Roumanie : la Transylvanie secrète
Loups, ours et myrtilles
Des petites routes, trouées de nids de poule, longent les rivières qui caracolent de leurs eaux tumultueuses au fond des vallées encaissées des monts Apuseni. Les villages et les bourgs concentrent l’essentiel de la vie dans les parties basses, tandis que, dans les alpages, on se laisse bercer par l’éternité des jours. Il y a des charrettes et des chevaux… Pourvu que le prix de la farine n’augmente pas de trop dans la vallée car, sans farine, pas de pain dans les fours villageois… Les bergers des alpages dorment dans le foin des granges. Ils doivent veiller à ce que leurs moutons ne soient pas mangés la nuit par les loups…
Eh oui ! Les forêts de Transylvanie, autour d’Albac, abritent encore des loups et des ours en liberté. Il faut un permis pour les chasser. Les loups dévorent souvent les chiens et les moutons, tout crus. Les ours hibernent de fin novembre à début mars, en attendant le retour du printemps. Omnivores, ces derniers s’attaquent souvent aux cochons. Ils aiment aussi le miel des ruches et les myrtilles des bois qui poussent en abondance. Chaque année, le canton d’Albac (2500 habitants, 6 communes) en récolte 40 tonnes !
Qui dit forêt, dit aussi champignons, cèpes, bolets, girolles, airelles, en abondance, dans les tapis de feuilles mortes, enfouis dans les couches de mousse, mêlés aux racines noueuses des bois : 20 tonnes par saison sont récoltées qui partent ensuite à l’exportation. Si vous voulez savoir à quoi devait ressembler la campagne européenne avant le XXe siècle et la modernisation, dirigez-vous vers les Monts Apuseni.
Texte : Olivier Page et Bertrand Deschamps
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