Bora-Bora
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Culture et arts Polynésie française

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Mythologie et croyances

Grands amateurs de légendes, les Polynésiens peignent en quelques phrases la naissance du monde.
C’est un jeune dieu, Maui, l’un des 68 fils du couple originel, qui en est le héros. Parti un jour pêcher au large avec ses frères, il fait avec son hameçon sacré une prise aussi rare que fabuleuse : un poisson-terre du fond de l’océan, si grand que, parvenu à la surface, il se fige et se brise en de multiples morceaux - les grandes entités de l’aire polynésienne.
D’autres légendes similaires donnent naissance aux différents archipels, puis aux îles mêmes.

L’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais, sur ces terres de tradition orale, l’orgueil et les rivalités des chefs ont engendré un écheveau de mythes contradictoires. Bora-Bora, dont l’un des noms originels, Mai Te Pora, signifie « créée par les dieux », revendique ainsi d’avoir été tirée de l’océan par le dieu créateur Ta’aroa avant toutes les autres. Toutes sauf… Raiatea. Enfin, c’est ce qui se dit là-bas !

Une seule chose semble à peu près admise : c’est de Raiatea qu’auraient mis à la voile les 7 pirogues sacrées qui colonisèrent les extrémités du « triangle polynésien », domaine plus aquatique que terrestre délimité par Hawaii au Nord, la Nouvelle Zélande au Sud-Ouest et l’île de Pâques au Sud-Est.

Découvertes archéologiques et historiques

Les découvertes des archéologues, des linguistes et des généticiens tracent peu à peu le portrait de la plus incroyable migration humaine jamais réalisée : la conquête du Pacifique, en vagues successives, par des groupes d’hommes et de femmes partis d’Asie du Sud-Est il y a environ 50 000 ans pour les premiers.

Cinglant à bord de canoës, puis de grandes pirogues, dans le sens des courants d’abord, puis à contre-courant, vent debout, en direction du soleil levant, ils ont occupé au fil des siècles le tiers de la planète. Les peuples noirs des premières migrations (ancêtres des Aborigènes d’Australie, des Papous et des Mélanésiens), sont relayés vers 5 000 av. J.-C. par les peuples de langue austronésienne, dont l’une des branches essaimera jusqu’à Madagascar !

À l’est, dès 1 000 av. J.-C., le groupe des Lapitas atteint Tonga et les Samoas où, dans leur sillage, se constitue une culture à part entière : les Polynésiens sont nés. De ces bastions insulaires, ces marins inégalés, se dirigeant en mer avec la seule aide des étoiles, des planètes et de leurs mouvements nocturnes, vont conquérir un territoire plus vaste qu’aucun autre peuple dans l’histoire.

En quelques siècles, la quasi totalité des îles isolées sont abordées : les Marquises les premières (300-600), d’où sont ensuite gagnés les Tuamotu, Hawaii (400-650) et l’île de Pâques (400-500). Ces conquêtes ne font pas l’objet d’une direction unique, mais de multiples expéditions parties en tous sens : ainsi, c’est en rebroussant chemin vers le Sud-Ouest que sont explorés et colonisés Tahiti et les îles Cook (600-800), puis la Nouvelle-Zélande (vers l’an 1000). D’autres îles aujourd’hui désertes sont habitées, puis abandonnées.

Bien des spécialistes en sont maintenant convaincus : les Polynésiens, partis des Marquises ou de l’île de Pâques, ont sans doute atteint les côtes de l’Amérique du Sud entre 500 et 800 - ce qui expliquerait la présence mystérieuse de la patate douce dans le Pacifique Sud. La conquête du grand océan par les Polynésiens s’achève avec la découverte des îles Chatham, à 800 km à l’est de la Nouvelle-Zélande. Alors, se trace le triangle polynésien, le plus grand espace culturel jamais façonné par un seul et même peuple.

L'archipel polynésien aujourd'hui

Les archipels, s’ils ne forment pas de nation au sens politique du terme, entretiennent pour la plupart des liens, tant commerciaux que culturels. Des groupes polynésiens venus parfois de très loin se retrouvent ainsi régulièrement à Raiatea, dans les îles Sous-le-Vent (archipel de la Société), à l’occasion de grandes cérémonies religieuses. L’océan n’est pas ici un obstacle, mais au contraire un facteur unificateur.

Renaissance culturelle

Les arts polynésiens

Les arts polynésiens, issus des traditions et des règles sociales de jadis, sont les mêmes d’un archipel à l’autre : danse, chant et tatouage. La danse et le chant, intimement liés, avaient (et ont encore dans une certaine mesure) vocation à compter l’histoire des ancêtres, les migrations, les exploits des héros disparus, la puissance de leur mana, la beauté des filles, des paysages, la force des dieux et la peur qu’ils inspirent.

Au XVIIIe siècle, le capitaine Cook décrivait déjà le timorodee (tamouré) et la manière qu’avaient les Tahitiennes de pratiquer cette « danse très indécente », tout en « chantant des chansons fort indécentes »… C’est toutefois le upa’upa tahitien, pratiqué en couple, qui fit couler le plus d’encre : ses mouvements étaient si obscènes, à en croire les premiers missionnaires, qu’ils se voilaient les yeux pour n’en rien voir ! Interdite par les autorités coloniales, réduite à la clandestinité, la danse a refait surface dans les années 1960 avec le réveil de la conscience culturelle polynésienne.

Les danses et chorégraphies

Chaque archipel possède ses propres chorégraphies, parfois très différentes, mais qui mettent en scène deux soucis majeurs de la vie passée : la guerre, qu’évoquent traditionnellement les hommes par des mouvements amples et saccadés (comme dans l’ote’a tahitien), et les choses de l’amour, domaine des femmes et des rythmes ondulants et lascifs. On trouve aussi, comme dans l’aparima tahitien ou la danse du cochon marquisienne, des thèmes liés à la vie quotidienne.

Le tatouage

Primordial dans le passé, presque abandonné un temps, et aujourd’hui en plein renouveau, le tatau, le tatouage, marquait jadis l’entrée dans la vie adulte. Réalisé par étapes au cours d’une vie, il en résumait en quelque sorte le cours, avec ses hauts-faits, permettant au statut de chacun, et surtout des chefs, de s’afficher aux yeux de tous.

D’un lieu à l’autre, les corps étaient plus ou moins ornés : complet aux îles de la Société, aux Australes et aux îles Cook, le tatouage était plus impressionnant encore aux Marquises, où il s’imposait des orteils au cuir chevelu en passant par les parties génitales, les fesses, les paupières et la langue… Les femmes étaient surtout tatouées sur le visage, les membres et les doigts.

Les dessins, souvent très élaborés, étaient pour la plupart géométriques et zoomorphes, alternant avec des parties pleines. On note aussi des motifs particuliers, comme ceux des prisonniers de guerre, tatoués sous les paupières… Les tatouages étaient réalisés à l’aide de dents de requins ou d’os affûtés, plongés dans une encre tirée de la combustion de la noix du bancoulier.

Les cérémonies entourant les séances duraient de plusieurs jours à plusieurs semaines, comme c’est toujours le cas aux Samoa. Interdite par les missionnaires, la pratique faillit disparaître. Mais, ironie du sort, les marins de Cook, dont certains s’étaient faits tatouer, exhibèrent à leur retour leurs exotiques trophées, répandant la mode dans les ports d’Europe…

Le phénomène, qui renforce le sentiment d’appartenance culturelle, est en pleine renaissance depuis les années 1980.

Fêtes et festivals

- Le Nouvel An est célébré avec entrain sur toutes les îles. À Tahiti, c’est l’heure du Kaina Tour, d’une plage à l’autre, d’une fête à l’autre.
- En janvier ou février, le Nouvel An chinois remplit les rues de Papeete de lions et de tigres de papier, dardant leurs têtes au son des gongs.
- En mai, la Billabong Pro réunit les meilleurs surfeurs du monde sur le spot de Teahupo’o, un reef break réputé pour ses tubes d’enfer.
- Début mai, à Tubuai, dans les îles Australes, on célèbre l’arrivée sur l’île du Bounty.
- Chaque année, en juin et juillet, le grand Heiva permet aux Tahitiens de renouer avec la grandeur du passé. Au programme : chants, danses, concours de va’a (pirogues), jeux traditionnels, marche sur le feu, artisanat, etc. Un témoin vivant et direct du grand renouveau culturel polynésien.
Octobre voit à la fois se dérouler le carnaval de Tahiti (plutôt artificiel) et la grande course de pirogues Hawaiki Nui Va’a. Une centaine d’embarcations s’élance pour une traversée entre les îles de Huahine et Bora-Bora.
- Le premier dimanche de décembre, à Tahiti, la Journée du Tiare met à l’honneur cette fleur indissociable de la Polynésie.

Voir l'agenda culturel de la Polynésie française.

Jours fériés

Ce sont grosso modo les mêmes qu’en France, avec quelques adjonctions locales.

Jour de l’An : 1er janvier.
Fête de l’Évangile : 5 mars. 
Vendredi Saint et Lundi de Pâques.
Fête du Travail : 1er mai. 
Fête de la Victoire de 1945 : 8 mai . 
Jeudi de l’Ascension.
Lundi de Pentecôte.
- Fête de l’Autonomie : 29 juin. 
Fête nationale : 14 juillet. 
Assomption : 15 août. 
Toussaint : 1er novembre. 
Fête de l’Armistice de 1918 : 11 novembre.
Noël : 25 décembre.

Littérature sur la Polynésie

- L’évangile du Soleil, d’Alain Gerbault, Magellan Et Cie, 2016. Réédition du livre culte d’Alain Gerbault paru en 1932, qui retrace les voyages du grand navigateur dans les îles du Pacifique et de ses rencontres avec les indigènes. L’occasion pour ce racleur d’océans de s’interroger sur l’européanisation néfaste de cette partie du monde, la préservation des civilisations et de la nature

La longue Route, Bernard Moitessier, J’ai Lu, 2000 Réédition du livre-culte paru en 1971 chez Arthaud, qui retrace l’épopée hors norme d’un marin qui, sur le point de gagner la première course autour du monde en solitaire, décide de ne pas rentrer et de poursuivre sa route vers Tahiti. Une remarquable performance, véritable pied de nez à la civilisation. Un livre rare et précieux.

Les Immémoriaux, Victor Segalen, Libretto, 2018 Les « immémoriaux » sont les derniers païens de Polynésie. L’arrivée des missionnaires fera qu’ils trahiront leurs dieux, puisqu’il a suffi de moins de 20 ans aux Occidentaux pour anéantir une culture restée jusque-là intacte. Dans ce premier livre, Victor Segalen brosse le tableau d’une « société antique et forte », décrit ses fêtes, son culte du jouir et son alliance heureuse avec la nature. Ce livre paru pour la première fois en 1907 sous un pseudonyme, résonne aujourd’hui avec d’autant plus de force qu’il nous permet de mesurer son caractère prémonitoire.

Dans les mers du Sud, Robert Louis Stevenson, Livre de poche, 2018 En 1888, Stevenson et sa femme décident de partir à la découverte des mers du Sud. Le voyage durera 2 ans, jusqu’à ce qu’ils abordent les îles Samoa, où l’auteur décédera en 1894. Stevenson dresse là un récit lucide sur ces îles du Pacifique, tout aussi paradisiaques que dangereuses, en proie à l’arrivée imminente du colonialisme.

Taïpi, Herman Melville, Gallimard Folio, 1984 Le mot Taïpi désigne à la fois une région de l’île Nuku-Hiva, de l’archipel des Marquises, et la population qui l’habite. L’auteur de Moby Dick témoigne ici de sa rencontre vers 1843 avec ce peuple que l’on qualifiait de cannibale à l’époque et brosse, a contrario, le tableau d’hôtes gentils, intelligents et cultivés, recréant ainsi comme un parfum d’éden.

Contes des mers du Sud, Jack London, Phébus- Libretto, 1984 Réédition d’un des plus grands livres de Jack London paru en 1911, reprenant 8 nouvelles pour évoquer les ravages et la violence importés par l’homme blanc dans le « paradis » des mers du Sud. Décoiffant et radical. Du grand London.

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