Le Venezuela, grandeur nature

Les Llanos, le Far West du Venezuela

Les Llanos, le Far West du Venezuela
Jean-Philippe Damiani

À 350 kilomètres au sud de Caracas, la route descend en ligne droite vers le Sud, traversant une plaine qui semble infinie. La végétation se fait de plus en plus rare. Le thermomètre atteint 37 °C à l’ombre, quand il y en a. Voici la région des Llanos (« plaines » en espagnol) à la fin de la saison sèche. Chaleur et poussière. La capitale de la région, San Fernando de Apure, en est la porte d’entrée. Cette ville-carrefour, sans charme et très commerçante, semble ressasser le souvenir d’une gloire passée, lorsqu’elle était le deuxième port fluvial du pays.

Les Llanos, qui recouvrent un tiers du Venezuela, ont des airs de Far West. Les hommes portent des chapeaux à la John Wayne, conduisent camionnettes, jeeps et poids lourds, les peaux sont tannées par le soleil et le travail de la ferme. Les Llaneros vivent de l’élevage, au rythme des saisons. Car l’année, en ces rudes contrées, est coupée en deux : une saison humide (de mai à novembre) où les terres sont inondées par des pluies torrentielles et une saison sèche (de décembre à avril) où, sous un soleil implacable, ne subsistent que quelques oasis de végétation à la riche flore.

De ces conditions extrêmes est née une culture bien spécifique, celle d’un Venezuela aussi mythique que profond. C’est une musique qui exprime le mieux la culture llanera : le joropo. Joué par des petits groupes à la harpe, au cuarto (guitare à quatre cordes) et aux maracas (calebasses remplies de graines), le joropo raconte le quotidien des Llaneros, l’amour déçu, les aléas de l’existence… L’interprétation du chanteur — qui improvise souvent — donne aux airs sa saveur et son rythme. Le joropo peut paraître parfois mélancolique au non-initié et, pourtant, il se danse lors de fêtes de village très animées. Le coleo, l’autre pilier de la culture locale, évoque le rodéo américain. Le but est de renverser un taureau à la course, lors de rassemblements très animés.

En discutant avec les Llaneros, on mesure à quel point ils sont attachés à cette terre très dure et sont fiers de leur culture. On pense très fort à d’autres gens du « bout du monde », mais aussi aux liens indéfectibles que la Patagonie, autre rude contrée, a su forger avec ceux qui l’habitent et ont su vaincre les éléments.

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Texte : Jean-Philippe Damiani

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