PAR JACOU
Un voyage en Toscane où goûter tous plaisirs,
Ce désir d’art qui lance à l’assaut de villes
Sont des viatiques heureux : oublions nos ires
Noyons la colère et ce qui nous rend si vils
Florence es-tu la ville ou mon amour d’un jour ?
Je ne fais plus rien que suivre au plan la cité
L’avion nous fut doux qui nous déposait en cour
De Pise ; la Toscane : un pays de beauté
Les cyprès tremblent sous les vents tièdes et chauds
Des champs parsèment les terreaux ocres et jaunes
Un chant du ciel descend, le soleil a bon dos
Les violons s’apprêtent à jouer leurs airs d’automne
Des chansons longues comme des airs d’opéras
Qui bruisseraient d’une vallée à l’autre alliée
Lisseraient leurs sons las silencieux en la
Mariés à la torpeur des lascives cités
Dans le creux d’un val la cité fière a ses tours
Dressées vers les cieux se sont églises dorées
Le Campanile et la Seigneurie jouent des tours
Singuliers bâtiments d’art pour eaux mordorées
Un lacet de silence où s’écoule l’Arno
Doux fleuve alangui dormant en fond de décor
À Venise on y jetterait bien son anneau
Ici sur le Ponte-Vecchio l’on jette l’or
Vois mon amour comme la ville est belle et blonde
Elle mire ses eaux ainsi qu’un beau visage
Le tien, qui en miroir va se confondre à l’onde
Vous m’êtes mystères jumeaux et hors des âges
Il faut admirer les crépuscules des villes
Comme on adore un amour toujours espéré
Qui dans l’air du soir aguiche un être tranquille
Voulant voler plus haut que son rêve effrayé
Aux aurores levés pour la Galerie voir
Nous irons compter les tableaux de ces maîtres
Qui tant fardèrent la Renaissance d’ivoire
D’argent, de chrysoprase, et que Dieu fit paraître
L’art n’est là, Ornella, que pour coiffer ta face
Songe à ces déesses qui vivent dans les toiles
Elles furent toi, un beau jour, mues dans l’espace
Et toutes nues dans le temps devenues étoiles
Mais tu dis qu’une femme est plus grande qu’un songe
Qu’elle a le courage d’affronter le grand âge
Qu’on ne saurait la clore en un lieu qui la ronge
Aussi vrai qu’un tableau vieillit à l’étalage
Et ta coiffure éternelle a cent fois le prix
Ô mon aimée entre deux âges qui me serre
Que je procure à mon ardeur lorsque je prie
D’être lié avec toi jusqu’aux vieilles misères
Mais goûtons le jour d’hui : la cité florentine
Déployant ses fastes ainsi qu’une catin
Nous a séduits encore et encor, si mutine
Qu’en rentrant à l’hôtel nous faisons un festin
Un festin de nos corps sublimés par les lieux
Un festin de bouche aussi car l’Italie
Etale aux palais ses produits les plus envieux
Que nous goûtons en nous prélassant en nos lits
Souffrez donc, ma Dame, que je vous nomme telle
L’héroïne d’un royaume moyenâgeux
Mon fantasme y gagnera, Ornella, ma belle
De vous nommer Florence, et poursuivons nos jeux !