Voyage au Bhoutan, le royaume du dragon
Le phallus, un culte au Bhoutan
Passant le vénérable monastère de Simtokha, le premier des dzongs bâtis après l’unification du pays (1629), la route de Punakha se contorsionne au gré d’un long enchaînement de virages et d’épingles à cheveux. Quelques villages épars se détachent, entourés de forêt et de terrasses où fleurissent les pommiers.
À 3 150 m, le col de Dochula s’annonce par une petite armée de 108 chortens coiffés de lourdes lauzes. En toile de fond, par beau temps : un panorama imprenable sur l’arc himalayen, dominé par les blancheurs de la bien-nommée Table Mountain (7 094 m) et le Gangkar Puensum, le point culminant du pays (7 570 m) et plus haut sommet vierge de la planète (l’alpinisme est ici interdit).
La descente est plus longue encore que la montée. Direction la basse vallée de la rivière Punatshang (1 300 m) bénéficiant, au cœur même du Bhoutan, d’un climat plus clément. Autour de Sopsokha, les terrasses se couvrent alternativement de rizières (été) et de blé (hiver) – battus au fléau.
Cheminant à travers champ, on rejoint le modeste Chimi Lhakhang, un temple attaché au souvenir du « Divine Madman » (1455-1570), un moine rendu célèbre par sa manière fort peu orthodoxe de diffuser les enseignements du Bouddha… par ses ébats sexuels et la boisson ! Les femmes infécondes s’y rendent pleines d’espoir, récitant des mantras face à sa statue à fine moustache, un énorme sexe en bois dans les mains… Le culte du phallus, assimilé à une protection contre les esprits malins, s’est depuis étendu aux façades des maisons du village et de toute la région centrale du Bhoutan.
Préparez votre voyage avec nos partenairesTexte : Claude Hervé-Bazin