui qui l’entend, il faut savoir que dans tout le règne animal, le singe hurleur fait partie des trois animaux dont le cri est le plus puissant. Avec 140 décibels, il se situe même devant le cerf qui brame et le lion qui rugit (110 à 120 décibels « seulement ») et pas très loin derrière… un avion de ligne qui décolle paraît-il (140 à 170 décibels) ! Il faut l’entendre pour le croire. Vraiment impressionnant.

Pour se défouler les cordes vocales, l’arbre que ces sept ou huit singes ont choisi est situé aux pieds de l’un des plus importants temples-pyramides du monde Maya. C’est la magie de la jungle : pour nous, cette rencontre animale dans ce haut-lieu historique sera mémorable.

Nous quittons nos amis primates, visuellement mais pas auditivement, pour entreprendre la montée de cette fameuse pyramide dont la base carrée mesure 120 mètres de côté ! Du sommet, on aperçoit au loin la première pyramide, celle que nous avons escaladée quelques minutes plus tôt, enfouie dans la jungle qui s’étend à l’infini.

La vue est impressionnante depuis la cime de ce joyau qui émerge de la végétation.

A bien y réfléchir, le paysage n’a pas dû beaucoup changer depuis l’époque des Mayas. Tant mieux.

C’est l’heure de partir.

Plus bas, les singes continuent à s’époumoner…

1 « J'aime »

En revenant de ce voyage dans le Yucatan, j’ai été un peu déçu de mes photos, que j’espérais bien meilleures. En revanche, j’ai trouvé que les vidéos avaient un meilleur rendu.

Donc juste avant d’en terminer avec ce carnet, voici pour ceux que ça intéresse le résumé vidéo de ce périple en 2 petites minutes…

Avant de passer à la fin du voyage (Bacalar, Sian Ka’an et Tulum), quelques infos pratiques concernant Calakmul :

- Le campement Yaax’ Che.

En activité depuis 2003, il est géré par une famille issue d’une communauté locale. L’objectif initial consistait à établir un camp doté d’infrastructures à faible impact environnemental. Vingt ans plus tard, ce camp est une réussite puisqu’il accueille des touristes tout en contribuant à la préservation de l’environnement de la réserve.

Contact : serveursturisticos@yahoo.com.mx

Téléphone : +52.983.101.1921

Adresse : campamento Yaax Che en Calakmul, Carretera 186 Escacega – Chetumal KM 98 Entronque a Calakmul KM 7, 24640 Conhuas

Pour y réserver une tente (ou plusieurs), le mieux est de passer par l’excellent site de l’association de tourisme communautaire à laquelle adhère ce campement : alliance péninsulaire pour le tourisme communautaire.

N’hésitez pas à le consulter : vous y trouverez peut-être votre bonheur car il comporte également d’autres adresses intéressantes, communautaires et hors des sentiers battus dans le Yucatan…

Autrement, on peut aussi réserver via les plateformes classiques : Book ing, Agoda, Tripadvisor…

Prix : cela peut paraître étonnant mais ici, le prix est inversement proportionnel au niveau de confort ! Nous avons réglé 78 euros la tente pour quatre personnes (au mois de juillet). Certains trouveront ce tarif trop élevé par rapport aux prestations. Nous, non : pour une fois qu’on peut sortir un peu des sentiers battus dans ce Yucatan ultra-touristique, ça vaut bien ce prix-là…

Repas inclus : un petit déjeuner (peu copieux) est inclus dans le prix. On peut l’échanger avec un petit sandwich en vue de la journée de visite à Calakmul, sachant qu’il n’y a aucun endroit où acheter à manger dans le coin.

A noter qu’il existe deux courts sentiers d’observation de la nature autour du campement, avec notamment une tour d’observation des oiseaux en pleine jungle :

- Les tarifs du site archéologique de Calakmul

Voici comment le prix total d’accès au site se décompose (tarifs 2023) :

  • A la sortie du petit village de Conhuas, il faut s’acquitter d’un droit d’entrée correspondant à l’entretien de la route (104 pesos par personne ).
  • 20 km plus loin, on paye l’entrée dans la réserve de biosphère (150 pesos par personne).
  • Et à l’arrivée (40 km de plus), on paye l’accès au site archéologique maya (90 pesos par personne).

Le prix total est donc de 344 pesos par personne (environ 19 euros au taux de conversion 2023).

Avec tous ces paiements successifs, on a un peu l’impression d’être pris pour des vaches à lait mais au final, ce prix est une bouchée de pain pour un site aussi exceptionnel que Calakmul.

- Attention : ne tombez pas en panne d’essence, d’eau ou de nourriture…

Calakmul est complètement isolée dans la jungle, il n’y a rien à proximité, elle est loin de tout. Ça fait partie de son charme mais cela comporte en contrepartie quelques inconvénients : il faut notamment anticiper l’approvisionnement en essence, en eau et en nourriture.

Pour l’essence :

Il faut faire le plein bien avant d’arriver à Conhuas car les postes d’essence sont quasi-inexistants sur la route 186.

En venant de l’ouest, la dernière pompe à essence que nous avons trouvée avant Conhuas était située à Silvituc (à 45 km de Conhuas et 105 km de Calakmul).

Pour être tranquilles si vous venez de l’est (Bacalar, Chetumal etc.), il faut idéalement faire le plein à Bacalar, notamment si vous faites l’aller-retour Bacalar-Calakmul (470 km).

Pour l’eau et la nourriture :

Là aussi, il faut s’approvisionner bien avant d’arriver à Calakmul, sous peine de jeûne ! Car ne pas avoir d’eau quand on marche dans ce site généralement écrasé par la chaleur, ça peut gâcher la visite…

L’idéal consiste à acheter de quoi manger et boire, soit dans une ville qu’on traverse en chemin (qu’on vienne de Campeche, Bacalar ou d’ailleurs), soit dans un petit magasin typique comme on en trouve souvent en bord de route, mais dans tous les cas bien avant d’arriver à Conhuas.

Sinon, on peut quand même trouver de quoi s’approvisionner à Conhuas mais avec un choix réduit, les magasins étant rares, petits et peu garnis.

Et enfin, si on passe la première barrière située 1 km juste après Conhuas, à l’entrée de la route qui descend plein sud vers Calakmul, alors on n’a plus qu’à s’arrêter 6 km plus loin, au restaurant Oxte’ Tun situé à droite en bord de route. Là, il est possible d’acheter des petits sandwichs. On n’y vend pas d’eau en bouteille, mais on peut y remplir ses bouteilles vides (ne faites pas comme nous : conservez vos bouteilles vides en allant à Calakmul au lieu de les jeter…). On y vend également des sodas.

Maintenant, passons à la suite et si j’ai le temps, à la fin du périple.

Bacalar

J’avoue que nous n’y sommes pas restés assez longtemps et que nous n’en avons pas assez profité. C’est dommage car la zone est magnifique, les couleurs, notamment de l’eau, sont sublimes et appellent à la baignade dans une eau qui est à une température franchement délicieuse.

La lagune de Bacalar est surnommée “lagune aux 7 couleurs” à cause de, ou plutôt grâce à ses différentes nuances de bleus, de turquoise et de verts.

Nous sommes allés au fameux Canal des Pirates en canoë. On doit d’abord ramer une bonne vingtaine de minutes voire un peu plus (nous, c’était contre le vent).

Puis on arrive à un site où il n’y a pas grand-chose d’autre à faire que se baigner en profitant du paysage.

En rentrant, nous pensions pouvoir nous baigner sur la côte mais ça a l’air quasiment impossible : les hôtels ont colonisé le front de mer et les accès à la mer sont privatisés. Peut-être en existe-t-il quelques-uns mais si c’est le cas, nous ne les avons pas vus.

Au moment où nous pensions nous rabattre sur un balneario public (petite station balnéaire gratuite mais en contrepartie ultra-fréquentée), nous avons dégoté un petit ponton juste à côté qui était, lui, à peu près désert :

Voici ce que donne le balneario public :

… et les pontons privés juste à côté, en enfilade :

Nous avons également fait une petite visite de la lagune en bateau. On découvre brièvement un cénote immergé dont on aperçoit parfaitement la forme circulaire.

Puis direction une nouvelle zone de baignade.

Là, il n’y a rien à faire. Juste savourer et profiter. A ce moment-là, le quotidien du boulot en France nous paraît si loin…

A noter que nous avons eu un coup de coeur pour un petit resto sympa, le Baluartes Marina Laguna Azul (Avenida Costera 1, por Calles 20 y 22, Bacalar, 77930). Les plats et cocktails y sont bons et copieux et idéalement, il faut y aller le soir et demander l’étage, bien plus sympa que le rez-de-chaussée :

La réserve de biosphère de Sian Ka’an

Il y a trois façons de visiter la réserve de Sian Ka’an :

  • L’excursion depuis Muyil en version courte (2 à 3 heures)
  • L’excursion depuis Muyil en version longue (5 heures)
  • L’excursion de Sian Ka’an (8 heures).

Nous avons choisi la première option : l’excursion courte depuis Muyil. Elle se déroule en trois étapes :

  • On commence par la visite de l’ancienne petite cité maya de Muyil
  • On poursuit par une courte mais agréable traversée de la jungle
  • On termine par une jolie balade en bateau qui finit par une baignade inoubliable dans les canaux mayas.

Enfin, il est possible de faire cette excursion, au choix, avec ou sans guide, et il faut noter qu’on peut aussi se rendre directement à l’embarcadère pour prendre le bateau, si l’on veut zapper les deux premières étapes.

Étape 1 : les vestiges mayas de Muyil

Il s’agit d’un site archéologique maya qui n’est pas spécialement impressionnant à première vue, comparé à ceux de Chichen Itza, Uxmal ou Calakmul.

Il n’empêche que ce site noyé dans la nature, où les visiteurs ne se bousculent pas, est extrêmement agréable à visiter.

Habité très tôt par les Mayas (de l’an – 300 à l’an 900 environ), la position stratégique du site permettait à ses habitants de garder une route commerciale importante.

Aujourd’hui, sa principale attraction archéologique est sa pyramide à degrés, dite El Castillo. C’est aussi sa plus haute structure (17 mètres).

A titre indicatif, on peut aussi bien plier la visite des ruines en un quart-d’heure si on n’est pas très curieux, que la faire durer une heure voire plus en mode slow tourisme. Nous, nous avons pris tout notre temps tellement nous l’avons trouvée agréable.

Étape 2 : courte traversée de la jungle

On traverse ensuite une zone de jungle sur un petit chemin en lames de bois très agréable : le sentier Canan Ha.

Le panneau situé à l’entrée présente différents habitants du coin même si, en réalité, il n’est pas très fréquent de pourvoir les observer sur cette portion de jungle. En revanche, le chant des oiseaux exotiques nous chatouille en permanence les oreilles.

Après 10 à 15 minutes de marche, on arrive à une tour d’observation dont le sommet est situé juste au-dessus de la canopée.

La montée est à peu près aussi abrupte que sur une pyramide maya !

La vue depuis le sommet vaut le coup d’oeil.

Il ne reste alors plus qu’un petit bout de chemin (5 minutes) avant d’arriver à l’embarcadère.

Étape 3 : bateau, lagune, mangrove et baignade dans les canaux mayas

Si les deux premières étapes (ruines et jungle) sont déjà très agréables, la troisième laisse carrément un souvenir impérissable. Je l’avais lu avant d’y aller mais j’étais sceptique : à tort, car ce n’est vraiment que du plaisir…

La sortie nautique commence par la traversée de la lagune de Muyil. Peu profonde, son eau translucide prend de multiples couleurs : des tons de verts et de bleus, des bancs de sable blanc, des hauts-fonds marrons…

On arrive ensuite aux fameux canaux mayas, qui sillonnent la mangrove.

Historiquement, ils permettaient aux Mayas de s’approvisionner en eau douce, ce qui était vital pour eux. Aujourd’hui, on s’y baigne !

Avant de se jeter à l’eau, on doit enfiler un gilet de sauvetage, non pas par les bras mais par les jambes : le but est de le porter… comme une couche !

On n’est pas spécialement fier ainsi accoutré mais il faut reconnaître qu’au niveau confort, les sensations dans l’eau sont top.

Sa température parfaite fait d’ailleurs un bien fou par rapport à la chaleur ambiante et contribue à rendre le moment magique.

On n’a plus qu’à se laisser porter tranquillement par le courant, sans nager.

On serpente lentement à travers une jolie mangrove, dans une eau vert émeraude.

Pour cette balade flottante, le pilote du bateau nous avait annoncé une durée d’environ 45 minutes, mais on peut aussi faire durer le plaisir : nous avons tellement profité du moment qu’elle nous a pris plus d’une heure.

On finit par arriver à un petit ponton perdu dans la végétation, qui marque le terminus. Là, il y a deux possibilités : soit le pilote est venu ici en bateau pour récupérer ses nageurs, soit il est venu à pied par un ponton à travers la végétation, par lequel on retourne avec lui au bateau, toujours amarré à l’endroit où on s’est mis à l’eau.

Nous sommes revenus par ce sentier pédestre, seuls au milieu de nulle part. Après 10 minutes de marche sous le cagnard, nous récupérons le bateau.

Il ne reste plus qu’une dizaine de minutes de navigation à travers la mangrove et la lagune de Muyil dans de jolis paysages, pour rentrer à l’embarcadère du début de l’étape 3.

De là, on peut rejoindre la sortie du site, soit directement (5 minutes à pied), soit en reprenant le chemin de l’aller en sens inverse (traversée de la portion de jungle puis du site archéologique). Nous avons choisi cette deuxième option, histoire de continuer à en profiter au maximum…

Bon, je vais encore parler bouffe mais juste en face de l’entrée du site archéologique, de l’autre côté de la route 307, il y a un excellent petit resto typique.

La cuisine est bonne, l’hygiène aussi, les prix sont corrects, la famille qui tient le resto est accueillante et la petite terrasse intérieure est particulièrement agréable !

Donc si vous avez un creux en quittant le site archéologique, n’hésitez pas à vous arrêter là…

Voici enfin la fin de ce road-trip…

Tulum

Il y en a évidemment pour tous les goûts mais en ce qui nous concerne, nous n’avons pas aimé Tulum. Son seul attrait est son site archéologique, dont nous avons à peu près tous vu un jour la photo un peu partout, souvent présentée comme emblématique du Yucatan.

Tulum est une ville dont la côte est littéralement colonisée par les hôtels : les accès à la plage sont quasiment tous privés. La ville est totalement dénuée de la moindre once d’authenticité. Et pourtant, les touristes, dont de nombreux américains, sont nombreux à s’amasser dans ces hôtels sans charme, sur des plages régulièrement envahies par les sargasses.

Les projets d’hôtels tous plus luxueux (et loufoques) les uns que les autres se succèdent tout le long du littoral sur je ne sais combien de kilomètres, en alternance avec ceux déjà existants.

Bref, nous avons visité la cité maya de Tulum, intéressante quant à elle même si on en fait assez vite le tour.

La cité était fortifiée (Tulum signifie « clôture » en maya) et située sur le point le plus haut de la côte. Cela lui permettait de contrôler les routes commerciales maritimes tout en étant imprenable.

Le bâtiment le plus emblématique du site est le Castillo.

Le deuxième édifice qui surplombe la mer des Caraïbes, plus petit qu’el Castillo, est le temple du dieu du vent (ou temple du dieu descendant).

La maison du cénote était située au-dessus d’un cénote qui permettait aux Mayas de s’approvisionner en eau douce.

La maison du cénote aujourd’hui :

La maison du cénote à l’époque des Mayas :

Et aujourd’hui encore, le site de Tulum continue à faire le bonheur des archéologues.

Le conseil aux photographes :

Si vous voulez faire, comme tout le monde, la fameuse photo des deux bâtiments qui dominent la mer des Caraïbes (le Castillo et/ou le temple du dieu descendant), alors venez l’après-midi. Car le matin, ce point de vue emblématique du site est à contre-jour. J’ai dû revenir l’après-midi pour photographier la mer des Caraïbes et le ciel sous leur manteau bleu (le matin à contre-jour, ils étaient gris), démonstration en images :

Voilà, j’en ai terminé avec ce road-trip mémorable : malgré quelques déconvenues, nous avons vécu des moments magiques dans ce sublime Yucatan, finalement moins fréquenté que nous ne le craignions.

J’ajoute que tous les mexicains que nous avons rencontrés se sont montrés extrêmement agréables, sympathiques et aidants, et que nous les avons beaucoup appréciés.

Si je peux répondre à des questions, ce sera avec plaisir…

Adios amigos…

Sujets suggérés

Services voyage