La dernière vague
Un nouveau départ
L'écho du naufrage de Joshua s'est répercuté dans
le monde entier. La solidarité des gens de la mer et des amis fidèles
permettent à Moitessier de construire un nouveau bateau qu'il baptise
Tamata. En 1982, il hisse les voiles pour Hawaï, puis Tahiti et
Papeete. Il y rencontre Véronique sa dernière compagne qui l'incite
à faire escale à Issy-les-Moulineaux, en banlieue parisienne. L'aventure
continue à terre avec l'écriture de ses mémoires. Une aventure qu'il
juge aussi rigoureuse et difficile que celle de la mer. Méthodiquement,
il rassemble ses souvenirs, prend des notes, hésite, rature… Six
années seront nécessaires pour mener à terme Tamata et l'Alliance.
La " bête "
Lors de la rédaction de son livre, Moitessier apprend
qu'il est atteint d'un cancer de la prostate. Il songe même à confier
l'achèvement de Tamata à son ami Dominique Charnay. Il décide
alors de combattre la " bête " avec autant d'acharnement dont il
faisait preuve face à des vagues de 25 m dans les mers démontées.
Il visite la Bretagne où il retrouve des vieux amis comme Jean-Yves
Le Toumelin, un autre grand navigateur solitaire qui, avec son voilier
Kurun fit un tour du monde en 1949 ! Retrouvailles également avec
son Joshua acquis et restauré par le musée maritime de La Rochelle.
En février 1992, il remet enfin à Charles-Henri Flammarion le manuscrit
de Tamata et l'Alliance. Les dernières pages seront écrites
au bord du lagon de Raïatea, près de Bora Bora. La boucle est bouclée.
Elle le sera vraiment quand Moitessier pour la revue Voiles et
Voiliers réalise un court voyage au Vietnam. La maison familiale
est en ruines. Au bord du golfe de Siam, le navigateur retrouve
quelques amis d'enfance. Peu sensible aux complaintes nostalgiques,
il ne s'attarde pas, pressé déjà de repartir. Grâce aux droits d'auteur
de Tamata, qui est en tête des ventes, il aide quelques personnes
dans le besoin comme la navigatrice Anita Conti. Affaibli, il reçoit
ses amis allongé dans un divan, avec un sarong autour de la taille.
Le 16 juin 1994, il meurt chez lui, entouré de ses proches, dans
la sérénité et la tranquillité. " La mort est naturelle, la vie
est merveilleuse ", disait-il.
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