Voir Campeche et mourir–repérage express à en perdre le nord

Forum Mexique

Découvrir une ville et ses environs en une journée, c’était le pari que je m’étais donné pour répondre à une nécessité –au départ de travail. Résident au Mexique, je vis à San Cristobal de Las Casas (Chiapas) et y travaille comme guide depuis 3 ans. Je suis allé à Campeche en « repérage ».

Arrivé à 6h40, en bus ADO, depuis Cancun, je termine ma nuit sur les fauteuils de la station, avant de filer vers le marché. Destination idéale puisque, de un, le lieu semble approprié pour se sustenter, de deux, il semble que les bus pour le site arquéologique d’Edzna partent de là.

8h00: J’arrive dans une des parties du marché avec un toit assez haut en forme de coupole (j’apprendrai par la suite qu’elle porte le nom de “sombrilla”, le “parapluie”) et un espace assez ample en-dessous: la cuisine semble fourmiller d’activité et on répond par l’affirmative à mon “hay cafe”?

Entre le moment où j’arrive et la demi-heure qui suit, le lieu se remplit, la plupart des gens commandant un grand coca, et le plat du jour, ou “Mondongo” (une sorte de soupe avec des tripes et autres abats). Pendant que ça s’affaire dans la cuisine, un homme, trapu, est occupé à chipoter à des papiers sur une sorte de guichet…je me demande ce qu’il peut bien faire. Soudain il se lève et commence à annoncer le menu aux gens qui traversent le patio, sous la coupole, tout en donnant des ordres aux cuisinières. Vous l’aurez compris, il s’agit du patron. La préposée service, qui a de multiples “casquettes” accepte avec enthousiasme d’être prise en photo, avec ses collègues.

J’avale donc un petit dej. à la mexicaine, (œufs au jambon, haricots, riz et piment) et, le ventre rempli, je traîne aux alentours du marché avant d’embarquer dans le mini bus pour Edzna, site arquéologique important dans la région. J’engage Iban, guide local. Heureuse décision car Iban est un passionné, et vu l’intérêt que nous avons –tous les deux- pour le sujet, on échange à bâtons rompus. Et je découvre enfin “de visu” le style Puuc dont les murs avec des angles nets sont une des caractéristiques.


Le bâtiment dit “aux cinq étages” est très impressionnant. Je termine ma visite seul, flânant dans une autre section du site, plus « nature ». A la sortie je recroise Iban, qui s’apprête aussi à retourner vers Campeche et qui me propose un “ride” (on dit un “lift” chez nous en Belgique). Avec un autre guide en plus, on repart, non sans s’être achetés chacun une grande bière ; vu la chaleur, ça fait du bien. On roule à toutes blindes, vers Campeche, fenêtres ouvertes et en échangeant quelques “trucs” entre guides.

15h30 : Iban me dépose sur la place principale, et je décide de souffler un peu, à l’ombre, sur une terrasse au 1<sup>er</sup> étage d’où la vue est idéale. Je savoure deux cafés en feuilletant un journal, histoire de me distraire après cette visite et ces échanges intenses. Je parcours le musée que m’a conseillé Iban et en apprends plus sur l’histoire de Campeche : ce fut un port important et un centre commercial entre le XVème et le XVIIème siècle, raison pour laquelle des murailles furent édifiées, pour protéger la ville des attaques de pirates. Après un bref coup d’œil à la « porte de la mer », une pluie diluvienne s’abat, et les flaques atteignent vite 20 cm de hauteur, ce qui me pousse à enlever mes chaussures.

Je me réfugie pieds nus dans le « Marganzo », un restaurant de cuisine traditionnelle où je déguste un « pan de cazon », plat à base de requin, de sauce tomate et de tortillas, un régal, qui cale !

19h40 : je quitte le restaurant vers la place principale, où une foule de gens regroupée dans le kiosque semble apprécier des animations à base de danses et de musiques: un couple habillé en blanc (dans le style Yucatan) exécute des danses de couple, et virevolte dans la foule. Et puis c’est le tour d’un groupe d’hommes et de femmes aux tenues à dominante rouge, avec une coiffe de plumes, comme celle des indiens d’Amérique du nord, et qui font une danse tribale au son d’un tambour et s’accompagnent de leurs Maracas.

L’ensemble est assez unique dans ces latitudes tropicales et leurs habits détonnent avec les styles vestimentaires utilisés dans cette zone par les indigènes, ce qui me pousse à m’approcher d’eux pour en savoir plus. Alfonso Hernandez Cruz, homme de la presque soixantaine m’explique alors que cette danse leur a été transmise par leurs ainés, qui ont émigré de l’Etat de Coahuila, (au nord) dans les années 60 pour trouver une solution aux problèmes de surpopulation et d’un manque de terres. Cette danse, appelée « de los Matachines » est empruntée aux indiens Tarahumaras.Ce groupe, qui vient d’un village près de « la Candelaria » me transmet leur énergie et leur chaleur dans cette nuit humide, et je repars enthousiaste vers la station de bus, (départ à 23h00) où je m’assois.

Alors que je laisse libre cours à mes pensées, mon regard est arrêté par la silhouette d’un homme assis devant moi qui me tourne le dos, légèrement de biais: il est vêtu d’une salopette, d’un chapeau de cow-boy, et a des traits de visage plutôt européens. Encore une fois, il est trop original, pour que je n’aille pas le titiller : j’apprends que c’est un Mennonite, dont les ainés sont venus de Zacatecas, aussi dans le nord! Que de transhumances, dans ce Mexique à en perdre le nord…

oh la la quel récit passionnant!!! merci pour ce partage… Il me tarde de voir de mes propres yeux (voyage de 15j en nov 18)

Bonjour,
Merci pour ce petit retour, ca fait plaisir!
N’hesitez pas à me contacter (surtout si vous passez au Chiapas). Aymeric

Sujets suggérés

Services voyage