Grenoble : trek urbain au pied des Alpes

Grenoble : trek urbain au pied des Alpes
© rh2010 - Fotolia

Entourée des superbes massifs de la Chartreuse, de Belledonne et du Vercors, Grenoble, qui a accueilli les JO d’hiver en 1968, n’a pas volé sa réputation de cité sportive : la préfecture de l’Isère est en effet une bonne base pour partir en randonnée dans la nature environnante, à pied, à ski ou à vélo. Mais la capitale des Alpes françaises invite aussi au trek urbain et culturel « intra muros ». D’autant qu’une grande partie du centre ancien est devenu zone piétonne et que les quais de l’Isère ont été aménagés pour les promeneurs. Au fil des rues se dévoile une ville qui fut à l’avant-garde de la Révolution, lors de la Journée des Tuiles, le 7 juin 1788, début d’insurrection contre le pouvoir royal… Allons, enfants de la patrie… découvrir Grenoble à grands pas !

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En avant pour la prise de la Bastille !

En avant pour la prise de la Bastille !
Téléphérique du Fort de la Bastille © jaunedoe - Fotolia

Grenoble, à l'architecture hétéroclite au premier abord, mérite que l’on prenne de la hauteur pour mieux la cerner. Car elle s’est agrandie à plusieurs reprises, faisant cohabiter différents styles selon les époques.

Depuis le fort de la Bastille, la structure devient plus claire : les étapes de la croissance de la cité se déroulent sous les yeux des visiteurs, qui peuvent monter à la place forte par un téléphérique urbain, mis en service en 1934. Ce fut d’ailleurs le premier du genre en France. Depuis 1976, ses cabines ont pris la forme de bulles aux parois transparentes, pour mieux apprécier l’impressionnante vue et le dénivelé de 263 mètres. En seulement cinq minutes, il permet d’accéder au sommet des fortifications, à près de 500 mètres d’altitude.

Le système défensif, accroché à la roche calcaire, remonte à 1591, pendant les guerres de religion. Mais son aspect actuel provient des secondes constructions, finalisées en 1848 par le Général Haxo pour stopper d’éventuels envahisseurs arrivant de Savoie. En réalité, le donjon, les remparts et casemates ne furent attaqués qu’en 1944. Ils offrent un superbe panorama sur la vallée glaciaire et sur les trois massifs imposants qui l’encadrent, celui de la Chartreuse, du Vercors et de Belledonne.

Tout en bas, se dessine, en 3D, le plan de la cité. Les toits de tuiles blottis les uns contre les autres représentent le centre ancien, d’origine médiévale, coincé entre les bords de l’Isère, les places Grenette, Notre-Dame et Lavalette. Au-delà s’étendent les quartiers des 17 et 19e siècles, avec les toits gris de la ville de garnison qu’était alors Grenoble. Puis s’étale l’agglomération moderne, jusqu’aux barres d'immeubles marquant le boom des années 1960-1970, suite aux Jeux Olympiques d’hiver.

Des lignes surgissent… Horizontales comme le cours Jean Jaurès qui semble trancher Grenoble comme un gâteau : c’est la plus longue avenue d’Europe, étirée sur huit kilomètres. Ou des verticales comme la tour Perret, créée par le célèbre architecte du même nom pour l’exposition universelle de 1925 : implantée au cœur du parc Paul Mistral, elle culmine à 90 mètres, un exploit technique pour l’époque, car on commençait à peine à maîtriser le béton armé.

Après avoir embrassé du regard ces paysages remarquables, les marcheurs peuvent se diriger vers le parc naturel régional de Chartreuse, pour une randonnée nature, ou descendre vers un univers urbain, aux pépites culturelles et au riche patrimoine.

À commencer par le musée archéologique Grenoble Saint-Laurent, qui retrace 1 700 ans d’histoire grâce à la particularité de son site, aux « strates » variées : de la nécropole du 4e siècle à l’église du 19e siècle, en passant par la crypte Saint-Oyand, des 6e et 7e siècles : l’un des rares édifices du haut Moyen Âge en France, avec un superbe décor sculpté, très bien conservé.

Toujours au pied de la Bastille, le musée Dauphinois, installé dans un ancien couvent datant de 1622, est consacré au mode de vie dans la région depuis 3 000 ans : les différents habitats, les outils, mais aussi l’histoire du ski et l’art populaire local.

Aux arts, citoyens !

Aux arts, citoyens !
© Musée de Grenoble

À l’ombre de la Bastille, mais sur l’autre rive de l’Isère, se trouve un véritable bijou : le musée de Grenoble, l’un des plus importants en France pour l’ensemble de ses collections artistiques, et même en Europe pour son fonds d’art moderne.

Dans un vaste bâtiment inauguré en 1994 (même si le musée existe depuis 1798 !), les expositions permanentes, avec 900 peintures, sculptures et autres œuvres agencées de manière chronologique, partent des antiquités égyptienne, grecque et étrusque pour atteindre la période actuelle, avec des créations de Bruce Nauman, Christian Boltanski, Yannis Kounellis ou Giuseppe Penone.

Entre les deux, sont présentés l’art médiéval (Le Tintoret, Le Pérugin, Véronèse), l’école flamande avec, notamment, Rubens, différents courants du 19e siècle (classique, néoclassique, romantique, préimpressionniste, à travers Ingres, Delacroix, Millet, Corot, Courbet, Sisley, Pissarro, Renoir, Monet, etc.) et du 20e siècle (expressionnisme, fauvisme, cubisme, surréalisme, art naïf, concret ou minimal, pop art, etc., avec Matisse, Picasso, Modigliani, Kandinsky, Klee, Chagall, Magritte, Soulages…). Toutes ces œuvres sont mises en valeur dans un cadre épuré, bien éclairé, avec de beaux volumes donnant une impression d’espace et une atmosphère zen.

Ce n’est pas la place, ni la lumière, qui manquent non plus au Magasin des Horizons, centre national d'art contemporain situé dans un ancien quartier industriel. Ouvert depuis 1986, il est abrité par une immense halle à verrière et charpente métallique conçue pour l’exposition universelle de 1900 par les ateliers Eiffel. Il ne possède pas de fonds propre et n’organise que des expositions temporaires.

Juste à côté est installée La Belle Électrique, salle de concerts de 900 places, lancée fin 2014 et dédiée aux « musiques amplifiées », du jazz au rock en passant par le reggae et l’électro. Toute en courbes, en bois et en baies vitrées, elle programme plus de 80 artistes par an, aussi divers que Salif Keita, Jay Jay Johanson, Amadou et Mariam, les Wampas ou la chanteuse Camille.

Une ville d’histoire(s)

Une ville d’histoire(s)
Musée de l'Ancien Évêché, Grenoble © G. Depollier

Dynamique sur le plan culturel, Grenoble est une ville jeune, avec 61 000 étudiants pour 160 000 habitants. Mais c’est également une cité fière de son passé, mise à l’honneur à travers trois musées.

Tout d’abord celui de l’ancien évêché, aux très riches collections ethnographiques et archéologiques (dont le plus ancien fossile humain trouvé dans la région) : de la Préhistoire au 20e siècle, en passant par la naissance du Dauphiné et l’épopée industrielle. Grenoble et le département de l’Isère sont explorés à travers une chronologie thématique, à suivre avec un guide interactif sur tablette tactile.

Un illustre enfant du pays est célébré par un autre musée : Stendhal. Henri Beyle, de son vrai nom, est né à Grenoble en 1783 où il a vécu jusqu’à 16 ans. Son appartement natal ainsi que celui de son grand-père, le Docteur Gagnon, chez qui il habita après la mort de sa mère, forment ainsi un musée réparti en plusieurs lieux. Dont la bibliothèque municipale, avec des éditions originales et des manuscrits, ou encore un parcours balisé par douze plaques, à suivre en solo ou en visite guidée organisée par l’office de tourisme.

Enfin, le musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère est un incontournable, pour comprendre les incidences de la Deuxième Guerre mondiale dans la région et l’héroïsme de ceux qui s’opposèrent aux nazis et à Pétain, dans différents maquis aux alentours de Grenoble. La ville reçut d’ailleurs, pour ces actes valeureux, le titre de « Compagnon de la Libération ». Une visite pleine d’émotions portée par des photos ou des documents audio et vidéo, des témoignages forts et toujours actuels.

Fiche pratique

Consulter notre guide en ligne Alpes

Site de l’office du tourisme de Grenoble

Où dormir ?

- Okko Hotel : 23, rue Hoche. Tél. : 04 85 19 00 10. Chambre double : à partir de 95 €, avec petit déj. Au cœur de l’écoquartier de Bonne, cet hôtel récent fait rimer modernité et convivialité : les 138 chambres fonctionnelles et élégantes forment des cocons design bien agencés, dont le prix inclut l’accès au sauna, à la salle de sport et à l’espace club de 300 m² avec grande terrasse et lounge cosy.

- Hôtel de l'Europe : 22, place Grenette. Tél. : 04 76 46 16 94. Chambre double : à partir de 59 €, sans petit déj. En plein centre piéton, derrière la noble façade haussmannienne et au-delà de l’entrée au style Art déco, les chambres confortables s’avèrent contemporaines, colorées et épurées.

Où manger ?

- Le 5 :  5, place Lavalette. Tél. : 04 76 63 22 12. Tous les jours, de midi à minuit. Menus 29-35 €. Le restaurant du musée de Grenoble propose, dans un décor aéré et lumineux mariant mobilier contemporain et rétro, une cuisine de brasserie classique (tartare, thon à la plancha, gratin dauphinois) mais aussi des touches asiatiques (sushis, nems et bo bun vietnamiens).

- Restaurant de La Belle Électrique : 12, esplanade Andry Farcy, quartier Bouchayer-Viallet. Tél. : 04 69 98 00 37. Du lundi au vendredi de 11 h 30 à 15 h, et bar avec grignotage du mercredi au vendredi de 15 h à 1 h. Formules 14,90-18 €. La table de la salle de concert rend hommage aux tubes cultes à travers les titres à la carte : « London Calling » pour le fish & chips, « Born in the USA » pour le burger, « Upside Down » pour la tarte Tatin ou « Back to Black » pour la mousse au chocolat. À déguster dans le vaste espace moderne et design, encadré de murs noirs et baies vitrées. Ou en terrasse aux beaux jours.

Où prendre un verre ?

- Les Berthom : 1, rue Saint-Hugues. Près de la cathédrale Notre-Dame-de-Grenoble, l’antre favori des amateurs de bière, avec un très large choix de mousses de toutes régions et de tous pays.

- Le Tord-Boyaux : 4, rue Auguste-Gaché. Vins aromatisés, cocktails fruités, happy hour et bonne ambiance dans un cadre de pub chaleureux.

Texte : Stéphanie Condis

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