Maroc, la grande traversée de l'Atlas
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Du M'Goun au Toubkal, la Grande Traversée de l'Atlas Marocain (GTAM) conduit le randonneur sur les chemins muletiers pour une expérience inoubliable. Plateaux infinis, sommets imposants, vallées verdoyantes, villages d'un autre temps... Chaque jour est un somptueux spectacle pour le regard. Assurément un itinéraire de choix pour tout amateur de trek, qui réveillera le nomade qui est en vous. Un portfolio d'Anthony Coadou, iconographe de Routard.com.
À lire également, l'interview d' Anthony Coadou.
Sur la crête du M'Goun
Après plusieurs heures de marche à la frontale pour atteindre la crête qui mène au second plus haut sommet du Maroc, l'univers minéral du Haut-Atlas se dévoile une fois le soleil levé.
Plateau de Tarkeddit
Le retour au bivouac sur le Plateau de Tarkeddit permet de découvrir le sentier emprunté pendant la nuit et offre des instants de sérénité bien mérités après une longue ascension.
Vallée de la Tessaout
La superbe vue sur les villages de la vallée de la Tessaout est l'un des plus beaux panoramas de ce parcours. C'est un festival de couleurs. Au loin, l'étape du soir nous attend à Tasgaiwalt.
Megdaz
La visite du grenier collectif de Megdaz est l'occasion de boire un thé et d'admirer l'un des plus beaux villages de l'Atlas. Les constructions en pisé se fondent parfaitement dans le paysage.
Bergeries de Tagoukht
Les bergeries omniprésentes sur les plateaux témoignent d'un mode de vie aux antipodes de celui des habitants des grandes villes comme Marrakech, pourtant pas si éloignées à vol d'oiseau.
Plateau de Taoudja
Les derniers rayons du soleil colorent les plateaux et reliefs de l'Atlas. Pouvoir savourer ces instants est un luxe que procure le bivouac, que l'on n'échangerait pour rien au monde avec le confort d'un hôtel.
Tikhfist
Le désert n’est plus très loin, le paysage se fait plus sec. Au petit matin, Tikhfist, aux allures d'oasis, se réveille. Chaque village est un îlot de vie isolé dans une mer de montagnes.
Lac de Tamda
Après une journée d'effort dans un cadre plus aride, la vision sur le lac de Tamda, solitaire sous l'imposant Djebel Anghomar (3608 m), est rafraichissante. Un emplacement de choix pour le campement.
Vallée de l'Ounila
Une fois passé le plateau de l'Anfergal, les premiers arbres, tels une porte majestueuse, invitent le randonneur à découvrir la verdoyante Vallée de l'Ounila. Arbres fruitiers, lauriers roses… La végétation abondante de cette vallée fertile contraste avec les paysages de la veille.
Tighza
Là où se trouve l’eau, il y a la vie. Autour des villages, comme ici à Tighza, les habitants savent tirer profit de chaque cours d'eau et rivalisent d'ingéniosité afin d'irriguer les terrains cultivables.
Telouet
Si vous reliez Tighza à Telouet en voiture, comme le proposent plusieurs agences, vous louperez un splendide panorama sur la vallée. Ce serait dommage.
Un repos bien mérité
Les mules, sans qui le trek ne serait pas possible, ou tout du moins beaucoup moins agréable, profitent comme nous de la pause du midi, à l'ombre des arbres.
Assadesse
Qu’ils soient en terre rouge ou en pierre ocre, les villages de l’Atlas sont passés maîtres dans l’art du camouflage. Assadesse, dans la vallée d'Afra, montre une fois de plus à quel point l'implantation humaine fait corps avec le paysage environnant.
Plateau du Yagour
Les troupeaux de moutons et de chèvres ont l’embarras du choix sur l’immense plateau du Yagour, lieu ancestral de transhumance. À l’automne, les pâturages semblent vouloir se fondre dans le décor minéral.
Gravures rupestres
Animaux, personnages, symboles… Les gravures rupestres du plateau du Yagour qui regardent passer les marcheurs depuis des millénaires, témoignent d'une présence humaine très ancienne.
Tout est calme
Dernier regard sur l'immense plateau du Yagour. Les troupeaux paissent tranquillement sous les derniers rayons du soleil. Le temps se fige.
Djebel Aksoual
Tandis que les troupeaux regagnent leurs enclos sous les regards attentifs des chiens de berger, au loin, la masse du Djebel Aksoual nous met en garde. Les prochains jours ne seront pas de tout repos.
Descente dans la vallée de l'Ourika
L'Aksoual se rapproche. La civilisation aussi. On profite du chemin en crête avant la confrontation avec la vallée de l'Ourika, lieu très prisé pour s'aérer à quelques heures de Marrakech. Après les bivouacs en pleine nature, c'est le choc : du monde, des voitures et 39° sur l'asphalte.
Tamatert
Loin de l'agitation, en poursuivant dans l'Oued Ourika on accède à un autre monde. Le relief a changé. Les pentes sont beaucoup plus abruptes et les dénivelés s'enchainent rapidement. Mais la difficulté s'efface devant les sourires des villageois.
Au loin le Toubkal
L'objectif final se laisse enfin apercevoir pour la première fois. Mais il faudra encore 4 jours de marche avant d'avoir le privilège d'accèder au sommet, si les conditions le permettent.
Tizi n'Ouanoums
Pour rejoindre le sentier qui mène au sommet du Toubkal, il faut déjà passer le col Ouanoums (3680 m). Départ de nuit pour une montée qui semble interminable dans le froid et les nuages. Les montagnes prennent des allures de Mordor. Au loin, apparaît par intermittence le Djebel Siroua.
Toubkal
Avoir la chance d'admirer la vue depuis un sommet s'apparente souvent à la loterie. La veille dans la brume et les bourrasques de neige, le plus haut sommet d'Afrique du Nord (4167 m) nous accueille aujourd'hui avec bienveillance. La plaine au nord s'étend à ses pieds. Une fin de trek en apothéose.
Fin de trek
2300 m de dénivelés négatifs mettent un point final à 3 semaines de randonnée. À partir du refuge du Toubkal, l'esprit peut se laisser aller à repenser aux moments forts de l'un des plus beaux treks de la planète. Les pieds, eux, prendront bien soin de ne pas aller trop vite, pour ne pas y mettre un terme trop vite.
Questions à Anthony Coadou
Le Routard : Peux-tu nous en dire plus sur ce trek ?
Anthony Coadou : La chaine montagneuse de l'Atlas est délimitée au nord par la plaine, où se situe Marrakech, et au sud par le désert, où se trouve Ouarzazate. Il faut savoir qu'il n'y a pas qu'une traversée de l'Atlas (on parle ici d'une traversée dans la longueur). Plusieurs itinéraires sont possibles et pour un même tracé, les étapes peuvent varier. Pour les réaliser, la période s'étend de fin mai à octobre.
Le principe est de relier les 2 plus hauts sommets du Maroc et d'Afrique du Nord, le M'Goun (4071m) et le Toubkal (4167m). Le parcours de 250km s'effectue en 18 jours et cumule 14000m de dénivelés positifs, qu'il faut bien sûr descendre également. C'est un trek accessible à tout marcheur endurant, il n'y a pas de difficulté technique (des crampons peuvent néanmoins être nécessaires en cas de neige persistante et verglaçante lors de l'ascension du Toubkal). Mais il n'est pas exclu que certains randonneurs abandonnent, comme nous l'a raconté notre guide.
Le départ a lieu à Agouti dans la vallée des Aït Bougmez et l'arrivée à Imlil, qui peut être comparé à un Chamonix marocain, de par sa proximité avec le Toubkal. La montée au M'Goun se faisant dès le 3ème jour avec un départ de nuit, la transition, surtout si l'on travaille au bureau, peut paraître radicale mais cela se « fait » bien. Les étapes varient de 5 à 9 heures (voire jusqu'à 12 si l'on souhaite profiter plus longtemps du sentier le dernier jour). Ce sont surtout les 5 derniers jours que l'endurance est mise à l'épreuve. Les pentes sont plus raides. Certaines étapes semblent longues, comme les 5h de montée d'une traite pour atteindre le col Ouanoums. Le mental est alors appelé en renfort. C'est un trek à recommander pour qui voudrait se tester sur la durée. L'altitude reste raisonnable et l'isolement est relatif.
Le Routard : As-tu eu des coups de cœur particuliers ?
Anthony Coadou : Ils ont été nombreux. Chaque jour apporte ses instants magiques nés de la rencontre entre ces lieux magnifiques et la lumière de début et fin de journée. On est vite surpris par la beauté et la diversité des panoramas qui s'offrent à notre regard : plateaux qui n'en finissent pas, vallées verdoyantes dans un décor lunaire, villages aux constructions d'un autre siècle (mais parfois affublées de paraboles)… Cela commence par la vue sur la vallée de la Tessaout qui a été comme un choc esthétique pour tous les membres du groupe. Pour citer d'autres exemples :
- le village de Megdaz
- le djebel Anghomar et les reliefs arides aux alentours d'où émerge Tikhfist au petit matin
- le contraste entre le vert des arbres éparpillés et la terre rouge en descendant dans la vallée de Telouet
- la lumière du soir qui éclaire les ondulations du terrain lunaire entre la forêt de Tifadzine et le plateau de Taoudja
- la sérénité qui émane du coucher du soleil sur le bivouac du plateau du Yagour
- les panoramas vertigineux depuis la crête qui descend sur la vallée de l'Ourika
- jouer à l'équilibriste sur les roches pour passer d'un côté de la rivière à l'autre dans le petit canyon avant Izib Likemt
J'arrête là. Les derniers jours, à l'approche du massif du Toubkal, l'environnement devient moins contrasté alors que l'effort à fournir augmente. Au final, il y a bien sûr le plaisir d'avoir accompli un trek somptueux, qui plus est dans une joyeuse ambiance. Une expérience revigorante et une parenthèse nomade qui change de notre mode de vie habituel.
Le Routard : Qu'en est-il de la logistique d’un tel voyage ?
Anthony Coadou : Etant parti avec une agence, j'ai pu bénéficier d'une organisation parfaite grâce à notre guide, au cuisinier et aux muletiers. Ils sont généralement choisis parmi les plus expérimentés pour ce parcours, car la durée du trek exige des compétences sans faille à tous les niveaux (connaissance des chemins, qualité des repas, gestion des mules…).
L'hébergement se fait principalement sous tentes, et 2 nuitées en gîte apportent un supplément de confort. La marche de la journée se fait en grande partie le matin. Adeptes de la grasse matinée s'abstenir, surtout les jours avec un sommet au planning. Les repas du midi se prennent principalement à l'ombre sur des matelas. Notre cuisinier Mustapha savait s'y prendre pour transformer un simple plat de crudités en festin savoureux. On a parfois du mal à repartir. Tandis que le soir on se délecte sous la tente faisant office de salle à manger dans une ambiance joyeuse, si l'on a la chance d'avoir de sympathiques coéquipiers, ce qui fut mon cas. Vers 21h30, extinction des feux pour que l'organisme refasse le plein d'énergie pour le lendemain.
Le Routard : As-tu des conseils pour les photographes ?
Anthony Coadou : Le premier serait de faire ce trek dans le sens est/ouest. La lumière est mieux orientée puisque la marche se déroule surtout le matin. Les couleurs des paysages apparaissent de ce fait plus saturées.
Ensuite je dirais qu'il est préférable de voyager léger. Le poids et la manutention qu'implique un équipement photographique imposant sera plutôt un handicap. Avoir un reflex volumineux c'est bien mais si c'est pour ne jamais avoir le temps de le sortir, ce n'est pas très intéressant. Il sera utile lors des pauses et au bivouac mais pendant la marche, ce n'est pas toujours facile de prendre des photos. S'arrêter ne serait-ce que 2 minutes pour essayer de cadrer et déclencher vous propulse rapidement à la fin du groupe. On est vite distancé, il faut alors redoubler d'effort pour rattraper les autres, surtout lors des ascensions.
Enfin, prévoir le nécessaire pour que votre appareil ait assez d'énergie pour toute la durée du voyage. Batteries supplémentaires et/ou batteries externes rechargeables et/ou panneau solaire.
Cela dit, au début ce n'est pas très problématique puisqu'il y a un accès au réseau électrique dans 2 gîtes les 8 premiers jours. C'est ensuite que le stress du photographe commence. Il serait dommage de tomber en panne.
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