Autour de Madrid : que voir, que faire ?
5 escapades à ne pas manquer autour de Madrid
De Madrid, plusieurs escapades sont envisageables à la journée. La Castille, riche en épisodes historiques féconds et bien quadrillée par les trains ou le réseau de bus, ne manque ni de palais, ni d’églises, ni de villes, ni de musées qui justifient les pas de côté. Petite sélection des spots à envisager.
Préparez votre voyage avec nos partenairesAranjuez, Concierto et château
On ne va pas vous rebattre les oreilles avec le Concierto (pour guitare) de Aranjuez de Joaquín Rodrigo (1901-1999) qui a assuré à la ville une postérité musicale inattendue et qui n’est qu’une partition parmi tant d’autres dédiées à Aranjuez par le compositeur né… dans la province de Valence.
À 48 km au sud de Madrid, Aranjuez attire de nombreux curieux, avides d’arpenter ses somptueux jardins (Jardines de Aranjuez). Ils sont au nombre de 4 (près de 150 ha), détourés pour certains par le Tage. Le jardin du Parterre (Jardín del Parterre), de l'Île (Jardín de la Isla), d'Isabelle II (Jardín de Isabel II) et celui du Prince (Jardín d'El Príncipe), achevé au début du XIXe siècle, qui, en plus d’être le plus grand, est aussi le plus intrigant : il serait le seul de style « paysager » présent dans un jardin royal espagnol.
Avec son pavillon chinois, sa grotte, son embarcadère et ses simili ruines, on se demande bien où on a atterri, contrairement à celui du Parterre, plus « à la française » avec ses fontaines et ses statues davantage conventionnelles.
Attenant, le Palais royal de style classique doit une fière chandelle aux Bourbons qui s’étaient pris de passion pour le site et en firent leur résidence d’été. Ils ne se lassèrent pas d’ajouter à son faste lors de leurs longs séjours printaniers. Philippe V, Ferdinand VI, Charles III et Charles IV ont peu à peu arrangé jardins, allées et donné au site son aspect définitif. Mais la construction du palais, commandée par Philippe II au XVIe siècle, est l’œuvre de Juan Bautista de Toledo, suppléé, à sa mort, par Juan de Herrera (ce même duo sera aux baguettes du site de San Lorenzo de El Escorial). On doit sa forme actuelle en U à Charles III qui, en 1775, missionna Francesco Sabatini pour abouter deux ailes latérales au corps principal.
À l’intérieur, l’un des clous du spectacle à ne pas mettre au clou est le Gabinete de Porcelena, la première réalisation mastoc de la Fabrique royale de porcelaine du Buen Retiro. Il faut avoir le cœur bien accroché. Ici, murs et plafond sont fagotés de porcelaine. Scènes orientalistes, animaux, fruits. Aussi chargé qu’un plat de tripes à la madrilène.
L’autre joyau de la visite est la Sala de los Espejos (galerie des glaces), l’ancienne chambre de Charles II. Les miroirs, les dorures et les fresques ont remplacé ici les émaux. La chapelle royale et le grand escalier tirent également leur épingle du jeu.
Les jardins et le palais royal sont les deux principales attractions pour lesquelles Aranjuez a été inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco en 2001. On comprend pourquoi. Plus d’infos sur https://www.patrimonionacional.es/en/visita/royal-palace-aranjuez
Comment y aller ?
Train de banlieue C3 Cercanía O des gares de Chamartin ou d’Atocha jusqu’à Aranjuez. 45 min de trajet.
À l’est du Jardín del Príncipe, ne manquez surtout pas la Casa del Labrador (la maison du laboureur, 5 €), une ancienne demeure rustique transformée en palais néoclassique, à la fin du XVIIIe siècle, par Juan de Villanueva, le même qui a façonné le Prado. À l’intérieur, un foisonnement de bronzes, frises, dorures, fresques et plafonds richement décorés. À l’extérieur, une cour d’honneur avec bustes romains.
L’Escurial, alias le monastère royal de San Lorenzo de El Escorial
À 45 km au nord-ouest de Madrid, au monastère de San Lorenzo de El Escorial, vous voilà projeté en plein règne de Philippe II, dans la deuxième moitié du XVIe siècle, pile poil dans le Siècle d’or espagnol. Tanné qu’il fut par son paternel, Charles Quint, Philippe Le Prudent érigea ce monastère (San Lorenzo El Real) pour les moines de l’ordre de Saint-Jérôme, fit appel aux artistes de l’Europe entière (surtout d’Italie) et y adjoignit une basilique, un palais royal et surtout une nécropole royale, qui ne sera achevée qu’après sa mort.
Deux siècles plus tard, Charles III (on est passé aux Bourbon), ennuyé par le vide alentour de la sierra de Guadarrama, demande à Juan de Villanueva, très actif à l’époque, de penser la fondation d’une ville autour du site royal. La cité d’El Escorial était née, à 1 000 m d’altitude. Évidemment, la basilique, bien qu’austère, emballe par sa profusion de granit, son retable, les cénotaphes de Charles Quint et de Philippe II et le Christ crucifié en marbre de Carrare de Benvenuto Cellini.
Mais, sans risquer le blasphème, les trois joyaux du site sont bien la bibliothèque (plusieurs fois malmenée dans l’Histoire), sa voûte de 54 m de long peinte par le maniériste Pellegrino Tibaldi (photos interdites), ses globes terrestres et ses riches étagères ; la salle des batailles et ses fresques glorifiant les grandes victoires espagnoles et sous la sacristie, ces panthéons (los panteones) où git une belle tripotée de têtes couronnées (rois, infantes, enfants morts en bas âge) dans d’augustes tombes. À quelques exceptions près, vous avez là tous les rois d’Espagne depuis Charles V.
Dans le monastère, les salles capitulaires (des tableaux du Titien, du Greco, de Bosch) et la sacristie remportent tous les suffrages. Pas étonnant que le site soit inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1984.
Infos pratiques sur www.patrimonionacional.es/en/visita/royal-site-san-lorenzo-de-el-escorial
Comment y aller ?
Un train relie en 40 min Madrid-Príncipe Pío à El Escorial.
Un bus (661) embranche « Intercambiador Moncloa » à la gare routière de El Escorial en 55 min. Il est conseillé d’arriver tôt et de réserver pour ne pas avoir à faire la queue. Compter 2-3 h de visite.
Si l’histoire des Habsbourg et des Bourbon vous barbe, optez pour une balade dans la forêt de la Herreria (bosque de la Herreria ; 497 ha). Des chênes, des frênes, des érables et des genévriers servent d’abris aux nombreux oiseaux qui côtoient chats sauvages, loutres, renards ou sangliers.
Tolède, sur les traces d’El Greco
On vous le conseille vivement : allez donc vous faire voir chez El Greco ! N’en déplaise à ses détracteurs de l’époque, le magnétisme de Tolède est indissociable du peintre crétois qui débarqua dans la ville après avoir fait ses classes maniéristes en Italie et retenu les leçons coloristes du Titien et du Tintoret. Domenikos Theotokopoulos dit « El Greco » (1541-1614) est partout à Tolède.
D’abord dans la maison-musée El Greco (3 € ; 1,50 € le tarif réduit ; gratuit le samedi à partir de 14 h et le dimanche) qui lui est consacrée même s’il ne l’a jamais habitée. Y est principalement documentée la dernière période de sa vie avec des œuvres aussi emblématiques que l’Apostolat, Vue et plan de Tolède ou le retable de saint Bernardin de Sienne (San Bernardino de Siena). Puis dans la superbe cathédrale Sainte-Marie de Tolède (10 €), de style gothique évidemment, qui expose en majesté son Dépouillement du Christ (parmi des Goya, des Velázquez, des Zurbaran, des Raphaël dans la sacristie).
N'oublions pas le musée de Santa Cruz (4 € ; 2 € le tarif réduit ; gratuit les mercredis à partir de 16 h et les dimanches) avec de précieux tableaux datant de ses débuts à Tolède ou le couvent de Santo Domingo El Antiguo où trône le retable qui lança sa carrière en Espagne, lui qui ne fut jamais admis comme peintre à la cour de Philippe II. Enfin et surtout, dans l’église Santo Tomé (3 €), écrin de l’un de ses chefs-d’œuvre, le mystique Enterrement du comte d’Orgaz. Partout à Tolède, on s’extasie devant ses silhouettes longilignes et la riche palette du peintre alliant le vert pétaradant au jaune psychédélique.
Arrosée par le Tage et alanguie sur un piton rocheux qui en magnifie le galbe, l’ancienne capitale du royaume d’Espagne a été une terre d’érudits et de progressistes qui vit coexister les trois monothéismes. C’est flagrant lors de la visite de sa cathédrale qui superpose les styles. Gothique mais aussi plateresque et mudéjar.
On vous laisse aussi découvrir l’ancienne mosquée Bab Al-Mardum, qui est aujourd’hui un musée après avoir été une église, comme le rappelle la jolie fresque du Christ Pantacrator sur sa coupole. Même cheminement pour la synagogue del Tránsito, église puis musée national de l'art judéo-espagnol (Museo Sefardí : 3 € ; 1,50 € le tarif réduit, gratuit le samedi à partir de 16 h et le dimanche) et pour la synagogue Santa María la Blanca, si représentative du style mudéjar (comme celle del Tránsito) – murs blancs, chapiteaux et piliers – qu’on la prendrait pour une mosquée. Le Monasterio San Juan de Los Reyes du XVe siècle ou l’Iglesia Santiago del Arrabal (XIIIe siècle) combinent, eux, éléments gothiques et mudéjars.
Un passe (12 €), à réserver en ligne, permet de visiter le Real Colegio de Doncellas Nobles, l’Iglesia de los Jesuitas, San Juan de los Reyes, l’antigua mezquita del Cristo de la Luz (Bab Al-Mardum), la Iglesia de Santo Tomé, la Iglesia del Salvador et l’antigua sinagoga de Santa María la Blanca.
Comment y aller ?
Un train relie en 32 min Madrid Atocha à Toledo (sud-ouest de la capitale).
Quand on arrive à Tolède, on ne peut pas le rater tant l’Alcazar écrase la ville. Romaine, wisigothe, arabe, cette imposante construction rectangulaire, qui fut aussi un temps résidence royale, accueille désormais le musée national de l’Armée (5 € l’entrée). Malgré son apparente solidité, l’Alcazar a mis plusieurs fois le genou à terre. Sans jamais disparaître.
Manzanares El Real, dans le château des Mendoza
À 50 km au nord de Madrid, à l’entrée de la sierra de Guadarrama qui étire un panorama captivant, le château des Mendoza (Manzanares El Real) exhibe sa silhouette crénelée – mais sans douves – d’heroic fantasy. C’est Diego Hurtado de Mendoza y Suárez de Figueroa qui a ordonné sa construction en 1475. Quelques années plus tard, cette forteresse fut remodelée pour devenir le palais résidentiel de la famille Mendoza que les Rois catholiques avaient à la bonne.
On y rattacha l’église de Santa María de la Nava, on bâtit la chapelle privée, on troua la façade de belles arches gothiques, on sertit les trois tourelles et le donjon de sphères en relief. Tout devait signifier la puissance de la famille Mendoza. Mais le palais fut délaissé vers 1530 alors que nos gentilshommes s’installaient à Guadalajara.
Après des siècles d’abandon, le château a été restauré en 1914 et en 1964. À l’intérieur, une très belle galerie de style flamboyant ouvragée par Juan Guas (parfois écrit Goas, il chapeauta aussi le chantier de la cathédrale de Tolède) et des tapisseries flamandes du XVIIe siècle.
Tant qu’à y être, allez faire un tour au village de Manzanares El Real et traversez le Puente Viejo, originellement en bois avant d’être dégrossi dans le granit de La Pedriza. On vous rassure, le « pontazgo », une taxe instituée au XIIIe siècle pour pouvoir l’emprunter, n’est plus en vigueur.
Ne snobez pas le réservoir Santillana squatté par de nombreuses espèces d’oiseaux ou l’église Nuestra Señora de las Nieves, construite par Juan Guas après l’incorporation de la précédente dans le château des Mendoza, et qui fait parade d’une ravissante voûte d’ogives. Le village de Manzanares El Real a inspiré de nombreux réalisateurs. Vous trouverez ici une liste non exhaustive des tournages qui ont eu lieu dans la région. À vous de rejouer le Cid.
Comment y aller ?
Au départ de Madrid, le bus 724 qui passe par la Plaza de Castilla vous dépose en 45 min à Manzanares El Real.
On le sait, les paysages espagnols frappent par leur variété et leur beauté. C’est encore le cas avec La Pedriza, une formation granitique, 300 millions d’années d’âge, sur le versant sud de la sierra de Guadarrama qui ravit les randonneurs et les grimpeurs de tout le pays (plus de 2 000 voies d’escalade). Et ils doivent bien suer tant ces rochers aux formes diverses paraissent insaisissables. Son point culminant est Las Torres : 2 029 m tout de même ! En 1992, l’Unesco a déclaré La Pedriza réserve de biosphère. Ça grouille de vie par ici. Oiseaux, reptiles, insectes, arbres d’essences multiples. Ce n’est pas pour rien que le roi Alphonse XI (XIVe siècle) y chassait le gros gibier.
Ségovie, l’une des plus belles villes de Castille
Encore un site, à 90 km de Madrid, qui a tapé dans l’œil de l’Unesco (au patrimoine mondial de l’humanité depuis 1985). Il faut dire que Ségovie en jette pas mal avec son aqueduc romain du Ier siècle qui enfile les blocs de granit sans aucun liant. On se sent tout petit aux pieds, nombreux, de ce placide géant qu’habille majestueusement la sierra de Guadarrama.
Une fois ce gardien de pierres dans le dos, Ségovie déploie une curieuse vieille ville, dominée par la Catedral de Nuestra Señora de la Asunción y de San Frutos, la dernière de style gothique castillane (XVIe siècle). Sa tour et ses 190 marches offrent l’une des plus belles vues sur Ségovie et sa région.
L’autre mastodonte du coin est l’Alcazar, maintes fois détruit mais qui s’est toujours relevé, la dernière fois de façon assez spectaculaire et fringante pour que Walt Disney, entre autres, le prenne pour modèle pour le château de La Belle au bois dormant. Longtemps chouchouté par les Rois (et la Reine Isabelle) catholiques, il fut négligé et devint une prison d’État. Nouvelle tour, la torre de Juan II, et nouvelle vue saisissante sur l’horizon ségovien.
La ville n’est pas bien grande, on vous invite à vous perdre dans ses ruelles autour des places Mayor (chaque ville a la sienne), San Martin et de Medina Del Campo, dans l’ancien quartier juif (la Judería) ou dans celui de Las Cononjias, l’un des plus importants ensembles d’architecture romaine civile. Et surtout, levez les yeux et matez les façades maculées de sgraffite.
Comment y aller ?
Train de Madrid-Chamartín à Segovia-Guiomar (30 min à 2 h selon le train). Bus pour rejoindre le centre.
À Séville, voilà une spécialité qui ne laisse personne indifférent. Le cochinillo de Segovia, un cochon de lait rôti, est aussi célèbre que l’aqueduc, même s’il est bien plus tendre. Après une heure de cuisson, on vérifie que la peau craque comme une pâte feuilletée. C’est prêt ! Certains poussent le vice jusqu’à le flamber au cognac.
Fiche pratique
Retrouvez tous les bons plans, adresses et infos utiles dans le Routard Castille, Madrid en librairie
Pour préparer votre voyage, consultez nos guides en ligne Madrid et Espagne
Office national du tourisme espagnol
Office de tourisme de Castille-et-León
Site du patrimonio nacional (pour l’achat des billets en ligne des sites royaux)
Comment y aller ?
Nombreux vols quotidiens vers Madrid au départ de Paris-Orly et Paris-CDG, mais aussi de la plupart des aéroports de province (Lyon, Nice, Marseille, Toulouse…) avec Iberia, Air France, Air Europa, Vueling, EasyJet…Trouvez votre billet d'avion pour Madrid
Bonnes adresses
– Taberna-Méson La Venta : C/Stuart, 149, à Aranjuez. Bar à vins-resto avec d’excellentes tapas et un beau choix de vins. Plats et raciones 8-24 €.
– Meson-Taberna La Cueva : C/ San Antón, à San Lorenzo de El Escorial. Cette taverne pittoresque du XVIIIe siècle sert de bonnes spécialités castillanes. Plats 5-21 €. Menus 19-30 €.
– La Abadia : C/Núñez de Arce, 3, à Tolède. Le sous-sol de cet ancien palais de marquis réserve une belle surprise : une succession de petites salles voûtées du XVIIe siècle où l’on déguste de bonnes parilladas (assortiments de viandes grillées) et des tapas.
– Restaurant Duque : C/Cervantes, 12, à Segovia. Immanquable pour goûter au fameux cochon grillé de Ségovie et la soupe castillane. Portion : 28 €.
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Texte : Florent Oumehdi
Mise en ligne :