Pour un tourisme responsable en Colombie

Forum Colombie

Le tourisme est en train de se développer rapidement en Colombie. Ce développement peut peut-être être remis en cause, car la situation politique du pays est encore instable, mais on peut espérer qu’il soit pérenne.
Si ce développement se poursuit, on peut déplorer que cela ne passe pas par un tourisme respectueux, ouvert sur la culture, l’histoire, les faits de société colombiens. Les échanges sur ce forum sont souvent limités à des retours sur des circuits express de deux ou trois semaines, et à des questions réponses où beaucoup de contributeurs ne se cachent même pas d’être des professionnels venus faire de l’auto-promotion. J’aimerais, naïvement peut-être, renouer - c’est un minimum - avec l’esprit du guide du routard des premiers temps. Les vieux GDR du début des années 70 qu’on trouve parfois dans un vide-grenier, chez un bouquiniste ou sur une étagère d’une vieille maison de campagne - qui promouvaient un tourisme vraiment alternatif, indépendant, inventif, vagabond, prenant son temps et sortant des sentiers battus. Et mieux, j’aimerais que s’y ajoutent des pratiques plus contemporaines, des belles rencontres issues de woofing ou de couchsurfing, des bénévoles qui mèlent tourisme et action sociale, des touristes qui improvisent sans itinéraire serré et construisent ou au moins échangent en ne se contentant pas de consommer, des personnes qui approfondissent les découvertes culturelles et ne se contentent pas de cocher la Colombie sur leur planisphère, après la Thaïlande (en deux semaines) et avant le Kénya (en dix jours), des touristes qui font de la musique ou peignent, ou offrent quelque chose sur leur passage, des voyageurs sensibles dont la perception est modifiée par leur séjour, des voyageurs qui préfèrent l’instant présent, vécu pleinement à l’appareil photo derrière lequel on se cache… Si, dans ce fil, pouvaient s’agréger des témoignages d’une multitude d’expériences que je ne soupçonne même pas, se donner des conseils de sorties culturelles et de lecture, des récits de Français qui se sont immergés dans une famille colombienne ou ont travaillé sur place (autrement que comme des expat’ coupés du monde) si pouvait se prendre un temps pour aider à mieux comprendre la situation politique de la Colombie, s’échanger des tuyaux sur une façon de découvrir le pays plus en profondeur… je serais vraiment ravi ! Cela donnerait une image plus proche de ce pays où j’ai vécu, traversé des moments durs et des moments magnifiques, où j’ai conservé des liens très forts, où je retourne au moins une fois par an. Que ceux qui veulent à tout prix faire un tour “complet” de Colombie en 18 jours ne se sentent pas exclus : ils ont déjà des dizaines de discussions actives qui les concernent. Que les professionnels du tourisme s’abstiennent : ils prennent déjà beaucoup de place, par ailleurs, dans des échanges qui ne sont pourtant pas censés être commerciaux. Si ce fil pouvait inciter quelques voyageurs en devenir à prendre leur temps et àvisiter la Colombie “autrement”, cela n’aurait, vraiment, pas servi à rien.
À vos récits, à vos projets, à vos réactions !

Bonjour,

Pour ceux qui lisent l’espagnol la revue espagnole Vanguardia Dossier consacre son numéro de abril/junio 2018 à la Colombie ( “Colombia busca la paz” ) ,divers thèmes d’actualité y sont abordés,je ne l’ai pas encore lu mais il semble intéressant ( la plupart des articles sont écrits par des universitaires).
Sur internet on peut voir le sommaire;

Cordialement

Ce que vous souhaitez c’est que les touristes deviennent des voyageurs !

Jujuyego
Je comprends ton désir et il est tout à fait louable.Mais il faut être réaliste, dans notre société moderne, on a un temps limité que l’on peut consacrer aux voyages, et encore, les français sont des privilégiés avec les 5 semaines de congés payés plus, souvent, 10 jours de RTT. A comparer avec mon cas personnel : 15 jours de congés par an, avec 6 jours par semaine décomptés. Donc en gros deux semaines et 3 jours de congés par an.Tout cela pour dire que le voyageur qui peut prendre son temps pour connaitre un peu plus en profondeur un pays, une culture, c’est une denrée rare.Je suis d’accord pour dire que cumuler les sites touristiques en 2 semaines est une absurdité, mais la pression sociale fait que si une personne va 2 semaines en vacances en Colombie, il y aura toujours des « amis » pour s’exclamer Quoi ! Tu n’as pas vu tel ou tel site ? Personnellement je resterai bien volontiers deux semaines au même endroit, faire que les gens commencent à s’habituer à me voir, à pouvoir discuter tranquillement, revoir la personne le lendemain, la saluer, inviter ou se faire inviter à prendre un verre, à partager un repas ou une activité. Je crois profondément au « slow travel », mais chacun sa façon de voyager et de voir les bénéfices d’un voyage. Pour certains accumuler les selfies avec des sites emblématiques en fond est un objectif en soi. Ce n’est pas le mien, mais chacun ses priorités.Bref, restons ouverts, chacun retire de ses voyages ce qu’il veut retirer.

Loin de moi l’idée de polémiquer mais je ne mettrais pas “woofing” et “tourisme responsable” dans le même exposé, ça ne colle pas du tout.

A mon sens, faire un boulot qu’un Colombien nécessiteux pourrait (et voudrait) faire, qui plus est sans rémunération, hé bien ça me gêne, pour ne pas dire plus.

Cela me paraît une bonne question. Je ne connais pas bien le woofing et l’ai simlement cité parmi les nombreuses façons de découvrir un pays autrement qu’en allant le plus vite possible d’un point touristique à un autre. Intuitivement, je dirais qu’il n’est pas sûr, tout de même, que ton équation fonctionnne et que le travail effectué prive souvent des locaux d’un emploi potentiel. J’imagine que ceux qui pratiquent le woofing sont amenés à se poser ce type de questions. Leurs réactions éventuelles, leurs expériences et leurs réflexions sont les bienvenues.

Pour répondre à SteveRusso, bien sûr que “chacun fait ce qui lui plaît”, mais les compte-rendus de “voyages-survols” qui enchaînent les sites touristiques à toute vitesse sont tellement dominants sur le forum que proposer un espace où d’autres façons de faire, d’autres envies, d’autres rapports au temps sont évoqués me semble intéressant.
Je pense que si quelqu’un qui a très peu d’expérience du voyage et ne connaît pas la Colombie se connecte sur ce forum et que le seul “modèle” qu’il voit, ce sont ces voyages-survols, il est plus difficile d’imaginer autre chose. Si cela peut provoquer un peu de réflexion et susciter quelques envies de faire “autrement”, c’est déjà très bien, et libre bien sûr aux autres de continuer à faire du tourisme “selfies Tour Eiffel” si c’est ce qui leur plaît.
Le modèle du “slow travel” (ou comme l’a dit JM du “voyage” opposé au tourisme) peut tout de même avoir une petite place, ici.
Le mot modèle est évidemment inapproprié, parce que ce sont des formes très variées que chacun peut proposer ou réinventer.
Je sais aussi que la difficulté du “slow travel” est que c’est parfois plus difficile à raconter qu’un itinéraire, avec davantage de moments impalpables, de rencontres imprévues, de vrais temps de vie qui ne pourront prendre la forme d’une liste des “choses faites” (et encore moins d’une liste des choses à faire ou d’un programme). Mais je suis persuadé que la variété des cas de figure peut donner un autre portrait de la Colombie que les itinéraires “bullet points” tous identiques que viennent généreusement commenter les serviables professionnels du tourisme venus ici donner des conseils désintéressés et objectifs.

De mon côté, je ne suis pas un théoricien du tourisme responsable, si on accepte ce terme. Mais, je dirais qu’il y a deux dimensions applicables au forum.
Ce qu’on fait durant son voyage et ce qu’on fait et dit après.
Sur ce qu’on fait durant son voyage, il y aura une multitude de points de vue, des divergences sans doute sur l’éthique de certaines pratiques, comme on le voit au sujet du wwoofing, ou sur l’impact plus ou moins positif d’autres. Mais on trouvera sans doute assez facilement un accord autour des bienfaits du slow travel. Comme l’a dit SteveRusso, je comprends qu’on n’ait que 18 jours de voyage. Mais pourquoi, alors, vouloir à tout prix faire un tour qui demanderait trois mois ? Je pense qu’aller à Bogotá et faire un petit tour soit à Boyaca, soit dans la région du café, est ce que je conseillerai toujours à quelqu’un qui veut passer 18 jours en Colombie et demande conseil.

Sur ce qu’on fait et dit après le voyage, c’est plus simple. Positivement, je dirais que chaque voyage est l’occasion de s’intéresser à un point du globe. La responsabilité serait de conserver cet intérêt dans le temps. Être moins insensible au sort des populations du monde peut avoir un vrai impact concret : on sait que des massacres ou des violations des droits de l’homme sont parfois évités si l’opinion publique mondiale se mobilise. Pas toujours, bien sûr, mais certains crimes n’ont été rendus possible que par cette indifférence. Pour revenir à la Colombie, j’aurais aimé qu’il y ait au moins une partie des touristes qui avaient visité le pays les années précédentes qui soient présents à des manifestations pour la paix, à Paris, par exemple. Or, seuls étaient présents les Colombiens de France et leurs amis.
Négativement, je dirais qu’il faut s’interdire quand on a voyagé trois semaines d’écrire des jugements à l’emporte-pièce, non étayés et qui ne correspondent pas à la réalité du voyage. En clair, il ne faut pas se mentir à soi-même, ni aux autres. On a tous vu comment voyagent l’immense majorité des backpackers dans les hostales. Ma grand-mère serait plus audacieuse, oserait manger plus local et sortir plus souvent le soir ! Qu’au moins, ils aient la décence de dire qu’ils ne savent pas. Qu’ils ne savent pas si le pays est sûr, qu’ils ne savent pas ce qu’en pensent les Colombiens, qu’ils ne savent pas grand chose à part le confort des lits dans les hostales, les horaires de bus d’un point à un autre, et les horaires d’ouverture des sites touristiques.
C’est disons, par la mesure des propos qu’on tient à son retour, un niveau minimal de tourisme responsable.

Pour reprendre le theme de Gaby à propos de l’éthique très discutable de certaines pratiques, cela me fait penser au site workaway. Je viens de regarder, 541 annonces pour la Colombie, en majorité d’hostals qui proposent en général un lit et petit déjeuner contre un vrai travail (réception, bar, entretien, animations…).
D’une part c’est du travail illégal, et d’autre part cela retire un emploi local. J’ai eu une discussion il y a peu sur un groupe facebook avec une jjeune femme qui n’y voyait aucun inconvenient. Et pourtant cette jeune femme montrait sur son profil facebook des idées politiques franchement à gauche. Elle aurait dû avoir une fibre sociale et se rendre compte que le travail qu’elle faisait pour l’hostal (communication sur les reseaux sociaux dans son cas précis) etait un vrai travail avec de vraies compétences et que ce n’était pas juste “aider”. Ah mais la patronne de l’hostal était cool…Tout ce que voyait c’est qu’elle pouvait voyager plus longtemps à moindre coût.
J’étais aterré.

Alors qu’il ne viendrait jamais à l’idée d’un Colombien de travailler pour un plat de frijoles et un matelas miteux.

Ici, argent = travail = salaire. Le gars qui mendie n’attire pas forcément la compassion. Ce qui peut choquer, mais c’est comme ça, ici, c’est “démerde-toi”.

Au cas où des gens n’étant jamais allés en Colombie nous lisent, quelques exemples :

  • des marchands ambulants vous vendent des torchons, chaussettes, aiguilles à coudre (il faut quand même avoir la foi) pour 500, 1000, 2000 pesos selon la came, et ce jusqu’à 22-23h.

  • des gens se chargent de vous arrêter un taxi ou aident les gens à quitter leurs stationnements sur les grands axes (hyper fréquentés, et ça ne roule pas spécialement pépère), en échange d’une propina (pourboire). Oui, un type se pose en plein sur la chaussée et se met en danger pour quelques fois 200 pesos. Et le type qui les lui donne n’a pas honte, 200 pesos, ça semble bien.

Rappel : 1 euro = 3500 pesos

Avant nos jolis sourires, notre “aide” ou notre belle amitié, c’est de nos pesos dont ils ont besoin. Tout le reste, c’est de la littérature.

Le voyage c’est l’échange, l’enrichissement mutuel. Il y a des tas de façons de s’enrichir, mais quand on prend quelque chose, il faut donner, sinon l’échange s’arrête net. Et on donne à l’autre ce dont il a besoin. Et en Colombie, le premier besoin, c’est la plata.

Que penser de cette jeune pimbeche (soyons polis même si c’est dur …) de 20 ans qui se fait une fierté de voyager à moindre coût dans un pays pauvre … Le genre à marchander sur le prix des salpicon, 2000 pesos c’est sûrement trop cher …

Quand on n’a rien à donner aux gens qui nous accueillent on reste chez soi …

J’ai beaucoup apprécié de découvrir la Colombie en étant accueill par une famille. Ça comporte des limites, car j’ai été tellement couvé qu’il m’a manqué un peu de liberté pour me promener seul aussi souvent que j’aurais voulu. Mais c’est aussi merveilleux de découvrir la musique, la nourriture, l’histoire, l’art, les lieux de vie et même les séries télé (!) dans la vie quotidienne de Colombiens. J’ai sûrement commis des impairs sans m’en rendre compte, mais j’ai essayé d’être respectueux du système de valeurs des gens chez qui j’étais. Je crois que c’est le plus important pour des touristes de comprendre et de respecter une culture plutôt que plaquer ses propres visions et ses schémas.
Je trouve que les derniers messages sont un peu sévères, avec le wwofing et avec l’idée que marchander pour 2000 pesos est irrespectueux.
Pour le wwofing, c’est compliqué et il faudrait un débat plus long et que des gens qui ont pratiqué parlent de leur travail bénévole.
Pour le marchandage, on peut dire au contraire que s’adapter au pays où on voyage, c’est adopter la valeur locale de l’argent. Il me semble que convertir en euros et s’en foutre, entre guillemets, de quelques milliers de pesos n’est justement pas très respectueux. Moi, j’ai très bien pu discuter le prix d’un objet bon marché dans la rue en ayant au contraire l’impression d’avoir un vrai échange avec un Colombien, de plaisanter, de partager, de prendre du temps et de ne pas apparaître ni me sentir comme un gringo tout puissant avec ses dollars. Je suis peut-être naïf, mais je l’ai ressenti ainsi. Avec ma compagne, on choisissait souvent un menu corrientazo comme ils disent plutôt qu’un menu plus cher. Je sais bien, en y repensant, que la différence n’était même pas d’un euro. Si l’autre menu était meilleur, ça peut paraître débile vu la différence. Mais sur le moment, c’était le système de valeurs local qu’on appliquait, et je crois pas que ce soit choquant, au contraire.

Nous sommes d’accord. Il y a marchandage, et marchandage. Je n’ai pas dit qu’il fallait arroser les rues avec arrogance, juste d’avoir en tête le décalage qui existe. Au début, je faisais n’importe quoi avec les pourboires par exemple. On apprend avec le temps.

Concernant le woofing, j’assume mon avis tranché et le point de vue des gens qui le pratiquent ne m’intéresse pas.

D’accord avec cela. Il faut du discernement, et j’ai vu au moins aussi souvent des Européens laisser des pourboires inconsidérés que d’autres qui “radinaient” tout aussi inconsidérément. Je pense que même sur un voyage relativement court, s’interdire de tout convertir mentalement en euros et adapter des ordres de grandeur locaux est un réflexe important. C’est toutes proportions gardées le même processus, mais infiniment plus simple, que progresser en une langue en pensant dans cette langue, sans passer par sa langue maternelle. Pour les prix, il suffit au bout d’un ou deux jours de comparer le prix de votre almuerzo avec celui de la veille plutôt qu’avec le prix du plat du jour au bistrot en face de votre bureau et idem avec toutes les dépenses quotidiennes et répétées.

Ca marche sauf pour les taxis parce quíl y a 99% de chance quíls t’arnaquent et au final tu ne connaitras jamais le prix réel! Surtout pour des villes comme Cartagena ou ils n’ont pas de compteur, mais une liste de tarifs fixes selon les points de la ville que personne ne connait (en tout cas pas les touristes).

Je suis d’accord sur le fond : j’ai, a priori, le même avis tranché, et le même désaccord de principe avec cette pratique. Mais je serais très content que des personnes qui font du wwoofing ou ont envie d’en faire argumentent. Il y a peut-être des façons d’envisager les choses auxquelles je n’ai pas pensé, mais aussi sûrement des réalités dont je n’ai pas connaissance.

Bonjour. Bcp de trucs interessants ds ce fil. Je faisais que lire le forum Colombie - Equateur - Perou -Bolivie mais ca donne envie de participer. Surtout que avec la Colombie j ai un truc un peu special moi aussi girlfriend colombienne pendant un an, c est fini mais ca ma marque! C est dingue tout les mec francais qui ont une gf colombienne! Woofing tres tente de mon cote. Pas encore fait mais j avais le projet. Mais ca me fait douter, ce q vous dites. J avais jamais pense a ce cote etik. Pour moi c etait une facon etik justement de voyage en donnat de sa personne. A voir. Pour slow travel je trouve ca top comme concept. ca me fait remettre en cause mon projet pour Colombie. J hesitais entre Colombie seul, Colombie Equateur ou Equateur seul. Comme la j ai que 24 jours en juillet je vais faire Equateur seul. Petite distance a faire on peut etre en total impro. Je me garde la Colombie pour l annee prochaine et je vais cumuler toute mes vacance d un coup en partant pour mon plus long voyage: 6,5 semaine. A voir. La ca va laisser le temps mais je vais pas essayer d aller partout juste choisir trois region. Dernier truc: je bosse bcp l espagnol et je veux etre pas mal en espagnol pour cet ete et etre au top pour la Colombie et tenir des vrai discusion. Merci pour les bon conseil!

Très bonne problématique qui prend un peu de hauteur ! Merci. Mon point de vue est qu’il faut aider les pays et les populations qui en ont le plus besoin, sans perdre de vue le plaisir du voyageur. De ce point de vue, la priorité pour moi actuellement est de conseiller aux voyageurs un pays merveilleux et dont la population souffre beaucoup : le Venezuela. Pays très proche de la Colombie de plein de points de vue. Ce sont des pays presque jumeaux du point de vue de la géographie, de la culture, des traditions etc. Mais, selon moi, le Venezuela présente deux avantages. C’est encore plus beau que la Colombie. Et surtout, c’est beaucoup plus authentique, car moins touristique. En allant au Venezuela, vous pouvez découvir un pays merveilleux, et en même temps, en dépensant de l’argent sur place, aider la population Bien sûr, il ya la peur de l’insécurité. Mais je vous assure qu’à part Caracas qui est une ville très dangereuse où il faut prendre énormément de précautions et rester peu de temps, surtout pour les voyageurs solitaires, le reste du Venezuela n’est pas plus dangereux que la Colombie - ça chauffe en ce moment dans certains coins de Colombie aussi - et pas plus dangereux que l’Amérique latine en général. La Colombie avait besoin de voyageurs il y a quelques années. Aujourd’hui, c’est le pays voisin qui en a besoin ! Vous ferez une action utile et le plus beau voyage de votre vie.

Je ne suis pas sûr que ce soit un conseil très judicieux dans la situation actuelle.

Quelqu’un a parlé de girlfriend Colombienne, pour ma part j’ai fait la connaissance début Mars, ici à Medellin où je suis revenu en Janvier, d’une jeune femme Vénézuélienne de Mérida. Pas forcément quelque chose de prévu à la base mais bon.

Je ne sais pas quoi penser du tourisme là bas en ce moment, le pays etant vaste et Caracas à part, mais j’aurais tendance à dire que ça s’adresse surtout à une “élite de la démerde”, des super-routards.

Parce qu’en ce moment, au Venezuela,

  • les produits de 1ere nécessité ont disparu, y compris la “Harina Pan”, farine servant à préparer les arepa (galette de maïs locale, nourriture iconique là bas) pourtant produite localement. Exemple concret et symbolique à la fois.

  • une boîte de thon vaut 1 salaire mensuel minimum : c’est dire la situation de pauvreté partout, et le risque de vol agression forcément plus élevé

  • il n’y a pratiquement plus de transports non plus

  • il n’y a plus d’argent liquide, il faut donc venir avec ses dollars/euros, se les traîner partout, etc

  • la frontière avec la Colombie est régulièrement menacée de fermeture, voire fermée.

J’ai lu également dans un autre fil, c’est HS mais ça m’agace tellement que je vais l’écrire quand même, que la situation était dramatisée et qu’en fait, bon nombre de Vénézuéliens rentrent chez eux.

Je connais cette jeune femme depuis trois mois, et en trois mois j’ai vu débarquer à Medellin deux de ses amies, son frère partir au Pérou, ses deuw cousins egalement au Pérou, une autre de ses amies en Équateur. Elle même est là depuis Juillet dernier et compte des amis à Bogota, Bucaramanga et Villavicencio depuis six-huit mois.

Chaque jour elle reçoit des demandes de conseil venant du pays, de gens qui jusque là tenaient le coup mais veulent désormais se barrer, chavistes ou pas (le pays est ultra polarisé : la France n’est pas le pays le plus ouvert du monde à ce niveau, mais là bas, c’est hyper, hyper clivé, t’es soit pour, soit contre, et on ne rigole pas beaucoup avec la chose. Ce qui augure de grande difficultés pour résorber cette crise (de quelque manière que ce soit).

Tous ces gens sont des gens diplômés qui ont tout perdu et se retrouvent à faire des petits boulots. Ils envoient quelques dizaines de milliers de pesos à leurs familles.

Ma compagne a étudié un an à Caracas, avant de retourner en Colombie puis de venir en France. Elle me parle souvent en bien du Venezuela mais me dit que la situation est terrible. Quand on était à Bogota, on a vu des amis à elle connus à l’université à Caracas et qui étaient plus ou moins réfugiés et qu’elle voulait aider. Elle se plaint que beaucoup de Colombiens sont très xénophobes avec les Venezueliens.

Et pour rester sur le thème de cette discussion, l’avis d’une Colombienne à qui je viens d’en parler est que c’est un sujet très important. Elle me dit que les Colombiens sont très accueillants parce qu’ils ont été frustrés de tourisme pendant très longtemps, qu’ils sont plus que contents de changer l’image du pays qui rime encore beaucoup avec guerrilla, enlèvement, narco-trafic, et violence quand on parle de Colombie dans le monde… mais en même temps, beaucoup commencent à être choqués par cet afflux de touristes souvent très peu respectueux, et sur les dégâts environnementaux que ça accompagne : elle me donne l’exemple du parc Tayrona sur la côte Caraïbes, paraît-il magnifique, et où des hôtels de luxe doivent être construits et l’exemple de Cartagena qui est devenu Disneyland d’après elle. Donc les Colombiens eux-mêmes risquent d’en avoir marre au bout d’un moment s’ils ont l’impression que leur pays se transforme en Parc de loisirs.

Je rejoins l’avis de votre amie colombienne. Il ne faut pas “essentialiser” les comportements d’une population, quelle qu’elle soit. J’adore la Colombie, mais il est évidemment faux de prétendre, comme on le llt souvent, que les Colombiens sont accueillants ou gentils ou joyeux… et surtout qu’ils le sont par nature. Ce qui construit cette impression de plaisir d’accueillr c’est effectivement que beaucoup de Colombiens, très attachés à leur pays, longtemps honteux en même temps de ce pays et de ses violences, vivent actuellement comme une mission le fait de redorer l’image de la Colombie. Il est évident que c’est le produit de circonstances historiques particulières. Qui ne sont pas éternelles. Maintenant que les circonstances changent - entre une paix qui pourrait peut-être s’installer et une présence étrangère de plus en plus importante - cette amabilité des Colombiens à l’égard des étrangers risque de changer. Les vieux habitants de la Candelaria - quartier historique habités par de nombreux artistes et intellectuels - détestent ce que le quartier devient, formaté pour le tourisme de masse, avec le faux artisanat mondialisé, les restos végétariens pour “routards” du monde entier, le tourisme en groupe à bicyclette etc.

Je crois que l’exasperation vient aussi du fait que les prix ont augmenté a cause du tourisme, et aussi parce que certains touristes ont des comportements incorrects (en particulier alcoolisation et usage de stupefiants) .

Oui, bien sûr, ces deux aspects, en particulier l’augmentation des prix, faisaient partie du tableau que je tentais de faire.

Je ne suis pas très optimiste, moi non plus, sur l’impact qu’un tourisme de masse peut avoir en Colombie. Même s’il ne faut pas nier que l’impact à Bogotá, par exemple, n’est pas entièrement négatif. Evidemment, à Cartagena, c’est autre chose…

Je vais avoir la possibilité de sortir des sentiers battus lors de notre deuxième voyage en Colombie. En plus ce voyage sera long (près de deux mois). Ma compagne ayant une très nombreuse famille répartie dans plusieurs régions de Colombie, et aussi des amis de fac qui sont loin de tous vivre à Bogota, et l’objectif de ce voyage étant de rendre visite à tout ce monde, on va aller dans des coins qui ne sont pas du tout touristiques, parfois dans des maisons isolées à la campagne. Elle me dit que à part Manizales et Medellin, on ne va aller que dans des villes et villages où il n’y a pas de touristes.
La chance d’être avec une Colombienne, c’est justement de découvrir des choses plus authentiques.
C’est un peu paradoxal, mais je me dis que l’avantage que les touristes suivent un peu tous le même parcours, c’est que ça laisse une grande partie du pays préservée. Alors, souvent les coins les plus visités sont les plus spectaculaires, mais il y a plein de coins très beaux qui ne sont pas dans les parcours touristiques et qui restent totalement authentiques.

Tu veux dire que l’avantage du tourisme de masse, c’est qu’il se concentre dans certaines zones - et quelques points dans ces zones - ce qui préserve tout le reste, c’est-à-dire l’immense majorité du territoire ? Pour un paradoxe, c’est un paradoxe, oui. Je comprends l’idée, mais il me semble que cette concentration n’est ni bonne pour les touristes eux-mêmes du point de vue de la richesse de l’expérience, ni du point de vue de la rencontre entre les touristes et la population locale, ni du point de l’impact économique. Un tourisme plus indépendant et plus libre irriguerait au contraire de façon plus harmonieuse le territoire. Ceux qui ne connaissent pas la Colombie n’ont pas idée des disparités et inégalités territoriales dans ce pays. C’est d’ailleurs un des thèmes centraux de l’actuelle campagne électorale, totalement relié avec celui de la “vraie paix”.

Puisque ce fil est consacré à une éthique du voyage, je me permets d’écrire quelques lignes sur une éthique du forum.
Il me semble que beaucoup de personnes lancent des discussions en posant des questions, reçoivent des réponses, prennent ce qui les intéressent, et ne disent pas un mot de ce qu’ils ont fait à partir des conseils reçus, lesquels ils ont choisi - il y a régulièrement des conseils contradictoires - et ce qu’ils peuvent conclure sur la pertinence des échanges rapportée à leur propre expérience sur le terrain.
Là aussi, ce sont des attitudes de consommation que je déplore, non pas par principe - je m’en fiche - mais parce que je me rends compte que cela fait perdre beaucoup de valeur au forum, avec des questions qui restent en suspens, beaucoup de fils qui se répètent, une difficulté à approndir etc.

Le forum est devenu un site d’annonces commerciales gratuites. Les professionnels du tourisme ont fait main basse sur le forum, qui n’a plus de forum que le nom. Avec autant de gens qui ont des choses à vendre, logique qu’il y ait des attitudes de consommation.

A titre personnel, je signale tout message qui me parait etre une annonce commerciale. Je trouve le forum Colombie plutot “propre” a cet egard.

Je ne me référais pas à des annonces explicites en tant que tellles mais aux innombrables interventions de quelques agences et propriétaires d’hostales, ou (supposés) “amis” de propriétaires d’hostales.

Mantoine, s’il est possible d’avoir vos destinations, même en message privé, et surtout des impressions sur les quelques lieux où vous vous serez rendus, cela m’intéresse beaucoup. On est quelques-uns à avoir collecté des récits de voyage dans des zones très peu visitées voire très reculées de Colombie et je suis toujours curieux de ces voyages un peu différents, dans des familles et de lire des descriptions, même sommaires, et les impressions d’un Français sur des villages éventuellement inconnus.

Je ne sais pas de quelles zones il s’agit, mais le probable retour en arrière dû aux élections risque de replonger le pays, assez rapidement, dans une situation proche du début des années 2000 voire de la fin des années 90. C’est à dire des routes bloquées ou infréquentables dans certaines zones, les paros armados, évoqués ici, qui se multiplient, des déplacés par centaines de milliers, et une atmosphère de tension dans beaucoup de coins isolés et non touristiques que vous évoquez. Désolé de refroidir votre enthousiasme, mais c’est la triste réalité.

Le pittoresque, c’est la misère/la guerre/la violence… vues de loin. Tout est question de distance. Si les touristes majoritaires regardaient avec des jumelles, au lieu de rester si loin, c’est-à-dire s’ils avaient un regard non exclusivement pittoresque, et moins superficiel, le tourisme serait moins inutile, voire moins néfaste. Accessoirement, on lirait moins de bêtises à leur retour sur les forums.

Noircir sciemment le tableau comme vous le faites depuis des années me semble encore moins responsable que les bêtises que vous mentionnez, qui sont elles involontaires.

Bonjour
Je suis pas specialement fan de Colombie apres un voyage bof il y a longtemps. Mais j adore votre approche slow travel tourisme responsable. Je suis plus sur l Equateur et ça me manque de partager sur l Equateur des reflexions comme vous avez sur Colombie. Il y a presque que des echanges tres touristiques et simplistes. Je me sens pas trop capable d ouvrir une discussion sur un theme comme ça mais j aimerais parler de slow travel en Equateur plutot que les ititneraires trop rapides. Donc si des gens qui sont ici ont envie de faire pareil sur l Equateur je suis partant!

Bonjour,

tout d’ abord pour répondre à hakim93 si tu veux avoir du vécu sur l’ equateur vas voir mon message sur l’ expatriation qui n’ a d’ ailleurs reçu aucune réponse, ça m’ aurait fait plaisir d’ avoir
un peu de soutien ou réaction quelconque.

j’ haibte en equateur , je ne suis pas un expat dans le sens où je ne travaillé pase détaché pour une boîte française et rien, absolument rien dans la connaissance d’ un pays ne remplace le fait de vivre sur place, je dis pour le scontirbuteurs actifs du forum equateur entre autres donnant des leçons alors que leur connaissance se limite aux horaires de bus et le confort des chambres d’ hôtel.

après ma séparation de mon ex-femme , et pour rester sur place à pouvoir mes enfants j’ai dû
improviser pour survivre ayant jusqu’à deux boulots pour survivre, j’ ai vendu dan sla rue en ambulant ce qui n’ était pas évident au début, j’ ai entrepris et développé une débrouillardise que je ne soupçonnias même pas. a tel point que pour une partie des equatoriens, je ne pouvais qu’ être colombien vu leur réputation de débrouillard.

suite à la lecture de ce forum me viennent en vrac plusieurs réflexions.

tout d’ abord c’ est évident que la manière de voyager est totalement différente d’ il y a disons 20 ans en arrière.

maintenant avec le flot d’ informations dont on dispose , ON VEUT AVOIR FAIT LE VOYAGE AVANT D ERTRE PARTI!!!
on veut tout savoir , tout connaitre avant d’êrte parti!!!

quant à aider les populations sur place, il est évident que la seule manère de le faire c’ est de laisser son argent!!!

une remarque qui me fait sourire à chaque fois avec le recul que j’ ai sur le pays que je connais mieux l’ equateur c’est lorsque je lis sur le forum concernant ce pays : je veux voyager au plus près des gens , loger dans une famille tous ces trucs-là , vous êtesvous déjà demandés si eux voulaient vous voir et partager, je ne peux que non les équatoriens qui ne sont pas des gens ouverts pour la grande majorité n’ auront aucun intérêt à vous voir , c’est un mythe!!!

ultime réflexion sur le marchandage, il évident que dans beaucoup de pays pas uniquement en amerique du sud c’est une coutume encore faut-il avoir de la décence dans la manière de faire.

je me rappelle d’ une touriste française négociant une chambre dans un hôtel à 2 dollars par personne avec salle de bian à partager et qui voulait payer 3 dollars pour elle et son copain!!!

avec l’ expérience , c’est pas vous qui faites le voyage mais le voyage qui te fait, moi je peux dire avec mon vécu que j’ ai indubitablement changé et j’ espère que c’es ten bien mais bon ça c’ est une autre histoire

salut
,

Merci hakim93. Malheureusment, de mon côté, je connais trop peu l’Équateur, que j’ai beaucoup apprécié les deux fois où j’y suis allé, pour me lancer sur le forum de ce pays. Pour revenir au sujet du forum, un ami colombien qui est originaire de Riohacha me disait à quel point il ne supportait pas le développement du tourisme dans certains coins qui sont encore aux mains des paramilitaires et la cécité des touristes, par exemple dans la péninsule de la Guajira.

Un “tourisme responsable en Colombie”, ce serait d’arrêter de nourrir la propagande négationniste qui facilite les crimes politiques et de masse ainsi que l’impunité dans ce pays. Intéressez-vous à ce qui se passe, parlez avec des Colombiens qui ont une conscience politique, et vous comprendrez en quoi vos discours, y compris sur un innocent forum, viennent contribuer à cette propagande. Quand un jour, enfin, Alvaro Uribe sera, avec quelques-uns de ses complices, traduit à La Haye devant la Cour Pénale Internationale, vous pourrez considérer qu’un voyage en Colombie et les discours idéalistes tenus au retour sont parfaitement innocent. Pour l’instant, c’est se rendre littéralement complice - par indifférence - de milliers de meurtres. Je ne parle pas au passé. Je parle de ce qui se produit encore dans le pays et ne fera qu’empirer après l’élection d’Ivan Duque.
Y a-t-il ici un seul amoureux de la Colombie connaissant vraiment le pays et des Colombiens qui pourrait me contredire ? Je ne le crois pas.

Je ne peux pas dire que je rejette ce raisonnement, que je comprends, même s’il me semble qu’il a le tort de mettre tous les voyageurs qui visitent la Colombie “dans le même sac”. La marge est étroite. Ce fil sur le tourisme responsable implique un minimum de conscience politique et d’intérêt pour la situation politique du pays où l’on voyage. Mais ce n’est pas non plus un forum politique, or, même si je suis d’accord avec vous sur le fond, concernant Uribe, ce n’est peut-être pas un sujet qu’on peut développer sur le forum routard.

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