Zumbi
Auteur : Jean-Paul Delfino
Editeur : Buchet-Chastel
480 Pages
Avec Zumbi, son quatrième roman consacré au Brésil, Jean-Paul Delfino – dont nous avions aimé Dans l’ombre du condor – aborde l’esclavagisme et la condition des Noirs, l’un des aspects les plus sombres de l’histoire du géant sud-américain, qui se présente volontiers comme une nation métisse.
Le récit suit les aventures de Semba, arraché à sa terre d’Afrique par un négrier portugais, pour devenir esclave dans le Brésil du XVIIe siècle. Sévices corporels, humiliations, traitement dégradant, travail abrutissant dans les champs de canne à sucre : au fil des mois, Semba connaît un processus de déshumanisation, mené par les colons portugais qui ne voient en lui qu’une bête de somme. Or, l’intrépide et entreprenant Semba entend un jour parler d’un « dieu de la guerre » noir, Zumbi, fondateur d’une communauté qui, dans l’arrière-pays, tient tête aux Portugais. Semba va tout faire pour rejoindre cette cité utopique, où tous les hommes sont égaux…
A travers un récit très romanesque, fort bien conduit, Delfino nous fait découvrir les quilombos, ces communautés fondées au XVIIe siècle par des esclaves en fuite. Peu connus en Europe, mais mythiques pour les communautés afro-brésiliennes, les quilombos, modèle alternatif à la barbarie coloniale, étaient, de par leur caractère démocratique et leur population métisse, des sortes de laboratoires du Brésil à venir.
Le quilombo dos Palmares, dirigé par le guerrier Zumbi, fut la communauté libre la plus emblématique de l’époque, un symbole de la résistance noire et de la répression menée par les Blancs. Pour mémoire, l’esclavagisme ne sera aboli qu’en 1888 au Brésil. Avec Zumbi, Jean-Paul Delfino nous rafraîchit la mémoire sur la violence raciste à l’œuvre dans le Brésil colonial. Ce bon roman d’aventures est aussi une salutaire leçon d’histoire.
Texte : Jean-Philippe Damiani
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