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Pays de transition géographique, la Lettonie a vu très tôt des étrangers s’aventurer sur son territoire : Vikings, Slaves, Allemands... Plus tard, les travailleurs venus de toute l’URSS, facteurs de la russification entreprise par Moscou, sont restés en nombre après l’indépendance. Les Russes forment toujours aujourd’hui la principale minorité du pays, totalisant environ 32 % de la population. Souci de taille : en 1989, 4 sur 5, parmi eux, ne parlaient pas le letton, pas même en 2e langue... C’est pour cette raison qu’après l’indépendance le gouvernement imposa un cadre très strict pour acquérir la nationalité lettone : les habitants installés après 1940 devaient démontrer leur connaissance de la langue, de la culture et de l’histoire du pays. Incapables de répondre à ces demandes ou rechignant simplement à changer de nationalité, beaucoup renoncèrent. Les critères ont été largement assouplis sous la pression internationale, et plus de la moitié des Russes de Lettonie sont aujourd’hui devenus citoyens.
Avant 1940, les Lettons représentaient 75 % de la population totale du pays. Après un point bas vers 58 % en 1989, ils représentent aujourd’hui environ 61 % de la population.

Les Russes

Leur nombre vaut à la Lettonie d’être le pays balte le plus instable ethniquement et politiquement : près de 36 % de ses habitants sont russophones. Tête de pont de la puissance soviétique dans la région, la Lettonie a été colonisée plus massivement encore que ses 2 voisins.

À Riga, principal port d’attache de la flotte de la Baltique, et dans 7 des 8 plus grandes villes du pays, les Russes sont, aujourd’hui encore, aussi ou plus nombreux que les Lettons (57 % contre 43 % dans la capitale) ! Vers 1925, seulement 10 % de la population de Lettonie était russophone.

Le « problème russe » est à l’origine de tensions identitaires parfois vives, mais aussi de tensions politiques, tant avec Moscou, qui se veut le « défenseur » des russophones opprimés, qu’avec l’Union européenne, soucieuse d’équité. Depuis 2004, les écoles russes sont désormais tenues d’utiliser le letton comme langue principale de l’instruction (à hauteur de 60 % minimum).

Les autres Slaves

En dehors des Russes, il y aurait environ 80 000 Biélorusses (4,2 %), 60 000 Ukrainiens (3,2 %) et environ 38 000 Polonais (2 %). La majorité des 1ers est arrivée à l’époque de l’URSS, bien qu’une forte communauté ait toujours habité dans le sud-est du pays, près de la frontière. Très peu parlent la langue de leurs ancêtres, la plupart s’étant mariés dans des familles russes. Les 2ds sont, eux, le fruit exclusif du mouvement des travailleurs soviétiques (la moitié seulement parle encore ukrainien). Ukrainiens et Biélorusses sont parmi ceux qui ont le moins demandé la nationalité lettone (moins encore que les Russes).
Les Polonais sont, eux, installés depuis le XVIe s, époque où la Livonie, menacée par la Russie, fit appel au royaume de Pologne pour la protéger. La communauté, particulièrement bien ancrée dans le Latgale (sud-est), fournit un nombre important de recrues à la guérilla antisoviétique après l’annexion de la Lettonie par l’URSS... Plus des ¾ ont aujourd’hui la nationalité lettone.
Si ces 3 minorités possèdent toutes leurs propres écoles, on les compte néanmoins sur les doigts de la main.

Les Allemands

Installés en Livonie à partir du XIIIe siècle, les Allemands ont longtemps formé la minorité la plus active : propriétaires terriens, nobles et membres du clergé, ils tiraient les ficelles du pays.

Au fil des siècles, leur nombre a constamment oscillé entre 5 et 8 % de la population, pour décliner à partir de 1919, lorsque les grands domaines furent démantelés par la jeune république lettone. En 1939, à la veille de l’occupation soviétique, ils étaient encore 62 000... et ils sont moins de 3 000 aujourd’hui.

On les appelle les Germano-Baltes.

Les Lives

Installés de très longue date sur la côte de Courlande, à l’orée de la baie de Riga, les Lives sont un peuple de pêcheurs finno-ougriens, culturellement proche des Estoniens. Presque totalement assimilés à l’époque soviétique, ils ont vu leur langue s’évanouir : le dernier homme parlant le live (langue maternelle) est mort en 2009.

Aujourd’hui, on dénombre moins de 200 Lives en Lettonie.

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