Zurich alternatif : à l’ouest, le renouveau !
Zurich, ville alternative ? Eh oui ! Pour la découvrir, cap sur les districts de Zurich West qui présentent l’équation parfaite : 4+5 = neuf ! Du neuf, du nouveau, de l’avant-garde, de l’alternatif, de l’underground, à explorer sur les rives occidentales des rivières Sihl et Limmat, à l’écart du cœur historique, cossu et coquet.
Dans la métropole suisse, les quartiers autrefois industriels sont devenus des secteurs ultra-branchés, rappelant les ambiances de Williamsburg à New York, Shoreditch à Londres ou Berlin-Est. Zurich, c’est chic, mais « freak » aussi !
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Dès l’arrivée en train, le côté décalé de Zurich apparaît… Au-dessus du hall de la gare, immense et austère, plane une femme plantureuse et colorée, aux ailes dorées : l’ange gardien créé par l’artiste franco-suisse Niki de Saint Phalle à l'occasion du 150e anniversaire de la gare, en 1997. Un signe que la ville, où prospèrent banquiers et riches familles, n’offre pas qu’un visage sérieux et bourgeois…
Délaissons, pour cette fois, son beau lac et son charmant centre historique : direction le nord-ouest de la gare, derrière son vaste écheveau de rails. L’arrondissement numéro 5 est le théâtre du renouveau culturel, artistique et créatif de Zurich.
Au départ, c’était la « zone » : à la fin du 18e siècle, se sont développées les industries textiles en raison de la proximité de la rivière Limmat. Puis, la métallurgie, les chantiers navals ou l’assemblage de moteurs. À partir des années 1990, les usines s’en vont.
Comme la culture a horreur du vide, la décennie suivante marque la renaissance par de nouvelles activités. Bretelles de voies rapides et de chemins de fer, anciens bâtiments industriels ou silos de béton n’ont pas disparu, mais partout des immeubles neufs sortent de terre, hébergeant start-ups, hôtels haut de gamme, bars et restaurants branchés...
Un viaduc très branché
Depuis 2010, le viaduc, qui traverse le faubourg depuis la fin du 19e siècle, abrite, sous ses voûtes rénovées, une quarantaine de commerces tendance : design, déco et mode, cafés, association de tango, halle avec stands de sushis, traiteurs, poissonnier, fromager, etc.
Au-dessus des arcades s’étire une promenade pour piétons et cyclistes, entre cours d’eau et voies ferrées. Celles-ci se cachent derrière des palissades, qui les séparent d’un jardin urbain comme on en trouve à Berlin. Le Frau Gerolds Garten invite à lézarder au soleil sur ses terrasses, parfois déployées en haut de conteneurs logeant des boutiques de stylistes locaux. En hiver, on peut s’y réchauffer sous la grande yourte à l’agréable cheminée.
Juste à l’entrée de ce petit espace vert se dresse une quinzaine d’autres conteneurs, formant une tour au sommet de laquelle il est possible de grimper : c’est le magasin emblématique de la marque Freitag. Elle porte le nom de deux frères natifs de Zurich qui ont eu l’idée de transformer les bâches de camions en sacs à dos, besaces, porte-monnaie ou bagages. Une démarche alternative et écolo qui rappelle l’esprit recyclage et underground de la capitale allemande… mais pas ses prix ! Car la production made in Switzerland et le coût de la vie helvétique font considérablement monter les tarifs. Le shopping à Zurich, c’est un sacré budget !
Les promeneurs peuvent terminer la boucle jusqu’à la gare centrale en passant au sud des lignes ferroviaires, pour découvrir l’autre partie de Zurich West : le 4e arrondissement, en pleine effervescence. À l’image de Pigalle à Paris, les abords de la rue Langstrasse, qui relie les districts 4 et 5, perdent peu à peu leur réputation sulfureuse. Désormais, les établissements à la mode fleurissent entre clubs de strip-tease et bars interlopes.
Preuve encore plus flagrante de cette évolution, l’émergence d’Europaallee, une aire piétonne de bureaux, concept stores et studios de yoga qui a récemment surgi sur le côté de la gare centrale. Des multinationales comme Google se sont installées dans les nouveaux bâtiments qui poussent comme des champignons… pas du tout hallucinogènes, il va sans dire !
Des fleurons de l’art contemporain
Zurich n’est pas seulement un centre financier de premier plan : la ville occupe une place majeure sur le marché… de l’art international. Elle a vu naître, il y a un siècle, le mouvement dada par la fondation du Cabaret Voltaire, toujours ouvert.
Avec sa centaine de galeries et ses musées d’art contemporain, Zurich perpétue cet esprit d’avant-garde. Dernier venu sur la scène zurichoise, le MuDA, premier musée d’art digital en Europe, a été lancé en février 2016, après une campagne de financement participatif qui a permis de récolter 111 111 dollars, somme binaire par excellence !
Le MuDA n’est pas réservé aux seuls geeks, bien au contraire. Ses expositions temporaires interactives prouvent que la programmation informatique, les données, codes et algorithmes peuvent se muer en expression artistique, créativité débridée et esthétique poétique. Le ton est donné avant même d’entrer : la façade est constituée d’une tonne de pixels géants, c'est-à-dire des panneaux qui bougent grâce à 115 moteurs pour former des mots, des images, des ondulations ou des jeux d’ombres hypnotisants.
Presqu'en face s’élève la tour Toni Areal, un des symboles de la reconversion du 5e arrondissement : l’ancienne laiterie, qui fabriquait les célèbres yogourts Toni, est devenue l’université des Arts qui accueille aussi, depuis 2014, le Museum für Gestaltung consacré au design, à la communication visuelle et au graphisme. La tradition de la Suisse en la matière est très riche, avec de grandes figures comme Le Corbusier, Max Bill, Herbert Matter, etc. Outre d’intéressantes expositions, didactiques et bien mises en scène, il faut visiter les lieux pour profiter du vaste toit-terrasse végétalisé au 8e étage, avec une vue panoramique sur Zurich Ouest.
Toujours dans le district numéro 5, mais plus près de la rivière Limmat, se trouve l’ancienne brasserie Löwenbräu, composée d’immenses bâtiments de la fin du 19e siècle en briques rouges et ocre : fermée en 1984, elle abrite désormais le Migros Museum für Gegenwartskunst consacré à l’art contemporain. Les salles blanches aux volumes imposants présentent, de manière temporaire, des installations, vidéos et autres œuvres d’artistes très pointus.
Par ici les sorties !
Le nouvel élan de Zurich West est véritablement parti de l’ouverture, en 2000, du théâtre Schiffbau, dont le nom signifie « construction navale ». Il est, en effet, installé dans un ancien hangar en briques claires autrefois dévolu à la production de bateaux.
Il y a une quinzaine d’années, peu de gens auraient parié que le coin allait devenir branché ! Aujourd’hui, c’est un centre culturel de premier plan avec trois salles de diverses tailles, une scène musicale, Moods, programmant des concerts éclectiques (jazz, funk, soul, pop, électro) et des soirées clubbing le week-end, plus deux bars (dont un perché sur le toit) et un restaurant chic, Lasalle. À ne pas confondre avec Les Halles, situées juste à côté ! Ce restaurant-bar-café est l’un des pionniers du quartier : il y a plus de vingt ans, il a commencé en servant des repas aux ouvriers qui travaillaient encore aux alentours.
Le patron, un Suisse qui a grandi en France, collectionne de nombreux objets chinés rappelant l’Hexagone : pancartes publicitaires anciennes, affiches du Festival de Cannes, vieux vélos suspendus, etc. Un sympathique cadre de bric et de brocante où est servie, entre autres, la spécialité de moules-frites et où l’on peut faire quelques emplettes (en particulier bio) dans les espaces épicerie ou « boulangerie » (en français dans le texte).
À quelques encablures, changement total de décor et d’ambiance : au 35e étage de la Prime Tower, la deuxième tour la plus haute du pays, le bar-restaurant cossu et cosy Clouds dispose d’une vue littéralement imprenable sur toute la ville : les collines boisées qui l’entourent, le lac majestueux et, au loin, les sommets enneigés.
À ses pieds, environ 120 m plus bas, le Maag Music Hall a investi une usine d’engrenages réhabilitée et le Supermarket cache bien son jeu : en tête de gondole, des DJ qui se produisent dans ce club underground et tendance.
En longeant les voies ferrées, la rue Neugasse mène à une autre adresse phare de Zurich Ouest : RiffRaff, à la fois cinéma d’art et d’essai, bar à cocktails et bistro. De là, les noctambules peuvent poursuivre leur exploration et leurs aventures en prenant la rue voisine, Langstrasse, vers le sud, pour rejoindre le « red district » de Zurich, de moins en moins rouge vif : bobos et hipsters ont remplacé les garçons ou les filles de « mauvaise vie » et les bars à cocktails ont supplanté les bars à hôtesses.
Fiche pratique
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Office du tourisme de la Suisse
Comment y aller ?
- En train : le TGV Lyria relie Paris-Gare de Lyon et Zurich en 4 h (jusqu’à 5 allers-retours quotidiens). Il existe aussi des allers-retours directs avec Dijon (jusqu’à 3 par jour, en 2 h 25), Belfort-Montbéliard (2 par jour, en 1 h 45) et Mulhouse (jusqu'à 5 par jour, en 1 h 20).
- En avion : plusieurs vols quotidiens directs (environ 1h15) entre Paris-Charles de Gaulle et Zurich sont assurés par Air France et SWISS. La compagnie suisse propose aussi plusieurs vols quotidiens directs depuis Nice (1h15), destination également desservie par Easyjet en vols direct plusieurs fois par semaine. Twin Jet propose par ailleurs des vols quotidiens directs entre Zurich et Lyon (en 1h05). Dès le printemps 2018, vols vers Zurich au départ de Bordeaux et Marseille.
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Où dormir ?
- 25hours Hotel Zurich West : Pfingstweidstrasse 102, Zurich. Chambre double : à partir de 121 €. L’enseigne hôtelière allemande, connue pour son originalité et son design plein d’humour, a inauguré, au printemps 2017, un second établissement à Zurich, sur la Langstrasse (n° 150), juste derrière la gare centrale. Mais son adresse « historique », en plein cœur de Zurich ouest, n’a pas vieilli pour autant ! Elle est toujours aussi chaleureuse, combinant esprit pratique et esthétique insolite, touches de couleurs et inspirées des années 1950-60, dans les 126 chambres réparties sur six étages. Tout en haut, le sauna, en partie vitré, domine le panorama urbain, encadré par une terrasse-solarium et une petite salle de gym. Pour faire de l’exercice en plein air, des vélos sont mis à disposition gratuitement, afin de parcourir la ville, une fois l’exploration de l’hôtel achevée : de la table de ping-pong, à l’entrée, en passant par les ascenseurs facétieux et les nombreux autres détails fantaisistes imaginés par le designer helvético-argentin Alfredo Häberli.
- The Flag : Baslerstrasse 100, Zurich. Chambre double : à partir de 104 €. Excentré à l’ouest de Zurich West, mais bien desservi par les transports en commun (bus, train et tram), cet hôtel moderne présente l’avantage d’afficher des prix raisonnables (pour la ville !). Il faut passer outre ses apparences impersonnelles et fonctionnelles pour découvrir la petite centaine de chambres spacieuses, claires, sobres et bien équipées (avec un coin kitchenette), desservies par des couloirs égayés de tableaux contemporains et colorés. Le dernier étage héberge même trois lofts.
Où manger ?
- Restaurant Markthalle : Limmatstrasse 231, Zurich. Tlj au déjeuner et au dîner. Plats du jour 10-30 €. Sous les arcades aux pierres apparentes du Viadukt coupant Zurich ouest en deux, une halle abrite de nombreux stands et commerces de bouche, mais aussi ce restaurant avec cuisine ouverte et baies vitrées donnant sur la grande terrasse installée aux beaux jours. Sur la carte, qui change au quotidien, les plats frais, simples ou plus élaborés (salades, soupes, poissons, viandes ou recettes végétariennes), contentent tous les appétits.
- Hiltl SihlPost : Europaallee 1A, Zurich. Ouvert du lundi au samedi de 6 h à 23 h (jusqu’à minuit vendredi-samedi) et dimanche de 8 h à 23 h. Cette petite chaîne zurichoise de restaurants végétariens et vegans est une véritable institution, lancée en 1898 par Ambrosius Hiltl et toujours dirigée par ses descendants. Avant d’ouvrir, en septembre 2017, son nouvel établissement sur l’incontournable Langstrasse (au n°84), c’est dans un bâtiment de la Poste que l’enseigne s’est installée, début 2016. Ces deux derniers-nés déclinent le modèle de la maison mère du centre de Zurich, baptisée Haus Hiltl : café, bar et grand buffet de plats chauds ou froids dont on remplit son assiette, avant de payer au poids et de déguster sur place ou à emporter. Difficile de faire son choix tant il est vaste et varié, avec des saveurs indiennes, asiatiques, orientales ou italiennes, parfois relevées. Le cadre est brut de décoffrage : béton omniprésent, vieilles boîtes aux lettres et luminaires postindustriels, mais aussi un long comptoir années 1930 sur lequel les machines des caissiers ont remplacé les guichets des postiers.
Où boire un verre ?
- Nietturm Bar : Schiffbaustrasse 4, Zürich. Tous les soirs sauf dimanche et lundi. Perché sur le toit de la Schiffbauhalle, ancien chantier naval reconverti en théâtre, l’établissement joue les vigies avec ses grandes baies vitrées de tous côtés, arrimées à une structure de poutres métalliques qui rappelle ce passé industriel. Depuis le salon au-dessus du bar, avec panorama à 360 degrés sur Zurich by night, ou devant la cheminée au design contemporain, il est très agréable de prendre l’apéritif ou un cocktail tardif.
- Hotel Rivington & Sons : Prime Tower, Hardstrasse 201, Zurich. Du lundi au vendredi de 7 h à minuit (jusqu'à 23 h lundi, 1 h jeudi et 2 h vendredi) et samedi de 18 h à 2 h. Ne pas se fier aux apparences… D’abord, comme son nom ne l’indique pas, l’adresse ne propose pas de chambres ! Ensuite, même s’il se trouve au pied de l’immense Prime Tower, à la façade de verre froide et moderne, ce café-bar nous plonge dans une atmosphère cosy et vintage : bar en bois massif de 1930, parquet, tentures blanches et lampes rétro… Un petit air de New York sous la Prohibition dans le décor comme sur la carte, avec des cocktails travaillés et savoureux.
Texte : Stéphanie Condis
Mise en ligne :