La Fête de l’Ours : sortez vos griffes !
Vous avez entendu parler de la fête de la bière, de la fête du citron ou encore de la fête du cochon. Mais connaissez-vous la « Fête de l’Ours » ? C’est l’ une des plus vieilles célébrations d’Europe, qui se déroule chaque année en pays catalan, à Prats-de-Mollo - La Preste. Cette tradition ancestrale, carnavalesque et burlesque se tient du 26 février au 1er mars, dans une ambiance enjouée. Faites sortir l’ours qui est en vous !
Préparez votre voyage avec nos partenairesLa légende de l’ours démoniaque
Il était une fois près de Perpignan, à quelques kilomètres de la frontière espagnole, une petite ville du Roussillon, Prats-de-Mollo - La Preste, réputée pour ses fortifications de Vauban. Un jour, un ours solitaire rôdait dans les parages, cherchant une compagne. Désespéré, il enleva dans le village une jeune bergère qu’il garda prisonnière dans sa grotte. La bête en rut s’empressa de voler la virginité de la « gentille bergère ».
La légende médiévale raconte qu’une grande chasse à l’ours fut alors organisée par les villageois pour tirer la jeune fille des griffes du vilain plantigrade. La traque à travers les massifs élevés du Canigou dura des jours et des nuits. Après de longs affrontements, l’animal fut capturé par les villageois avides de vengeance. Ils enchaînèrent l’ours et le conduisirent sur la place du village. Là, le maire organisa une grande fête pour la victoire de ces braves. Et, pour humilier l’ours, il ordonna qu’on le rase à l’aide d’une hache. On raconte alors que la bête prit forme humaine. Quant à savoir ce qu’est devenue la pauvre bergère… la légende ne le dit pas !
La « Fête de l’Ours » , une tradition qui se perpétue
Depuis, chaque année, les Pratéens fêtent « la diada de l’os », une célébration carnavalesque. Plus qu’une simple tradition, cette fête symbolise, en pays catalan, la victoire de l’homme sur la bête et les puissances du Mal. Adieu donc les Winnie l’Ourson ou autres Petits Ours Bruns des clichés de notre enfance : que la chasse à l’ours commence !
Le jour de la « diada de l’os », tout le village se rassemble sous le regard amusé des touristes. Les festivités débutent par une première danse intitulée “ sardane ” : une ronde au pas léger , au cours de laquelle les danseurs, les mains dressées vers le ciel, semblent n’effleurer le sol que de la pointe des pieds avant de rebondir.
Les jeunes hommes commencent ensuite leur métamorphose. Le rituel se déroule sur une colline au-dessus du village, dans les douves du Fort Lagarde. C’est là que les Pratéens se travestissent au cours de grillades bien arrosées. Trois jeunes hommes du village revêtent une peau d’ours et s’enduisent de suie et d’huile, symbole des trois derniers ours du Costabonne. Les autres fêtards se déguisent en chasseurs vêtus de blanc : un vrai jeu de rôle des temps anciens…
Ne venez pas habillée en bergère
C’est alors que les premiers coups de fusil tirés par les chasseurs résonnent à travers le village, avec des balles à blanc, bien entendu… Les « ours » ivres, armés de gourdins, - pas d’inquiétude, il s’agit bien d’une tradition - dévalent alors la colline et s’élancent à l’assaut de la ville. Sans pitié, ils barbouillent de suie les visages des passants qui tombent sous leurs griffes, avec une préférence pour les jeunes filles. Attention, ne venez pas habillée en bergère ! Pas de provocation gratuite...
Pour freiner la fureur des bêtes, les chasseurs, gourde de bon vin en bandoulière, tirent (à blanc encore) sur les ours, qui s’écroulent. Dans une ambiance euphorique, les ours sont ranimés par une bonne rasade de vin. On dit que le temps guérit les blessures…à moins que ce ne soit le vin catalan ?
Les chasseurs font ensuite leur apparition dans le village, acclamés comme de véritables héros. Ils enchaînent les « animaux » et les rasent, comme le veut la coutume, sur la place publique, devant la foule en furie. La peau de bête et la suie enlevées, les « ours » prennent peu à peu forme humaine. Une fois ce rituel accompli, une musique entraîne nos joyeux compères sur le rythme d’une ronde endiablée « Le ball de corre ». L’ours, quant à lui, est devenu humain. L’homme a vaincu la bête. C’est la morale de l’histoire et, en tout cas, une bonne occasion de célébrer le carnaval en s’amusant.
Infos pratiques
Où dormir ? Où se restaurer ?
Hôtel Le Bellevue-Resto Bellavista : chambres correctes et bien tenues, certaines avec balcon. Le restaurant sert un excellent jarret de veau des Pyrénées et de très bonnes spécialités locales. Service jusqu’à 20 h 45. Tél. : 04-68-39-72-48. Internet : www.lebellevue.fr.st.
Texte : Laure Rakic
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