Cadix, l’appel du large en Andalousie
Bâtie sur une presqu’île entre baie et océan à la pointe sud-ouest de l’Andalousie, Cadix est entourée d’eau et reliée au continent par un isthme étroit.
Tout au long de son histoire, cette ville fortifiée a été un port majeur de la péninsule Ibérique, tourné vers le large et le Nouveau Monde, en raison de sa situation géographique exceptionnelle, face à l’Atlantique. Aujourd’hui, sa vieille ville labyrinthique aux rues étroites et tortueuses, sa cathédrale et les demeures de ses armateurs, évoquent les fastes du Siècle d’or espagnol.
Mais Cadix, avec son cœur historique largement piétonnier, ses places aux terrasses animées et ses plages au bout de la rue, ne se résume pas aux mirages de son passé opulent. C’est aussi une ville à taille humaine (120 000 hab.), où l’on jette l’ancre avec plaisir, le temps d’une escale sur la Costa de la Luz, en terre andalouse.
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Préparez votre voyage avec nos partenairesCadix antique : 3 000 ans d’histoire
Des immeubles modernes et sans charme construits sur une étroite bande de terre entre baie et océan, avec d’un côté la plage, de l’autre les grues du port… En arrivant à Cadix par l’impressionnant pont à haubans de 3 km de longueur qui la relie au continent, rien ne laisse deviner que la cité est née il y a 3 000 ans.
Deux kilomètres plus loin, changement radical de décor. Une fois franchis l’une des portes de la vieille ville et les vestiges des anciennes fortifications, Cadix se fait beaucoup plus séduisante : largement piéton, son cœur historique déploie un dédale de ruelles étroites, bordées d’édifices patinés par le temps et le vent du large, débouchant sur la mer ou des places animées.
Bienvenue dans l’une des plus anciennes villes d’Europe, fondée par les Phéniciens en 1 104 av. J.-C. Gadir (c’était alors son nom) sera par la suite occupée par les Carthaginois, les Romains, les Wisigoths, les Maures avant d’être reconquise par les Espagnols en 1262.
La ville antique n’a pas disparu. Quelques vestiges de la cité phénicienne de Gadir subsistent aujourd’hui (Yacimiento Fenicio Gadir, c/ San Miguel, 15), ainsi que les ruines d’un théâtre romain dont on devine encore l’hémicycle et les gradins à deux pas de la mer. Chaque site possède un centre d’interprétation (entrée gratuite) avec reconstitutions virtuelles et écrans tactiles.
À côté du théâtre romain, le quartier d’El Populo a conservé son urbanisme médiéval avec ses ruelles étroites, ses maisons basses, les portes de ses fortifications, ses passages couverts ainsi que la première cathédrale de la ville. Le soir, c’est un endroit sympa avec ses petits restos et ses bars populaires. Un joli coin pour se balader.
Ne manquez pas de visiter la section archéologique du musée de Cadix, qui expose des statues, des mosaïques, des objets du quotidien et deux magnifiques sarcophages phéniciens du Ve siècle av. J.-C.
Balade dans le Cadix du Siècle d’or
Si la fondation de Cadix remonte à trois millénaires, c’est surtout du Siècle d’or espagnol que nous parlent les murs de la ville aujourd’hui. Du XVIeau XVIIe siècles, l’Espagne régnait alors sur les mers et, enrichie par la colonisation du Nouveau Monde, rayonnait dans tout l’Occident, avec notamment de grands artistes comme El Greco, Velázquez, Cervantes, Calderón ou Zurbarán.
La baie de Cadix formait le port principal de commerce vers le Nouveau Monde : c’est d’ici que Christophe Colomb s’élança pour son troisième voyage vers les Amériques. En 1717, Cadix acquit le monopole du commerce d’outre-mer, supplantant Séville, et vit transiter toutes les richesses du Nouveau Monde.
Témoin principal de cette époque fastueuse, l’imposante cathédrale, où repose le compositeur Manuel de Falla, est devenue l’emblème de Cadix avec son allure de forteresse en bord de mer et sa coupole recouverte de tuiles dorées. Sa construction, entamée en 1723, s’étendit sur 116 ans, lui donnant un style hétéroclite mêlant baroque, rococo et néoclassique.
De la place de la Cathédrale, un lacis de ruelles étroites bordées d’élégants édifices ramifie la vieille ville, s’étendant jusqu’au front de mer. Au hasard des rues, la promenade conduit à la plaza de la Candelaria ou à celle de la Mina, ombragée par un splendide fromager aux racines puissantes, à la plaza de San Juan de Dios, cœur battant de la ville et siège de la mairie, à celle de San Antonio, avec ses palais colorés et sa belle église, ou celle de San Francisco, l’une des plus animées de Cadix en soirée.
Chaque quartier possède une atmosphère particulière : populaire dans les artères médiévales d’El Populo et dans l’ancien fief des pêcheurs de La Viña, plus chic du côté de l’Alameda en bord de mer, de la cossue calle Ancha ou de l’élégante plaza de España, affairée et commerçante autour de la plaza de Flores et du marché central.
Lors de votre promenade, levez les yeux sur les toits de Cadix. Surplombant une centaine d’élégantes demeures et de palais, quelque 130 tours-belvédères dominent la vieille ville. Typiques de Cadix, elles furent érigées par les riches commerçants de la cité au sommet de leurs hôtels particuliers afin de contrôler les allées et venues de leurs navires dans le port.
Ouverte à la visite, la Torre Tavira, d’une belle facture baroque, donne à voir l’un des plus magnifiques panoramas de Cadix de son toit-terrasse. À l’intérieur, une étonnante camera obscura offre un aperçu sensationnel et en temps réel de la ville.
Autres témoins de l’âge d’or gaditan, des fortifications et des bastions du XVIIe siècle s’élèvent face à l’Atlantique à la pointe occidentale de la vieille ville. Ils nous rappellent que Cadix fut jadis un port très convoité, notamment par les Anglais et les Français. Aujourd’hui, le castillo Santa Catalina abrite un centre culturel, tandis que le castillo San Sebastian, relié à la ville par une digue, a conservé sa vocation militaire. Jolie promenade à faire au coucher de soleil.
En 1812, alors que l’Espagne est occupée par Napoléon, la première constitution espagnole, d’inspiration libérale, fut rédigée à Cadix à l’oratoire San Felipe Neri. Classé monument historique, il est ouvert à la visite tout comme le musée de las Cortes voisin (maquette d’époque de la ville à l’intérieur).
Marché gourmand, plages, soirées festives à Cadix
Animée, joyeuse, festive, Cadix est agréable à vivre et à visiter avec son centre largement piéton.
Particulièrement vivant le matin, le Mercado central mérite le détour pour admirer les beaux produits régionaux (notamment la section consacrée aux poissons, mais aussi les charcuteries et fromages de la Sierra) dans ses halles couvertes. À l’extérieur, plusieurs échoppes gourmandes permettent de déjeuner sur le pouce de tapas, fritures et douceurs sucrées.
À proximité, la plaza de las Flores, cœur de la ville commerçante, accueille un sympathique marché aux fleurs, tandis que les rues voisines regorgent de petites boutiques de fringues ou d’artisanat.
Tournée vers la mer, Cadix ne l’est pas seulement pour son port. En pleine ville, de belles plages de sable invitent à lézarder au soleil. À l’ouest du centre historique, la playa La Caleta étend son ruban de sable entre les deux castillos fortifiés. Beaucoup de monde le week-end.
Les plus belles plages se trouvent le long du paseo maritimo de la ville moderne : celle de La Victoria, qui déroule son tapis doré sur 3 km, bordée d’une plaisante corniche ponctuée de chiringuitos (stands de nourriture), mais aussi de bars et de restaurants d’où il est agréable d’admirer le coucher de soleil. Plus loin, la plage de Cortadura, sauvage et dunaire, s’étend le long de l’isthme reliant Cadix au continent.
En soirée, une fois la chaleur retombée, les ruelles et les places de Cadix s’animent de promeneurs, de familles en goguette, d’enfants qui jouent et, plus tard, de fêtards. Près de la cathédrale, des notes de flamenco, issues d’une peña locale, flottent dans les ruelles du quartier populaire de Santa Maria.
Dans La Viña, les bars à tapas de la calle Virgen de la Palma régalent les gourmands de tortillas de camarones, tandis que sur la plaza de San Francisco, l’ambiance est à la fête aux terrasses. La nuit gaditane peut commencer.
Des jardins publics avec vue sur mer ? Direction l’Alameda Apocada, une promenade créée au XVIIIe siècle aux airs de jardin sévillan (fontaines, bassins, azulejos, réverbères, statues, arbres centenaires…) le long des remparts. Elle est prolongée par le parc Genovés, un jardin botanique luxuriant formant un réconfortant havre de fraîcheur.
Fiche pratique
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Comment y aller ?
Vols directs vers Séville au départ de Paris et autres aéroports français avec Air France, Transavia, Vueling… Également vols vers Jerez de la Frontera (plus proche), mais avec escale à Madrid avec Iberia et Vueling. Trouvez votre billet d’avion.
Attention : l’accès au centre historique de Cadix en voiture est réglementé, de nombreuses rues sont piétonnes et les parkings assez chers. Compter 19 € les 24 h. Le parking le moins cher se trouve près du muelle Pesquero, à côté de la gare ferroviaire (10 €).
Bonnes adresses
– Aurea Casa Palacio Sagasta : c/Sagasta, 1. Dormir dans un ancien palais d’armateur surmonté de sa tour-belvédère (aujourd’hui des suites), qui servit de siège à une représentation diplomatique… Une parenthèse enchantée que l’on peut s’offrir dans l’une des plus belles adresses de Cadix. Idéal pour un séjour romantique avec un bon rapport qualité-prix pour une adresse chic et raffinée. Doubles à partir 119 et 238 € selon la saison.
– Casa Patio del Panadero : c/ San Jose 39. Une douzaine de chambres et appartements répartis dans une casa-palacio au patio séduisant. On se croirait presque chez soi… Doubles 84-130 € ; apparts 3-4 pers 94-160 €.
– El Faro de Cadiz : c/ San Felix, 15. Une institution gastronomique locale largement orientée vers les produits de la mer. Ambiance chic et surannée au resto et plus animée dans le joli bar à tapas voisin. Repas 40-50 € au resto, tapas 3-9 €.
– Beduino : c/ del Blanco, 2. Sur le paseo maritimo, un élégant restaurant de bord de mer avec une cuisine créative qui fait la part belle aux produits de la mer et à la pasta. Compter 30-40 €.
– MiMu : pl. San Antonio. Une déco superbe digne des 1001 nuits pour ce resto raffiné, niché dans un patio d’une ancienne demeure d’armateurs. Plats 15-26 €. Juste à côté, échoppe à sandwiches et tapas.
– Mediterraneo : pl. de la Mina, 1. Sur l’une des plus belles places de Cadix, on mange à l’ombre d’un fromager géant une cuisine locale bien troussée au rapport qualité-prix satisfaisant.
– Taberna la Manzanilla : c/ Feduchy, 19. Une bonne adresse pour prendre un verre de jerez ou de manzanilla, dans une ambiance populaire et authentique. Compter 2-3 € le verre.
– Casa del Topolino/Salon Italiano : c/San José, 11. À deux pas de la plaza San Antonio, une bonne adresse pour déguster une glace ou prendre un café… à l’italienne.
– Peña La Perla de Cadiz : c/Concepcion Arenal. Une peña traditionnelle qui programme des artistes locaux. Spectacles les vendredis et samedis. Tarif : 10-15 €.
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Texte : Jean-Philippe Damiani