Une bacchanale colorée
Ça y est ! La période festive des carnavals a commencé un peu partout dans le monde. À La Nouvelle-Orléans, surtout connue pour ses clubs de jazz et son festival hors pair, on fête Mardi gras comme nulle part ailleurs. La fête commence bien avant le 12 février. Durant les douze jours qui précèdent, musique, défilés colorés et joyeux grains de folie rythment la vie sociale. Des centaines de bals masqués et de soirées privées sont organisés dans toute la ville et plus de soixante parades défilent dans les rues. Suivez-nous dans cette bacchanale colorée aux multiples visages…
Préparez votre voyage avec nos partenairesUn carnaval aux saveurs métissées
En Louisiane, Mardi gras ne s'applique pas seulement au jour dit, mais à toute
la saison du carnaval. Enjoué, comique, satirique, grotesque, démentiel, les
qualificatifs ne manquent pas pour désigner cet événement fêté dans plus de
quatre-vingts villes et villages de Louisiane. À La Nouvelle-Orléans, plus de
soixante défilés et un torrent de fêtards déferlent dans les rues pendant cette
période festive qui connaît ses temps forts entre le 29 janvier et le 12 février.
Le jour de Mardi gras marque l'apogée de l'événement et la fête bat son plein
dans le Vieux Carré jusqu'à minuit, heure du début du Carême.
Né en Europe, les fêtes de Mardi gras avaient pour but, au départ, de ridiculiser
l'aristocratie en imitant son fastueux train de vie. La tradition fut exportée
par les émigrants vers La Nouvelle-Orléans. Institutionnalisé à la fin du XIXe siècle,
le Mardi gras oublia quelque temps son côté grotesque pour se faire plus pompeux,
notamment avec l'arrivée des Krewes (voir plus bas) qui reflétaient la société
anglo-saxonne des beaux quartiers. Mais il ne fallut pas longtemps pour que
le carnaval retrouve la dérision contenue dans l'essence même du Mardi gras.
L'aspect excessif et provocateur perdura d'année en année pour devenir, aujourd'hui,
une fête multiculturelle.
Les Krewes, maîtres des parades
Ce sont les Krewes qui organisent les parades et en supportent financièrement les coûts. Qu'est-ce donc ? Ce sont des clubs de Mardi gras – exclusivement masculins – dont l'appartenance se transmet de génération en génération (depuis 1857 !). Les Krewes tirent, pour la plupart, leur nom de la mythologie, de l'histoire (Endymion, Vénus, Cléopâtre…) ou de quartiers de la ville. Les parades n'ont pas toutes la même composition, les meilleures développent des thèmes divers d'un char à l'autre : contes pour enfants, personnages de mythologie, célébrités… Parmi les plus réputées et les plus typiques des parades, citons Bacchus, Endymion et Rex qui sont appelées « superkrewes » en raison de la beauté et de la grandeur de leurs chars, du grand nombre de fanfares et de la présence de « celebrity grand Marshals » (personnalités déguisées). Certaines années des célébrités telles que le comique américain Bob Hope sont venues à La Nouvelle-Orléans pour y régner en qualité de célébrités royales.
Trois couleurs pour une fête
Pendant Mardi gras, les parades diurnes et nocturnes sont l'activité principale. Entre celles de jour et celles de nuit, il existe d'importantes différences. Les parades de jour attirent moins de monde, elles sont plus décontractées et plus longues. Bien assis, vous pouvez passer la journée à les regarder (pique-nique à l'appui) ! La nuit laisse place aux porteurs de flambeaux qui illuminent la rue sur leur passage et se livrent à des acrobaties. Si vous venez pour la première fois en Louisiane, et a fortiori au carnaval, vous risquez d'avoir quelques surprises. Les parades sont loin d'être un événement passif et tournent plutôt au sport de contact lors du passage des chars. C'est de là que sont lancés colliers de couleurs, doublons et gobelets colorés en violet, vert et or, couleurs officielles du carnaval. Ces couleurs sont omniprésentes, drapant les balcons du Vieux Carré ou colorant les colliers, les chemises, les costumes, les chapeaux, les casquettes et même le « king cake », gâteau circulaire couvert de sucre fabriqué pour l'occasion. Convaincu ? Alors, à vos costumes !
Quelques tuyaux
Quelques parades (parmi une soixantaine) :
- Samedi 9 février : Endymion défilera à 16 h 15 (Mid-city)
- Dimanche 10 février : Bacchus défilera à 17 h 15 (Uptown)
- Lundi 11 février : Zeus à 18 h 30 (Metairie)
- Mardi 12 février : Rex à 10 h (Uptown)
- Canal Street et Saint Charles Avenue sont des points de passage obligés des principales parades. De jour comme de nuit, si vous vous trouvez sur cet itinéraire, vous ne manquerez rien de l'essentiel.
- La maison Gallier (545, Saint Charles avenue), ancien hôtel de ville, est un bref point d'arrêt des parades passant par là et l'endroit où le maire et autres officiels boivent un toast.
Comment s'habiller ?
- Dans le public, peu de personnes portent un masque hormis le jour de Mardi
gras. Si vous souhaitez en acheter un, un marché de masques se tient au French
Market, le week-end juste avant Mardi gras. On trouve aussi des boutiques d'occasions
(Decatur street) pour les costumes.
- Pensez à prendre des chaussures confortables. Utiles si vous marchez beaucoup
(surtout au milieu des détritus) ou si vous dansez. Pensez aussi à prendre une
couverture pour vous installer confortablement sur la pelouse.
Carnet d’adresses
Où dormir ?
Il est impossible de loger bon marché dans le Vieux Carré, a fortiori
pendant le Mardi gras. En cette période, les prix doublent allègrement. Les
prix que nous indiquons sont donc à considérer à titre indicatif pour une période
« normale ».
- Saint Peter Guesthouse, 1005 Josephine Street. Tél. : 524-9232. Chambres
doubles autour de 50 US$. Une des rares adresses abordables du French Quarter
que cet ensemble de bâtiments à galerie, construits au début du XVIIIe siècle.
Accueil pro, plusieurs types de chambres, toutes charmantes. Ne pas hésiter
à en voir plusieurs, car elles ont toutes leurs avantages. Petit déjeuner réussi.
Où manger ?
- Café Maspero, 601 Decatur Street. Tél. : 523-6250. Ouvert
tous les jours de 11 h à 23 h. Sandwichs autour de 5 US$ et assiettes
à environ 10 US$. Adresse incontournable de La Nouvelle-Orléans, où tout
le monde se retrouve en famille ou entre amis. Grande salle typiquement américaine
(tables en bois massif et ketchup…). Malgré l'afflux perpétuel de clients, patrons
et serveurs gardent calme et sourire. Salades délicieuses et grand choix de
sandwichs (mufulettas). Spécialités de fruits de mer également (un peu
trop frits peut-être). Accepte les chèques voyages, mais pas les cartes de crédit.
- Gumbo Shop, 630 Peter Street. Tél. : 525-1486. Ouvert tous les
jours de 11 h à 23 h. Plats principaux entre 10 et 20 US$.
Jolie maison au cadre élégant et avec une petite courette agrémentée de plantes
vertes. Tous les classiques sont là : jambalaya, gumbo… On pourrait croire
au piège à touristes, et pourtant on en ressort content et pas plumé.
Où écouter du jazz ?
- Preservation Hall, 726 Saint Peter Street. Concert tous les soirs
de 20 h 30 à minuit. 5 US$ l'entrée. Une véritable institution.
L'orchestre change tous les jours, si bien qu'on ne s'enlasse jamais. À l'intérieur,
quelques bancs, sinon vous êtes debout, une salle minuscule, pas de boissons
servies et interdiction de fumer, mais attention vous entendrez du jazz, du
vrai jazz, le meilleur jazz. Quelque chose de grand !
Crédit photos : © France - Louisiane Franco - Américanie
Texte : Audrey Turpin
Mise en ligne :