Un routard au Japon, de Kyoto à Osaka
« Onsen », pour être dans le bain nippon
Les Romains ont les thermes, les scandinaves ont les saunas, les orientaux ont les hammams et les Japonais ont les onsen. Les onsen (mot qui signifie « source chaude ») se présentent comme de grands bassins collectifs installés dans des pavillons (abrités, semi-abrités, ou encore en plein air) contigus aux hôtels ou aux ryokan (les auberges). Quand on est client d’une auberge, on y est admis dès lors que l’on a pris une chambre.
Attention, ce ne sont pas du tout des piscines sportives. Dans un onsen, on ne nage pas, mais on se délasse immergé nu dans une eau naturelle sulfureuse, provenant du sous-sol de la terre, et des volcans. Cette eau jaillit, et se jette dans de grands bassins en glougloutant, en fumant, enveloppant les baigneurs dans des nuages de vapeur chaude. Nul besoin de suivre une cure thermale pour s’y adonner. Il suffit de s’y plonger pour le simple plaisir du bain. C’est une des formes les plus raffinées et originales du savoir-vivre japonais, résultat de l’amour des nippons pour l’eau et les bains. Certains Japonais pensent que l’eau des onsen sécrète la force des dieux. C’est pourquoi ils entretiennent une relation presque religieuse avec les quelques 3000 onsen recensés dans le pays. « En se lavant une fois avec de l’eau de cette source chaude, notre corps devient beau. En le répétant plusieurs fois, nous nous guérissons de n’importe quelle maladie », remarquait un expert ancien dans l’Izumonokuni-fudoki, ouvrage écrit en 733 de notre ère.
Se baigner dans un onsen japonais est souvent recommandé par les médecins en raison des vertus thérapeutiques des eaux volcaniques. Plus proches de la nature, les rotenburo sont les onsen les plus agréables car ils se trouvent en plein air dans ou au bord des rivières, le long des cours d’eau, parmi les rochers, les plantes et les arbres. Le meilleur moment reste la nuit, sous les étoiles. Se baigner au printemps est un régal : dehors il fait frais, et le baigneur se prélasse dans une eau dont la température oscille entre 30 et 45 °C ! On vous le rappelle, on se baigne nu, les hommes et les femmes séparés. Autrefois les onsen étaient mixtes, mais depuis le passage des Américains (ah, ces puritains !) au Japon après la seconde guerre mondiale, la mixité a été interdite sauf dans quelques onsen secrets. Qui n’a pas connu le plaisir de l’onsen ne connaît pas le Japon !
Mes remerciements à Michel Moureaux dit Mikimuro pour son aide précieuse lors de ce voyage.
- Introduction
- La tête à Tokyo, le cœur à Kyoto
- L’esprit léger du papier de riz
- La nuit sous les étoiles de la rivière Kamo
- Geisha et maiko, l’élégance japonaise
- Renards et corbeaux de Fushimi Inari
- Un rêve made in Japan
- Osaka ou le vent de la modernité
- Carpe Diem, l’éphémère est universel
- Le mont Koya : la sagesse cachée de l’arrière-pays
- Loger dans un temple (shukubo)
- La cuisine japonaise des moines
- Jizo, divinité des voyageurs
- Le vieux chemin du Tokaïdo
- Le candélabre de Caron
- « Onsen », pour être dans le bain nippon
- Infos pratiques
Texte : Olivier Page
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