Histoire Marrakech

Marrakech, c’est d’abord, avec Fès, sa rivale fondée 2 siècles et demi plus tôt, le cœur historique du Maroc. Marrakech était d’ailleurs le nom donné à tout le pays, avant qu’on ne lui préfère sa déformation espagnole (Marruecos, et donc Maroc). Stratégiquement située près de la côte atlantique, pas si loin du Sahara, au pied des montagnes de l’Atlas qui l’alimentent en eau potable, la ville acquit pendant plusieurs siècles le statut historique de capitale méridionale du Maghreb.

Elle fut, du XIe au XIIIe siècle, la capitale berbère d’un empire englobant l’Espagne musulmane, d’abord sous les Almoravides (fin du XIe siècle, début du XIIe siècle), puis sous les Almohades. En s’emparant de Marrakech en 1147, ces derniers n’étaient pas loin de la détruire totalement pour effacer toute trace des précédents, mauvais musulmans selon eux. Ils se contentèrent de raser les mosquées et palais almoravides pour bâtir, sur les ruines, des édifices comme la Koutoubia.

Par la suite, la ville connut des hauts et des bas : une brève renaissance au XVIe siècle avec les Saadiens qui l’érigèrent en capitale, avant que les Alaouites (la dynastie régnante actuelle) ne l’abandonnent au profit de Meknès au XVIIe siècle. Devenue capitale secondaire au XVIIIe siècle, elle a retrouvé une nouvelle jeunesse au XXe siècle, sous le protectorat français d’abord, par la création de Guéliz, au caractère occidental, bâtie à côté de l’ancestrale médina. Puis, dans la 2de partie du XXe siècle, grâce à la vogue de l’exotisme et des voyages : de palais en jardins, de riads en soirées folles, la mode lancée il y a quelques décennies par des happy few allait contribuer au développement fulgurant du tourisme en ce début de XXe siècle.

Aujourd’hui, Marrakech n’en finit pas de pousser ses quartiers toujours un peu plus loin. Combien d’habitants ? Nul ne le sait vraiment, les chiffres officiels restant en dessous de la réalité. Population gonflée, le week-end, par la jeunesse dorée de Casa à qui l’autoroute permet désormais de vivre à cent à l’heure les folles nuits de Marrakech.

Mais d’aucuns craignent pour l’avenir de cette ville qui fait le grand écart entre les nantis et les nécessiteux. D’un côté, des affiches de programmes immobiliers vantant une retraite sans souci sous des palmiers encore inexistants, la multiplication de golfs d’un vert tendre sur trame de désert terreux. De l’autre, la médina, cœur de ville resté traditionnel, principalement fait de terre et de chaux, avec sa myriade de riads, ses souks bouillonnants, sa population mélangée.

Face à tous les enjeux environnementaux et démographiques auxquels est confronté Marrakech, la ville a « naturellement » accueilli la COP 22 sur le climat en novembre 2016.