Alicante, 5 raisons d’y aller
Alicante et ses 3 000 ans d’histoire offrent l’une des plus prometteuses portes d’entrée de la Costa Blanca. Alors, on ne se laisse pas intimider par les immeubles qui, depuis les années 1970, balafrent ce bout de côte méditerranéenne et l’on se concentre sur les pépites architecturales du vieux Alicante.
Puis, on part à la découverte de celles cachées dans les cités proches comme Altéa ou Elche. Le temps d’une escapade, on grimpe à l’assaut d’un château ou d’une église, on chille sur les kilomètres de sable blanc, on festoie de tapas en tapas.
À 2 h de vol à peine de Paris, la douceur de son climat méditerranéen fait oublier les frimas de l'hiver. Cap sur le soleil d’Alicante !
Préparez votre voyage avec nos partenairesDécouvrir les pépites de l’Alicante historique
En venant de l’aéroport, on aperçoit d’abord d’Alicante le château Santa Bárbara, campé à 166 m d’altitude, sur le mont Benacantil. Ne cherchez pas une parenté avec un célèbre soap américain des années 1980 : érigé par les Maures au IXe siècle, il doit son nom aux Castillans lors de leur assaut victorieux du 4 décembre 1248, jour de la sainte Barbara. On tourne autour pour grimper, en une demi-heure, en jouant à cache-cache avec ses enceintes. C’est assez raide, on vous l’accorde ; un ascenseur y mène aussi, payant, mais en une poignée de secondes.
La montée donne l’occasion de jeter un coup d’œil sur la basilique Santa Maria, construite sur les fondations d’une ancienne mosquée, affirmant son style gothique mâtiné de baroque. Parvenu, essoufflé ou non, au château, on traverse les cours et les siècles – du XIVe au XVIIIe – au fil des différentes structures joliment reliftées et l’on en profite pour visiter le musée de la ville (MUSA), afin de rafraîchir ses connaissances. Surtout, on profite du panorama à 360° : la Méditerranée à vos pieds, les montagnes juste derrière vous.
On redescend, cette fois vraiment à pied, pour plonger dans le quartier de Santa Cruz. C’est ici que se cache l’âme d’Alicante. Il n’est guère étendu, à peine quelques ruelles et des escaliers bordés de jolies maisons aux façades chaulées, aux volets coloriés, aux pots de fleurs artistement disposés et au drôle d’ermitage, trônant au sommet : c’est de cette chapelle du XVIIIe siècle que partent les processions du Mercredi saint.
Entièrement piéton, ce quartier médiéval jouit d’une tranquillité quasi rurale, où les habitants se saluent longuement en se croisant.
Côté musées, Alicante se révèle intéressante. Visitez le Musée archéologique provincial MARQ pour l’histoire et l’archéologie, le museo de Belenes consacré aux crèches ou le musée d’Art contemporain MACA (Picasso, Miró, Dalí…) et le musée des Beaux-Arts Gravina – MUBAG pour les amateurs d’art.
Les plages et le bord de mer d’Alicante
Certes, on est sur la Costa Blanca, largement défigurée dans les années 1970 par une horde d’immeubles. Pour autant, Alicante a su déjouer les critiques et jouer les coquettes en arborant sa promenade des Anglais, l’Esplanade d’Espagne (Explanada de España) créée au début du XXe siècle et longue de 600 m : un sol tout en mosaïques – plus de six millions ! – de marbre tricolore, comme des vagues hypnotiques, devant lesquelles se penche une armée de palmiers.
Et, contrairement à d’autres villes côtières de la région, çà et là s’affichent quelques beaux édifices comme la Maison Carbonell – du nom du proprio, un riche fabricant textile –, un hôtel particulier des années folles au style Liberty imaginé par Juan Vidal Ramos, un architecte prolixe de la région. Certes, la Concha (« coquillage » en français) n’est pas franchement une réussite architecturale, mais cet auditorium fait le show lors de concerts estivaux !
À son extrémité, juste après le port de plaisance, s’ouvre le parc de Canalejas, le plus ancien de la ville, gorgé de ficus et ponctué de sculptures. Et les plages ? On rétropédale, pour s’allonger, à l’est d’Alicante mais en ville, sur celle du Postiguet. Toute de sable fin, elle est investie par les habitants d’abord, les touristes ensuite, dès que le soleil darde ses rayons sous le bienveillant regard du château de Santa Bárbara.
Quant à la plus connue, celle de San Juan, elle se trouve à environ 6 km. Elle longe la côte nord-est de la ville sur près de 3 km de long et 100 m de large (accessible avec les bus nos 21 et 22 et en tram), mais ne vous attendez pas à y être seul !
On peut aussi choisir de s’éloigner au-delà de la plage d’Albufereta, vers le Cabo de la Huerta. On emprunte alors d’abord une passerelle de bois, qui se transforme en un sentier de randonnée, pour rejoindre des criques plus isolées, certaines prisées des naturistes. Certes les galets ont remplacé le sable fin, les palmiers cèdent le pas aux eucalyptus mais la mer offre toujours son insolente transparence. Quelques bons spots de plongée aussi, entre la cala Palmera et la cala de los Judios située entre la plage de l’Almadraba et le phare Cabo de la Huerta.
Excursion en bateau sur l’île de Nueva Tabarca
Il y a deux façons d’atteindre l’île de Nueva Tabarca, à 11 km de la côte d’Alicante. En navette au départ de Santa Pola – elles sont nombreuses en saison – ou en bateau privatisable depuis le port de plaisance d’Alicante, afin d’allier navigation et narration sur l’histoire singulière de l’endroit.
Seule île habitée de la Communauté valencienne, elle compte en fait trois îlots. Moins de 2 km de long et large, au maximum, de 400 m, elle surfe sur ses légendes et son passé agité : base de pirates berbères, récupérée par Charles III qui la colonise au XVIIIe siècle avec des prisonniers génois venus de… Tabarka en Tunisie ! Le but, fortifier le site pour protéger le littoral d’éventuelles attaques.
Nueva Tabarca a bien résisté, offrant aujourd’hui quelques jolies ruelles cernées de murs, accessibles par trois portes, une modeste église, une tour et un phare. La visite en est rapide, à peine rallongée par celle du musée qui en raconte l’histoire, hébergé dans une ancienne pêcherie. On ne s’étonne pas du chapelet de magasins de souvenirs, de terrasses fleuries de parasols pour échapper au soleil en début d’après-midi.
On passe volontiers la journée sur cette île, classée bien d’intérêt culturel, pour profiter, là encore, des eaux aussi chaudes que translucides, ou alors déjeuner d’un caldero, la spécialité locale : poisson, pommes de terre et riz à l’aïoli. C’est bon, mais clairement roboratif !
Accès depuis le port d’Alicante avec la compagnie Kontiki : traversée : 1 h ; 22 €/pers A/R, gratuit - de 4 ans).
Tabarca a été classée première réserve marine d’Espagne en 1986, alors on n’oublie pas son masque, ses palmes et son tuba pour aller saluer mérous et barracudas, étoiles de mer et daurades batifolant au-dessus des posidonies.
Visiter Elche, sa dame et sa palmeraie
Près de 240 000 habitants et presque autant de palmiers, véritable forêt urbaine qui compte près de mille variétés. Elche, à 15 min en voiture d’Alicante (30 min en train), abrite la plus grande palmeraie d’Europe, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. Pas besoin d’être un amateur de jardins pour être épaté !
Dispersés à travers la ville, on retient trois endroits. Le parc municipal aux six hectares éparpillant quelques curiosités, de ce moulin à farine du XVIIIe siècle au charmant pavillon de musique, en passant par ce pigeonnier, l’œuf, un drôle de bâtiment construit dans les années 1950 pour une expo régionale, ou la Rotonde, un agréable amphithéâtre.
Le musée de la Palmeraie, réfugié dans une maison du XIXe siècle, qui permet de remonter le temps et de comprendre l’évolution de la palmeraie, son système d’irrigation arabe, sa culture et jusqu’au tissage des palmes. En saison, un palmerero fait assaut d’agilité en escaladant un arbre pour récolter les fruits.
Mais le bijou immanquable, c’est ce Huerto del Cura (jardin du Curé), un jardin botanique au cœur de la palmeraie où l’on flâne entre les plus beaux spécimens. Ainsi, cet arbre à sept troncs, surnommé palmier impérial, était, dit-on, l’arbre favori de l’impératrice Sissi.
On ne fait pas l’économie de se promener, le nez en l’air, pour admirer la mairie, avec sa tour du XVe siècle remaniée à la Renaissance, la basilica Santa Maria (basilique Sainte-Marie) en passant par les immeubles Art déco de la plaça de la Glorieta (place de la Gloriette).
Hétéroclite, Elche l’est assurément, mais surtout étonnante par son mystère : cette représentation religieuse théâtralisée de la Dormition et de l’Assomption jouée chaque 15 août a été inscrite au patrimoine immatériel de l’humanité par l’Unesco. La raison ? Sa forme initiale n’a jamais évolué depuis XVe siècle : costumes, mises en scène, et jusqu’à l’arrivée des anges par la voûte de la basilique. Saisissant !
C’est une star locale ! La Dame d'Elche est le vestige archéologique le plus fameux de la culture ibère. Mais on peut admirer ce petit buste – 56 cm de haut, chef-d'œuvre du Ve siècle av. J.-C. découvert en 1897 à 4 km d’Elche… au Musée archéologique national de Madrid. Impossible en effet de rapatrier l’énigmatique sculpture, trop fragile pour supporter le voyage vers sa ville « natale », il faudra vous contenter de l’exacte reproduction au sein du château dans le MAHE (Museo arqueológico y de Historia d’Elche).
Découvrir Altéa, un village coloré
Un vrai coup de cœur que ce village perché sur sa colline. Sous domination mauresque, Altéa devint chrétien en 1244 et rapidement fortifié. Certes, il faut une voiture puisqu’il se trouve à trois quarts d’heure au nord d’Alicante (ou 1 h 30 en bus). Mais il a un charme fou ! Tout en venelles pavées, aux maisonnettes éclatantes de blancheur, des volets bleus, des balcons ouvragés, de chats qui rasent les murs ou s’étirent au soleil… Pour un peu, l’on se croirait en Grèce.
Altéa a été ripoliné, mais plus par souci de montrer un visage soigné que pour attirer les visiteurs – certes nombreux en saison. Car il est habité toute l’année, ce n’est pas un village spolié par les étrangers. Il suffit de tendre l’oreille pour écouter les conversations en valencien, jeter un œil aux habitants en train de discuter.
Sur la grande place, trône l’église Notre-Dame de la Consolation, brandissant ces deux belles coupoles de céramiques vernissées bleu et blanc. Tout autour gravitent les terrasses de bars et de restaurants. Deux ou trois belvédères offrent un beau panorama sur la mer, comme le mirador de los Cronistas de España (mirador des Chroniqueurs d’Espagne) ou la Glorieta del Maño.
Bien sûr, certaines ruelles dégorgent de boutiques dédiées au shopping : fringues, céramiques, galeries d’art… Les touristes trouveront un melting-pot d’objets ou de souvenirs pas forcément made in China : la ville abrite une faculté des beaux-arts réputée.
Envie de prendre un bain de mer ? Il faut dévaler la colline pour arriver sur la promenade du bord de mer. Moins originale que celle d’Alicante, mais très achalandée. Quelques tables de qualité, des glaciers et cette plage, longue de 6 km qui nargue volontiers les adeptes de farniente.
Fiche pratique
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Comment y aller ?
Vols directs quotidiens depuis Paris-Orly vers Alicante avec Transavia en été et 3 rotations hebdomadaires en hiver. Trouvez votre billet d’avion.
Où dormir ? Où manger ?
– Dormir de Cine : Gravina, 5, Alicante. Des chambres taguées par des artistes locaux ou internationaux, bien situé à deux pas de la mer mais au calme, un hôtel de 57 chambres, modernes et gaies. Et on prend son petit déj. sous le regard de Marilyn ou James Dean. Doubles 87-188 € selon saison.
– Real Liceo Casino : Explanada de España, 16, Alicante. Une terrasse en surplomb de l’esplanade pour voir et être vu, une salle XIXe siècle presque intimidante et une cuisine locale de bonne facture. La clientèle est éclectique, mais un peu BCBG, et le service adorable.
– La Caleta : playa Central, Tabarca. Sur l’île de Nueva Tabarca, face à la mer, on y déguste un superbe caldero tabarquino, soupe de poisson épaissie par des pâtes, du riz ou de la semoule et rougie par la tomate.
– Restaurante Els Capellans : carrer Porta de la Morera, 14, Elche. Oui, c’est un restaurant d’hôtel, mais qui sert, au bord de sa piscine, un excellent riz à la seiche, aux artichauts à l’ail et aux crevettes dans un cadre chic et reposant. Plats 15-24 €.
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Où faire du shopping ?
– Marché central d'Alicante : avenida Alfonso El Sabio, 10, Alicante. Il a fêté son centenaire, mais bourdonne toujours de la même animation. On y grignote des tapas et l’on fait provision de jambon et de fromages à rapporter.
– Turrones Carbonell : caller Rafael Altamira, 26, Alicante. Une petite boutique qui ne paie pas de mine, presque poussiéreuse, mais un grand choix de turrón de qualité, de vins aussi et un accueil bourru mais sympathique.
– Marché d'artisanat : avenida de Niza, 3, Alicante. Il se définit lui-même comme hippie, ce marché qui, chaque été, fait le plein de colifichets, vêtements et souvenirs. Bon, il n’est pas forcément des plus authentiques, mais il est parfait si vous avez oublié votre paréo ou votre chapeau !
– Casa del Pajaro : carrer Sant Josep, 20, Altea. Benno Treiber est allemand, mais vit en Espagne depuis plus de 20 ans : avec son épouse espagnole, il a ouvert cette galerie d’art où l’on peut acquérir ses œuvres représentant, notamment, des vues d’Altea, mais aussi des sérigraphies un peu plus abstraites.
Où sortir ?
Le soir, pour étancher sa soif jusqu’à tard dans la nuit, l’animation bat son plein dans la vieille ville, entre les rues Castaños, Alvarez Soto, Labradores et San Isidro, et également San Francisco.
– Capitan Haddock : muelle de Levante, 6, Alicante. Vous n’y croiserez pas Tintin, mais des acharnés de musique latino-américaine ; l’ambiance s’avère muy caliente et la clientèle très locale. Et l’on peut même prendre des cours de bachata ou de salsa !
– 26 Cocktail Room : plaça Portal de Elche, 6, Alicante. De la musique, une farandole de cocktails signature dans une déco colorée de jungle tropicale. Parfait pour refaire le monde en écoutant de la musique.
Texte : Pascale Missoud
Mise en ligne :