Le Goût de Montréal
Auteur : Anthologie présentée par Marie-Morgane Le Moël
Editeur : Mercure de France
145 Pages
On aime beaucoup la collection « Le Goût de… » qui comprend une cinquantaine d’anthologies de textes d’écrivains sur les villes du monde. Ces petits guides littéraires nous font arpenter le pavé des métropoles de notre planète sur les traces d’artistes locaux ou de grands voyageurs.
En anglais ou en français, Montréal est une source d’inspiration inépuisable. Cocktail de décontraction nord-américaine et d’art de vivre à l’européenne, la ville québécoise s’affirme, au fil des textes du recueil, comme un creuset de cultures des plus savoureux. Car cette île (eh oui, Montréal se trouve au milieu du Saint-Laurent !), bien plus que le champ de bataille des « deux solitudes », est depuis sa découverte par Jacques Cartier une terre d’immigration. De quoi nourrir bien des romans…
Ainsi, Dany Laferrière nous livre ses impressions de réfugié haïtien dans un pays « où tous les autres sont blancs », Mordecai Richler pose son regard ironique de juif anglophone sur l’indépendantisme québécois, François Hébert s’émerveille devant le patchwork de sa ville, dont Michel Tremblay dessine les frontières imaginaires qui sépare ses différents quartiers. Car Montréal est aussi une ville divisée.
Accompagnés de présentations très pertinentes, les textes réunis par Marie-Morgane Le Moël dessinent un portrait juste de la métropole québécoise. L’ouvrage nous apprend au passage que Stefan Zweig ou Pierre de Coubertin ont aussi puisé leur inspiration dans la mosaïque montréalaise. Ainsi, épaté par la place du sport dans l’éducation à l’Université McGill, Coubertin aurait formé le projet de créer les Jeux Olympiques.
De très nombreux écrivains parlent aussi d’amour, car Montréal ne laisse pas indifférent. Un lien viscéral amarre définitivement les auteurs du Goût de Montréal à l’île-cité. Cet attachement que Robert Charlebois a si joliment décrit dans sa chanson Je reviendrai à Montréal…. Un hymne nostalgique et émouvant pour tous ceux qui ont eu la chance de vivre un jour entre Pointe-à-Callière et le Plateau.
Texte : Jean-Philippe Damiani
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