Balades insolites dans Paris
Le Paris de l’alchimie et de l’ésotérisme
Venue d’Orient, l’alchimie connaît son apogée en France au XIIIe siècle. Dans leurs laboratoires clandestins, les alchimistes parisiens consacrent leur vie à trouver le secret des secrets : la transmutation des métaux ou l’art de changer le plomb en or. Non pas pour s’enrichir, mais pour s’élever au-dessus de l’humaine condition. La pierre philosophale, qui transformait celui qui la trouvait en « faiseur d’or », était censée donner l’immortalité.
L’achèvement de Notre-Dame-de-Paris ravit les alchimistes : les ornementations de la cathédrale constituent, à leurs yeux, une allégorie de l’art suprême. Jusqu’au XVIIe siècle, le cœur de Paris – l’île de la Cité et le Marais – forme le creuset de l’alchimie parisienne.
Aujourd’hui, plusieurs lieux portent le souvenir des alchimistes. Parmi ceux-ci :
- Le musée de Cluny (à l’angle des boulevards Saint-Germain et St-Michel, 5e) : le musée du Moyen Âge recèle la pierre tombale de l’alchimiste Nicolas Flamel et la tenture La Dame à la Licorne, allégorie de l’art alchimique.
- Notre-Dame-de-Paris (île de la Cité, 4e, photo) : l’ « abrégé le plus satisfaisant de la science hermétique » selon Victor Hugo. Le portail central (ou portail du Jugement) contient nombre de symboles alchimiques, comme la salamandre.
- La tour Saint-Jacques (41, rue de Rivoli, 4e) : ce clocher est tout ce qui reste de l’église Saint-Jacques-la-Boucherie, construite en 1060 et détruite en 1797. La tour serait un carrefour de courants telluriques dont les gargouilles indiqueraient les axes. Voire un grimoire à interpréter… C’est pour cette raison que les surréalistes l’affectionnaient particulièrement. Nicolas Flamel avait sa maison face à la tour, d’où démarre l’un des chemins de Compostelle.
- La maison de Nicolas Flamel (51, rue de Montmorency, 3e) : l’une des plus vieilles maisons de Paris, construite en 1407. La façade est toujours ornée de figures et inscriptions, dont la devise alchimique : « ora et labora » (« prie et travaille »).
Texte : Jean-Philippe Damiani d'après "Paris balades"
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