Voyage au Bhoutan, le royaume du dragon
À l’ombre du Grand Bouddha
Il est assis sur la montagne comme l’empereur des âmes de tout un pays. Inauguré en 2015 après une décennie de travaux (pas tout à fait achevés), le Bouddha Dordenma dresse ses 59 m (socle inclus) dans un hiératisme mâtiné de douceur. En bronze doré, le colosse, financé à 50 % par un riche couple de Singapouriens, répond à une très ancienne prophétie, qui annonçait sa venue.
Sous l’auguste postérieur de ce Shakyamuni (le Bouddha de la Compassion), le temple aligne dans ses vitrines 125 000 Bouddhas de 20,32 et 30,48 cm (8 et 12 inches), tous scrupuleusement identiques. Au centre, on se prosterne face à un Bouddha aux quatre faces. Le rance parfume l’espace : un jour sur deux, on lui offre du lait et des gâteaux rituels décorés de beurre coloré.
À l’autre bout de la capitale, Trashi Chhoe Dzong, le monastère-forteresse de Thimphu (1641), siège de la nation, voit cohabiter quelque 200 moines et de nombreux fonctionnaires. Le je khempo, l’autorité spirituelle supérieure du pays, y réside l’été, partageant l’espace avec les bureaux royaux, les ministères de l’Intérieur et des Finances. Pas de séparation de l’Église et de l’État au Bhoutan ! Le roi habite juste en contrebas, dans un modeste palais de 5 ou 6 pièces entouré d’un écrin de verdure.
Brièvement accessible après les heures de bureau, le dzong, plus colossal encore que celui de Paro, semble bâti pour un géant. S’il regroupe plus d’une trentaine de sanctuaires, un seul est accessible aux visiteurs. Un temple où trois trônes doré et rouge s’alignent au pied d’un monumental Shakyamuni.
Préparez votre voyage avec nos partenairesTexte : Claude Hervé-Bazin