Histoire et dates-clés Moscou
Youri Dolgorouki, l’illustre fondateur
Moscou s’est vraisemblablement constituée au 10e siècle. Elle n’est alors qu’une petite agglomération de 1 ha, flanquée d’un kremlin (fortifications) qui se dresse au confluent de la Moskova et de la Neglinnaya, une rivière aujourd’hui souterraine.
Elle devient au XIIe siècle un carrefour commercial important, traversé par les routes qui relient Vladimir à Smolensk et à Novgorod. Le bourg marchand est implanté à l’est du Kremlin au bord de la rivière.
Le premier à s’intéresser à Moscou est Youri Dolgorouki (« au bras long »), fils de Vladimir Monomaque. En 1156, il entreprend d’ériger de nouvelles fortifications. Le Kremlin redessiné englobe l’ancien bourg fortifié ainsi que le bourg marchand. Moscou, ainsi délimitée, atteint presque la superficie de l’actuel Kremlin. Ces initiatives vaudront à Youri Dolgorouki d’être retenu par l’Histoire comme le fondateur de la ville.
Le joug tatar
Parvenue au sommet de sa puissance à la mort de Gengis Khan en 1227, la Horde d’or réunit l’ensemble des tribus tatares. Son organisation militaire est fondée sur la conscription générale, la conquête et le pillage.
Quelques années plus tard, sous les assauts de la Horde menés par le khan Batu, petit-fils de Gengis Khan, la Russie kiévienne s’effondre. Ses villes somptueuses, Kiev, mais également celles du Nord-Est, dont Moscou, sont détruites. Seule Novgorod, trop éloignée, est épargnée.
L’acceptation forcée du « joug » tatar oblige les princes russes à aller chercher leur « yarlik » (mandat de gouvernement) dans la capitale tatare de Saraï, sur la Volga.
Grâce à l’appui de la Horde, Alexandre Nevski, de Novgorod, devient prince de Vladimir. Il installe son fils Daniel à Moscou. Ce dernier devient ainsi le premier prince de la branche moscovite des Riourik.
L’essor de la Moscovie
Moscou est rapidement reconstruite. Ivan Ier (1325-1341), fils de Daniel, poursuit l’habile politique de conciliation engagée par son père avec les Tatars. Il gagne l’appui de l’Église, qui transfère le siège du Métropolite à Moscou. Ce soutien de l’Église, dont les terres sont exemptées du tribut à verser aux Tatars, sera décisif. Désormais, c’est Moscou qui traite avec les Tatars.
En 1380, Dimitri Donskoï parvient à vaincre les Tatars lors de la célèbre bataille de Koulikovo Pole (le Champ-des-Bécasses), sur le Don. Cette victoire historique marque le début d’une lente reprise de leur indépendance par les Slaves.
Le développement du Moscou médiéval
Sous Ivan Ier, le Kremlin connaît un nouvel élargissement de son territoire et atteint la surface qu’il occupe aujourd’hui. Les bourgs situés à l’extérieur connaissent également une croissance importante.
Au nord se sont implantés les artisans, parmi lesquels les fondeurs de canons, dont le quartier est établi le long d’une rue qui porte encore le nom de rue des Canons (Pouchetchnaya ulitsa). À l’est, dans ce qu’on appelle le Grand Bourg et qui deviendra Kitaï-Gorod, les boyards et les riches marchands vivent dans des demeures cossues, les oussadba. Au sud, dans le Zamoskvorechiyé (qui signifie, littéralement, « de l’autre côté de la Moskva »), vivent aussi des artisans et des émigrants tatars, qui commercent avec l’Orient.
Le renforcement des défenses de Moscou justifie dès le XIVe siècle l’adoption d’un principe d’urbanisation en cercles concentriques. Dimitri Donskoï dote le Kremlin d’une enceinte en pierre calcaire.
De hautes palissades protègent le Grand Bourg ainsi que les faubourgs artisans de la rive droite. Dans le même temps, le mouvement monastique, sous l’impulsion de saint Serge de Radonège, connaît un essor sans précédent dans toute la Moscovie.
Ivan le Grand : les fondements de la puissance moscovite
Les premiers grands changements interviennent sous Ivan III, dit « le Grand ». Devenu grand-prince de Vladimir et de Moscou en 1462, il régnera durant plus de 40 ans. Il s’engage dans une politique d’unification menée sans ménagement, notamment à l’égard de Novgorod. C’en est bien fini de la confédération de principautés indépendantes mise en place par les Vikings au IXe siècle. L’absolutisme, l’expansion territoriale et la centralisation de l’État constitueront désormais les remparts de la Russie contre ses envahisseurs et la menace de l’anarchie.
L’ouverture aux influences étrangères
Grâce à Ivan III, l’ancien système féodal qui aboutissait au partage de la capitale en plusieurs zones d’administration confiées aux membres de la famille princière prend fin. C’est à cette époque également que remonte la présence des maîtres italiens, à la suite de l’arrivée à Moscou de Sophie Paléologue. Cette princesse byzantine s’est réfugiée avec sa cour en Italie du Nord après la prise de Constantinople par les Ottomans. Sur pression du pape, qui espère ainsi voir revenir le grand-duché de Moscovie dans le giron catholique, elle épouse Ivan III. Ce dernier souhaite doter le Kremlin d’un édifice d’une magnificence outrepassant celle de la cathédrale de la Dormition de Vladimir. Il fait appel à un architecte italien qui réalise son projet dans le respect de la tradition de Vladimir, mais de nombreuses formes sont empruntées à l’art roman italien.
À la suite d’un incendie, les abords du Kremlin, sur sa façade orientale, sont rasés. C’est ainsi que naît la place Rouge (Krasnaya plochad), ou Belle Place, le mot krasniï, en vieux russe, signifiant à la fois « rouge » et « beau ». Ce sont également 2 Italiens qui réaliseront la nouvelle enceinte du Kremlin ainsi qu’un nouveau palais impérial. La marque de la Renaissance italienne est particulièrement manifeste dans ces derniers ouvrages du règne d’Ivan le Grand.
Le temps des troubles
Sous le règne d’Ivan le Terrible, la Russie traverse une période de crise profonde.
Le développement de Moscou, durant cette période agitée, continue à être largement modelé par les impératifs de défense. Par 2 fois encore, durant cette fin de XVIe siècle, la ville est attaquée par les Tatars et mise à feu et à sang. Le Grand Bourg est entouré d’un mur en pierre, après qu’une première enceinte faite d’une palissade a été jugée insuffisante. Le Grand Bourg prend alors le nom de Kitaï-Gorod.
L’enceinte en bois protégeant les faubourgs de la rive gauche, au-delà des murs du Kremlin et de Kitaï-Gorod, est elle aussi transformée en un mur de brique que l’on peint en blanc. Ces faubourgs constituent ce qu’on appelle désormais la Ville Blanche (Biely Gorod). Là se côtoient nobles, boyards et artisans. La plupart des grandes artères contemporaines de la ville sont alors déjà tracées.
Un autre rempart, en terre celui-là, est élevé à l’emplacement de l’actuelle ceinture des Jardins (Sadovoye koltso). Ce rempart a laissé son nom à l’un des boulevards qui constituent cette ceinture : le Zemlyanoï Val, « rempart de terre ».
Dans ses nouvelles limites, la ville est l’une des plus étendues d’Europe. Sur la place Rouge, la cathédrale de Basile-le-Bienheureux célèbre la victoire d’Ivan le Terrible sur le khanat de Kazan.
L’avènement des Romanov et la reconstruction de Moscou
Après avoir chassé les Polonais, entrés dans Moscou en 1610, l’assemblée des boyards porte sur le trône Michel (Mikhaïl) Romanov, le petit-neveu d’Anastassia, la première femme d’Ivan le Terrible. De 1613 à 1682, sous Mikhaïl, Alexis et Fiodor, les règnes s’enchaînent sans heurts, et la Russie connaît une stabilité sans précédent.
Les étrangers ont maintenant leur quartier à Moscou. Cette Niemetskaya Sloboda (littéralement « quartier des Muets » en ancien russe, car les étrangers étaient incapables de parler le russe ; par extension, le mot Niemets est devenu synonyme d’« Allemand »), située sur la rive gauche de la Yaouza entre les remparts de Biely Gorod et le Zemlyanoï Val, connaît un développement dynamique.
Dans Kitaï-Gorod, le début du XVIIe siècle voit la construction des galeries marchandes, dont le nom en russe (Gostiny Dvor) signifie littéralement « cour des hôtes » ; les marchands étrangers étaient en effet considérés comme les hôtes de la capitale. Désormais, les églises sont presque toujours construites en maçonnerie. L’habitat commence à s’organiser autour de ces nouveaux points de repère mais reste majoritairement en bois. Toutefois, malgré le cosmopolitisme et le mélange des influences qui la caractérisent déjà, Moscou reste une ville profondément médiévale.
L’entrée en scène de Pierre le Grand (1682-1725)
En 1676, à la mort d’Alexis Romanov, que l’on considère comme le dernier tsar de la Russie médiévale, 9 de ses enfants sont encore en vie. Son fils aîné, Fiodor, lui succède mais ne lui survit que 6 ans. Pierre est l’unique fils qu’Alexis a eu de sa seconde épouse Nathalie. Après la mort de Fiodor, il partage durant 14 ans, pacifiquement, le pouvoir avec Ivan V, le frère cadet de Fiodor.
Cette curieuse dyarchie est instituée après la féroce bataille pour le pouvoir que se livrent les familles issues des 2 épouses d’Alexis. La famille des Narychkine, celle de Nathalie, la mère de Pierre le Grand, est en partie massacrée par les streltsy. Cette vieille garde d’Ivan le Terrible a en effet choisi de se ranger du côté de la branche maternelle de Fiodor. Pierre, emprisonné avec sa mère au Kremlin, assiste à une partie du massacre.
Les jeux militaires constituent l’occupation favorite du jeune tsar. Ils ont pour terrain Préobrajenskoïe, l’un des villages qui abritent les résidences tsaristes, au bord de la Yaouza. Nombre des camarades de jeu de Pierre sont, comme Alexandre Menchikov, d’origine modeste. Ils formeront le noyau d’une classe d’hommes nouveaux amenés à jouer un rôle de premier plan dans la société pétrovienne.
Le coin de campagne qui abrite Préobrajenskoïe, au nord-est de Moscou, est situé à proximité de la Niemetskaya Sloboda. Ce quartier où résident les étrangers est aussi un lieu de débauche éloigné du regard des vieilles familles garantes de l’orthodoxie. Ce voisinage n’est pas pour déplaire à Pierre. Il lui permet également de fréquenter artisans et mercenaires étrangers.
Il se lie avec l’amiral Frantz Lefort, d’origine genevoise, ainsi qu’avec le général écossais Gordon. C’est grâce au soutien de ce dernier que Pierre parvient, en 1689, à mettre fin à la régence de sa demi-sœur Sophie au profit de sa propre mère. Ainsi l’année 1689 marque-t-elle le début du règne effectif de Pierre le Grand.
Évolutions urbanistiques à Moscou sous Catherine la Grande
Tandis que l’esprit des Lumières dicte aux architectes de se plier aux modèles classiques, les oussadba de la noblesse prennent des allures de palais impériaux. La maison Pachkov, due à l’architecte Vassili Bajenov, surplombe majestueusement les rives de la Moskva en face du Kremlin. Catherine renonce à l’idée, caressée un moment, de transférer de nouveau la capitale à Moscou. Un important projet de reconstruction du Kremlin développé par Bajenov est ainsi abandonné.
Moscou après 1812
La cité est entièrement reconstruite. Le style Empire, qui a déjà fait son apparition à Saint-Pétersbourg avant la guerre, est mis à l’honneur. Au-delà même de l’apparence, ces transformations touchent en profondeur la ville. Faiblement concernée par l’agitation politique et intellectuelle qui règne à Saint-Pétersbourg, et qui culminera avec les événements de décembre 1825, Moscou connaît un développement dicté par le pragmatisme : les nonchalantes oussadba du Moyen Âge tendent à disparaître au profit de maisons de rapport.
L’architecture des bâtiments publics évolue sous l’influence d’Ossip Bové, d’origine italienne, à qui l’on doit notamment le théâtre Bolchoï. Le Boulevarnoïe Koltso, sur l’emplacement des anciens remparts de Biely Gorod, est enfin achevé. Le Zemlyanoï Val, quant à lui, est remplacé par la ceinture des Jardins (Sadovoye koltso), ainsi nommée car les maisons construites en bordure sur l’espace laissé libre par le rempart doivent obligatoirement avoir un jardin donnant sur le boulevard.
Moscou redevient capitale de l’URSS
Dès mars 1918, Lénine transfère de nouveau la capitale de la nouvelle Russie soviétique de Petrograd à Moscou. Les Pétersbourgeois en sont encore aujourd’hui profondément vexés, jugeant les bolcheviks bien peu reconnaissants.
En fait, alors que Moscou est au cœur de la Russie, Petrograd est trop excentrée et trop occidentalisée, ce qui a contribué à couper les « élites » de l’ancien régime de leur population. C’est un choix politique et stratégique qu’il a vraiment fait. En 1922, lorsque l’URSS est proclamée, Moscou en devient la capitale.
La reconstruction stalinienne
Moscou voit la construction d’immeubles majestueux et le prolongement de grandes avenues. Les sept fameux gratte-ciel staliniens (les « Sept Sœurs »), quelque peu mégalos, sont entamés à la fin des années 1940 et achevés au début des années 1950. Ils doivent concurrencer ceux qui hérissent le ciel nord-américain – la guerre froide est à l’ordre du jour. Prisonniers de guerre et détenus du goulag sont mis à contribution pour construire ces bâtiments, dont la solidité reste appréciée aujourd’hui.
L’immeuble le plus connu est celui de l’université Lomonossov sur les Vorobyovy Gory (monts des Moineaux). Il y a aussi le ministère des Affaires étrangères, l’hôtel Ukraine, etc.
Grands projets architecturaux
Moscou, sous l’impulsion de son maire Iouri Loujkov, s’est transformée à toute vitesse. Une autoroute périphérique a été construite (100 km), des immeubles de bien meilleure facture ont surgi de partout, le métro a été prolongé, un quartier d’affaires a commencé à sortir de terre, des centres commerciaux ont été construits çà et là, d’anciens quartiers prestigieux ont été restaurés, l’église symbolique du Christ-Sauveur a été reconstruite.
Le maire a aussi fait raser une partie du vieux Moscou et enrichi ses copains promoteurs et... sa propre femme.
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