L'Hérault, autour de l’étang de Thau
L’Hérault, côté mer, ne se résume pas à d’immenses plages de sable. Entre l’étang de Thau et celui de Vendres, de Bouzigues à Vendres, le littoral de l’Hérault fait preuve d’une belle variété.
Du côté des zones humides, on chemine entre les roselières, les prés salés, les lagunes et les sansouïres. Côté Méditerranée, on se la coule douce sur les interminables plages de sable fin, et dans les villages portuaires, on s’imprègne de l’ambiance locale en goûtant au passage aux produits du terroir : huîtres, moules, mais aussi vermouth à Marseillan. Côté culture et patrimoine enfin, l’abbaye de Valmagne à Villeveyrac, le château Laurens à Agde, ou les œuvres des street artistes à Sérignan méritent le détour.
Une région encore plus belle à découvrir en arrière-saison. Cap sur l’Hérault !
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Préparez votre voyage avec nos partenairesBouzigues, au royaume de l’huître
À une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Montpellier et une quinzaine au nord-est de Sète, Bouzigues séduit d’emblée le visiteur avec ses façades colorées et ses ruelles fleuries de lauriers-roses, de bougainvilliers, de volubilis bleus ou encore d’enivrants jasmins.
Bouzigues est la capitale languedocienne des coquillages et de l’huître. Les restaurants de fruits de mer s’alignent face à l’étang de Thau, la plus grande des lagunes languedociennes (7 500 ha), qui communique avec la mer via ce que l’on appelle des graus et dont les rivages sont occupés par nombre de mas conchylicoles.
C’est un maçon de Bouzigues, Louis Tudesq, qui, en 1925, eut l’ingénieuse idée de coller des huîtres sur des barres de béton formant une pyramide. Une technique qui permit de développer leur élevage dans l’étang. Pour en savoir plus, on peut visiter le Musée ethnographique de l étang de Thau, qui propose une immersion dans l’histoire et les traditions locales, liées en particulier à l’ostréiculture, à la conchyliculture et à la pêche.
Fin juin, Bouzigues célèbre la Saint-Pierre, le patron des pêcheurs, avec une procession et une messe dans l’église Saint-Jacques-le-Majeur. Et en été, plusieurs fêtes (la foire aux huîtres, les Estivales de Thau) sont autant de prétextes à manger des coquillages, accompagnés d’un verre de picpoul de Pinet. L’occasion aussi de goûter à une brasucade de moules (cuites à la plancha).
On peut aussi rendre visite aux producteurs de l’étang de Thau, dont certains (comme huitres-bouzigues.com, sur le port de Loupian ou l'un des 20 autres mas de dégustation partenaires du Conchylitour de l'Hérault) proposent des visites, qui se concluent par une dégustation.
À 13 km de Bouzigues, l’abbaye cistercienne de Valmagne a connu une histoire mouvementée depuis sa fondation, au XIIe siècle. Plusieurs fois saccagée et pillée, elle fut vendue après la Révolution française à un viticulteur de Villeveyrac qui transforma l’église-abbatiale en chai. On est « espantés » par les gigantesques foudres en chêne de Russie qui furent installés en 1820 dans la nef, dont les dimensions sont impressionnantes (83 m de longueur et 24,50 m de hauteur). Après les 9 chapelles rayonnantes du chœur, où sont aussi disposés des foudres, on admire le superbe cloître roman cernant un jardin où se trouve une rare fontaine-lavabo. La visite se conclut par une dégustation de vins du domaine.
Marseillan, à la croisée des eaux
Situé à 20 km de Bouzigues, entre la Méditerranée, le canal du Midi et la lagune de Thau, Marseillan offre plusieurs visages.
Pour le côté balnéaire, on ira à Marseillan-Plage, qui attire en nombre les vacanciers en été. Si l’on préfère le patrimoine, on pourra suivre le circuit proposé par l’office du tourisme dans le centre historique (une balade d’environ 1 h 30). Vous passerez notamment par la place Carnot, le cœur de la ville, où se tient le marché le mardi matin, mais aussi le château du Bayle, le théâtre Henri Maurin, sans oublier le port.
Aménagé au XVIIe siècle pour le commerce, celui-ci se tourna ensuite petit à petit vers la plaisance. Aujourd’hui, ses quais sont un lieu convivial, avec ses restaurants et ses terrasses.
C’est là aussi que se trouve la Maison Noilly Prat, qui élabore depuis 1813 le fameux vermouth devenu mythique grâce à James Bond et son célèbre dry martini.
Au cours de la visite, on découvre les chais et ses impressionnants foudres centenaires (le plus grand contient 402 hectolitres), un champ de tonneaux de chêne entreposés en plein air, un musée retraçant l’histoire du domaine, et l’on termine par une dégustation des quatre vermouths de la collection, dont la recette reste secrète.
La maison Noilly-Prat propose aussi des ateliers de mixologie, des soirées musicales, des visites théâtrales et des séances de ciné en été.
Au sud de Marseillan, la réserve naturelle du Bagnas recèle une riche biodiversité entre étangs, roselières, sansouïres, prés salés et dunes. On peut la découvrir lors de visites guidées (l’accès au site est réglementé) et tenter d’apercevoir, avec l’aide de jumelles et de longues-vues, les animaux qui y vivent, notamment de nombreuses espèces d’oiseaux. Réservations auprès de l’association Adena (le gestionnaire du site) et de l’office de tourisme du Cap d’Agde (qui relaie le programme de l'association et propose plusieurs « escapades grandeur nature » dans la réserve).
Agde, au-delà des plages
Quand on évoque Agde, on pense d’abord à la grande station balnéaire, populaire et familiale du Cap-d’Agde, aux longues plages de sable fin (14 km sur la commune), dont certaines sont naturistes. Mais il n’y a pas que cela.
Si la station du Cap-d’Agde est née dans les années 1960 de la mission Racine, Agde, elle, a 2 600 ans d’histoire et fut jadis un comptoir phocéen. On en retrouve les traces au musée de l’Ephèbe et d’Archéologie sous-marine, l’éphèbe en question étant une statue d’Alexandre, unique bronze hellénistique à avoir été trouvé dans les eaux françaises.
S’il est un endroit à visiter absolument à Agde, c’est le château Laurens, dont la restauration s’est achevée en 2023. Au cœur du domaine de Belle-Isle, planté d’essences méditerranéennes (on y admire aussi un magnolia de 120 ans), c’est une véritable « folie » architecturale.
En 1897, Emmanuel Laurens, dandy érudit et grand voyageur, hérite à 24 ans de ce domaine et d’une fortune qui lui permet de créer le palais de ses rêves, mêlant le néoclassicisme, l’orientalisme, le symbolisme et l’Art nouveau. Boiseries, faïence émaillée, marbre noir, onyx rose, fresques, vitraux colorés… Le raffinement est à son paroxysme.
De la terrasse, on profite de la vue sur le fleuve Hérault, le mont Saint-Loup et sur la vieille ville d’Agde et sa cathédrale en basalte. Une invitation à aller se balader dans le centre historique et ses ruelles bordées de façades en pierre noire volcanique qui lui vaut son surnom de « perle noire du Languedoc ».
Envie de voir comment fonctionne une criée ? Rendez-vous au Belvédère de la criée du Grau d’Agde – l’une des quatre existant sur la côte méditerranéenne française, et la seule qui soit ouverte au public –, pour assister à l’arrivée des chalutiers, au débarquement et au tri des poissons, puis à leur mise en vente, que l’on observe derrière une baie vitrée. Un espace pédagogique donne aussi plein d’infos sur la pêche. Uniquement sur réservation.
Art et nature entre Sérignan et Valras
La petite ville de Sérignan est bien agréable, avec sa grande place – la Promenade – où les terrasses se prélassent à l’ombre des platanes et où se tiennent les marchés et les événements festifs.
Culturellement, elle est particulièrement dynamique. On peut y visiter le musée régional d’Art contemporain (Mrac), et voir les colonnes rayonnantes de Daniel Buren dans le parc de la salle de spectacle de La Cigalière.
Sérignan, qui organise un festival de BD depuis 1996, met aussi en valeur le travail des street artistes, dont les œuvres ornent les murs de la ville (voir le parcours street art virtuel) et même ceux de la médiathèque, où l’artiste montpelliérain Honck a réalisé les portraits de Simone Veil et de Samuel Beckett. Un festival d’art urbain (Street Art Sérignan) a lieu chaque année.
Côté littoral, on découvre de longues plages de sable, mais aussi le site naturel protégé des Orpellières. La Maison de site présente une exposition sur la faune et la flore locales, le delta de l’Orb, les différents écosystèmes et le passé viticole du domaine.
On peut découvrir en autonomie ses paysages, entre les berges de l’Orb, les sansouïres, les dunes, les lagunes et les prés salés, en suivant le sentier « Trésors de nature », jalonné de panneaux d’interprétation, ou alors participer à une visite guidée, par exemple tôt le matin, un moment propice pour observer les différentes espèces d’oiseaux (échasses, blanches, aigrettes, hérons…).
Les œuvres que l’artiste monténégrin Dado a peintes entre 1994 et 1999 dans le chai de l’ancienne ferme des Orpellières (au château Vargoz) sont en cours de restauration.
Du côté de Valras-Plage, les immenses étendues de sable fin sont magnifiques. Dans la station balnéaire familiale, on trouve des restaurants, des boutiques, et un joli petit port. En été ont lieu les Mardis de Valras, des soirées durant lesquelles des vignerons et restaurateurs locaux proposent des dégustations, en musique.
Vendres et son étang
En poussant plus à l’ouest, à la frontière de l’Aude, on arrive à Vendres (prononcer « vindre »), paisible village avec ses petites places, ses fontaines et ses jolies ruelles.
De là, on peut suivre le sentier éco-pédagogique jusqu’à l’étang de Vendres, et découvrir une zone humide classée Natura 2000, où voisinent roselières, prés salés et sansouïres. Un vrai paradis pour les animaux : oiseaux migrateurs (butors étoilés, hérons pourprés…), batraciens, ragondins, chauves-souris...
On ira jeter un œil au temple de Vénus, qui est en réalité une ancienne villa romaine, dont les seuls vestiges encore visibles sont les thermes. L’office du tourisme propose des visites guidées gratuites en été.
Enfin, il est possible de rejoindre le bord de mer en faisant une randonnée de 7 km, au terme de laquelle on pourra, selon ses envies, farnienter sur le sable ou s’adonner à une activité nautique.
Si vous souhaitez manger du poisson ou des coquillages frais, rendez-vous au port du Chichoulet (le nom local du troglodyte mignon, un petit oiseau qui niche ici). Des pêcheurs travaillent ici à l’année, et vous pourrez déguster les produits de la mer dans l’un des kiosques de restauration installés sur le port.
Fiche pratique
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Office de tourisme Archipel de Thau
Office de tourisme cap d’Agde Méditerranée
Office de tourisme de Béziers Méditerranée
Office de tourisme La Domitienne
Comment y aller et se déplacer ?
– En transports en commun (trains, bus) : TGV jusqu’à Béziers de Paris, Lyon, Bordeaux, ou en TER de Montpellier ou Narbonne.
Le littoral de l’Hérault est bien desservi par les transports en commun. Consultez les différents itinéraires sur le site de Hérault Transport. Également des infos sur les sites de Sète Agglopôle Méditerranée et du réseau Lio.
– En voiture : près de 7 h de route de Paris (via A71 et A75) et 3 h 10 de Lyon (via A7 et A9).
Où dormir ?
– Camping La Plage et du bord de mer : avenue de la Méditerranée, à Valras. Avec son accès direct à la plage, ce camping familial est parfait pour profiter au mieux du littoral. Au cœur d’un parc de 13 hectares, on trouve aussi bien des emplacements que des mobil-homes tout confort, certains avec jacuzzi et clim. En plus de l’espace aquatique, de nombreuses activités et animations sont organisées. On peut aussi se détendre au bar et manger au restaurant ou au bar lounge, qui propose des planches généreuses. Une adresse vraiment sympa. Emplacement dès 161 €/semaine et mobil-home à partir de 352 €/semaine.
– La Demeure Terrisse : 2, rue du général de Gaulle, à Marseillan. En plein cœur de Marseillan, Guillaume et Sandrine, frère et sœur, ont créé plusieurs appartements de haut standing à la déco recherchée, certains avec accès à l’espace fitness et jacuzzi (le top après une journée de visites). Un luxueux cocon, plein de charme. À partir de 79 € la nuit.
– Mon P’tit Hôtel : 12, quai du commandant Méric, au Grau d’Agde. Comme son nom l’indique, un petit hôtel sympathique donnant sur le quai du grau d’Agde, où s’alignent les restaurants. La plage est à 150 m. Avis aux insomniaques (ou aux curieux) : si vous choisissez une chambre avec vue mer, vous pourrez observer dans l’estuaire de l’Hérault le passage des chalutiers qui partent pêcher vers 2 h 30 du matin. Chambre à partir de 65 €. Bon petit déj (10 €).
– Casa Belle : 13, avenue de Béziers, à Sérignan. Elle est belle, en effet, la demeure de Céline et Julien, une ancienne maison vigneronne du début du XIXe siècle, avec ses carreaux de ciment et ses tomettes. Les plus : la piscine, le petit déj sur la terrasse et la situation, au centre de Sérignan. À partir de 90 €/nuit en basse saison, petit déj inclus.
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Où manger ?
– Maison Viel : chemin de la Drague, à Sérignan. Voilà une adresse gourmande hautement recommandable. Aux beaux jours, on déguste en terrasse, au bord de l’Orb, des plats cuisinés avec art, à base de produits frais, locaux et de saison, accompagnés de vins choisis. Et la gentillesse de l’accueil ne gâche rien. Entrée-plat : 32 €.
– Upendo : 21, quai de la Résistance, à Marseillan. Tél. : 04 99 47 93 27. « Upendo » signifie « amour » en swahili. Un nom qui colle bien à la cuisine que l’on déguste chez Sacha et Enzo, les deux frères qui ont ouvert ce restaurant sur le port en 2023 et ont fait le choix du circuit court. Les produits sont locaux et bio quand c’est possible. Et on se régale ! Plats : 20-25 €.
– La Ferme Auberge : à Villeveyrac. Le restaurant de l’abbaye de Valmagne travaille avec des producteurs locaux et cuisine joliment les légumes qui poussent sur le domaine. Accueil sympa et jolie terrasse donnant sur les vignes et le potager. Plats : 21 €.
– La Madragde : cap D, 44, rue de la Gabelle, au Cap d’Agde. Bon rapport qualité-prix pour ce restaurant situé sur le port, en face de la grande roue. Bel accueil et service efficace. Ne pas hésiter à goûter aux poissons et fruits de mer, très frais. Menu midi (entrée, plat, dessert, verre de vin ou café) à 24 €.
Texte : Olivia Le Sidaner
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