Voici le récit de notre mois de vacances, de la France à l’Albanie, en passant par l’Allemagne, l’Autriche, le Slovenie, la Croatie, la Bosnie-Herzégovine, le Montenegro, la Macédoine et l’Albanie.
J’y relate bien sûr nos visites (un peu), mais aussi notre quotidien à 5 dans le camping-car (beaucoup), ainsi que mes humeurs du moment (parfois).
J’espère que vous trouverez autant de plaisir à me lire que nous en avons pris durant ce petit périple.
Lundi 23 juillet 2018 - Notre camping-car affiche 125176 kms au compteur. Comme à mon habitude, je ferais un relevé à chaque passage de frontière…
3h30 (AM !) Jouez hautbois, résonnez musettes. Sonnez clairons tant que vous y êtes : nous sommes partis ! …Ouais, pas trop fort la musique finalement : Eliott et Kyra dorment déjà dans leurs couchettes respectives et je cède volontiers ma place de copilote à Oriana, pour la large banquette arrière qui me fait de l’oeil.
Quand même, on peut saluer l’exploit : nous sommes passés d’un traditionnel départ tardif à un nouveau concept, celui de départ matinal. Nouveau record donc, mais il ne faudrait pas pousser trop loin, à un moment, le surnom de ‘Roule nuit’ qu’une autre famille voyageuse nous a donné (la Couvalventure pour ne pas les citer) ne sera plus justifié.
5h20 Le jour commence à se lever. Oriana est partie se coucher à mon insu. Karine conduit, imperturbable, et je finis par reprendre ma place à l’avant. On ne tarde pas à arriver en Lorraine, où on peut observer les vaches normandes la tête dans les nuages. Une jolie brume nimbe la campagne environnante, s’étalant au ras du sol. Assez poétique, dit comme ça, et ça l’est tout autant à observer.
Nous voilà bientôt à Hannonville-sous-les-côtes, où l’on se gare derrière la maison de campagne de Papy et Mamie.
9h30 Les premiers réveillés peuvent déjeuner à la maison, bientôt (vers 11h) rejoints par les derniers. Le voyage n’a pas encore vraiment commencé, puisque c’est la maison de presque toutes nos vacances, mais tout le monde est content de retrouver Papy et Mamie. A défaut de voyage, c’est déjà les vacances.
17h Après avoir déjeuné au sympatique resto ‘Les côtes de Meuse’ (carte limitée à quelques plats, classiques mais toujours avec une petite touche typique de la région. Viandes excellentes.), après une petite promenade (jusqu’à la pension de chevaux, à travers les vergers de mirabelliers) ou pour certains, une petite sieste (j’en suis j’avoue), après tout ça, on repart.
Rien de spécial jusqu’à la frontière avec l’Allemagne, excepté une caravane juste devant nous sur l’autoroute qui perd un lanterneau. Lanterneau qui ne trouve rien de mieux à faire que de s’envoler pour retomber pile sur le toit de notre camping-car. Rapide coup d’oeil de l’intérieur : on a eu droit à un énorme bruit, mais tout semble ok. On s’arrête tout de même 5 km plus loin, sur une aire, pour un checkup extérieur. Je monte sur le toit. RAS. Ouf ! Ca aurait été con de devoir faire demi-tour pour réparation à peine partis.
18h30 125 575 kms au compteur Nous voici en Allemagne. L’Allemagne et ses fameuses autoroutes qui font ‘clop-clop-clop’. Mais cette fois-ci, contrairement à notre voyage de 2011 en Scandinavie, on ne se fait pas avoir par ce bruit qui pourrait donner à penser qu’on a un pneu crevé…
21h Arrêt rapide sur une aire de service tout aussi blindée que les précédentes. Pause pipi qui fait dire à Eliott que l’Allemagne est le pays du futur. Je ne pourrais confirmer les faits, ayant préféré la nature aux 70 cts - payable en espèces ou par carte - demandés par l’automate à l’entrée des toilettes; mais il paraît qu’à l’interieur, il y a des pubs sur les urinoirs. Il parait aussi que la lunette des WC se soulève, tourne sur elle-même et se nettoie toute seule. Je ne suis pas sûr d’avoir tout compris et il y a probablement d’autres trucs qui m’ont échappés, mais apparemment, ils en ont eu pour leur 70 cts. Par contre, toujours aucun des trois coquillages (C’est bon, tout le monde connait la référence cinématographique ?)
Un peu plus tard, nous quittons l’autoroute, pas loin de Stuttgart. On se trouve un petit espace entre un chemin forestier et la route très passante. Pas le meilleur coin, mais je tombe rapidement sur un sympatique bébé crapaud et, quelques instants après, sur son gros papa rouge. Eliott le kiffe suffisamment pour le prendre dans ses mains et Kyra lui trouve même un nom. L’Allemagne doit avoir un contrat avec les batraciens. Je me souviens de notre première halte dans le pays, près de Hamburg, lors de notre route vers la Scandinavie, en 2011, nous étions déjà tombés sur de toutes petites grenouilles…
Repas rapide - notre fameuse bouillasse de légumes, mais froide - puis au lit (sauf, comme toujours, pour Karine et Oriana, à qui il faut une dose quotidienne de lecture).
A noter pour ce soir, une petite déception une fois qu’on s’était posé : le frigo ne marche à nouveau plus sur le gaz. Le frigo, c’est toute une histoire. Revenu des Amériques, il était quasi HS, ne fonctionnant plus sur la batterie moteur depuis un an et ne fonctionnant au gaz que lorsque ça le prenait, c’est à dire de moins en moins souvent. Normalement réparé lors d’une remise à niveau chez notre concessionnaire local, notre récente escapade à Provins nous avait permis de voir que queue nenni (le nenni étant comme chacun sait un poisson, apparenté à l’âle. Tous deux ayant une queue probablement pleine d’arêtes ou avec un très mauvais goût. Bref, d’où les expressions). Du coup, on était allé chez Narbonne Accessoires. Très bon accueil, très pro. Diagnostic fait, le brûleur et son réceptable sont extrèmement encrassés (le mécano en retire un bol de charbon sous nos yeux !) Merci la qualité du gaz d’Amérique Latine ! Bien sur, le précédent concessionnaire avait fait queue d’âle (beurk, pas bon). Et concernant le problème en mode batterie, c’était juste un fusible - pour ma décharge, inaccessible au commun de mortels - à changer. Bref, quelques jours plus tard notre frigo semblait comme neuf.
Sauf que là, ce soir, on retrouve la lumière rouge qui ne nous avait pas manqué. Je sors, dans le noir et en piétinant quelques orties, je joue avec la connection de la bouteille, refait quelques tentatives. Rien à faire. Je prends donc note d’essayer de décrasser les tuyaux un jour où on sera posé peinard et lâche l’affaire pour ce soir.
Mais Karine refait une tentative un peu plus tard et victoire il repart. Dans le silence de la nuit, on entend le ‘tic-tic-tic-tic’ de la petite étincelle, puis le ‘brououaf’ salvateur de la flamme de gaz. Le beurre sera dur demain matin !
Mardi 24/07
7h Le frigo arbore toujours fièrement sa lumière verte. Toujours autant de traffic sur la route. Je change un peu et je prends le portable d’Oriana pour ajouter notre point de bivouac sur ioverlander. La tablette, c’est bien, mais pas de mise à jour sans wifi. Oriana devrait passer en mode data plus régulièrement, avec son portable.
8h45 J’ai fini de reprendre toutes mes notes pour ce carnet. Tout le monde dort encore. Je prends la liseuse ou je me recouche ?
Chacun se lève à son rythme, dans l’ordre immuable : juste après moi vient Eliott, puis Kyra, Karine et Oriana. Juste après le petit-déj, Kyra, Eliott et moi partons faire un tour dans les bois. Ils repartent ensuite avec Karine. Les bébés crapauds rouges se comptent par dizaine.
Vers midi, nous reprenons la route. Les autoroutes allemandes sont bien, mais franchement, quels besoins avaient-ils de se lancer sur des travaux d’aggrandissement sur absolument toutes les autoroutes du pays. Les gros ralentissements s’enchaînent toute la journée.
Après une courte pause déjeuner et une longue pause goûter, avec une aire de jeu originale, on commence à chercher un coin où dormir. Ioverlander n’indique aucun point de l’autre côté de la frontière, en Autriche. Pas mieux d’ailleurs de ce côté-ci de la frontière, en Allemagne. On hésite un instant pour un parking de co-voiturage (franchement sympa ça : à presque toutes les sorties d’autoroute, près des grandes villes, il y a des parkings où laisser sa voiture et se regrouper dans une seule pour une partie du trajet) et finalement, on s’échoue sur un parking de station-essence, à 5 km de Salzbourg. On passera la frontière demain. Et sinon, on a bien pensé à acheter la vignette autoroute lors de notre précédent arrêt (9 € / 10j tarif minimum)
Mercredi 25/07
Un camping-car allemand est venu nous tenir compagnie cette nuit. Le fait d’avoir regardé la plaque me rappelle un constat fait hier : c’est fou le nombre d’étrangers qui circulent en allemagne. Oriana a pris en photos les plaques, histoire de faire la liste, mais on a de tout : I, D, DK, L, CH, CZ, PL, SLO, BZ ou BH je sais plus, B, LT et plein d’autres que j’ai oublié. Même LV qu’on a pas réussi à appairer à un pays. Je penche pour Latvia. Ca existe non ?
Et pour ceux qui attendent des nouvelles du frigo, c’est comme hier. Un peu capricieux, mais il finit par marcher en fin de soirée. Une relation avec la chaleur ?
Je complète la liste de plaques grâce aux notes d’Oriana : A, B, BH, CH, CZ, D, DK, H, I, L, LT, LV, NL, PL, SK et SLO.
Ce matin, nous passons donc rapidement la frontière avec l’Autriche et traversons le pays tout aussi rapidement. Les longs tunnels font le bonheur de Kyra. Un plaisir qui ne l’a pas quitté depuis ses 1,5 ans et notre passage en Norvège. Pour le reste, l’Autriche semble très jolie, avec ses maisons dans les alpages, mais on ne fait que passer. Tiens, j’ai même oublié de noter le kilométrage.
On achète la vignette slovène et on passe la frontière. A propos de la vignette, on la prend au mois car on repasse par là pour le retour. Normalement, il y a une histoire de tarif, du simple au double, selon la hauteur du sol au pare-brise, au niveau de l’essieu avant. Limite 1,30m. On doit faire 1,40m, mais de toutes façons, le magasin ne propose que la classique. Sur tous les panneaux qu’on verra par la suite, pour un camping-car, c’est la même que pour les voitures… Bref, 30€ pour le mois, 15€ à la semaine.
14h 126420 kms. On passe la frontière slovène et on se rend à Bled. Hyper touristique, on n’envisage pas d’aller au lac. Par contre, on est tenté par le parcours le long des gorges du Vintgar. Arrêt express à l’office du tourisme où une charmante dame m’explique en anglais comment s’y rendre. J’apprends aussi comment on dit bonjour… mais j’oublie moins de 5 min plus tard. Les gorges sont à 5km environ.
Plusieurs grands parkings, où l’on mange avant de partir en promenade. Le prix est de 5€ / adulte et 2,5€ <15 ans (et 4€ étudiant). Le parcours doit faire 1,5 km et c’est vraiment sympa. L’eau de la Radovna est vraiment incroyablement claire. La première partie est ponctuée de plusieurs petites cascades, puis c’est plus calme.
Tout du long, on peut y voir de gros poissons de 40cm nager à contre-courant. Vers la fin du parcours, les visiteurs se sont amusés à faire des kairns. Amusant de les voir par dizaines : une berge de kairns.
Une fois au bout, deux options : faire demi-tour ou rentrer par bois et champs. Comme toujours, longues tergiversations, pour finalement opter par une scission du groupe. Karine et Oriana rebroussent chemin (elles mettrons 30 min pour rentrer) et Kyra, Eliott et moi faisons une boucle (de 3 km). Le premier tiers, à travers bois, est un peu fatiguant, avec beaucoup de grimpette. Puis on rejoint la route, au niveau de l’église Ste Katarina, avant de reprendre aussitôt un sentier, à travers champs (il existe une autre option à ce niveau, en allant vers Hom, le point culminant de la forêt, et en coupant ainsi au plus court pour rejoindre les parkings de Vintgar). Notre sentier de crête est franchement agréable. On traverse les champs, dont certains occupés par des vaches et on profite d’une belle vue sur la vallée et Bled. Entre chaque champ, des portes métalliques ont été installées pour permettre aux randonneurs de passer. Bonne idée. Il y a même des bancs de temps en temps, ce qui étonne beaucoup Kyra de trouver des bancs pour surveiller les vaches…
18h50 On arrive en vue du camping-car. On se prend au jeu d’arriver les premiers (surtout qu’on a pas trainé en route) et à l’initiative d’Eliott on termine au trot. Je suis obligé de suivre car il paraît qu’on doit arriver ensemble sur le cercle (merci Pekin Express). A l’arrivée, petite déception, les filles sont là depuis 20 min…
On se tâte pour passer la nuit là, comme plusieurs autres camping-caristes, mais il y a un panneau d’interdiction de 22h à 6h. On décide déjà de prendre une douche (on entre dans le rythme du voyage, avec un petit côté Croods : ‘la lune est pleine, va falloir se laver’). Après les douches, on s’aperçoit que le parking est maintenant désert, alors on décide de faire comme tout le monde et de quitter les lieux. Vu qu’il y a un parking pour camping-car à Bled à 10€ les 24h, il est fort probable que celui-ci soit vraiment interdit, sinon les gens, j’imagine, se seraient passés le mot.
On redescend donc sur Bled, avec dans l’idée de reprendre l’autoroute et de chercher ailleurs. Mais juste avant la ville, on tombe sur un parking vide, à côté d’un grand magasin de bois. Je demande à un gars en anglais accompagné de gestes et il me répond ‘Ja, parking kein problem’.
2ème repas de pâtes chinoises, 2ème lecture de Harry Potter par Karine pour les enfants (reprise là où elle s’était arrétée en aout 2016 !) et 2ème fois que je m’effondre comme une masse pendant ce temps.
Jeudi 26/07
7h Le parking s’est rempli, mais personne n’est venu nous déloger. Et il reste encore plein de places, il est vraiment très grand. Bref, cool !
On lève le camp vers 11h, soit 30min de mieux qu’hier et une heure plus tôt qu’avant-hier. Progression constante. Avant de quitter Bled, on fait quelques courses puis on se lance sur l’autoroute. Nous avons opté pour potentiellement visiter les grottes d’Adelsberg et faire une halte dans la forêt de Kocevje au retour. Idem pour les lacs de Plitvice en Croatie. Du coup, l’idée est de rouler jusqu’en Bosnie-Herzégovie.
A 50 km de la frontière de Zagreb, toujours en Slovènie, nous nous arrêtons sur une aire d’autoroute, pour manger les byreks au fromage et à la viande, achetés ce matin. Il s’agit de feuilletés fourrés venus d’Asie centrale et implantés dans les Balkans depuis l’empire romain ou byzantin. Pour Karine, cela lui rappelle ses voyages en Turquie, où elle et sa famille, en particulier son frère, étaient devenus adeptes des bureks au fromage. Kyra voudrait qu’on en rachète pour son tonton !
Sur cette aire, à l’entrée du parking, se trouve une borne verte avec électricité, robinet d’eau et trappe de vidange. Un bon point pour la Slovénie. Après avoir repris la route, on observe attentivement l’aire d’autoroute suivante et oui, la borne verte y est aussi présente. Bon à savoir !
16h30 126 618 kms, on entre en Croatie sous la pluie. 30 min de queue dans la voiture, à peine un coup d’oeil sur nos passeports et on repart.
18h45 126 756 kms Entrée en Bosnie-Herzégovine, par la petite frontière de Jasenovac - Gradina (en quittant l’autoroute à Novska). “Pas de lait, pas de fromage, pas de viande”. Il nous reste encore plein de fromages et du lait, et on a acheté de la viande ce matin… Mais pas de contrôle, à part les passeports et pour la première fois, les papiers du véhicule. J’en profite pour demander un tampon sur nos passeports (j’avais oublié de demander pour la Croatie…)
Le paysage change, on trouve de petits étals de bord de route, avec les récoltes du jardin et, à 19h19, Oriana me signale que je dois noter notre première rencontre avec un chien errant sur le bord de route. Au passage, heureusement qu’on a une appli de cartographie - OsmAnd cette fois - car maintenant, tous les panneaux vers les villes sont écrits dans un autre alphabet (cyrillique je pense).
On poursuit sur une vingtaine de kms vers un point ioverlander qu’on avait repéré (c’est d’ailleurs pour ça qu’on était sorti à Novska et pas à la sortie d’après) et là, le coin semble toujours aussi bien qu’annoncé (notre crainte parce que le seul commentaire datait de 2016)… mais pas de bol, ce soir c’est fête foraine (ou un truc du genre) avec au moins une trentaine de voitures dans ce petit bois. On fait demi-tour, vers un grand espace derrière une station-essence, vu 2km avant. On demande à un gars du bar d’à côté si on peut y dormir. ‘Kein problem’. Coin vraiment sympa et calme, après que les chants qui viennent probablement de la fête foraine se soient tus. En fait, il semble qu’on se soit installé dans la future cour de la future petite église dont on ne voit pour l’instant que les fondations.
Ah oui, j’ai failli oublier : après m’être fait comprendre par gestes auprès du barman, porté dans mon élan, je comprends que je peux changer des euros avec un autre gars à la station-essence. Hop hop hop, 10€ pour 20 bam. Billet que je casse aussitôt au bar pour une bière, ce qui était bien l’objectif final. 1ère bière des vacances, une ‘Jelen’, qui vient probablement de Serbie vu que c’est écrit ‘Srbjia’ dessus.
Vendredi 27/07
13h Petite halte à Prijedor où l’on tombe sur une ‘Pekara’. Des quelques mots que j’ai pensé à traduire dans toutes les langues avant notre départ, celui-ci figure parmi les plus importants : ‘boulangerie’. Je me souviens encore douloureusement de mes quelques refus de sauter de voiture en marche, en AmLat, à chaque fois que l’on croisait une panaderia, pour voir si par hasard, pour une fois, ils n’auraient pas du bon pain, en vain - et au levain (il existe probablement d’autres versions des faits, mais vu que c’est moi qui raconte…) Donc pour cette fois, j’ai pris les devants, bien décidé à ne rater aucune pekara, pekarna, ni même furrë. Donc achat de pain. Tout mou. Juste à côté, il y a un fast-food de çebap. Le ç se prononçant k, on va vite s’acheter deux sandwichs brochettes (idem que les boulettes, mais de forme allongées). Miam. Là encore, cela rappelle de bons souvenirs à Karine, de précédents voyages en Turquie et Yougo.
Pendant ce temps, des hauts parleurs diffusent le chant du muezzin. C’est la première fois que les enfants entendent cet appel à la prière.
On reprend la route pour s’arrêter rapidement sur le bas côté, le temps d’acheter une demie pastèque, et repartir aussitôt. Les maisons dans la région sont vraiment belles, avec plusieurs étages, des toitures dans tous les sens, plein de balcons, sur tous les côtés et à différents niveaux et surtout, de toutes les couleurs. Puis l’on passe à une route de montagne, à flanc de falaise d’un côté et petite gorge et belle rivière de l’autre, entre Banja Luka et Jajce. Dommage qu’il pleuve…
Par deux fois aujourd’hui, on a entendu un grincement désagréable lors de passage de vitesse. Du coup, aussitôt à Jajce, on contacte notre joker par sms. Echange entre Karine et son père : ‘le bruit, pendant le changement sur la boite de vitesse ou au débrayage ?’ ‘plutôt quand on relâche la pédale’, ‘ok, donc probablement courroie d’embrayage à resserrer’, etc… Bref, on va chercher un garage à Sarajevo pour y jeter un oeil. Cette fois, Oriana n’aura pas à chercher le vocabulaire technique style ‘injector’ en espagnol…
A Jajce, on y était de bonne heure, vers 17h. Mais il pleut alors la visite de la ville attendra demain. On se pose en attendant sur le parking d’un supermarché. C’est ok pour qu’on y reste dormir. De la ville, on en a quand même déjà eu un aperçu en arrivant; depuis la montagne d’en face, la vue (à l’arrêt panoramique) est vraiment impressionnante. La forteresse en haut de la colline. Les maisons qui descendent jusqu’à la falaise, en bas de laquelle se rejoignent deux rivières (l’une se jette dans l’autre par une cascade). Les remparts qui séparent la vieille ville des constructions plus récentes. La mosquée blanche avec son clocher pointu, d’où justement, à l’instant, retenti un nouvel appel à la prière. C’est pas rien tout ça.
Soirée pâtes pour changer de la purée et des pâtes chinoises. Mais avant le repas, le nouveau rituel des enfants depuis le départ : regarder un ou deux épisodes de ‘Miraculous’ sur l’ordi. Après le repas et la lecture d’Harry Potter, c’est au tour des grands de se regarder pour la première fois un épisode de série. On reprend The 100 du début, avec Oriana qui ne les a pas encore vus.
Samedi 28/07
Nuit un peu bruyante, avec quelques voitures et bus qui ont fait tourner leur moteur sur le parking.
Par contre, ouverture du supermarché à 7h, avec café et wifi. Même si le débit est pourri, c’est l’occasion de poster les premiers jours de ce carnet. Et puis un café (tendance turc, avec le marc), pour quelqu’un qui n’a pas pu se rendormir après 5h, c’est bien.
On commence la visite de Jajce par l’extérieur, avec la cascade de la Plitva qui se jette dans la Vrba.
On peut - pour 2€ / ad. et 1€ / enf. - descendre en bas, sur une esplanade, pour voir ça de plus près. C’est le moment de la journée que Kyra a préféré, parce qu’elle en est ressortie trempée. Puis on entre dans la ville fortifiée par une de ses portes et on fait bien sûr un 1er arrêt pour acheter des feuilletés au fromage et à la viande (il y en avait aussi aux épinards et à la pomme de terre). On passe ensuite devant la jolie mosquée. Sur un mur, juste devant, le nom de musulmans tués lors de la guerre, jusqu’en 1995. Des familles entières, hommes, femmes, enfants, d’après les noms et dates de naissance… On monte ensuite jusqu’à la tour carrée et l’on visite les toutes petites catacombes (1€ ad., 50 cts enf.) Il y a une dizaine d’alcôves et, à un étage en dessous, une cavité d’environ 30 m cube, avec au centre une croix sculptée. Le tout creusé dans un seul bloc de roche. Seul le sol et le plafond relient encore la croix à son écrin, et on peut en faire le tour. Ca permet de réaliser l’ensemble du travail nécessaire pour faire ces tombes…
Ensuite, on pourrait encore grimper un peu plus pour aller à la forteresse (mais on sait pas trop par où) ou chercher la mosquée pour femmes, mais il pleut beaucoup (et nous, c’est pas notre moment préféré de la journée), alors on préfère rentrer. Non sans faire une halte au marchand de glace faites maison, puis un peu plus loin pour l’achat de çebap, qu’on mange dans le cc.
La pluie a cessée et on décide d’aller voir les moulins de la Plitva, à 5 kms. On roule donc pendant 5 km sans rien voir, à part le lac. On continue sur 2-3 km avant de faire demi-tour. Rien sur le retour non plus, à part le lac, une pub d’hôtel et d’auto-kamp (les campings) et des pédalos. Nous revoilà sur notre parking de supermarché. Je retourne voir les panneaux. c’est sensé être à 5km, comme le lac. On repart et cette fois, on s’engage dans les parkings du lac. Et là, quelqu’un nous explique qu’il faut continuer sur cette petite route le long du lac, que les moulins sont plus loin. On ne regrette pas d’avoir insisté. Il s’agit d’une vingtaine de tout petits moulins en bois (en fait, vu qu’il y a un numéro sur leur porte, je peux dire qu’il y en a 25. Ou 24. Voila que je suis pris d’un doute). Ils sont construits à 2-3 m les uns des autres, là où l’eau cascade gaiement entre les petits rochers, entre deux lacs. Quelques canalisations en bois ou en pierre finissent de diriger le courant sous les moulins, lorsque les moulins ne sont pas contruits directement sur le chemin naturel de l’eau. Il reste deux moulins qui fonctionnent, ce qui permet de voir leur roue tourner, en dessous. Pour les autres, les roues n’existe plus. Mais ça n’empèche pas les enfants de s’éclater à rejoindre chaque moulin en passant d’une passerelle en bois à l’autre.
Nous repassons une dernière fois par Jajce, en direction de Sarajevo. On en profite pour embarquer deux stoppeurs tchéquoslovaques, qu’on déposera 40 km plus tard. Eva et… son gars (flûte, à peine nous l’a-t-il dit qu’on a oublié son nom) profitent de leurs 7 derniers jours de vacances. Ils dorment en tente, sauf hier, où ils se sont mis sous un vieux camion, pour s’abriter de la pluie…
La route se poursuit tranquillement. Comme nouveaux compagnons de route, que je ne pense pas avoir déjà présentés, il y a surtout Aldebert et ses enfantillages (‘du gros son !’), mais aussi Boulevard des Airs, Fréros de la Vega, Louane (surtout pour Kyra) et 2-3 autres.
Nous voilà à Travnik. Un point que j’avais repéré comme étape potentielle, pour sa mosquée (tiens, en passant, on en a vu une jolie, avec deux tours), sa forteresse, ses mausolées. Si Jajce a été la capitale de Bosnie au XIVème, Travnik a été celle de la Bosnie ottomane pendant 150 ans. Mais bon, le temps file vite et notre objectif premier reste l’Albanie, donc on va se contenter de trouver un coin où dormir, ce qui ne manque pas le long de cette route, qui, ici, a un petit air de zone indus. Voilà un bâtiment qui s’avère être un terrain de basket / handball et justement, le gardien débarque en voiture. Il est ok pour que l’on dorme juste à côté.
Il est tôt, alors on n’échappera pas à la soirée ‘bouillasse’, Karine ayant du temps pour préparer les légumes.
Maintenant, il est tard (ça prend du temps, pour arriver au bout d’une assiette de bouillasse) et les deux plus jeunes vont se coucher sans Harry Potter, vu qu’ils ont déjà eu droit à leur chapitre ce midi. Au fait, il s’agit de la Coupe de feu. Il y a 2-3 jours, c’était le passage où l’on évoquait la disparition de Berta, du Ministère de la Magie, partie en vacances en Albanie… Autre truc rigolo, quand on a pris les stoppeurs, Eliott était en train de lire un conte d’origine tchèque.
Karine et Oriana s’accorde un épisode de Vampire Diaries et moi je vais me coucher.
Le frigo marche. Maintenant on a trouvé le truc : après avoir roulé (où il est sur batterie), il faut le laisser se reposer une heure ou deux, avant qu’il accepte de redémarrer au gaz. Mais pourquoi ?
Dernier truc à raconter pour aujourd’hui : on a aussi vu vite fait les options de parcours. On va passer d’une traite le Montenegro et renoncer à arriver par le nord de l’Albanie (les Montagnes Maudites). Tant pis pour la Vallee de Valbona (qui est surtout top pour son treck d’une demi-journée jusqu’à Theth). On va prendre les ‘grandes’ routes de Sarajevo vers Tirana, pour passer moins de temps dans les montagnes et profiter un peu plus du coeur de l’Albanie (où ça semble déjà pas mal casse-tête pour aller d’un point à un autre, à travers les montagnes).
Dimanche 29/07
Traffic important sur la route, mais bivouac cool quand même.
On reprend la route en écoutant, ô joie, Kids United. Après une vingtaine de kilomètres, on devait rejoindre l’autoroute, sauf que l’entrée est fermée pour travaux. Dessus, ça circule dans les deux sens, mais pas moyen d’y entrer. Alors on la longe sur la vieille route, sur 40 km, en écoutant le duo Kids United Black M ‘Sur ma route’, avec ses histoires de galères…
Moi, je me bats avec Here et Osmand pour l’itinéraire, quand on traverse les villages. Here est mieux pour naviguer, selon moi, mais Osmand a un énorme avantage qu’Here n’a pas, celui de pouvoir saisir des coordonnées. En fait, le vrai problème, c’est la tablette, qui arrive en fin de vie. Elle rame, et reboote, le GPS met 3 plombes à se fixer…
C’est la 2ème fois que l’on passe devant une casse de voiture aujourd’hui. En fait, elles sont super organisées : tous les parechocs d’un côté, les portières de l’autre etc… empilés les uns au-dessus des autres ou à côté des autres. On croirait un entrepot Ikea à ciel ouvert.
Bien, on finit par pouvoir remonter sur l’autoroute une vingtaine de km avant Sarajevo… Grace à iOverlander, on trouve un parking sympa. Pas celui annoncé, mais juste à côté. En théorie payant, mais aujourd’hui il n’y a personne à l’entrée. Et quasi vide parce qu’on est dimanche. On prend le tramway à la station juste à 100m et nous voilà parti pour la vieille ville. En théorie, le tramway daterait des années 60. En pratique, ils semblent relativement récents, assez proches de nos bus accordéon, en un peu moins large.
En premier lieu, j’avais prévu qu’on se rende sur la place Trg Oslobodenja. Idéal comme nom pour demander son chemin, et bien sur, on ne sait pas quand descendre. Heureusement, ma désorganisation n’est pas totale (oui, je n’ai pris aucune carte papier des pays qu’on traverse et j’ai oublié la version pdf de mon guide sur l’Albanie. Je vais en entendre parler pendant tout le voyage et probablement encore une fois rentré…). Donc, ma désorganisation n’est pas totale, j’ai sur moi la page de mes notes de trucs à voir à Sarajevo et j’ai stabilobossé les noms de lieux (heureusement que ce n’est pas une des 5 pages sur 40 qui ont disparu de mon lutin je ne sais pas comment - c’est la faute à Kyra, c’est elle qui avait rempli le lutin avant de partir - ). Donc, on montre à quelqu’un ‘Trg Oslobodenja’ et coup de bol, à notre 2ème essai quelqu’un connait. Encore 5 ou 6 arrêts (soit 7 depuis le début). Une fois descendu, on fait le point. La tablette déconne mais j’ai une autre idée de génie : j’avais fait télécharger maps.me et Here sur le portable d’Oriana. On tente Maps.me. Vachement bien en fait l’appli. Je la boudais parce que c’est celle que tout le monde utilise, mais en fait, c’est justifié : elle est bien ! Donc maps.me nous dit qu’on est à un bloc de là où on veut aller. Bien joué les indications ! Nous voilà à Trg Oslobodenja. L’objectif, c’était d’y voir des joueurs échecs, jouer avec des énormes pièces. Mais c’est un échec : aujourd’hui, c’est le Festival de la Street Food. Animé, sympa, mais rien à voir avec le schmilblick. Bon, on déguste quand même de bonnes glaces et je fais une partie de jeu avec casque 3D et siège motorisé, avec Kyra. Balade (zut, j’ai encore oublié. Combien d’L, maman ?) au pays féérique. C’était la première fois que j’essayais un truc de réalité virtuelle, avec casque et c’est génial. Hyper bluffant. En fait, j’ai adoré (et Kyra aussi). Pour 2€, ça le fait. Autre truc à noter, dans ce festival street food, c’est que tu ne paies pas directement les exposants. Tu achètes une carte à un stand, de la somme que tu veux, et tu t’en sers ensuite pour payer.
On poursuit ensuite jusqu’au marché de Markale, pas très loin. Tristement célèbre pour être l’endroit le plus meurtrier de la ville. Ouvert de 7h à 16h, on arrive bien sûr trop tard (à 17h) pour le voir à nouveau sous son aspect joyeux et coloré, 20 ans après. Le mur de verre avec le nom des victimes est par contre bien là, ainsi qu’au sol, un reste d’obus et la résine rouge utilisée pour marquer les impacts et les mémoires. De traces de balle à la résine rouge, on n’en verra pas d’autres, alors qu’il est sensé y en avoir un peu partout dans la ville. Par contre, plus vers l’extérieur de la ville, on a vu plusieurs murs marqués par les balles. Pas besoin de résine pour se faire une idée.
On continue à monter dans la vieille ville, piétonne, jusqu’au Sebilj, une fontaine en partie en bois, au centre de la grand place. La légende dit que celui qui boit de son eau reviendra à Sarajevo. On reviendra donc tous les cinq, et ce n’est pas pour nous déplaire; c’est (re?)devenu une chouette ville.
On continue à monter toujours plus, jusqu’au cimetière musulman de Kavaci. On hésite à le traverser, car il y a un petit dessin ‘pas de bras nus, pas de robe’, mais une famille francaise d’origine turque nous dit que notre tenue ne pose pas de problème. Toutes les dates de décès tiennent sur 3 années : 93, 94, 95… C’est là aussi qu’a été enterré un ancien président de Bosnie. Ca, on l’apprend de deux jeunes rencontrés quelques minutes plus tard. Eux aussi sont d’origine turques. Trois frères qui ont prévu de rejoindre de la famille en Turquie (le 3ème fait la sieste), mais qui profitent de la route. Ils se sont d’abord retrouvé par hasard à Vienne et en ont profité pour visiter. Puis ici à Sarajevo. Ensuite, ils envisageaient vaguement d’aller au Kovoso. Un objectif qui laisse la place aux courants du voyage. Une philosophie que j’apprécie. Comme l’un deux disait : on pourrait aller directement en avion à l’endroit qu’on veut visiter. Mais c’est pas pareil. Par la route, on comprend mieux les gens et le pays. J’approuve. Mais j’anticipe. Là, on a pas encore fini de traverser le cimetière, de monter jusqu’au point de vue sur la ville, proche de la forteresse jaune (Zuta Tabija). Ca y est. On est en haut. Certains reprennent leur souffle. Eliott, Kyra et moi, arrivés quelques secondes avant les autres, attendons un peu pour annoncer la nouvelle. Le portillon est cadenassé. On ne peut pas rejoindre le point de vue par là. Faut redescendre et remonter par la ruelle à côté… (5 minutes de pause) En fait non ! D’autres touristes qui redescendent la ruelle nous crient qu’il y a un second portillon 30m plus bas. Ouf !
Voilà, on est en haut et la vue sur la ville est vraiment magnifique. On peut redescendre !
Et c’est sur la redescente, sur la ruelle cette fois, qu’on a croisé deux des trois frères. Eux, comme ils disent, ‘ce sont des oufs’ : ils sont passés par dessus (bon, ce n’était qu’un tout petit grillage, mais un peu trop haut quand même pour les filles). Ils n’iront même pas jusqu’au point de vue, ils discutent avec nous le temps de la redescente. En bref, si on passe par Montbéliard, pour son marché de Noël, on est bienvenu dans leur kebap, sur la place du marché !
On reprend quasiement le même chemin pour rentrer, à quelques ruelles de la vieille ville près. J’en profite pour acheter un T-shirt. Le premier de ce voyage. ‘Sarajevo, meeting of cultures’. C’est vraiment l’impression que donne la ville maintenant, renforcée par les touristes autour de la fontaine Sebilj de la grand place : des groupes de scouts, des familles avec des femmes en burka, des familles où les hommes portent la kipa (sorry, pour l’orthographe, pas de dico ni de correcteur) et des filles au short très, très court. Bref, meeting of cultures.
On repasse une nouvelle fois sur la place des joueurs d’échecs, car il y avait un super wifi gratuit et là, dans un coin, on passe juste devant une partie ! Finalement, ils sont quand même bien là !
Et pour finir, on reprend le tram au même endroit que là où on était descendu : cette ligne fait une boucle, qui nous fait passer devant tous les coins de la vieille ville qu’on avait vu à pied, avant de nous ramener à notre parking !
Là, juste à côté de notre camping-car, un autre cc plein de stickers ‘smiley’, un gros ‘carpe diem’ et un ‘let’s go to the world’ à l’arrière : un couple de suisses allemands, Erçan et Kadriye, eux aussi d’origine turque. Ils remontent d’Albanie, alors comme il est de coutume, on échange un bon moment sur nos expériences respectives.
Lundi 30/07
Nuit calme sur le parking. Par contre, il est full de chez full dès 7h, ce matin. Mais Karine manoeuvre en professionnelle au moment de partir et on en sort finalement assez rapidement. Evidemment, il se remet à pleuvoir. On avait renoncé à aller voir un garage, car il semble que le problème d’embrayage ne se fasse entendre que par temps de pluie… C’est partie pour traverser le reste de la Bosnie-Herzégovine et le Monténegro en diagonale, direction la frontière albanaise dans le coin du lac de Shkodra. Nous voilà donc sur la route européenne qui va de Sarajevo à Foca. Route - Rivière - Montagne… et pluie. Finalement, point de grande route européenne il y a. Juste une route à travers la montagne où l’on est parfois obligé de s’arrêter pour se croiser. Interdite aux plus de 16 tonnes. Défoncée, où on ne dépasse pas les 30km/h, et qui se terminent même par de la piste sur les dernièrs kilomètres, jusqu’au village de Hum, la frontière. ‘Hum, hum, on peut le dire. Qui n’a pas pris de carte papier ?’ Au final, c’était par là que j’avais pensé qu’on passerait dès le départ, pour rejoindre le canyon de Tara, au Montenegro. 1300 m de profondeur, le plus grand d’Europe.
Justement, on arrive enfin à la frontière (où on croise un cc français) et là, la route est asphaltée, beaucoup plus large… Montenegro, membre de l’Union Européenne. Quel changement ! J’en oublierais presque de donner l’heure - 15h30 - et le kilométrage - 127 216 au compteur -. Le paysage est magnifique, il ne pleut plus, Karine peut en profiter. Bref, une arrivée au Montenegro appréciable. Conformément à ce qu’on a décidé, on ne remonte pas vers le Parc National du Durmitor et Biogradska Gora, mais on part plein sud, pour s’arrêter à Niksic, où il y a un lac et selon iOverlander un coin sympa où bivouaquer.
Effectivement, c’est top. Beaucoup de place. Peu de monde (quelques locaux qui arrivent en fin de journée). Un grand et beau lac avec une jetée aménagée et une petite plage. Un groupe de scouts allemands en train de pécher des écrevisses dans un ruisseau qui fait le tour du lac. On est franchement super bien. En soirée, on est rejoint par une autre famille française en van : une maman enseignante, un papa casque bleu (qui était d’ailleurs à Sarajevo en 95) et deux enfants. Eux passent leurs vacances au Montenegro, et ils ont une carte (donnée au passage de frontière par la côte). On en fait une photo, avec les principaux lieux touristiques, ça peut toujours servir. Bientôt, une 3ème famille française, en fourgon aménagé nous rejoint, avec encore deux enfants, un garçon et une fille.
Mardi 31/07
Je commence ma journée à 7h par un petit footing sur les bords du lac. A mon retour, Eliott est ready pour aller dehors, aller voir les écrevisses. Les scouts ont laissé une canne à pêche (enfin, un bâton et un hameçon), alors on fait quelques tentatives. Au final, bientôt rejoints par Luan et son père, puis Kyra, on finit chacun son tour les pieds dans le ruisseau, avec des bidons de 5 litres d’eau coupés pour essayer d’attraper ces crustacés. C’est Eliott qui fera la première prise, et elle sera suivie par 8 autres, la plupart grâce à l’acharnement du papa de Luan. On petit-déjeune/ brunch vers 12h, puis d’aucun bouquinent et on part se baigner. Les enfants attrappent des coups de soleil à vouloir pêcher les petits poissons du lac et tout le monde sauf moi repart se baigner vers 18h. Moi j’en profite pour rattraper mon retard sur ce carnet. Mais vu que j’en suis rendu au moment où j’écris cela, je vais faire un break, plus facile que d’essayer de raconter le futur, et aller voir ce qu’ils font. Enfin quand même, de l’avis de tous, la meilleur journée depuis le début du voyage.
19h30 Un orage avec pluie nous fait craindre pour notre soirée écrevisse, prévue avec David, Hélène et leurs enfants, mais finalement, le vent est avec nous et le nuage noir s’éloigne rapidement. On regroupe donc nos tables et chaises devant le cc, pour profiter de notre lumière extérieure ; car une fois les écrevisses bien rouges - ceux sont les enfants qui les mettent dans le bouillon -, il est 20h30 et il fait déjà nuit. Nous passons une excellente soirée ensemble, accompagnés d’un bon vin du Montenegro que David ouvre pour l’occassion.
Mercredi 01/08
5h45 Réveillé par le soleil et n’arrivant pas à me rendormir, je m’apprète à aller courir. Et là, en sortant du cc, les boules : notre table et nos chaises ont disparu. On les avait laissées posées contre notre cc hier soir, avant d’aller se coucher, vers 1h. J’y avais vaguement pensé mais luttant contre ma paranoïa habituelle, je m’étais convaincu que ça risquait rien. Karine, elle, n’y avait pas pensé, mais à la réflexion, sur un bivouac informel, là où de nombreux jeunes viennent passer la soirée et une partie de la nuit, c’était pas très malin. C’est le prix à payer quand on prend un peu trop la confiance. En tout cas, ils ont fait ça bien, sans nous réveiller. 5 chaises et notre table qui se démonte dès qu’on l’attrappe par un des nombreux mauvais bouts, tout ça sans un bruit. Je jette un coup d’oeil du côté du van de David : même punition. J’apprendrai plus tard qu’ils avaient rentrés une partie des chaises, mais l’autre partie et leur table se sont aussi envolées…
… Trop dég pour aller courir, je rumine dans le cc.
13h On quitte le coin, avec dans l’idée de revenir au retour, car malgrè cette dernière mésaventure, c’était quand même un coin très agréable. Mais avant de partir, il y a collage d’autocollants. Depuis plus de deux ans qu’on parle de le faire ! Alors bien sur, on n’en a pas pour tous les pays, car le premier qu’on a pensé à acheter, c’était en Colombie. Et puis par la suite, on a parfois oublié, et d’autres fois on n’en a pas trouvé. Mais on en a quand même une petite dizaine, et même un de Grand Canyon, qu’un collègue - Merci Mathieu - m’avait ramené après coup. On commence donc un petit serpentin d’autocollants près de l’entrée du cc, et on reprend la route.
Mon idée était de passer par le Monastère d’Ostrog, en faisant un tout petit détour d’une dizaine de km sur notre route, juste histoire de voir ce monastère orthodoxe encastré dans la falaise. Finalement, on s’en passera et ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé et perdu plus d’une heure. Au bout de 4 km de route en épingle dans la montagne, avec des virages sans aucune visibilité et l’obligation de devoir s’arrêter tous les 100m pour pouvoir se croiser, on réalise qu’il nous en reste encore au moins autant à faire, et d’après le visuel sur maps.me, il y a une série de virages encore bien plus rapproché que ce qu’on a déjà fait. Karine hésite, alors je tranche : demi-tour. Certes, la route est asphaltée et en très bon état, mais c’est super chaud. On n’est pas assez ostrogoths pour Ostrog.
17h Quelques courses à la capitale, Podgorica (200 000 hab). On se spécialise donc dans l’achat de bouffe avant le passage de frontière…
On longe ensuite le nord du lac de Skadar, visiblement dans la banlieue riche de la ville : leur maison sont comme les notres, mais leur terrain 10 fois plus grand et l’on passe même devant une résidence avec une grosse limousine dans le jardin…
17h50 Frontière de Granicni Prelaz Božaj, sensée être plus rapide que celles de la côte. 40 min de queue dans les véhicules. Mais nous voilà dans notre pays cible, l’Albanie, avec au compteur du cc 127 405 km.
On roule encore un peu jusqu’à Shkodër. C’est une grande ville (140 000 hab - la capitale, Tirana, en compte 800 000) et la conduite y est stupéfiante. Chacun fait ce qu’il veut. Le plus impressionnant, c’est la conduite des vélos. Tous des anarchistes. Par exemple, c’est normal de remonter une 2x2 voies en vélo à contresens. Mieux encore, les rond-points, à deux voies, peuvent se prendre dans l’autre sens aussi. Ce qui n’empêche pas les piétons avec poussette de couper aussi au même endroit, en slalommant entre les voitures. Pourtant, on roule à 50…
Shkodër, c’est aussi la ville des ‘lavazh’. Il y a des laveurs de voitures à tous les coins de rue (et aux rond-points aussi).
Nous voilà au camping, à la sortie de la ville (ou probablement à l’entrée, pour d’autres que nous). Grande et belle piscine. On se pose et on saute dans l’eau.
Jeudi 02/08
Bon wifi, bon café, bon anglais (pas le mien, mais celui de la famille du camping. Je soupçonne la patronne d’être anglaise) et très bon accueil (d’ailleurs, je le verrai plus tard, à l’entrée, c’est écrit : ‘Choisissez votre emplacement, posez-vous et faite comme chez vous. On fera connaissance plus tard’. J’aime bien le concept. Il y a une trentaine d’emplacements, quasi tous occupés par des allemands et des italiens. Une voiture française. Ses propriétaires doivent loger dans un des petits appartements du bâtiment à côté du bar.
La matinée se passe tranquillement, les enfants ne quittant pas la piscine, sous une espèce de champignon qui leur fait de l’ombre, car ils ont morflé côté coups de soleil, ces derniers jours. Au dessus de leur tête, un sautoir et une terrasse qui surplombe la piscine. Pour moi, c’est bière(s) au bar et bouquin + whatapps pour Karine, pendant que les lessives tournent.
On mange vers 15h des pizzas du super resto que le camping possède un peu plus loin et les enfants retournent à l’eau pendant que je me décide à faire un tour en ville, sous le cagnard. 3km par 37° ressenti. Mais il parait que c’est idem voire pire en France. Objectif : trouver de l’argent, car même si ici on peut encore payer en euro, on aura besoin de leks pour la suite. Je passe donc devant des vendeurs de poissons autour du premier rond-point, puis devant des dizaines de Lavazh. Sérieusement, il y en a tous les 50m. J’en vois même un original : il s’appelle ‘car wash’. Il doit faire dans le commerce internationnal de lavage de voiture ! Une fois au centre ville, je finis pas trouver le petit office de tourisme. Mais point de carte du pays. Plusieurs librairies fermées qui devraient réouvrir vers 18h, plein de distributeurs qui refusent de me donner de l’argent - et même, moment flippant d’entre tous, un qui s’amuse à garder ma carte assez longtemps pour me stresser -. J’entre aussi dans deux hôtels 5 étoiles, dont l’un possède effectivement un petit magasin, avec des cartes, mais qui lui non plus n’ouvre pas avant 18h. Je finis par trouver un distributeur sympa et dans la foulée, bingo, une librairie ouverte, avec une magnifique carte touristique d’un côté et routière de l’autre. Impossible de faire mieux. Impossible de trouver aussi bien depuis la France, c’est certain. En plus, il vend aussi des autocollants du pays. Un nouveau à coller sur le cc. Plus qu’à prendre le chemin du retour (toujours 3km par 37° ressenti, ou plus). Je croise deux jolies mosquées et passe devant un parc squatté par des groupes de vieux qui jouent aux cartes. Et il y a aussi une épicerie où je demande pour 100 leks de quetches, en montrant ma petite pièce. Sauf que j’avais pas vu le prix au kilo : 70 leks (soit 85 cts). On ne manquera pas de quetches ! Je croise encore deux chevaux et deux poulains, à une station essence. Exactement au même emplacement que les voitures qui font le plein. Là, je regrette vraiment de ne pas avoir pris mon appareil photo, pour la catégorie insolite. Puis je recroise les vendeurs de poissons et retrouvent le reste de la famille, dans la piscine du camping.
Soirée tranquille et pas trop chaude. On hésite encore à rester un jour de plus, Karine n’ayant pas été au top aujourd’hui (coup de chaud ou écrevisse ?)
Vendredi 03/08
7h J’attends l’ouverture du bar et mon café (d’ici environ 1h). Avec l’impression d’être posé au camping depuis plusieurs jours déjà. Je retrouve maintenant l’état d’esprit qui était le mien au petit matin sur les routes des Amériques. Finalement, c’est un peu comme passer de l’album 3 de Tintin, ‘aux Amériques’, au 8ème, ‘Le sceptre d’Ottocar’. Un sacré gap mais on garde les mêmes personnages principaux (ouais, c’est nous) et on retrouve le même rythme.
9h Tout le monde m’a rejoint au bar. La chaleur forçant le réveil. Ah non, il manque Oriana. Visiblement, elle supporte plus la chaleur qu’elle ne le dit, quand il s’agit de dormir plus longtemps. Après une nouvelle matinée piscine et un déjeuner tardif, après avoir décidé de ne partir que demain, on se décide quand même a faire quelque chose aujourd’hui. Sous le soleil de plomb de 15h30, on s’élance pour aller voir la Mosquée de plombs. L’une des 50 plus belles mosquées du monde, selon le Huffington Post, voire le ‘Diamant de Shkodër’. Ha, ha, les mecs, ils ont fumé la moquette. Visuellement, c’est tout pourri. N’importe quelle mosquée de n’importe quel village est plus belle que celle-là. Par contre, c’est peut-être effectivement une de celles les plus chargées d’histoire dans le monde. Mais belle, non, pas vraiment. J’ai discuté un peu avec le muezzin qui venait tout courant faire l’appel à la prière au moment où on sortait de la cour intérieure. Bon, déjà, lorsqu’on entend l’appel, ça prend une autre dimension. Je ne sais pas si c’était vraiment lui qui appelait/chantait ou si c’était un enregistrement, mais ce qui sort des hauts-parleurs est vraiment émouvant. Donc, ensuite, on a discuté. En albanais, donc pas facile, mais j’étais aidé par les photos qu’il commentait, alors ça allait. Et puis j’ai complété ensuite mes lacunes avec Wikipedia. Donc, en résumé, cette mosquée, à la différence de la plupart des mosquées d’Albanie qui sont d’architecture arabe, est de style ottomane. Elle a la particularité d’avoir ses coupoles en plomb (d’où son nom, c’est logique). Construite en 1773, le plomb a progressivement été volé à partir de 1900. Puis entièrement retiré en 1916 par l’armée autrichienne. La Mosquée a été fermée en 67 par le régime communiste mais contrairement à beaucoup d’autres, elle n’a pas été détruite, car elle avait été déclarée monument historique en 48. Le muezzin me montre plusieurs photos de 66, où une foule énorme, qui remplit toute la plaine autour, s’est amassé à la mosquée. De ce que j’ai compris, il s’agit de plusieurs rassemblement religieux (orthodoxes, juifs et musulmans) qui fuyaient le communisme (?). Les coupoles ont finalement été reconstruites en plomb, mais, toujours d’après les explications en albanais, cela a été fait par des bulgares qui ont ajouté du fer, et du coup, c’est beaucoup moins beau (tu m’étonnes) - petite vérification de cohérence sur ce que j’ai compris : en 2018 Fer 0,057 €/kg, Plomb 2,03 €/kg. Ouais, ça colle. Ils ont dû mettre beaucoup beaucoup de fer, et c’est probablement beaucoup beaucoup moins beau. Et puis le minaret a été détruit (une première fois par la foudre et une seconde fois, je ne sais pas qui l’a fait sauter). D’autres photos d’un très grand rassemblement datent du 16 novembre 1990. C’est la réouverture de la mosquée. La première réouverte dans le pays.
Pour finir, j’imagine qu’on aurait pu lui accorder une petite place dans le classement si elle avait été entourée d’eau, comme c’est souvent le cas (une fois, le muezzin m’a expliqué qu’une inondation avait recouvert la cour intérieure de plus d’un mètre d’eau), mais non, ça n’a pas trop l’air d’être la saison des pluies. Les autres rentrent au camping sous le même soleil de plomb qu’à l’aller, et moi je pars à l’assaut de la forteresse de Rozafa. Des ruines, plusieurs drapeaux albanais qui flottent fièrement aux tours, des futurs mariés qui se prennent en photos et une belle vue sur la ville et dans le lointain, sur le lac.
Redescente et piscine.
Soirée bouquinage et Uno au bar. J’enchaîne sur un raki après ma bière…
Samedi 04/08
Hier soir, on a entendu deux chansons françaises au bar : une reprise féminine de ‘Ne me quittes pas’, et ‘La bohème’ originale. Ce matin, c’est Stromaë. Du coup, je vais voir la fille du bar pour en savoir plus : c’est la playlist de son père ! J’en profite pour lui demander des noms de groupes rock locaux et elle me renvoie sur son frère, musicien à ses heures perdues. Alors il faudra que j’écoute Büru (ou Bürn ?), Eugent Bushpepa et… non, en fait, c’est les deux seuls qui valent la peine. On finit de se préparer à partir et je vais dire au revoir à la mère. Elle, elle tenait à me transmettre un message de son mari, peintre : nos deux filles sont des peintures vivantes. Merci ! Moi, je suis plus terre à terre, je voulais juste lui demander le prix des chambres. Du coup, elle me fait visiter le chalet. Sur deux étages (le 2ème en cours de finition), il y a une quinzaine de chambres, toutes climatisées. Du dortoir de 8 (à 10€ le lit) à la chambre pour 2 très mignonne avec SdB et WC privatif (à 35€) en passant par la chambre familiale avec lit pour enfant et les dortoirs plus petits, toutes les configurations sont possibles. Elle me montre même les matelas dans lesquels elle a investi, car elle sait que pour les voyageurs, une bonne nuit de sommeil, c’est important. Franchement, top camping, top chambres et surtout top accueil. Pas étonné d’apprendre dans la foulée qu’ils ont eu un prix d’excellence par un guide pour leur hospitalité. En mode familial : pas envahissant, mais toujours dispo. Et avec un anglais impeccable (normal, c’est une prof d’anglais, hors saison !)
12h Ca y est, on reprend la route. Seulement 3 jours de farniente et c’est déjà très dur de repartir. On a aussi abandonné l’idée de Peshkopi. On prend l’autoroute (soit le format national de chez nous), on passe par Tirana et on continue jusqu’au lac d’Ohrid. Le timing exige quelques coupes franches…
On croise régulièrement la police sur la route, mais ce n’est visiblement pas la vitesse qu’ils contrôlent : quand c’est limité à 50 km/h, tout le monde est à 90 tranquille. C’est l’autoroute quoi, avec juste un tracteur de temps en temps. Peut-être contrôlent-ils la présence des plaques ? On a vu beaucoup de voitures sans au Montenégro, et un barrage policier en avait arrété un paquet.
13h Entracte. Voilà la 2ème voie… idéal pour permettre à deux conducteurs de rouler côte à côte et discuter, à 70 à l’heure sans se soucier de ceux qui attendent derrière de pouvoir doubler. A chaque pays, chaque route et à chaque route, de nouvelles moeurs. Tiens, même pas 5 min de passées et déjà un vélo à contresens sur la bande d’arrêt d’urgence… ah, un tracteur avec remorque aussi. Ne nous arrêtons pas là, il manquait encore l’étal de pastèque.
Banlieue de Tirana. Arroser les trottoirs, voilà un passe-temps passionnant. Ici, en Albanie, ils adorent arroser. C’est un peu le sport national, c’est même un art. Un peu comme passer le balai en AmLat. Ou alors, c’est pour tous ceux qui auraient voulu devenir ‘lavazh’ professionnel étant petit, et qui se sont rabattus sur arroseur à cause de la concurrence surintensive ? Quand on parle du loup, je viens de voir un ‘Bar Restoran Lavazh’. Concept innovant, tu peux manger pendant que ta voiture se fait une beauté.
13h30 On se rapproche du centre de la capitale (la grande route est quasi périphérique, mais pas complètement). Les voies sont bien marquées au sol. Il y en a 3. Par contre, aucun rapport avec le nombre de voiture qui peuvent se tenir côte à côte. Et ça slalomme dans tous les sens. Pour complèter le délire, Karine a mal à un talon et passe à la conduite pieds nus (j’ai la preuve en photo).
14h On a quitté Tirana et ses ralentissements, puis l’autoroute (en construction de ce côté) et on retrouve la petite route de montagne (70% du pays). Asphaltée, en bon état. Virage large, de quoi laisser la place à des vendeurs de pastèques et de paniers d’osier pour s’installer. Un vendeur par virage. Et le reste du temps, avant chaque hameau, des jeunes qui vendent des barquettes de mûres.
Nous voilà arrivés au camping Erlin, au bord du lac Ohrid, près de Lin. 3h45 pour 200 km, sur une route plus que correcte.
Le camping dispose d’une quinzaine de petits emplacements pour cc et tentes familiales, plus 7 autres pour tentes plus petites. Un parking presque aussi grand sert à accueillir les visiteurs : le bar, la plage (de galets qui piquent, comme ma grand-mère. Bin oui, moi, ma grand-mère elle pique. Je sais pas pour ta grand-mère, mais moi, ma grand-mère, elle pique. Oups désolé, petit craquage, la faute à Aldebert) et les pédalos attirent les locaux et touristes de passage. D’ailleurs, le WE, la plage privative est payante, jusqu’à 17h. Je poursuis la présentation : les toilettes du camping sont sommaires : 4 WC/douches de 2x3m assez déroutantes, surtout côté hommes : avoir des toilettes turques attenantes à la douche sans séparation… (on fait peut-être un peu chochotte là-dessus, on est du genre à avoir choisi un cc avec un pare-douche, entre nos toilettes et notre douche, justement). 2 wifis (camping et bar) bon débit et un resto (le soir, ouverture à 8h. ne venir ni avant, ni après). Le prix est forfaitaire : 12€, électricité et eau sur chaque emplacement inclus. C’est la première fois de notre voyage qu’on se branche sur le secteur (et quasiement de notre vie aussi).
La première chose que l’on fait en arrivant, c’est bien évidemment d’aller se baigner… En fait, non, on attend 30 min, pour ne pas avoir à payer, mais surtout parce que le soleil tape encore un peu trop fort. Et puis, on pourrait peut-être manger ? On n’a rien avalé depuis le petit-déj, qu’on avait pris au bar : pain brioché, confiture de mirabelle, beurre, fromage de chèvre super salé, deux oeufs (à coquille blanche) et raisins. Ah oui, et du thé au thym que seule Oriana a aimé.
17h passée. J’ai pas fini mon yaourt, mais Kyra piaffe d’impatience depuis 10 min. Comme le dit la chanson, elle est, elle est, fatiguante… et tout ça, tout ça. On va donc se piquer les pieds sur les caillous et les galets (vous l’avez compris, j’adore me baigner) Ah ! Avec les traditionnels petits poissons qui te bouffent les orteils, Oriana est sure d’avoir vu un petit serpent ! Kyra confirme. Euh, ce n’est pas plutôt une anguille ? Surtout qu’on a vérifié plus tard dans la soirée, il y a des anguilles européennes qui viennent vivre une dizaine d’années dans le lac d’Ohrid, avant de retourner frayer puis mourir dans leur lac d’origine, dont j’ai oublié le nom - Rectificatif, après rechecking sur Wikipédia : elles viennent de la Mer des Sargasses, rejoignent la Méditerranée, remontent le Drin Noir, avant d’arriver ici. Une bonne trotte. Donc anguille ou serpent ? Oriana nous jette son regard de ‘mais tu me crois capable de confondre la tête triangulaire d’un serpent avec celle d’une anguille et le corps aplati de l’anguille avec celui arrondi du serpent ?’ et nous fait comprendre que c’était définitivement un serpent. Ce qui n’empèche pas la baignade. C’est bon, je suis mouillé, je sors prendre en photos les ébats du reste de la famille et je regarde passer une petite aigrette.
Sur le côté de la plage, près d’un ponton et des roseaux, et d’un pédalo à la retraite (il y en a aussi des actifs, à 400 leks - 3,5€ - de l’heure. Idem pour le kayak en plastique qui fait un peu jouet d’enfant), Eliott découvre une colonie de crabes. Karine lui apprend comment les attraper sans se faire pincer. C’est le genre de trucs qu’il apprend vite. Pas plus tard que 10 min plus tôt, il avait chopé un poisson d’une dizaine de cm à mains nues. A défaut de voir des ours dans les Balkans, on tient peut-être l’homme qu’a vu l’ours…
On enchaîne avec le resto (et ses soi-disants moustiques qui, moi, m’ont laissé tranquille). Pour la cuisine traditionnelle, fallait prévenir à l’avance, sauf que sur la carte, il y a déjà plein de plats locaux dispos. Je liste ce qu’on a pris, du moins bon au meilleur (et quasiement, et bizarrement, presque du plus cher au moins cher) : bistëk (i.e. beefsteak), viande bien grillée et assaisonnée, mais coriace. Koran, un poisson endémique du lac, c’est une truite. Bon, mais un peu sec. Le paidhage, de l’agneau et du mouton grillé. Vraiment miam. Et les shishqebap / qofte, de boulette de poulet sous forme de brochettes grillées. Vraiment miam et pas chères. Tous les accompagnements sont en sus. On avait aussi pris des entrées. Moi j’ai beaucoup aimé le fromage de chèvre très salé au four, mais le top, c’est l’assiette de salade poivrons crème fraiche et plein de bidules, genre tzasiki mais c’en est pas. Bref, 40€ à 5 et bien bon. Petite précision au risque de me faire des ennemis en France caniculaire, certains d’entre nous avaient sorti une petite laine, pour aller manger…
Dimanche 05 Aout
7h La pensée du réveil, qui arrive comme un cheveu sur la soupe : merci se dit Fäleminderit ici, comme presque partout dans le pays. Quand on était à Shkodër et dans le nord, où le dialecte local remonte en force, après avoir été longtemps réprimé, on dit ‘falem nëiss’ (phonétiquement).
Je m’attable au bar et j’attends 8h pour le café. Vue sur le lac avec la Macédoine sur la rive d’en face. Si j’étais digital nomade, je crois que ce serait mon moment préféré de la journée.
Nous restons une seconde journée au camping Erlin. En fin de matinée, je pars en excursion avec Eliott et Kyra à la recherche de tortues terrestres. Mais rien à part une petite carapace écrasée sur le chemin. A une centaine de mètres du camping, Kyra, qui a trop chaud, rentre seule, pendant qu’on gravit encore un petit sentier Eliott et moi. Passé notre frayeur face à une énorme araignée sur sa toile au milieu du chemin, on entend du bruit dans les buissons. 10 min à tourner autour sans rien voir. Puis du bruit dans un autre buisson et là bingo ! Eliott déniche sa 1ère tortue.
On reviendra plus tard, dans l’après-midi, avec tout le monde, mais sans succès. Les autres se consolent par une grande baignade.
Pendant ce temps, deux familles françaises se sont installées : la première, en cc, parcourt l’Europe depuis 6 mois et pour encore 4 mois au moins. Jean-Michel, sa femme dont je n’ai pas retenu le nom (mais on a le tel et l’email, je pourrai réparer mon oubli), et leur 3 enfants : Robin, Loumia et… je suis vraiment trop mauvais. La seconde famille, en tente, avec 2 enfants, n’est autre que celle du frère du précédent, venue les rejoindre pour quelques temps en Albanie. Et ils ont aussi un guide papier. M’en fout, nous on a une carte maintenant.
On hésitait à partir au Lac Prespa, côté Macédoine, mais je n’ai pas réussi à obtenir la majorité, alors on remange au resto du camping et on se fait assaillir par une tonne de gynes en mal d’amour. Voilà, bien fait.
Lundi 06 Aout
Ce matin, je suis tombé sur un article sur le net concernant Golem Grad. Une île sur le lac Prespa, qui sert de sanctuaire aux serpents et tortues. Eliott voulant de temps en temps être herpétologue (et rêvant de voir un serpent depuis le début de ces vacances), Kyra n’ayant pas encore vu ses tortues, Oriana étant toujours partante… Reste une personne à convaincre et j’ai mon joker : l’île est aussi réputée pour ses cormorans et surtout ses pélicans. Karine n’a jamais su résister à un pélican.
C’est parti pour la Macédoine. On avait plusieurs options de route, de 64 km à 85 km, et l’on prend la plus longue vers le sud, pour pouvoir contourner la montagne, soit en passant par Zvezdë et en remontant par le Parc National Prespa. Route magnifique, celle que Karine et moi attendions de l’Albanie (les enfants, eux, dorment) : des carrioles tirées par un cheval, des ânes sur le bas côté et certains qui paissent dans un pré, mais avec toujours leur attirail de bât - euh, peut-être que c’est justement l’attirail qui s’appelle le bât ? - sur le dos. Des troupeaux de moutons et de chèvres sur la route. Et, inédit, parfois la moitié de la route coupée, délimitée par de petits caillous, pour pouvoir y faire sécher herbes, fruits et fleurs !
On arrive à la frontière, peu avant Stenyé, vers 15h (soit 1h30 de route depuis Lin) et on la passe en 30 min, malgré un petit problème d’informatique. Le douanier macédonien est très souriant et nous souhaite un bon voyage. La question du compteur ? 127 716 km. Au passage, merci se dit ‘Blagodaran’ en macédonien (phonétiquement). Une demi-heure plus tard, on est au village de Stenyé (500 habitants) et on se renseigne au grand resto pour faire un tour vers l’île. Pas de bol, les deux barques qu’on vient de voir partir faisaient le dernier trajet. Le serveur est un peu pressé par ses nombreux clients, majoritairement hollandais, mais a priori, je peux repasser demain vers 9h pour l’excursion. Je demande pour dormir sur le parking en terre battue : no problem. On a donc toute l’après midi pour se baigner. Les touristes sont nombreux, sur les transats apparamment gratuits. De nombreux locaux aussi. Il y a un grand bar sur la plage, le Mystic, avec la musique à donf. La plage est sympa, avec du sable, mais l’eau est beaucoup moins claire que pour le lac d’Ohrid, et il y a de nombreuses grandes algues et le fond est vasouilleux. Mais c’est pas des caillous qui piquent (non, je ne reparlerai pas de grand-mère).
Vers 19h, les deux barques rentrent de Golem Grad. Au total, il y a 4 ou 5 barques de dispo. Chaque capitaine faisant 1 ou 2 trajets par jour. Les hollandais qui en reviennent sont enchantés. En plus, ils n’ont payé que 80€ au lieu de 120€… Bizarrement, à l’hôtel-resto - le Riva -, on me parlait de 50€. Je discute avec leur capitaine, qui parle plutôt allemand mais un de ses potes présent traduit de l’anglais. Pour demain matin, 5 personnes dont 3 enfants ? -hummm… 55€. - Ah… le resto disait 50€. - Ok, 50€. Serrage de mains et quelques mots en allemand qui lui font plaisir. Ouf, j’ai peut-être eu 5 au bac, mais je n’ai pas oublié le minimum vital.
Le soir tombe. Une polonaise (je crois), arrive avec son vélo et son petit chien et demande à dormir à côté de nous. Mauvaise aventure il y a quelques temps, elle cherche la présence d’autres voyageurs le temps d’apprivoiser un nouveau lieu. Elle, elle arrive d’Ohrid (la ville, côté Macédoine) : 8h de pédalage dans la montagne. Elle voulait nous jouer un peu de guitare, mais elle est trop claquée !
Mardi 07 Aout
Debout tout le monde, c’est l’heure de déjeuner et se préparer (7h30, gniark, gniark, gniark) !
9h Départ de la barque. On devrait pouvoir tenir à 10 dessus. A 5, c’est grand confort. L’île aux serpents est à 2 km du village macédonien le plus proche, mais il n’est accessible que par une piste de 8 km depuis Stenyé et, pour en avoir remonté une partie à pied hier, à peine large comme le cc. De là, pour ceux qui y dormiraient (il y a aussi un hôtel, l’hôtel Rot je crois), le tarif en bateau pour l’île est de 20€. L’île est encore plus près d’un village albanais, mais ils n’ont pas le droit de s’y rendre. Donc, de Stenyé, il doit y avoir entre 8 et 10 km en mer (j’aurais aimé mesurer la distance sur google maps, mais le clic droit de mon touchpad est mort et j’arrive par non plus a trouver un raccourci clavier qui marche pour le remplacer. Quelque chose ne tourne pas rond dans le clic droit de mon PC). Dans tous les cas, c’est 1h30 l’aller, avec les ralentissements pour prendre des photos.
Paysage sublime, le parc naturel de la Galitchitsa est top. Dans les montagnes se cachent des ours et les derniers lynx des Balkans… Beaucoup de cormorans noirs aussi, et pleins de pélicans au rendez-vous, plus de nombreuses sternes lorsqu’on se rapproche de l’île. Quand je ne prends pas de photo, je bois une bière locale, qu’Alexander m’offre gentiment. Pour les femmes et les enfants, c’est ice tea peche (dommage pour Karine, qui fait semblant d’aimer). Petit tour de l’île en bateau, puis abordage. On prend notre temps pour la promenade sur l’île (1h30). Une église du 14ème siècle, une autre du 5ème et de nombreuses ruines romaines, y compris des thermes. Mais point de serpent. Où se cachent les 50 000 serpents sensés tomber des arbres et se faufiler entre nos pieds ? Bon point quand même, on croise des tortues (8 au total) et l’île est vraiment sympa. De retour au bateau, on cherche des serpents d’eau, plus nombreux en théorie. J’en vois un se jeter rapidement à l’eau à mon passage, et Karine et Eliott un autre un peu plus tard. Oriana et Kyra avait déjà vu le leur au lac d’Ohrid, donc on est bon. Retour à la base en 1h30, avec bière, ice tea et coups de soleil pour l’idiot qui n’a pas voulu se crèmer (+ mal de crâne due à la combo bière-soleil).
On retrouve Biliana qui a déplacé sa tente dans un petit coin et nettoyé la plage. Je lui apprends qu’une famille française a lancé un mouvement pour ça, et du coup, elle se prend en photo, bien décidée à contribuer à alimenter le hashtag. Bien sûr, sur le coup, je me souviens plus très bien du hashtag. #clean4park ? #park4clean ?
15h On repart dans l’autre sens, par la même route qu’on a beaucoup aimé. A la frontière, un douanien nous fait remarquer qu’on a pas d’autocollant du pays. On aurait aimé, mais il convient qu’il n’en a pas à me proposer. Au compteur, 127 124 (soit 8 petits kilomètres en Macédoine). La route est toujours aussi belle, avec ses paysans qui cueillent le maïs à la main, qui chargent leur âne de bottes de foin et ses jeunes tout fier de guider leur cheval debout sur la charette.
On longe ensuite le lac Ohrid, où des pécheurs tendent le fruit de leur pêche à bout de bras, pour appâter l’automobiliste.
Karine a pris aussi le soleil sur le retour. Pour finir la journée tranquille, on joue la simplicité et on retourne à notre camping Erlin. Re-baignade, pendant qu’au bar, c’est grosse fiesta. Une famille fête un anniversaire. Ambiance fest noz pour les danses et plutôt moyen-orient pour la musique.
Mercredi 8
Cette nuit, un couple de voisins français en tente s’est fait agresser… par des crabes. Oriana avait déjà remarqué la migration nocturne de ces crustacés, qui remontaient toute l’allée des emplacements de camping jusqu’à venir errer autour des sanitaires, jusqu’au petit matin. Mais il s’agit en réalité d’une bande organisée, bouffeurs d’orteils.
Sinon, comme on ne change pas un rituel qu’on aime, je profite du petit matin pour rédiger mes comptes-rendus (si j’étais aussi efficace au taf…) et faire quelques recherches sur le net. Donc hier, ceux sont des pélicans dalmates (ou frisés) que nous avons vu. La plus menacée des 8 espèces de pélican. Et côté serpents, ceux que nous n’avons pas vu seraient 20 000, selon la police (mes premières informations devaient être le chiffre des manifestants). Dans tous les cas, ils étaient bien cachés.
15h. Pause déjeuner à Elbasan. L’objectif était de trouver un resto qui nous propose la spécialité locale, le Tavë Kosi, du gigot d’agneau avec du yaourt, parfumé au safran et à l’ail. On a donc demandé à des passants qui nous ont conseillé un super resto, le N’Fole, dans l’enceinte du château. On s’engage donc par la première entrée du château, passe par de nombreuses petites ruelles avec ses maisons délabrées qui font très ‘envers du décor’, et on arrive sur le resto, juste à la seconde entrée du château. Autant le dire tout de go : une tuerie. Ce resto est le meilleur qu’on ait connu depuis des mois, voire des années. Le tout pour 1700 leks (15€). Bien sur, nous avons goûté à la spécialité de la ville (on en a pris deux plats), mais aussi à des recettes propres au resto. C’est le patron qui est venu nous conseiller. Il a vécu 6 mois en France (il en connait les principaux Chefs) et connaissait quelques mots de français, en particulier les ingrédients. On a donc aussi gouté au Fërgesë Bishqemi du nom du village d’à côté, d’où proviennent ses produits (poivron, tomates, ail…) et sa spécialité à lui, le Fërgesë Elbasan : foie, crème fromagère, poivrons. Ce plat aurait pu s’appeler : ‘comment adorer le foie quand on n’aime pas ça’. Il m’a aussi suggèré une bière artisanale locale, la Puka. Assez bonne pour que j’enchaine sur une 2ème. En outre, comme raffraichissement, en apéritif, un fromage-yaourt offert. Et comme on avait bien discuté, il a tenu à nous offrir aussi le dessert, de petits biscuits aux noix, selon une recette transmise à sa femme par ses ailleules depuis 250 ans. Si l’on en croit cette légende culinaire, à l’époque, les turcs avaient envahi la ville et seraient repartis en emportant la recette. Seules 50 personnes la connaissaient encore à l’époque. Et de nos jours, il ne reste plus que sa femme. Incroyable resto, mets délicieux, patron super convivial et déco sympa en prime : au dessus de nos têtes, une multitude d’ombrelles colorées, accrochées pour faire de l’ombre. Certaines tables sont des coffres en bois, surmontés d’une plaque de verre. Et certains sièges sont de grosses planches de bois pour deux personnes, fixées à des balançoires.
Nous avons repris la route et traversons maintenant Fier. Ici, les lavahz sont devenus des lavahzo, mais il y en a toujours autant. De quoi faire un album photo dédié.
A la nuit tombée, à une quarantaine de km de Gjirokaster, on se pose sur le parking d’un resto où l’on mange. Proprio sympa mais bivouac pas top. Les voitures ne s’arrêtent pas de rouler la nuit…
Jeudi 9 Aout
5h45 Soleil, cri des coqs, aboiements de chiens, voiture sur la nationale, braiement d’âne… parfois, le temps passe au ralenti…
Nous voilà dans la montagne, en approche de Gjirokastër. On croise des vendeurs de miel sur la route et on trouve un coin pour se garer spécial bus et cc, à deux rues du château de Gjirokastër. Blindé de cc italiens. Bon, le dénivelé est rude dans la ville. Très rude même, dans les petites ruelles pavées, qu’on emprunte à pied mais que les locaux utilisent en voiture. Même le bus de la ville passe partout. Par contre, pour une ville aux milles marches, on cherche encore. Alors on ne la parcourt pas dans tous les sens, sous la chaleur accablante, on se contente de faire un tour dans la citadelle autrefois habitée par Ali Pasha puis par le roi Zog Ier. De bons gros murs épais, c’est raffraichissant. C’est rare quand ça m’arrive, mais je suis complètement désorienté. Trop de passages dans tous les sens, sur plusieurs niveaux, j’ai du mal à me faire une vision d’ensemble de la citadelle. Mais c’est sympa. Avec Eliott et Kyra, dans l’enceinte du château, on visite aussi le petit musée sur l’histoire de la ville, et le musée militaire, avec son lot de carabines et de mines anti-personnel. En redescendant dans les ruelles touristiques, on s’arrête pour acheter des crêpes au fromage local, chez un commerçant tout fier de nous montrer son four. Sympa, il nous prête des coussins, pour que les enfants puissent s’asseoir sur le trottoir, pendant que Karine et moi profitons de la petite table le long de la ruelle. Je déguste aussi la bière de la ville, la Elbar. Puis je tombe sur un petit magasin avec des T-shirts et une vendeuse qui parle français. Sa soeur vit à Nantes, mariée à un français. Du coup, en France, elle fait la touriste et apprend le français, et de retour en Albanie, elle parle français pour attirer le touriste. Ce qui est cool, c’est qu’elle me fait un prix plus bas que celui affiché (j’imagine pour les italiens et allemands). Voilà, on quitte la ville, accompagné d’une petite pluie bienvenue.
Nous arrivons au Blue Eye vers 17h, les deux derniers kilomètres étant de la piste. Site autrefois réservé à l’élite communiste, il est maintenant ultra touristique. Des cars entiers y déversent les touristes d’on ne sait où. Heureusement, à l’heure où on arrive nous, les autres sont plutôt sur le départ et on trouve donc une place où se garer sans trop de problèmes. Il fait toujours super chaud. Du coup, contrairement à la plupart des autres touristes venus par car climatisé, nous on enfile notre maillot de bain avant de quitter le cc. Et finalement, on ne fera que jeter un bref coup d’oeil à l’oeil bleu, dans lequel quelques jeunes se jettent d’une petite balustrade, lui préférant un petit coin 30 mètres plus loin où l’on est que quelques-uns à se jeter à l’eau. Le courant est fort, mais il y a une large avancée de graviers dans l’eau où elle ne monte pas plus haut que les genoux, et quelques recoins sans courant. L’eau est super froide, mais vu la chaleur extérieure, on va pas faire les difficiles. On barbote un bon moment et lorsque tout le monde se décide à sortir, il se met à pleuvoir. On retourne au cc sous la pluie et on quitte Syri i kalter, c’est son petit nom local, sous la pluie. On croise les doigts pour que la piste mouillée, en côte, ne pose pas de souci au cc mais non, assez tranquille en fait. J’ai failli oublier : en arrivant, on a croisé un 4x4 américain du Connecticut, blindé d’autocollants de différents pays.
19h. La pluie s’arrête, après quinze minutes assez intense. On roule encore un tout petit peu, mais on s’arrête avant Sarandë, près d’un resto où il y a beaucoup de place. On est en avance sur la nuit, ce qui nous permet de ne pas avoir à se rabattre sur un bivouac pourri.
Vendredi 10
Bivouac encore pire que la veille. Comment, dans un trou paumé comme ça, peut-il y avoir autant de voitures qui circulent la nuit. Sans compter les gars qui tchatchent en pleine nuit, moteur de scooter en marche, en attendant qu’un troisième larron vienne récupérer celui à pied pour l’emmener en voiture.
En plus, grosse arnaque au resto d’hier. Pas mauvais et très copieux, mais une facture de 6000 leks (50€), là où ailleurs on s’en est toujours sorti pour grand max 3000-4000. Pour un resto de passage dans un trou du cul du monde, c’est grave abuser. On aurait probablement dû faire un scandale, mais sur ce genre de truc, je gère pas trop. La prochaine fois, on demandera les prix avants. Mais du coup ça m’énerve. Et du coup, les voitures et scooters qui font du bruit la nuit, ça m’énerve encore plus. Et en plus, des moustiques s’étaient faufilés dans le cc. On a tous été piqués cette nuit. Et non, je ne mèlerai pas une fois de plus ma grand-mère à cette sordide histoire, n’en déplaise à François Morel et Aldebert.
Bref, il est 7h45, Eliott et Karine sont réveillés. Partons tôt et quittons ce coin pourri.
11h On remonte par la côte. Entre deux virages, on passe devant la forteresse d’Ali Pacha (cf. Le conte de Monte Cristo, l’homme au masque de fer), à Porto Palermo et on aperçoit très bien l’entrée de la base sous-marine autrefois louée à l’URSS pour l’armée soviétique. On voit aussi pas loin un Lavazho-bar-café.
Sur la route, beaucoup de très belles criques difficiles voire impossibles d’accès et quelques plages loin d’être aussi bondées que ce que les rumeurs annonçaient. Par contre, ça manque clairement de places pour se garer. On continue notre lente avancée sur cette belle route de montagne. Une traversée expresse d’Himarë qui, pour le coup, est vraiment une petite station balnéaire blindée. Le cc peine à peu à la remontée et lache quelques nuages de fumée noire, mais c’est reparti pour quelques 50 km de montagne. Depuis le début des vacances, Kyra avale un comprimé de cocculine de temps à temps. Super efficace. Et à effet rapide. Pour l’instant, on touche du bois, on n’a pas encore eu besoin de la cuvette. Pourtant, cette route est coriace.
On passe maintenant par Dhërmi, où l’on croise beaucoup de vendeurs de miel sur la route. Les ruches sont d’ailleurs juste à côté, à flanc de montagne. Et si on achetait un pot ? - C’est combien ? - 1500. - Combien?? - 1500 (12€) - Ok, au revoir… Un peu comme sur la route du monastère d’Ostrog, où les 10 figues étaient à 5€… Non merci. Je ne sais pas pour les allemands ou les italiens, mais pour nous, c’est non merci.
Nous faisons la pause repas en haut du col (en presque 3h, on a fait 100km !), dans le parc national de Llogara, qui n’a pas l’air d’être le genre de parc où tu plantes ta tente, avec la falaise d’un côté et la montagne abrupte de l’autre. Par contre, il y a un petit vent sympa qui permet de manger dans le cc sans creuver de chaud. On attaque même le fromton qui trainait depuis plusieurs jours dans le frigo. C’est du Djath i Tymosur. Un nom de dinosaure carnivore féroce et c’est vrai qu’il pique un peu. Bin oui, le fromage, il pique. C’est comme ma grand-mère. Je dis pas qu’il pique plus que tout le reste mais… Ok, ok, j’arrête, même si c’est devenu le leitmotiv de toute la famille, depuis 15 jours et qu’on se marre bien avec ça… Il pique, mais il est bon.
On reprend la route, pour la redescente maintenant. Et je retire ce que j’ai dit sur le parc national Llogara. De ce côté, c’est très vert et il y a un peu plus de place. Sauf sur la plage et au camping d’Orikum, où c’est à nouveau blindé (mais très joli).
Ce qui n’est pas le cas de Vlorë, tout du moins pour ce qu’on en voit : des tonnes d’immeubles, bétonné à mort, hideux hideux. Et ça contruit encore. La moitié de la ville est une sorte de ville fantôme, où il n’y a que des immeubles en contruction et des pizzerias pour accueillir les italiens d’en face. A la sortie de Vlorë, vers Fier, une vraie autoroute. Karine exprime toute sa joie. Profite, dans 23 km, elle est en construction.
Nouveau passage par Fier. Toujours le même bordel sur les routes qu’à l’aller. Par contre, dans l’autre sens, j’avais raté un ‘Pit stop Lavazho’ et un ‘Tapiceria Lavazho’. L’autoute reprend. Au nord de Durrës - très moche aussi en ce qui concerne sa banlieue - on repasse aux Lavazh…
19h30 Objectif ‘Patok’, le village de cabanes de pêcheurs sur pilotis, presque atteint. Il reste une trentaine de km, mais pas la peine de se presser, ils seront encore là demain. D’autant qu’on est à Fushë-Krujé et qu’il y a un camping attenant à un hôtel, le Nord Park, avec une piscine 24/24h ! Relevé sur ioverlander par d’autres français, c’est aussi je pense celui que ‘lescyclomondistes’ nous avaient suggéré à notre arrivée en Albanie (ils y était à ce moment là). La piscine est un bonheur. Les enfants apprécient aussi les deux biquettes, juste derrière notre camping-car. Surtout quand deux employées de l’hôtel passent en fin de journée pour les traire !
Samedi 11 Aout
11h45, direction Patok. Côté musique, on reprend nos classiques, avec ‘sur mon dos’. Petite étape tranquille. C’est vrai que la laguna de Patokut, avec ses maisons sur pilotis, est jolie. On va jusqu’au bout du bout, on prend quelques photos. Un peu en mode Death Valley en juillet-aout (j’y étais pas cette fois là, mais j’en ai entendu parler), sans sortir du cc. Sauf que nous, on n’a pas la clim dans le cc. Bon, moi je sors et Kyra aussi. Eliott replonge dans son tome 5 ou 6 d’Artemis Fowl. Et on repart. Il y a aussi de nombreux restos, le long du petit cordon littoral et le poisson est réputé y être délicieux, mais c’est encore trop tôt pour nous (d’ailleurs, on a à nouveau un peu perdu l’habitude de manger le midi). C’est reparti pour Shkodër, même camping qu’à l’aller.
Memo (ouais, c’est un peu con de le noter maintenant alors qu’on devrait quitter l’Albanie demain) : une pastèque de 3 kg, c’est 75 leks. Mieux vaut le savoir, parce que je me pose toujours la question (et je la pose toujours à Karine et Oriana, ce qui a le don de les énerver) avant de sauter du cc en marche pour acheter une pastèque sur la route. Là, j’ai pas eu à sauter en marche, vu qu’on est dans les bouchons près de Lezhë. Je descends tranquillement pendant que les autres transpirent à grosses gouttes dans le cc. Nouvel arrêt un peu plus tard à une superette : de l’eau pour tout de suite, et un stock de bière pour le retour en France. Sur l’étal de l’autre côté du rond-point, je complète avec des légumes (car on ne trouve jamais de légumes dans une superette, mais il y a toujours un vendeur de légumes juste en face).
Nous arrivons au camping Legjenda en début d’aprèm. C’est le gars et sa copine qui m’accueillent. On discute un peu. Tout commence avec le logo sur son ordi. Oriana voulait savoir ce que cela signifiait, mais on n’avait pas eu l’occasion de demander la dernière fois. P L point en haut P à l’envers, K à l’envers et point en haut (pour ceux que j’aurais perdu, c’est là : Redirecting... ) Il s’agit en fait du label qu’ils sont en train de créer, car ils montent un studio d’enregistrement à Tirana. Mais pour l’instant, elle est étudiante en arts graphiques et se spécialise en numérique et lui monte des sites webs (sans développement, avec framework et templates existant). Lui joue de l’electro. Faudra que j’écoute une fois rentré (Stream Equinoxx (AL) music | Listen to songs, albums, playlists for free on SoundCloud) et peut-être y a-t-il des connexions à faire avec mon pote Matt Diskeyes…
Presque 16h, le soleil se cache, on va pouvoir aller piquer une tête. Bin oui, nos têtes, elles piquent…
Dimanche 12 Aout
On déjeune à la terrasse du bar nos biscottes et notre nocciolata, avec leur double expresso qui ressemble à un américano (ils proposent les deux, mais souvent l’un ressemble plus à l’autre et vice-versa). Je demande une carafe de leur thé au thym, qu’Oriana aime beaucoup et ils nous l’offrent, car normalement, elle n’est proposée que dans leur petit déj.
On quitte le camping, vers 13h30, après avoir échangé la quasi totalité de nos leks en euros et d’être allés cueillir avec Kyra, Oriana et le patron, des herbes à thé dans leur jardin (vrai thé, thym, romarin ?, et… je ne vais pas inventer, j’ai oublié. Mais j’aime bien l’idée d’aller dans un jardin, pour y cueillir du romarin. On devrait en faire une chanson pour enfants)
Encore une dernière fois au revoir. Peut-être que je reviendrai seul, ou quand les enfants seront plus grands, pour faire un treck Valbonë - Theth. A cheval, c’est 6-7 heures. A pied, je ne sais plus.
On quitte ensuite la ville, non sans avoir acheté quelques fromages qui piquent et même un qui piquerait encore plus, en souvenir. Je dis pas que ce serait celui qui pique plus que tout, mais quand même, il pique. Et parce qu’on est des oufs, un avec du moisi couleur violette.
Et des quetches aussi, parce qu’elles ne sont pas mauvaises et qu’elles ne coûtent rien. Sauf que là, la mémé tente de me les vendre à 200 lek le kg. Mais on ne me la fait pas. Je fronce des sourcils. 100 leks me dit-elle. 200, c’est pour deux kilos. Ouais, admettons. C’est encore 30 leks de plus que le prix normal. C’est uniquement parce que ça sera notre dernière occasion d’en acheter avant de reprendre la route.
Let’s go en musique. Stromae, ‘Racine carrée’. Même chemin qu’à l’aller, vers Niksic au Montenegro. Toujours par le nord du lac Shkodra. Le sud aurait probablement été plus joli, mais pour longer le lac, on passait de 2 à 4 heures de route (selon google maps. Pour notre cc, ajouter 50% minimum).
14h30 128522 km à la frontière. Soit 1100km en Albanie. On peut donc sans aucune hésitation confirmer qu’il s’agit d’un pays où les distances se mesurent en heures et non en kilomètres.
Le passage de la frontière se fait en 15 min. Par contre, dans l’autre sens, un gros gros paquet de voitures. Pour plus de 2-3 heures de queue. Nous on avance à 2 à l’heure… parce qu’il y a un c… de français qui venait d’en face et qui a essayé de griller toute la file. Moralité : obligé de faire 500m en marche arrière… Et il se permet encore de gueuler sur la voiture devant nous. En Albanie, ils conduisent bizarrement, mais ne sont pas agressifs. Faut juste assimiler qu’en ville ou sur un carrefour, c’est au premier qui le sent de passer. Rien à voir avec la signalisation. Et puis quand tu doubles, faut donner un petit coup de klaxon. Et surtout, ton clignotant, à gauche ou à droite, ça ne veut surtout pas dire que tu vas tourner ou te garer sur le bas-côté. Ca veut dire ‘c’est bon, je vois rien devant, vous pouvez doubler’. Ca fonctionne aussi comme ça en montagne, où les virages s’enchaînent. Donc, clignotant à éviter quand tu veux juste t’arrêter acheter une pastèque. Là, l’usage, c’est plutôt de mettre les warnings, pour tourner ou s’arrêter. Dans les coutumes locales, il y a aussi le fait de pouvoir planter sa voiture au milieu de la route, en ville, pour aller faire 2 ou 3 courses…
15h30 Arrivée au lac de Niksic.
15h32 Eliott et Kyra sont au ruisseau aux écrevisses.
15h40 Eliott est repassé au cc enfiler un maillot de bain et a déjà mis une écrevisse dans son bidon.
16h Ils ont vu un serpent dans le ruisseau. Ca n’empêche pas Eliott d’y aller jusqu’à la taille. Avec Kyra, on monte une opération #clean4park #2min4nature et on nettoie le ruisseau. Pour que ceux qui nous suivrons puissent aussi y voir leur lot d’écrevisses. Eliott trouve une grenouille.
19h On relache 6 des 7 écrevisses péchées par Eliott et on garde la plus grande, la énorme, pour la casserole. Tout le monde va se baigner au lac. Sauf moi. Il faut bien quelqu’un pour surveiller la bête.
Quand ils rentrent, grande nouvelle, Kyra a encore découvert un serpent d’eau, qu’Eliott et Oriana ont pu voir aussi. Mais je viens de spoiler mon récit. Je reprends dans l’ordre.
-
Papa, devines ce qu’on a vu ?, dit Kyra
-
Je sais pas…
-
En premier, je nageais et j’ai eu peur, parce qu’il y avait un poisson bizarre près des marches [NdR : qui permettent de descendre se baigner dans le lac] Il sortait plein de fois sa tête de l’eau, et il bougeait en sautant [NdR : probablement la partie émergée du serpent-iceberg]. Et après, j’étais sortie, et je vois un truc qui flotte, on aurait dit une figurine de long cou [NdR : un jouet en plastique de diplodocus]. “Regarde, Oriana, une figurine de long cou… je vais la chercher” “Attend, je mets mes lunettes… Mais c’est un bâton, ton truc” [NdR : puis, dans la tête d’Oriana] “Bizarre, ces petits losanges qui brillent sur le bâton… Hé, mais il ondule le bâton” [NdR : puis, à nouveau de vive voix] “Kyra ! Stop ! C’est un serpent ! Eliott ! Maman ! Un serpent !”. Eliott arrivera à temps pour le voir. Karine préfèrera rester dans l’eau, à distance des marches, le temps qu’il disparaisse.
20h30 Un jeune couple d’italiens de Trieste s’installe à côté de nous, incroyablement ravis d’avoir trouvé ce spot. On discute un peu. On leur montre l’écrevisse (c’est la 1ère fois qu’ils en voyaient). Eux aussi rentre d’Albanie et sont enchantés de leurs vacances. A l’inverse de nous, ils n’ont fait que la côte, la Riviera albanaise.
Lundi 13
On quitte Niksic en direction d’Herceg Novi, pour longer la moitié des Bouches de Kotor. La route (de montagne toujours) est vraiment superbe, et encore plus lorsqu’on arrive à la baie. A Herceg, vu le nombre de voiture sur la route de la côte (on avance au pas même après avoir dépassé la ville), on décide de faire demi-tour sur un km et de prendre à nouveau une route de montagne, vers Trebinje et Mostar.
14h40 128717 km à la frontière entre le Monténegro et la Bosnie Herzégovine. 22 voitures devant nous (j’ai compté) et une seule file, pour quitter le pays. On sort les byreks (fromage/jambon et saucisse) qu’on a acheté à Herceg Novi et Karine attaque sa maigre réserve de canettes Limon Soda d’Albanie… 15 min. Ca va. Et tout de suite après, comme à l’aller, un gros panneau ‘Bienvenue en Serbie’. No comment. Ce n’est qu’après un km de nomansland, lorsqu’on arrive au poste frontière de Bosnie qu’on a le panneau ‘Bienvenue en Bosnie-Herzégovine’…
15h10 On a passé le second poste.
Moins de montagnes, un peu plus de vallées. Trebinje a l’air sympa, avec un bassin aménagé dans la rivière, pour la baignade. Aux maisons, des drapeaux serbes… Le long de la rivière, des roues à aube, mais sans moulin. Ca marche comment ? Ca sert à quoi ?
Un peu plus tard, à nouveau dans la montagne, on s’arrête à nouveau devant un stand de miel. ‘C’est combien ?’ Neuf, me montre-t-il avec ses doigts. Neuf ? Ok, ca va le faire. Je sors mes 10 marks (5€). ‘Non, 9 !’, me montre-t-il toujours avec ses doigts. Visage d’incompréhension de ma part. ‘Euros. 9 €’. Ok, au revoir. Mais que ce passe-t-il ? Le pot était quand même pas deux fois plus gros que chez nous. Quelqu’un aurait tenté une OPA sur les ruches des Balkans ?
On poursuit la route : Stolac, Capljina… chouette route encore, mais une furieuse impression de ne pas avancer. 5 heures qu’on a quitté Niksic.
17h30 Ouf, nous voilà aux cascades de Kravice. Pendant que tout le monde enfile son maillot de bain, Eliott découvre une petite mante religieuse, de la couleur des cailloux sur lesquels elle se trouve. Et on prend le temps d’observer d’énormes fourmis sortir leurs déchets de leur colonie. Elles sont très rapides, sortent d’une dizaine de cm et rentrent aussitôt, en moins d’une demi-seconde. Il nous a fallu un moment pour comprendre leur manège (le temps que les filles se changent, c’est dire), mais c’est sympa à observer. Pas plus tard qu’hier, je lisais dans ‘Walden ou la vie dans les bois’ un récit de guerre de fourmis… Là justement, deux énormes énormes soldats, avec une énorme énorme tête, sortent pour faire leur tour de garde. Les soldats, eux, avancent en prenant leur temps (comme les filles on dirait, mais vont-elles sortir, elles ?).
On traverse le parking pour descendre aux chutes. On entend parler français un peu partout. L’entrée des chutes est de 5€ par adultes. Je n’ai que mon porte-monnaie sur moi, avec quelques marks. Il m’annonce 20€ (j’en déduis donc rapidement, grâce à mes capacités de calcul accrues, que c’est 2,5€ par enfant). Mais j’ai pas. Je lui annonce que je voulais payer en mark, mais que de toutes façons, je n’ai pas assez. Je sors mon billet de 20 et de 10. Ca ne lui pose pas de problème, il me donne 3 tickets adultes. En même temps, dans 30 min ou une heure, il serait parti et l’accès n’est pas fermé…
Une fois au bord du lac et des chutes, on pose notre sac et nos vêtements n’importe où, au pied d’un arbre près des tables et chaises d’un des 4 bars-cahutes, et on se jette à l’eau. Très peu de fond pendant longtemps. Il n’y a qu’au centre et au bord des chutes où l’on n’a pas pied. Nager jusqu’à aller toucher une cascade, c’est une première pour nous et c’est super fun. D’autres personnes s’amusent à se doucher à des chutes plus petites, après avoir escaladé quelques rochers et d’autres encore se contentent de siroter une bière. Bonne idée, il me reste 3 marks dans mon porte-monnaie. Bière Ozujskö, checked (facile à retenir le nom, j’avais ‘oh jusqu’où’ en tête).
Encore un super endroit, surtout en fin de journée, quand tout le monde commence à partir (j’imagine que c’est pareil en début de journée, mais ça, c’est hors de portée pour nous).
On quitte les chutes lorsqu’il commence à faire nuit. Ce sera bivouac sur le parking, comme 2 autres familles françaises (dont une en gros camion aménagé) et encore 4 autres véhicules italiens, dont certains dorment dehors sur des matelas posés sur les cailloux (s ou x ? hibou chou caillou ? genou pou ? Oh là, toujours ces mêmes questions existentielles, quand on n’a pas de correcteur orthographique…) du parking.
Mardi 14
6h40 J’hésite à descendre aux chutes prendre des photos sans personne. Mais j’ai un peu la flemme.
Hier soir, pendant la lecture de HP, j’ai entendu un bruit sous le cc. J’ai regardé et distingué une petite bête qui se carapatait à toute vitesse. Un genre de hérisson qui aurait été super rapide, ou un pécari. Un truc qui court au ras du sol, mais plus gros qu’un rat. Un rat musqué ? Ragondin ? Raton laveur ? Il y a quoi dans le coin ? On est sorti avec les lampes de poche, mais plus rien. Ce matin, une des poubelles du parking avait été mise à sac.
7h15 Allez, j’y vais.
7h45 Revenu. Purée, il fait déjà bien chaud.
11h30 On part. Ma première idée était d’aller aux lacs de Plitvice, en Croatie, mais ça a l’air d’être un gros morceau. Du genre 7-8h de promenade autour des 16 lacs, pour vraiment en profiter. Pas trop le truc où tu te tapes le détour, tu paies l’entrée du parc puis le camping à 2000 personnes hors de prix, tu prends 3 photos et tu repars. Probablement à voir, mais pas à la va-vite. Du coup, on va juste rouler et on verra bien où on se trouvera ce soir.
Ici, et depuis en fait déjà 30-50 km, on voit souvent l’écriture serbe tagguée, sur les panneaux routiers. Ne reste que le nom des villes dans notre alphabet. On fait seulement maintenant le lien avec l’apparition des premières mosquées et des cimetières musulmans. Ici, fini les drapeaux serbes accrochés aux maisons…
Une dizaine de kilomètres depuis les chutes, une tentative ratée de rejoindre l’autoroute par un chemin de traverse alors que la route normale y menait tout droit et nous y voilà : la vraie big belle autoroute. C’est ici qu’elle commence. Pour ceux qui voudraient aller dans l’autre sens, vers Mostar, pas de bol, c’est ici qu’elle s’arrête. Après, c’est en construction. Mais pour nous, vers la Croatie, c’est tout bon !
Mémo (parce qu’on est à un péage) : jusqu’en Albanie, on peut payer en euros presque partout. Par contre, de nombreux lieux n’acceptent que le cash. C’est le cas, de nombreuses stations essence qui ne prennent pas la carte bleue.
12h 128 878 km Frontière Bosnie-Herzégovine / Croatie.
Le paysage est vallonné, avec des rochers et des arbustes. On aperçoit quelques villages dans le lointain, et des espèces de prés délimités par des murets en pierres. Il y a un vent de dingue. Suffisamment pour qu’ils l’annoncent par les panneaux de signalisation lumineux. Vitesse réduite à 100km/h. Des panneaux indiquent aussi, à chaque passage dans un tunnel, la présence d’ours et de loups. A croire que les ours prennent les tunnels pour des grottes et les loups pour des tanières. En quelques heures, on vient de passer de 37°C à 22°. Pour situer, on est près de Bisko. Aucune idée de où se trouve ce bled. Si ça se trouve, c’est même pas un lieu, mais ça veut dire ‘prochaine sortie’ en Croate. Bon, j’allume le GPS, histoire de pouvoir associer le paysage à une région… Bin si, finalement, Bisko c’est bien un bled. Ca existe comme village et c’est à côté de Trilj. Ca vous aide tout de suite plus non ?
On dépasse la sortie pour Split à 110km/h. Dans l’autre sens, au moins 2 heures de bouchon, pour la même sortie. Ils arrivent par paquets de 200 du nord pour se jeter sur la côte de Croatie. A part çà, il pleut depuis 5 min.
14h15 On survole Skradin, depuis l’autoroute. Très jolie ville vue d’ici, avec un très joli port. C’est une des portes d’entrée pour le parc national de Krka.
16h12 Redépart après une pause déjeuner sur l’autoroute. Pour la première fois des vacances et la première fois depuis plusieurs années, j’ai sorti la cafetière italienne. Et du bon café du Guatemala. En théorie. Parce qu’il m’a déjà fallu un moment pour me rappeler comment ça marchait. Et ensuite, ça a bouillu. Tout de suite moins bon…
On roule, on roule, accompagnés de notre best of Monmix maison (surtout celles chantées par Vibe). Eliott a presque fini son 7ème tome d’Artemis Fowl. Kyra, qui ne peut pas lire en roulant, a mis de côté son 21ème tome de la Cabane Magique, et a d’abord commencé à reprendre son carnet de route. Elle s’était arrêtée en Slovénie. A 200 ou 300 km près, elle pouvait le reprendre là où elle l’avait laissé, il y a 3 semaines ! Après avoir résumé la Croatie, la Bosnie-Herzégovine, le Montenegro et l’Albanie en 10 lignes, elle s’est attaquée à l’écriture d’une histoire : le vélo magique. Et franchement, ses deux premières pages assurent !
17h45 Re-grosse pluie. Aucune visibilité et fuite dans le cc (ça passe par l’aération du frigo). On a vaguement le temps de voir une sortie pour Plitvice. Aucun regret à avoir changé d’avis.
?h On vient de doubler un cc polonais qui avait des bonzaïs à ses fenêtres. Purée, déjà que ça meurt dès qu’on éternue dans une maison, comment ils font, dans un cc ?
Argh, on devrait bientôt passer sous la barre des 20°C. Rendez-moi les grosses chaleurs où l’on dégouline dès que l’on bouge le petit doigt !
20.1°C. Tunnel Mala Kapel de 5800m. Quelle température de l’autre côté ? Dans le tunnel, c’est ambiance techno-electro de Stromae, avec un effet lumières stromboscopiques à l’arrière du cc, dû à l’éclairage du tunnel.
19h30 Rijelka, 18°C, 55€ de péage, 100% d’autoroute en Croatie, 0 étape dans le pays, 0 bivouac.
19h50 129 405 km, 0 min à la frontière (de Pasjak) avec la Slovenie, 0 tampon, 0 arrêt.
20h15 Arrivée à un petit point ioverlander parfait. Caché de la route par des arbres, à un croisement de plusieurs prés, le long d’un chemin pour tracteur. Parfait.
Mercredi 15 Aout
Une vingtaine de kilomètres à faire pour les grottes de Skocjan. On hésitait entre celles-là et deux autres : Skocjan est inscrite à l’Unesco et classée Ramsar (il s’agirait de la plus grande zone humide souterraine au monde), avec un pont souterrain qui passe 50m au-dessus de la rivière. Postojna (anciennement grotte d’Adelsberg) est la plus grande attraction du pays (avec un petit train pour faire une partie de la traversée). Krizna, la dernière, est peu visitée, bien que la 2ème du pays en taille. Mais elle serait plus difficile d’accès avec parfois des passages à ‘escalader’ à l’aide d’une corde. Et aussi plus éloignée de notre route de retour. Après un vote suivi d’une décision unilatérale de ma part, on se rend donc à Skocjan. A peine arrivé, on voit un groupe de 100 à 200 personnes quitter la zone de la billetterie et suivre un guide. Ca calme… Des jeunes du staff nous annonce que les parkings sont pleins et nous donnent un plan pour un parking situé à 3km, avec une navette gratuite qui peut nous ramener ici. Ca re-calme… Finalement, on trouve quand même une place ici (un groupe doit avoir fini un tour à l’instant, ce qui libère de la place). On se gare et Karine et moi partons à la billetterie en éclaireurs : 20€ par adulte, 10€ <14ans, 16€ étudiant pour le tour souterrain. Pour suivre le canyon de l’extérieur, sans guide, c’est 12.5€ et 6.5€ et pour les deux, 24€ et 12.5€. Ca re-re-calme. Départ toutes les 1/2 h. Plus l’heure d’attente qu’ils annoncent pour faire la queue pour les billets : départ possible dans 1h30. Ca re-re-re-calme. Le principal intérêt des grottes, pour moi, c’était le pont souterrain Cerkvenik. Mais bon, 80€ à 5, 1h30 d’attente, groupe guidé de 150 personnes. Chacun pour des raisons différentes, on vote contre. Et comme c’est censé être beaucoup moins touristique que Postojna, on oublie aussi celles-là.
Du coup, 13h15, 129 463 km et nous voilà en Italie.
]…[ après 4 jours en famille dans le sud de la France, que je ne détaillerai pas ici mais que les plus curieux peuvent retrouver son mon blog ]…[
Dimanche 19 Aout
21h Le cc affiche dorénavent 131 423 km au compteur, soit 6 250 km de plus qu’il y a un mois. Et nous, nous rentrons plus riches de plein de nouvelles expériences et ça, ça ne se mesure pas.
Et l’année prochaine, on part où ?